Pour l’Embo aussi, on n’a pas tous les jours 20 ans. L’Embobineuse est une salle de concert à Marseille, dans la Belle de Mai : un théâtre de fortune qui célèbre cet automne ses deux décennies d’existence. C’est tout autant d’années tumultueuses, vouées et dévouées aux scènes en dehors ou à côté des clous, de concerts qui peineraient à trouver une autre place, 20 ans de recherche musicale, de bastion créatif, de propositions diverses, de programmation ancrée dans nos scènes cheloues.
Mais l’horizon futur de l’Embo est plus incertain que jamais, alors que le lieu traverse une tempête financière qui pourrait bien signer sa fin. C’est toute une scène et une écologie de concerts qui se retrouve menacée.
Fut un temps pas si lointain que ça où GZ faisait la manche pour non seulement pérenniser son existence, mais la rendre tout simplement possible.
Ces derniers temps, il est difficile de passer à côté d’appels à l’aide de ce type : de nombreuses salles et petits lieux qui pouvaient former le centre névralgique de centres-villes vivants se retrouvent asphyxiés petit à petit. Tous ces endroits qui programment encore ce qu’ils veulent parce qu’ils le veulent sont à préserver. Difficile de faire face aux tourmentes financières avec les modèles qui nous sont chers : en dehors de toute logique marchande centrée autour du profit, lui préférant une culture libre, émancipatrice, et ouverte à toutes les bourses.
Bref : c’est la dèche.
Pour quelques euros ou une fortune, si une vision du futur sans Embo révolte le généreux mécène en toi, si t’as envie de leur filer de quoi s’offrir vingt bougies, si tu dois à tout prix planquer des fonds compromettants, ou si t’as trouvé un billet sur le trottoir dont tu ne sais quoi faire parce que le nouveau concept-comptoir à grattons-barber shop-slow café qui a remplacé le bar à concerts préféré de ton quartier n’accepte que la carte, ben ça marche toujours pas en fait, mais ça fait encore plus de raisons de soutenir : donne l’argent (en plus, iels t’expliquent plus en détail ce qu’il se passe et dans quelle mesure ça craint pour elleux)
Hello, I'm Ahmed Abu Awad, a Palestinian from Gaza City. I live in Turkey. I left Gaza three years ago to seek a better life and to pursue the simple dreams that were dying in Gaza because of the wars and because Gaza is considered a large prison. I have only four sisters. Two are married and two are still minors.
My eldest sister, Mai, has three children. Sarah, who is four years younger than me, has two children. And staying with my mother at home are Shams and Asil. Asil is the youngest member of the family. We discovered that she had leukemia when she was 9 years old, and to this day, she is growing older while the disease progresses.
When I traveled to Turkey, I didn't say goodbye to Asil and my mother because they were traveling for Asil's treatment. Now, since October 7th, the genocide has come and destroyed everything in Gaza—human, stone, tree, and animals, everything.
Our house and the houses of my married sisters were destroyed as well. My sister Sarah's husband was martyred, leaving behind two young children who will continue their lives without a father.
After our house was destroyed and burned in the Beach refugee camp in Gaza, my mother and my three sisters moved to southern Gaza, while my eldest sister stayed in Gaza with her three children and her husband, not migrating south due to the intensity of the bombings.
At this time, my father was in the hospital because half of his foot was amputated due to diabetes after his foot was injured during the war, leading to wound contamination. And now he sleeps in a tent away from my two sisters whom my mother left because the Turkish government took my sister Asil with my mother to Ankara for Asil's leukemia treatment in Turkey after 42 days of the genocide. But her condition worsens day by day due to the fear that dominates her mind as she constantly thinks about my sisters stuck in Gaza.
Now Sarah, who lost her husband due to the war, is raising two young children with my minor sister Shams in a tent. And my eldest sister, with her husband and three children, is stuck in the restricted red zone east of Gaza and cannot migrate anywhere. We managed to contact them after 130 days of the genocide! My mother thought they were killed!
My father is still in southern Gaza with the rest of my family, my grandfather, and my uncles in a large tent. Due to the genocide and the war, essential and daily necessities are extremely scarce, and if found, their prices are very high, meaning they need a lot of money to be able to ease their hunger or provide necessary things like baby diapers, milk, water, and much more. I need your help and support so I can save and support my three sisters and their five children stuck in Gaza under bombs and fires, so they can provide for themselves the necessary things to survive, "if they can." But then I can get them out of Gaza, which requires a lot of money that the Egyptian government takes, "illegal money - bribery." I need $5000 from each person to cross the wall from Gaza to Egypt! And also to provide for my mother and my sister Asil everything they need in Turkey.
Support my campaign so I can save my family, and for those who cannot provide financial support, share the campaign link so your friends and those who can support and help save my family trapped in Gaza under bombs and genocide can see it. With all my love to you: Ahmed - Freedom for Palestine.
Le Bistro Zéro organise à Grrrnd Zero un vide grenier/friperie/bistro le 19 mai, tout l’aprem jusqu’au soir. Si tu veux une table pour vendre tes trucs livres, disques, prints, ou toute autre proposition de bric-à-brac, merci d’envoyer un mail à bistr0zer0@riseup.net ! Ne traîne pas, les places sont limitées. Il s’agit d’un événement gratos avec de la bouffe à prix libre. Les bénéfices du bar iront en soutien à la Palestine, et les sous des stands/vide grenier iront aux gens qui les tiennent. Et si tu veux passer des disques (ou autres), tiens-nous au jus aussi, mais pareil : premièr-e arrivé-e, premièr-e servi-e. À toute au bistro !
Écrit par plus jamais ça, c'est plus jamais ça pour personne
"Mon nom est Saed Abu Shmalla et il y a 4 ans je me suis échappé de la guerre à Gaza pour finir par arriver en Belgique, afin de trouver un meilleur avenir pour moi et ma famille. Je suis reconnaisant d'avoir pu arriver là mais reste la grande inquiétude à propos de ma famille qui est restée éparpillée et en danger en Palestine.
Notre maison a été détruite.
Mon père souffre d'une maladie du coeur et ne peux plus parler, il vit maintenant avec son frère à Deir Al-Bahah.
Ma mère Layla et sa soeur Iman sont désormais dans le sud de Rafah où elle vivent dans une tente. Mes frères Ahmed et Ibrahim sont à Rafah avec nul part où dormir.
Je suis profondément inquiet pour chacunes et chacuns d'entre elles et eux. Je veux les sauver et réunir ma famille en Belgique. Mais le passeport et les documents qu'il faut pour quitter la Palestine sont très chers. Et c'est pour ça que j'ai mis en place cette cagnotte avec l'aide de mes nouvelles et nouveaux ami-e-s belges.
Cela coûte 5000 euros au total pour qu'une personne puisse arriver en Belgique, principalement à cause du passeport et de la taxe d'évacuation. Notre premier objectif est donc 10 000 et de commencer avec ma mère et ma soeur
Mon but ultime est de réunir notre famille entière et de rebatir notre futur ici.
Ma plus jeune soeur Iman dont la photo est en en-tête de la cagnotte veut étudier le droit et mon frère veut continuer ses études d'infirmier.
Mais plus que tout nous avons besoin d'être ensemble, dans une maison en sécurité..
Merci de tout mon coeur pour toute contribution. J'espère que nous pourrons nous rencontrer un jour pour Mahgrib, la prière du soleil couchant."
Nous vous transmettons cette cagnotte que Siet Rayemakers de Quanta Qualia que 3ème Oreille avait fait jouer à Grrrnd Zero il y a un ou deux ans pour son ami Saaed qui tente d'exfiltrer sa famille du génocide en cours.
N'hésitez à faire tourner si et là où cela vous semblera judicieux.
Écrit par écoutes à la périphérie du bout de tes doigts
Lors de la seconde édition d'Écoutes Périphériques en Avril, Fred Mercure vous propose de vous accompagner dans la réalisation d'un module de mixage audio (4 entrées -> 2 sorties) tactile qui fonctionne par conduction (avec l'humidité des doigts).
C'est simple : vous vous inscrivez, vous venez le jour J, et vous repartez avec votre module
Aucun pré-requis préalable (ni savoir souder, ni connaître l'électronique).
Au Grrrnd Zero, le dimanche 7 Avril à 14h !
Durée : environs 2h
Sur inscriptions seulement : 15 euros par personne (coût des composants)
Spécification technique :
- Module de mixage en matrice (4 entrées -> 2 sorties)
Appel à micro-🐚 sonore à multidiffuser pour la deuxième session d'Ecoutes Périphériques : https://shorturl.at/tQSV1
La deuxième session d'Ecoutes Périphériques, organisation visant à faire vivre les pratiques de musiques multidiffusées, se déroulera du 1er au 7 avril avec des ouvertures publics les jeudi 4, samedi 6 et dimanche 7 avril.
Pour l'occasion on propose un nouvel exercice visant à la concision, proposer un bout de musique d'une minute ou moins.
Telle une agence corrompue des marchés publics, nous vous présentons ci-après l'appel et un formulaire pour envoyer une contribution si cela devait éveiller votre auguste intérêt et vos talents :
"Freefilmers est un collectif de cinéastes et d'artistes, originaires de Mariupol, en Ukraine. Au cours des cinq dernières années, nous avons travaillé sur les thèmes des transformations urbaines dans l'est de l'Ukraine et de ses vibrations multiculturelles. Nous avons également fait des recherches sur la créativité de la classe ouvrière et sur le passé et le présent industriel des villes post-socialistes.
Nos projets actuels portent sur les souvenirs et les archives au-delà des récits historiques officiels et sur la violence de genre dans la société capitaliste patriarcale. Nous avons toujours adhéré à un programme anticapitaliste et à un féminisme intersectionnel, et notre objectif était de créer une forme différente de cinéma, fondée sur la coopération et une approche éthique.
Le 24 février [2022], la Russie a commencé une invasion à grande échelle de l'Ukraine. De nombreuses villes où nous avions l'habitude de travailler ont été détruites par les bombardements russophiles et les raids aériens. Mariupol, Beaucoup d'entre nous ont perdu leurs maisons et leurs outils de travail. Beaucoup d'entre nous ont perdu leurs amis et leurs parents. Il est vrai que les pertes en vies humaines sont énormes, et des milliers de morts civiles ont été confirmées.
Ainsi, actuellement, la séquence la plus importante de notre calendrier ne concerne pas les films, mais la construction d'un réseau de solidarité et de soutien pour les Ukrainiens qui souffrent et luttent contre l'agression impérialiste russe.
Les Freefilmers sont basés dans différentes parties du monde, mais nous travaillons ensemble pour recréer notre foyer et faire de la planète entière un endroit sans violence ni agression. Ce devrait être la dernière guerre coloniale impérialiste. L'Ukraine se trouve en son centre, mais elle concerne chaque personne sur la planète dont les valeurs sont la liberté et l'égalité.
Nous n'avons pas besoin que des producteurs et des réalisateurs du Nord global viennent en Ukraine maintenant et nous engagent comme fixeurs pour leurs longs métrages révélateurs sur la guerre. Nous ne voulons pas que nos histoires soient racontées au monde entier alors que nous luttons pour protéger nos droits fondamentaux.
Aidez-nous à survivre, et nous ferons nos propres films sur ce que nous avons dû vivre."
L'Atelier des Canulars va se rafraîchir et faciliter son accessibilité... pour cela quelques travaux sont à prévoir... On en appelle à votre bon coeur
Agrandir les WC en déposant des cloisons, porte, lave-main, WC, évier, plan de travail bar.
Découper le bar.
Plomberie : déplacer le compteur EF (celui d'EC est à la charge du bailleur), refaire les alimentations.
Déplacer le tableau électrique secondaire sur la nouvelle cloison et refaire l'élec du bar
Modifier le SAS.
Les besoins:
un wc surélevé, une barre d'appui, une rampe valise, placo, une porte de 90, PER et raccords, câbles élec, peinture blanche, évier inox profond 1 bac + égouttoir, robinet avec douchette, bois pour construire des rangements...
L'Espace Communal de la Guillotière (ECG), situé dans le 7ème arrondissement de Lyon depuis plus de 3 ans, est menacé d'expulsion imminente. Les forces de l'ordre sont intervenues trois fois en deux jours, sans mandat, filmant l'intérieur du bâtiment, fracturant les portes des chambres fermées et proférant des intimidations à l'encontre des habitant.es et personnes présentes sur place. La raison invoquée est celle d'un recensement dans le but de procéder à une expulsion prochaine. Cette expulsion menacerait directement une vingtaine d'habitant.es. Paradoxe affligeant, il y a quelques mois encore, la police elle-même déposait des personnes en recherche d'hébergement d'urgence devant le bâtiment...
Nous n'avons reçu aucune information officielle nous informant d'une quelconque date d'expulsion de l'ECG. Nous connaissons les projets d'aménagement relatifs à l'îlot Mazagran et la mairie du 7ème nous a indiqué très clairement que les travaux ne commenceraient de toute façon pas avant un an minimum. Nous dénonçons, d'une part, l'absurdité de cette expulsion qui laisserait de nouveau vide ce bâtiment inoccupé depuis des années avant que nous ne lui donnions vie. D'autre part, nous regrettons le manque de transparence et d'information de la part des pouvoirs publics. Nous dénonçons par ailleurs les expulsions violentes et soudaines des dernières semaines sur la ville de Lyon et sa métropole, menant des centaines de personnes à la rue sans solution de relogement, dont des familles et femmes isolées avec enfants, et privant les quartiers de lieux de solidarité et de convivialité. Le récent changement de préfète s'accompagne manifestement d'une volonté de nettoyer la ville de ces façons de l'habiter. La position et le timing de la mairie du 7ème arrondissement lui même interroge. Alors que le contact était inexistant depuis 2 ans environ, celle-ci est revenue vers nous il y a moins d’un mois avec de « nouvelles informations ». Le projet ficelé pour l’îlot Mazagran inclurait 50 % de « logements sociaux » et une salle polyvalente. Nous sommes actuellement à 100 % de logements réellement sociaux et l’Annexe de l’ECG est déjà une salle polyvalente. Aucune solution de relogement ne sera proposée aux habitant.es et le volet associatif du lieu se verrait attribuer un créneau hebdomadaire pour « poursuivre ses activités » dans une salle de la maison de quartier de la Guillotière.
En effet, en plus d'être un lieu d'habitation, l'ECG est un espace d'organisation autogéré, un lieu d'entraide et d'activités sportives et culturelles, ouvertes à tous.tes. Les activités (distribution alimentaire rassemblant 60 personnes chaque semaine, cours de français et soutien scolaire qui ont concerné près d'une centaine de personnes, marché de fruits et légumes, permanences juridiques et droit d'asile, lavomatic, espace informatique, chorale féministe, boxe, danse, permanences santé etc.) et les événements (conférences, soirées de soutien, réunions associatives, projections, expositions etc.) sont gratuits ou à prix libre, afin d'être accessibles au plus grand nombre tout en permettant de soutenir le lieu et les nombreux collectifs et associations du quartier qui s'y organisent.
Suite aux évènements de cette semaine, une centaine de personnes se sont rassemblées dimanche 25 juin pour réfléchir aux moyens disponibles pour préserver ce lieu et alerter sur le risque d'expulsion imminent qui pèse sur lui. Face à la répression, nous exigeons le droit de continuer à occuper ces espaces solidaires et populaires pour organiser l'entraide à l'échelle du quartier et nous demandons la régularisation de l'ensemble des personnes vivant à l'ECG.
Ce mardi 6 juin 2023, jour de grève et manif’ contre la réforme des retraites, la maréchaussée clermontoise n'avait pas grand-chose à se mettre sous la dent après une manif syndicale joyeuse et ensoleillée.
Pour tromper l'ennui elle a décidé de faire un tour du côté du Raymond Bar, salle de concert autogérée, pour exiger le retrait et la saisie d'une banderole contre la répression lors de la manif anti-bassine de Sainte-Soline placée sur le balcon, ainsi qu’une pancarte représentant Gérald Darmanin les yeux crevés par un tir de LBD.
Trois flics sont passés menacer le collectif de revenir avec des renforts si la banderole et la pancarte n'étaient pas retirées. Ils sont partis avec, mais une nouvelle a fleuri aussitôt pour souligner l'absurdité de cette répression.
FR : Bartira est une artiste multi-disciplinaire qui semble être capable de tout faire. De la vidéo, de la poésie, de la danse, de la performance, construire des dispositifs technologiques et des instruments électroniques DIY, de l'art sur les réseaux sociaux, des chants et de la musique excellement déroutante. En février 2022, j'ai pris contact avec Bartira, après avoir retraversé une énième phase d'en revenir à son album de 2017 ... roaming (https://abenxoada.bandcamp.com/album/roaming) sorti sous le nom d'Abençoada que j'avais découvert par le biais d'une triple compilation incroyable sur Hylé Tapes et qui m'avait profondément marqué. Pendant un moment je me demandais qui était cette personne et s'il elle avait disparu depuis ou refait d'autres albums. Un peu de recherche m'a permis de me rendre compte qu'elle était toujours active à travers plusieurs formes. Et je l'ai donc contacté pour en apprendre plus et lui poser pleins de questions. Cela a donné lieu à un premier échange. Entre temps je me suis fait rattrapé par un mélange de procrastination, d'auto-exploitation, de problèmes de logement et peut-être un peu de panique face aux questions soulevées qui ne laissait pas assez de temps pour se concentrer à la hauteur de ce que j'aurais aimé sur une interview telle que celle ci. Cela fait plus d'un an, nous finissons donc l'interview maintenant. Entre temps Bartira a continué à pratiquer différentes de ses explorations. _cargocollective.com/bartira_
On parle de sa pratique aujourd'hui, de traumatisme et comment en sortir via la création. Voici le fruit de cet échange
ENG : Bartira is a multidisciplinary artist who seems to be able to do everything from video, to poetry, dance, performance, build technological device and DIY electronic instruments, social network art, chants and excellently disconcerting music. In February, I entered in contact with Bartira after going through yet again a phase of obsessional listenning to her 2017 album ... roaming (https://abenxoada.bandcamp.com/album/roaming) under the name of Abençoada that I had encountered through an incredible three volume compilation out on Hylé Tapes and had deeply struck me. A little research allowed me to realize that she was still active through different forms. And I contacted her to learn more and ask her many questions. This gave way to a first exchange. Meanwhile, I found myself caught up by a mix of procrastination, self-exploitation on various other projects, housing problems and maybe a little panic in regard to the depths of the questions raised that didn't seem to let me take the time to answer as properly as I would have liked to such an interview. It's been more than a year, we at last now finish this interview. All this time Bartira has continued to practice her many explorations. Here are a few links where you can keep up with her output
We talk about her practice today, trauma and how to overcome it through creation. Here is the fruit of this exchange. #music #theenvironmentsittakesplacein #aurality #radicality #artandtopicality #fromwheredowetalkandtowhom #soundandideal #thesacred #spaces #musicalandsonicenvironnements #community #experimentation #musicandrevolution #performinglive #meansofproduction #meansoflivingandproducingart #forwhatsituations #technology #musicaltechnology #academia #DIY #DIYDoItTogetherorganizing #instrumentsandinstrumentality #creatingsoloandgroupefforts #memoryandtime #lifeofmusic #politicalstruggles
14 Mars 2022
1. Qui es-tu ? Quels espaces vis-tu et as-tu connu ? Comment en es-tu arrivé à faire l'art que tu fais et vers où ton attention est tournée aujourd'hui ?
FR B: Mon nom est Bartira, je suis une artiste multimédia, musicienne et théoriste freestyle. Cela fait quelques temps que j'aime décrire ma pratique comme ça car ma vision du monde est tellement englobante que j'essaye de ne lui donner aucune limite. Je suis née là où le colonialisme a nommé Brésil et j'ai bougé au Royaume-Uni en 2006. Après quelques allers-retour au Brésil, je me base maintenant en Italie. En tandem avec la bulle européenne et ma culture d'origine sans oublier que l'Europe est une puissance coloniale. Cela peut être difficile à des moments de trouver des façons d'exprimer mes points de vues et connaissances car elles peuvent découler de la philosophie ou des mèmes. De l'Histoire et de l'historicité à des souvenirs d'enfance, de la théorie comme de la pratique. Une chose qui est toujours présente dans ma pratique c'est la technologie, haute ou basse, dernier cri ou ancienne et qui existe pour étendre les idées plus que pour les aliéner. Il y a un changement terriblement dangereux dans l'usage de la technologie qui au lieu d'être utilisé pour réaliser et améliorer nos vies dans leur ensemble, amène la technologie à nous abrutir. Je fais attention à m'efforcer de voir la technologie comme un mouvement de capoeira. C'est à dire que ça ressemble à une danse mais ça va essayer de mettre à terre. C'est subrepticieux et holiste. Cela ne m'intéresse pas de faire que mon oeuvre soit à propos de ma personalité, ce qui m'intéresse c'est que ça parle de tout le monde et de tout, et quand je le fais je vais juste essayer d'envoyer avec débrouillardise des petits bouts de technologie, de hardware, de software ou de code sur des petites missions pour mettre en oeuvre quelques idées. J'ai beaucoup de projets dans les cartons mais comme je ne peux créer que certaines de mes oeuvres en utilisant des ressources institutionnelles et parce qu'il est difficile de mettre un pied dans ces espaces pour tout un tas de raisons qui se réduise au privilège blanc et au fait de souscrire à un "programme artistique" de représentations et d'attentes de ce qu'une personne identifée comme femme noire devrait faire, ma pratique est contrariée et je me retrouve à de nouveaux chercher des canaux indépendants, marginaux et diy pour exprimer mon travail et ce qu'il se passe dans ma tête. J'aime collaborer et joindre des visions avec d'autres artistes et avec la pandémie j'ai été invitée à faire quelques podcasts et mixes qui m'ont permis de revisiter de la matière et en produire de la nouvelle ce qui était très excitant. Je ne suis pas quelqu'un de très prolifique mais je me suis mis à me mettre à travailler et apprendre le chant, à faire des vidéos d'évènements de tous les jours dont je ne sais pas encore comment je vais les utiliser, écrire de la poésie avec du code à procédure de Natural Language mais là je laisse tout ça infuser et je n'ai encore rien sorti. Ce sera prêt quand ce sera prêt.
1. Who are you ? what spaces do you live and have known ? how did you came to be making the art you are making and where is your attention turned to as of today ?
ENG B: My name is Bartira, I'm a multimedia artist, musician, thinker and freestyle theorist. I've been enjoying saying this about my practice because my vision of the world is so encompassing that I kinda try not to give any limits to it. I was born where colonialism named Brazil and moved to the UK in 2006. After some travelling back and forth to Brazil,I'm now based in Italy. In tandem with the European bubble and my home culture without forgetting that Europe is a colonialist power. It can be challenging at times to find ways to express the different takes and insights I have since they can stem from philosophy to memes, History and historicity to childhood memories, from theory to practice. One thing that's always present in my practice is technology, high or low, state of the art or ancient and which exists to expand ideas more than alienating them. There's a terribly dangerous shift on technology use which instead of it being used to implement and improve our lives as a whole, technology is being used to dumb us down. I'm careful to strive and see technology as a capoeira move. In a way that it looks like a dance but it'll try to bring you down. It's subreptitious and holistic. I'm not interested in making my work about my persona but about everyone and everything else and while doing it I'll just try and be resourceful sending bits of technology, hardware, software or code on little missions to implement some ideas. I have many projects on paper but since I'm only able to create some more ambitious work using institutional resources and because it's so difficult to enter these spaces for a series of reasons, but which boils down to white privilege and subscribing to an "art agenda" of representation and expectations of what a black woman-identified person should do, my practice ends up thwarted and I see myself again looking for independent, marginal, diy channels to put out work and express what goes in my head. I like to collaborate and join visions with other artists and with the pandemic I was invited to do some podcasts and mixes which allowed me to revisit material and produce some new which was really exciting. So,I'm not a very prolific person but I've been working on learning how to sing and making videos of everyday events which I still don't know what I'll use for, writing poetry with the use of Natural Language processing coding but for now I'm letting it all brew and haven't put anything out yet. It'll be ready when it's ready.
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24 Mars 2022
2. Temps, structures des chansons (uk border diocese boucle, chanter, organique et mécanique), les balades sur Sketch Up, la danse, la technologie et les attentes de politique dans l'art, comment travailler sur le colonialisme de puis une perspective diy, la forme des mixes et des podcasts aujourd'hui, l'espace diy au brésil ? à londres ? en italie
FR
B: Alors c'est une question très large et abstraite mais j'imagine que ça ouvre une opportunité de parler de mon travail et ma pratique, de montrer les pièces du puzzle de mes références. Quand j'ai fait UK Border Diocese j'avais très mal. Je venais de perdre mon statut légal au Royaume-Uni et après avoir passé des années à vivre et à me conformer à leur conditions, je me suis retrouvé à devoir partir à cause de complications dans ma demande de statut résident. J'ai senti qu'on me manquait de respect, les britanniques aiment dire qu'iels accueillent les personnes qui peuvent contribuer à leur société, et tout le temps que j'y ai été je m'y suis efforcé en même temps que d'essayer de me développer de façon à pouvoir donner encore plus. Enfin je digresse ... et donc la production de l'album a été meut par de la souffrance, de la colère et tous les autres sentiments qui arrivent avec le rejet. Il m'a paru urgent d'en faire quelque chose pour que je puisse le sortir de moi, pour que je puisse passer à autre chose. Alors je n'étais pas très intéressé par le fait de développer des connaissances ou des compétences de production, plutôt je voulais juste finir et explorer ce que je savais déjà pour créer de la musique. Alors j'ai expérimenté avec la voix mais aussi des enregistrements de terrain ou des extraits audiotrouvés dans des vidéos sur internet. C'était plus une question de passer un message, que de faire une production toute propre ou je sais pas quoi. C'est le plus cathartique que je peux être. C'est plus une question d'être débrouillarde et d'utiliser ce que je sais de manière rapide plutôt que de faire du bruit et m'exprimer de manière excessive...je ne sais pas...je pense que je suis quelqu'un de très contenu et réservée et même moi je sais que quand il faut que je purge quelque chose de moi, il faut que ça soit fait d'une manière controlée, froide et sans résistance, et parfois même avec humour...tu sais un peu comme de se balancer sur le fil d'une lame de sentiments et d'ambitions... Avoir à quitter le Royaume-Uni dans ces cirsconstances m'a rendu plus consciente de ma condition d'immigrante, de l'impact de la colonisation sur qui je suis et des pays qui se sont engagés dans des entreprises coloniales. Cela m'a en quelque sorte rappelé que ces pays étaient toujours en train de coloniser et que s'intégrer n'était pas une option parce que dans le processus cela me tuerait. C'est comme ça que s'efforcer de faire ces liens entre technologie et savoir ancestral est devenu un objectif plus fort. Et donc, être capable d'envisionner les façons dont la technologie est devenue ce qu'elle est et d'une façon qui soit différente des notions occidentales a commencé à devenir beaucoup plus central dans ma recherche. Et ces liens vivent dans ce que j'appelle le monde invisible et celles-ceux qui peuvent le sentir ont ce que j'appelle des renseignements noirs. Des choses comme la spiritualité Afro-Brésilienne, les Orishas, le pouvoir des nombres...la magie si on peut dire sont des parties importantes de mon oeuvre, bien que cela ne m'intéresse pas d'en faire ce qu'est mon travail, mais tu peux être sûr que c'est là. Alors j'ai pris un Master of Arts en nouvelles pratiques des médias, technologie etc. en 2015 et au fur et à mesure que le temps à passer j'ai pu mieux voir où le champ des cultures digitales allait. C'est devenu de plus en plus du divertissement et comment rendre concret ce monde rêvé néolibéral de classe moyenne, de faire des personalités ou des individualités...et c'est pas pour dire que je n'en fait pas partie. J'en suis. Nous en sommes toutes et tous. D'ancien.ne.s collègues ont pris leurs distances avec le monde des cultures digitales mais pour moi, comme Fred Moten dit, il s'agit de refuser ce qui ne t'as déjà pas été donné. Au fond, je savais que moi et mes idées n'étaient pas bienvenues dans ce monde, mais j'ai toujours trouvé le moyen d'exister principalement parce que je pouvais voir la magie qui se jouait dans la technologie et tout ce qu'il fallait que je fasse c'était de le voir, d'en prendre conscience et de continuer à faire. Mon projet final de MA c'était une série de petits appareils électroniques qui se foutait de la gueule de la conception industrielle. C'était fait de sorte à ce que ça présente la technologie une chose défectueuse qui rendrait les choses pires et plus difficiles ou énervantes mais qu'en tant qu'humain nous tolérions bizarrement...comme si nous avions forgé et scellé une relation symbiotique. Parce que si tu y penses, c'est...l'industrie a juste essayé de distraire et d'aliéner les gens et les faire être des consommateurs.ices qui n'arrivent à faire sens de rien, mais avec ma compréhension de ce qui se passe dans le monde invisible, je peux utiliser la technologie comme des outils pour transformer mon expérience, mes communautés et ce que je pense de tout ces conneries sans servir aucun programme imposé. Mon programme est de spéculer sur tout cela avec ténacité, éviter les programmes mainstrem, car pour faire sens de ce qu'il reste de la civilisation, je positionne ma pensée dans des mondes imaginaires pour essayer de l'expliquer. Je ne dis pas que ce monde physique est comme les mondes que je spécule mais...si ça l'était ? Et c'est ce qui m'amène à la question , comme je l'ai mentionné avant, c'est toujours très dur d'entrer dans ces espaces artistiques et avoir accès à l'argent de ce milieu de l'art alors récemment je me suis dit que je devrais réfléchir aux façons de tirer profit de ces outils très technologiques dont j'ai parlé plus haut, le code, internet, les réseaux sociaux comme façon de passer un message et dévier la façon dont ces canaux sont des distractions pour passer la journée. Les médias sociaux et la radio m'intéressent. Exister sur internet de façon à être tenu en esclavage par une idée de comment on devrait se présenter pour être aimé.e. C'est tellement un effort vide de sens...alors même si ce n'est pas viral ou s'il n'y a pratiquement pas de visibilité, je me sens accomplie avec ce que je sors, parce que je le met dans l'univers et c'est tout, ça va toujours résonner avec qui ça résonnera. Récemment, j'ai commencé à me sentir détachée des territoires, des pays ou des nations, je vis sur internet et avec les gens avec qui je peux entrer en contact. Avoir des bases officielles ne m'intéressent pas et pour l'instant d'une certaine manière ça marche ...
2. Time, structure of songs (uk border diocese loop, singing, organic and mechanical), Sketch Up meandering, dance, technology, and expectations about politics in art, how to work on colonialism from a diy space perspective, mixes and podcast form today, diy space in brazil ? in london ? in italy ?
ENG
B: Ok, that's quite a wide and abstract question but I guess it also opens the opportunity to exercise talking about my practise and breaking down the puzzle of my references. When I did UK border Diocese I was hurting a lot. I had just lost my legal status in the UK and after years living and subscribing to their terms, I found myself having to leave due to complications related to my residency application. I felt disrespected, the British like to say that they welcome those who can give to their society and all my there I contributed, as well as tried to develop myself so I could give even more. Anyways, I disgress...so the production of this album was very much moved by pain, anger and all the other feelings that come with rejection. It felt urgent to do something with that let it out of me, so I could move on...So I wasn't interested in developing knowledge or skills to produce, instead I just wanted to finish and explore what I new to create music. So I experimented with voice but also used field recordings and audio excerpts from videos online. It was more about passing the message across and less about polished production or whatever. This is the most cathartic I can be. It's more about being resourceful and using what I know in a quick way than loud or excessive expression...I don't know...I think I'm very self-contained and reserved kind of person and even I know I have to purge something of me it'll be done in a controlled manner, ambiguous, cold and without resistance, sometimes even with humour....you know like balancing on a blade of feelings and ambitions... Having to leave the Uk in this circumstances made me even more conscious of my condition of immigrant, of the impact of colonisation to who I am and to the countries who engaged in ths colonial enterprise. It sort of reminded that they're still in full operation and that integrating is not an option because it'll kill me in the process. So striving to make these links between technology and ancestral knowledge became a stronger purpose. So, being able to envision the ways in which technology came to be what it is and which are different from western notions started to take central position into my research. And these links live in what I call the invisible world and those who can make sense of it have got what I call black intel. So things like Afro-Brazilian spirituality, Orishas, the powers of numbers...magic so to speak are an important part of my work, although I'm not interested in making my work it but you can be sure it is there. So, I took an MA in new media arts practice, technology etc back in 2015 and as time passed I could see more clearly where the field of digital cultures was going. It became a lot about entertainment or as tools to make concrete this neoliberal, middle class dream world or personalities and individualities...and that's not to say I'm not part of it. I am. We all are, especially if things are not easily given to us...we need to survive in a capitalist world...not engaging is not an option. Some former colleagues have distanced themselves from the digital cultures world but for me, like Fred Moten says, it's about refusing what has already not been given to you. Deep inside, I know me and my ideas weren't welcome in that world but I always managed to exist mainly because I could see the magic playing out in technology and all I had to do was to just see it, acknowledge and keep doing. My final MA project was a series of electronic devices that took the piss out of the industry design. It presented technology as this flawed thing that would just make things worse or harder or enerving but that we as humans somehow tolerated...as if we had forged and sealed a symbiotic relationship.Because if you think about it, it is...the industry has just tried to distract and alienate people so they're just blind consumers who don't make sense of anything, but with my understanding of what goes on in the invisible world, I can use technology as tools to process my experience, my communities and what I think about all this bullshit without subscribing to any agenda. So my agenda is to speculate on all this with tenacity, avoiding mainstream agendas because to make sense of what's left of civilisation I position my thought into imaginary worlds to try and explain it. So, I'm not saying this physical world we live in is like the worlds I speculate but...what if it is? And that brings me to the next question, as I mentioned before it's always very hard to enter these art spaces or have access to art money so lately I feel like I should think about ways of taking advantage of these very technological tools I spoke about before, code, the internet, social media as a way of passing the message rather than it being a distraction to pass the day. I'm interested in decentralised social media and radio. Existing on the internet in a way that you're enslaved by an idea of how you should present yourself to be liked. It's such an empty endeavour...so even if it's not viral or there's barely any visibility, I feel accomplished with what I put out, because I put it out there and to the universe and that's it, it'll resonate with who it'll resonate. So lately, I feel very sort of detached from territories, countries or nations, I live on the internet and on the people I can get into contact with. I'm not interested in official bases. It's like the world has no borders for me. it's somehow working so far...
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9 Mars 2023
3: Ce que je voulais vous demander dans la question précédente c'est si vous connaissiez ou avait eu des expériences dans des espaces 'diy' au brésil, au royaume-uni ou en italie ? Où allez vous quand vous voulez faire l'expérience d'arts expérimentaux avec d'autres personnes ? Quels espaces avaient vous connu et comment cela pourrait avoir changé votre regard ?
FR
B: La seule réponse que je peux donner à cette question c'est que les temps ont changés. J'ai fait l'expérience d'espaces diy au uk et au brésil mais ça fait bien 10 ans maintenant. Le zeitgeist a changé et je ne pas répondre à ta question. Ma perspective n'a pas changé. Je pense toujours qu'il s'agit surtout d'efforts de communauté, de négocier des idées et des propositions, traiter des conflits internes et externes afin d'implémenter un projet qui puisse servir la communauté. Je ne fais pas partie d'aucun projet de ce genre en ce moment, alors là comme ça ce n'est pas quelque chose que je suis en train de travailler.
3: What I meant in the second question to ask was if you knew and if you > had experience with diy spaces in brazil, the uk and italy. Where do > you go if you want to gather to experience experimental arts ? What > spaces have you known ? How might have your perspective shifted ?
ENG
B: The only answer I can give to this question is that times have changed. I had experienced diy spaces in the uk and Brazil but more than 10 years ago now. Zeitgeist has changed and I'm not able to answer your question. My perspective hasn't changed. I still think it's about community effort, negotiating ideas and proposals, dealing with internal and external conflicts in order to implement a project that will serve that community. I'm not part of anything at the moment so I'm not working on a project of this sort at the minute.
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4. A l'intersection de tout ce qu'il faut intersecter pour renverser ces notions de blanchité et de snobitudes, leurs implications matérielles, comment se départir de cet état des choses tout en continuant de construire des processus expérimentaux et des systèmes artistiques ? Est-ce que c'est seulement quelque chose de désirable ?
FR
B: Si je dois être honnête, c'est pas à moi qu'il faut poser la question. C'est à ceux et celles qui contrôle le pouvoir et refuse de le partager ou de reconnaître d'où viennent toutes ces ressources volées. J'ai le sentiment que tu me demandes comment en finir avec le racisme et je peux pas te dire parce que le racisme c'est un truc de blanc. Peut-être essayez de regarder en face ce que vos ancêtres ont fait et essayer de faire différemment.
4: In the intersection of all that need to be intersected to flip these > two notions that is whiteness and snobbery, and their material > implications, how can we depart from that state of things while > continue to build experimental process and art system ? Is it only > something to wish for ?
ENG
B : To be honest, it's not to me you should ask this question. It's to those who control power and resources and refuse to share it or acknowledge where they stole these resources from. I feel like you're asking me how to end racism and I can't tell you that because that's a white people thing. We didn't make this. Look back to what your ancestors did and try to make it differently?
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5: Bartira a l'air d'être une figure vertigineuse dans la culture brésilienne, pourquoi as-tu choisi ce nom ?
FR
B : Que veux-tu dire par "vertigineuse ? Bien qu'on essaye de mettre en avant ce narratif que Bartira, une femme indigène qui s'est marié à un colonisateur portugais (par amour) et a contribué à fonder la ville de Sao Paulo, si l'on en juge à comment la violence coloniale s'est déroulée, cette histoire ne représente pour moi rien d'autre qu'un mensonge et une romantisation dégoutante pour appaiser le regard sur l'invasion portugaise brutale et meutrière. Bartira est un nom d'origine tupiniquim et c'est ma mère et mon père qui ont choisi de m'appeler comme ça. Venant d'une origine mélangée inconnue comme malheureusement de nombreuses personnes de couleur dans le Sud, je pense que quand j'utilise ce nom je reprends la main sur mon identité, j'évoque une culture et un pouvoir qui existe et existera toujours.
5: Bartira is a vertiginous figure it seems in Brazilian culture, why did > you chose this name ?
ENG
B: What do you mean by 'vertiginous'? Although they try to push this narrative of Bartira, an indigenous woman who married a Portuguese coloniser(for love) and helped found the city of Sao Paulo, judging by how colonial violence went down, this story to me represents nothing more than a lie and disgusting romanticisation of colonialism to ease on the Portuguese brutally violent and murderous invasion. Bartira is an indigenous name of tupiniquim origin and my mum and dad chose to call me that. Being of mixed heritage which unfortunately most people of colour from the global south don't know where from, I think when I use the name I reclaim my identity, evoke a culture and power which still exist and always will.
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6: Comment l'étrangeté qui vient avec l'art expérimental nous aide à accéder à d'autres modes de conscience sur des sujets très concrets ? Que recherchez vous dans les arts expérimentaux que vous pratiquez ?
FR
B : Je pense que "l'étrangeté" c'est très subjectif, je ne pense que ce que je fais est étrange, il devrait y avoir un espace pour toute chose. Par exemple cela me surprends quand aujourd'hui je vois des artistes pop faire de la musique intéressante qui pose des défis, les réseaux sociaux peuvent détruire mais aussi débloquer un espace d'expression dont je n'imaginais pas la possibilité quand tu repenses à ce que sont les médias, l'industrie, et quel était avant le besoin d'argent pour être capable d'influencer et entrer dans ces institutions. Je suis d'une génération où les gens faisaient des trucs dans des fêtes, utilisaient les squats comme une base pour faire des zines, rencontrer des gens dans la vraie vie ou essayer d'intéragir avec des institutions artistiques et je pense qu'aujourd'hui ce n'est plus vraiment ce qui se passe. Il n'y a plus d'espaces diy parce que les nouvelles générations font différemment et les institutions artistiques ont réussis à se présenter comme ces superstructures béhémoths qui n'ont plus l'air de trop savoir ce qu'elles font et sont coincées dans le passé. D'un autre côté, les artistes doivent payer leur factures, soutenir leurs familles et travailler pour ces structures est devenu rien de plus qu'un boulot pour faire de l'argent pour vivre, il n'est plus question de remettre en cause l'état des choses ou je sais pas quoi, c'est devenu un jeu dont il faut savoir que tu le joues ... alors bon ... je n'attends rien mais c'est avec de la persistence qu'on fait avancer les choses, qu'on se connecte avec d'autres gens et qu'on fait la réalité, j'imagine. Alors j'arrêterais de faire de l'art quand je mourrais et peut-être même pas, je pourrais programmer une machine qui continuerais à exécuter quelque chose pour toujours et bien longtemps après que j'ai quitté cette planète.
6: How is the weirdness that comes with experimental art helping us to > access to other modes of conscience on very concrete subjects ? What > are you looking forward to in regards to the experimental arts you are > practicing ?
ENG
B: I think 'weirdness' is subjective, I don't think what I do is weird, there should be space for everything. It surprises me today to see pop music artists making interesting/challenging music for example, social media can destroy but also unlock a space for expression that I hardly thought would be possible when you think about the media, the industry, having to have money to be able to influence and enter these institutions back in the day. I'm from a generation where people would do stuff in parties, use squats as a base, make zines, meet people in real life or try to interact with arts institutions and I think this is no longer the case. There aren't any diy spaces anymore because the new generations are dealing with everything differently and the art institutions have proven to be these behemoth super structures which don't really know what they're doing and seem to be stuck in the past. On the other hand, artists have to pay bills and support their families, making work with these institutions has become nothing more than a paid job to make money to support themselves, it's not about questioning or whatever, it's playing the game and knowing you're doing it...so...I'm not looking forward to anything but it's through persistence that we push things forward, connect with other people and make reality, I guess. So, I'll only stop making my art when I die or not even, I could program a machine to keep executing something forever and after I'm long gone from this plan.
"Chimère adoptée par 3 trois membres du label Simple Music Experience, aussi (co-)responsables à un point ou à un autre des actes d'Axel Larsen, (The) Simplists, Violent Quand On Aime, Constance Chlore, T. Goukassova, Radiante Pourpre, Succhiamo ou Panoptique ; Parasite Jazz advient en 2016 dans la fumée d'une performance douteuse sur Simple Music TV. Artefact improvisé et protéiforme à la naissance, le projet se stabilise fin 2020 en trio (Axel Larsen, Constance Chlore, Tamara Goukassova) à Marseille puis en sextet lors du festival Illusio à l'été 2021. S'ensuivent une série de concerts au line up mouvant - Kyle Knapp, Luca Retraite et Luna Cedrón apparaissent parfois et avec eux, des incandescences spontanées. Cette première série d'hallucinations collectives prend la forme d'un album lors d'un enregistrement périlleux à Grrrnd Zero (Lyon) en octobre 2021, et se voit complétée par des prises live glanées au fil des épisodes estivaux.
paraît le 14 avril 2023 All tracks are composed and performed by Parasite Jazz: Alexandre Larcier: bands, FX, springs Tamara Goukassova: violin Théo Delaunay: drums, percussion, synthesizer, tapes
Florent Mazzocchetti: trumpet on "Carton Jazz" and "Alarm Twist" (sampled) Luca Retraite: bass on “Terciopelo” and guitar on “Alarm Twist” Luna Cedron: vocals on “Terciopelo” Kyle Knapp: lap steel on “Terciopelo” and “Untitled live at Gigors”
Recorded and mixed by Théo Delaunay at Grrrnd Zero (Lyon) and l'Embobineuse (Marseille) except "Terciopelo" recorded at Illusio (Pradelles) and "Untitled live at Gigors" at La Sye Electric (Gigors-et-Lozeron).
Mastering: Rupert Clerveaux Cover art: Diane Malatesta Layout: Alan Briand Sketches, band lettering: Around Function
Parasite Jazz thanks: Quentin Mosko, the Groovedge/Illusio crew, Théo & Clyde, Maoupa Mazzocchetti, the 3 jokers Luna Luca and Kyle, Grrrnd & the Embobineuse.
Avec le taux de change actuel, même quelques euros peuvent faire la différence.
Cet article sert à recenser différents liens pour aider à orienter les personnes qui le veulent et le peuvent vers des organisations de terrain recueillant des dons ou du soutien pour venir en aide aux victimes du séisme du 6 Février 2023 ainsi qu'aux efforts de reconstruction. N'hésitez pas à nous faire parvenir des initiatives sûres et vérifiées si vous voulez que nous les relayons.
"Video by Js Donny Onboard Camera : Manon Tombe Appearance : Lavande and Jai Thank you to them for the funny day at the park! Music by Donna Candy : Alex (drums), Js donny (bass), Nadja Meier (vocal) Produced and recorded by Anotine Nouel at Sound Love Studio, Grrrnd Zero (Lyon) Mixed by Anotine Nouel and Js Donny Mastered by A.P. Mastering and Post Published by Bison, Kraak, Isola Records, Swallowing Helmets - 2023"
Surveillance policière : des caméras découvertes aux Tanneries et aux Lentillères.
Appel à rassemblement le 18 février 2023
#StopSurveillance
Nous, usagèr·es de l’espace autogéré des Tanneries et du Quartier Libre des Lentillères, dénonçons la surveillance policière illégale dont nous avons fait l’objet durant plusieurs mois.
Les faits :
Deux dispositifs de vidéosurveillance camouflés dans des boîtiers accrochés au sommet de poteaux électriques ont été découverts au mois d’octobre 2022. Ils pointaient vers des accès aux Tanneries et aux Lentillères et permettaient de filmer les rues, les zones de parking et les entrées piétonnes des lieux d’activités et de résidence. Ces appareils étaient composés d’une caméra à globe orientable et d’une antenne de transmission des données, ils étaient alimentés par le biais du poteau électrique. Passé le premier moment d’incrédulité, des recherches ont permis d’attester une surveillance de longue durée.
Des photos privées et de google street view permettent d’attester la présence de telles caméras depuis au moins 2019, sur des périodes de plusieurs mois.
Après la découverte du dispositif situé au fond de l’impasse des Tanneries, celui situé devant les Lentillères (rue Amiral Pierre) s’est volatilisé sous l’action d’un groupe d’intervention envoyé par les services de renseignement.
Nous sommes choqué·es de nous retrouver dans un mauvais film d’espionnage, mais nous ne sommes pas surpris·es. Alors que la vidéosurveillance se banalise dans l’espace public sous prétexte d’insécurité, le ministère de l’intérieur étend son usage sous une forme camouflée, illégale, ciblée. Si l’un comme l’autre nous révolte, la surveillance discrète et illégale durant plusieurs mois de l’ensemble des allées et venues de plusieurs centaines de personnes, habitant·es, voisin·es, public et usagèr·es est un pas de plus vers un monde où chaque fait et geste est soumis au regard policier.
Dans les lieux que nous faisons vivre, les activités politiques et les oppositions qu’elles font naître dérangent le pouvoir en place. Si nous en sommes conscient·es, rien ne peut justifier pour autant ces pratiques d’espionnage et d’intrusion au cœur de nos organisations politiques et dans l’intimité de nos vies. Être filmé·e à son insu constitue une véritable violence, de même que de savoir ses déplacements du quotidien auscultés, des moments intimes observés, la vie de tous les jours sous le regard de la police.
Et la suite alors ? Des perquisitions pour découvrir une bouteille d’acétone comme preuve irréfutable d’explosifs en cours de préparation ? Une pompe à vélo en guise de matraque ? Nos bibliothèques renversées pour mettre la main sur un livre d’histoire de la révolution zapatiste ?
Tout ceci cadre bien avec le glissement actuel opéré par le gouvernement qui tend à transformer toute opposition à ses politiques en opération criminelle, en association de malfaiteurs, en « éco-terrorisme ».
Au cours des dernières années, les tentatives du pouvoir de monter en épingles différentes « affaires » se sont répétées : la plus récente et emblématique est celle de Bure et d’une supposée association de malfaiteurs qui a permis durant des années l’espionnage de militant·es, a produit 16 années d’écoutes cumulées, 85 000 conversations interceptées et 29 personnes et lieux mis sous écoute, pour qu’au final toutes les personnes inculpé·es soient relaxé·es du chef d’inculpation d’association de malfaiteurs.
Nous communiquons pour dénoncer ces pratiques, pour les rendre visibles et pour la défense de libertés sensément acquises, et toujours plus menacées. Nous pensons que c'est aussi l'occasion de rassembler les témoignages des personnes et collectifs ayant fait l'objet de surveillance durant ces dernières années. Contactez nous !
Toute opposition à la marche d’un monde qui fonce droit dans le mur est surveillée. Le but est-il de faire peur ? De briser des solidarités ? De nous décourager ?
Quoiqu’il arrive, nous sommes prêt·es à répondre à toute tentative de criminalisation de nos collectifs, médiatiquement, juridiquement et politiquement.
Nous ne nous laisserons pas intimider !
Nous continuerons à construire et faire vivre d’autres voies vers l’autonomie !
Et puisque notre monde est bien plus beau et plus joyeux que le leur, nous vous invitions à un rassemblement festif et un bal masqué contre l’espionnage de l’État envers ses opposant·es politiques.
Venez masqué·es sur le thème de la lutte contre la surveillance le 18 février 2023 à Dijon !
Écrit par KKKKKKKKKKKKKKSSSSSSSSSSSSSSSSS appreciation society
Si nous tenons à relayer l'appel à soutien de Keep-Smiling, c'est que nous partageons à coeur des valeurs telles que la convivialité, la musique et la fête par et pour celles.ceux qui la font, le respect de soi et des autres dans leurs différences, l’entraide et la bienveillance en général, une recherche de la décence humaine dans nos pratiques ...
Alors que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes reste perpétuellement à recommencer, entretenir et poursuivre au long terme, et dans un contexte de répression accrue des free-party l'existence d'une association comme KS nous semble vitale. La suppression de leurs subventions et les conséquences qu'elle engendre nous paraissent pour le moins préoccupantes.
Depuis des années Keep Smiling fournit présence et matériel d'autosupport dans d'innombrables soirées, notamment mais pas uniquement, dans celles où s'expriment critique et méfiance envers des modes descendants de gestion de la fête, préférant à la place une autogestion et une autoresponsabilisation des publics par elles.eux mêmes.
Si elle peut avoir ses limites, la Réduction des Risques a su montré son efficacité, notamment dans la prévention et la diffusion d'informations vitales aux personnes concernées. Keep Smiling est une association pionnière en la matière.
Rien que sur Grrrnd Zero, c'est l'action de KS qui fournit la quasi-totalité du matériel de réduction des risques, par exemple les bouchons de protection sonore, les éthylotests, capotes etc. C'est aussi les flyers de prévention sur le comportements à risques que vous trouvez à disposition à l'entrée. Accompagné.e.s de l'association Serein.e.s, iels ont encore récemment formé des membres du collectif de Grrrnd Zero à la réduction des risques et la prévention contre les violences sexuelles et sexistes en milieu festif, formation que nous souhaitons étendre autant que possible, notamment aux collectifs et assos que nous pouvons accueillir.
Enfin il faut rappeler qu'à la suite des agressions qui ont eu lieu en début d'année, iels ont aussi été des interlocutrices.teurs non négligeables pour nous permettre d'appréhender les phénomènes nouveaux ou recrudescents.
N'hésitez pas à contribuer si vous souhaitez/pouvez, chaque euro est une véritable aide.
Et enfin, n'hésitez à faire circuler l'appel à soutien afin que Keep Smiling continue de réduire les risques en soirées !
J'ai découvert galen tipton via le label Orange Milk, qui n'a jamais manqué de me surprendre. Voici un album pensé pour être jouer dans ta bouche, pense bien à nettoyer tes outils avant. De rien.
best enjoyed with a speaker up to your open mouth, galen tipton presents "phone mouth music" and invites to experience her music in a unorthodox way 👅📲🎼💋 inspired by tik tok trends utilizing hers and others music in the same way, galen sought out to create sounds specifically for the purpose of being enjoyed inside your mouth 👄🧠👀💥 make sure ur phone is clean and enjoy the tantalizing, stimulating and refreshing take on brain scratch music 💦🥒🔥🥤
include in a purchase stems from each track make ur own brain scratch music or just add some ear candy to ur music
s'écoute idéalement avec un haut-parleur dans ta bouche ouverte, galent tipton présente "phone mouth music" et vous invite à faire l'expérience de sa musique de façon pas très catholique.
👅📲🎼💋
inspirée par des courants de modes sur tik tok qui utilise sa musique et celle d'autres de cette manière, galen a cherché à créer des sons spécifiquement pensé pour être appréciés dans la bouche.
👄🧠👀💥
vérifiez bien que votre téléphone ou autre appareil est propre et faîtes vous plaisir avec ce regard alléchant, stimulant et rafraichissant sur la brain scratch music.
💦🥒🔥🥤
l'album inclue les stems pour faire ta propre brain scratch music ou pour ajouter des bonbons auriculaires à ta musique
Écrit par le parquet antirayures (pour les dents longues)
toner toner est construite sous la forme d'une association qui propose des initiations à l'impression riso de façon bénévole. Nous étions jusqu'à présent en contrat avec l'entreprise de duplicopieur RISO avec qui jnous avions négocié, il y a 5 ans, un contrat d'entretien de nos machines en s'engageant sur un volume de copies à l'année. Cela nous permettait de proposer des tarifs très bas et rendre les impressions très accessibles.
Aujourd'hui l'entreprise Riso ne veut plus renouveler notre contrat car elle juge nos machines trop vieilles et nous devons nous refrotter à une négociation qui s'annonce salée !
C'est pourquoi nous recherchons activement une personne ayant des connaissances en négociation afin de pouvoir permettre à tous nos réseaux de communicant underground en place et à venir de continuer d'imprimer en couleur sans se ruiner ! En espérant entendre parler de vous prochainement !
Le weekend du 24-25, Grrrnd Zero accueille le salon d'édition Paper Melody. On leur a donc envoyé notre reporter Leyzyar V'erbillajge poser quelques questions pour en savoir plus.
Qui êtes-vous et comment vous est venue cette idée ? Est-ce que c'est la première fois que vous organisez quelque chose comme ça ? Quelles difficultés et quelles facilités s'offrent à vous ? Est-ce qu'il y a des évidences et est-ce qu'il y a des contrariétés ou des doutes ? Quel est votre rapport à la chose collective ? Est-ce que vous vous considérez comme un collectif ou pas forcément ?
On est un groupe de plus ou moins cinq personnes, quatre graphistes et un ingénieur acousticien. Le groupe s’est constitué par affinités et surtout motivation commune. La répartition des tâches et des responsabilités s’est faite progressivement, en fonction du temps dont chacun·e disposait et de ses envies. On ne s’est jamais posé la question clairement de la définition de notre groupe. D’ailleurs, on n’a aucun statut officiel pour le moment, on verra peut-être par la suite.
L’un d’entre nous avait déjà organisé des concerts de musique électronique et des fêtes à Toulouse, mais personne n’avait d’expérience dans l’organisation d’un événement de ce type et de cette ampleur. On y est allé·es un peu en tâtonnant, avec l’aide de nombreuses personnes gravitant autour de GZ et de la Luttine notamment. Elles nous ont partagé leur expérience et leurs connaissances sur le sujet, ça nous a énormément aidé à démarrer. Il y avait aussi eu un début d’orga de salon d’édition il y a un ou deux ans de cela, qui n’avait jamais vu le jour. Ça nous a donné une bonne lancée de lire leur dernier compte-rendu de réunion.
Une grande partie du groupe s’est rencontrée aux beaux-arts. L’école et ses moyens nous ont fortement influencé·es pour penser ce salon. On a aussi organisé une soirée de soutien pour collecter des fonds pour le sal00n. Mais on a vu trop gros, on a eu beaucoup de frais et donc peu de bénéfices. Alors tout le monde avance un peu d’argent de sa poche, ce qui est certainement normal pour le démarrage d’un projet de ce genre. L’autre difficulté a été la gestion du temps, car aucun·e d’entre nous ne pouvait se concentrer uniquement sur le sal00n, on avait toustes beaucoup d’autres projets à gérer et ça n’a pas toujours avancé comme on le souhaitait.
Est-ce que le salon ça permet pas aussi de créer un foyer, un temps pour plusieurs éléments éparses de se retrouver en présence au même moment quand l'édition et l'espace du livre est peut-être un espace de distance ?
Oui clairement, c’est aussi pour ça qu’on avait envie d’inviter des cantines à proposer des repas et qu’on a prévu des concerts le samedi soir. On avait pensé à ce festival d’édition pour réunir (un certain) écosystème d’édition et ne pas être juste dans du commerce de livres. Les ateliers participent aussi à ça, à créer du lien en mêlant les éditeur·ices, l’orga, les bénévoles et les visiteur·ices. Lorsqu’on sort de l’échelle de la micro-édtion justement, il est plus rare de pouvoir échanger avec les éditeur·ices et les auteur·ices des bouquins qu’on lit et qu’on regarde. C’est ce qui va distinguer une visite dans un “salon” à celle dans une librairie. On aimait bien l’idée du salon-colonie de vacances, donc le terme de foyer s’applique assez bien.
Il va y avoir des ateliers, qu'est-ce qui va se passer ?
Il y aura un atelier traduction avec Yann Trividic, un atelier de gravure sur plâtre avec ZZtoff et un atelier fanzine, dispensé par le groupe d’Envie Pressante et de Béton Roman. Ce sont toustes des exposant·es du sal00n, ou des personnes qui gravitent autour d’elleux, autour de l’impression et du travail du texte.
Il y aura des lancements d’éditions récemment parues, qui donneront certainement lieu à des lectures. Il y aura aussi des concerts le samedi, à partir de 19h.
Pouvez-vous présenter les collectifs et maisons d'édition que vous invitez ?
Il y aura une vingtaine de maisons d’édition et de projets éditoriaux français et belges, comme des distros, une fanzinothèque, mais aussi une “librairie des absent·es” où on pourra trouver des bouquins édités par toutes les personnes qui n’ont pas pu faire le déplacement jusqu’à GZ pour l’occasion. Dans l’ensemble, il y a pas mal d’essais, d’écrits politiques, mais aussi de livres avec une attention portée au design, un peu d’illustration et de livres graphiques.
Prosaïquement, quelles économies se retrouvent dans ce salon ? On croit savoir que c'est une réflexion qui court le long des maisons d'éditions auto-suffisantes, je pense au livre qui était sorti à la Fabrique sur comment faire un livre mais aussi au fascicule des éditions burn-août. Alors je voudrais vous poser une question sur les conditions matérielles de l'édition, quels espaces ? Quelles machines ? Quelles nécessités ?
Quelles sont vos réseaux de transmissions et quelles sont les voies de distribution privilégiées par les gens que vous invitez ?
Pour construire ce sal00n, on a fonctionné un peu intuitivement dès le début, avec ce qu’on avait de connaissances et de matériel. Nous fonctionnons sur la base du bénévolat et de l’auto-financement. Mais ce n’était pas un critère de sélection pour nos invité·es. Si la plupart d’entre elleux peuvent imprimer dans des ateliers associatifs et diffuser leurs éditions dans leurs cercles sociaux, par le biais d’évènements musicaux et éditoriaux, ce n’est pas le cas de tout le monde. Certain·es travaillent avec des imprimeur·euses professionnel·les, des diffuseurs et sont distribué·es dans de nombreuses librairies. On pourra trouver des éditions à 50 tirages et d’autres à 5000.
Mais finalement, il y a quand même une cohérence dans toutes ces éditions, elles font partie de la même “famille”, dans le sens de réseau de personnes, de valeurs et d’intérêts. D’ailleurs, l’intérêt du salon c’est aussi de devenir un moyen de diffusion groupée.
Vous insistez que c'est un festival d'édition et non pas de micro-édition, qu'est-ce qui est important dans cette précision ? Et en tant qu'orga de ce salon quels regards portez-vous sur le DIY et les pratiques qui y sont associées ?
Il y aura de la micro-édition, mais pas que. On est revenu·es sur ce terme de micro-édition parce qu’on a justement eu envie d’inviter des projets d’échelles de diffusion et de fabrication variées. On n’a pas voulu se restreindre d’emblée à l’échelle sous-entendue par la micro-édition.
L’idée de ce salon vient aussi d’un manque qu’on a ressenti à Lyon, où on a pu voir pas mal de salons de fanzine. Bien que les sujets abordés et les manières de les traiter du fanzinat puissent être très diverses, il existe un tas d’autres éditions tout aussi intéressantes et parfois même aventureuses dans des cercles éditoriaux plus visibles. La question du mode de production DIY est extrêmement intéressante, mais on a pas voulu en faire notre ligne directrice pour ce week-end d’édition.
J'imagine que vous avez déjà dû réfléchir aux relations entre l'édition papier et l'édition numérique ? Je me souviens d'une interview paru dans Libraioli chez SILO qui parlait de l'acte de publication. Que pensez-vous de la façon dont les réseaux sociaux continuent de capter sur internet la fonction de publication ? Je veux dire des fois j'ai l'impression qu'une chose existe parce qu'elle est publiée ou promu via les réseaux, on dirait le journal officiel mais éclatée dans une myriade de chambres d'échos ou centres d'intérêts.
Un constat émerge: ces dernières années, les réseaux sont devenus incontournables, toutes les couches de la société en font usage. Notre attention est sollicitée en permanence, et bien qu’il y ait parfois la possibilité de faire de véritables trouvailles, on reste majoritairement dans un labyrinthe fait de culs-de-sac et de détours.
C’est donc un choix que de se retrouver IRL, pour pallier à une approche immatérielle qui peut être indésirable lorsqu’elle devient normative. C’est aussi une manière de mettre en valeur le postulat de celles et ceux qui ne se retrouveraient pas à travers ces types de réceptions.
Cela dit, le numérique et les réseaux sociaux permettent aussi de nouvelles manières de diffuser l’édition qui ne sont pas à rejeter en bloc. On a par exemple invité le projet Béton Roman, qui est une maison d’édition assez mystérieuse ; malgré son site fourni, aucune de ses éditions n’existe en papier. Il n’y a pas non plus de PDF disponible, comme pourrait le faire Burn Août. On s’est demandé comment ça pouvait exister physiquement dans un sal00n d’édition. Il y a aussi la librairie pirate de Victor, qui donne des pdf d’éditions sur la musique via Instagram. Là on va faire simple, il va nous envoyer une dropbox de ses livres piratés qu’on va imprimer aux beaux-arts et laisser en libre accès.
On a l'impression avec la catastrophe environnementale, la pandémie et les basculements qui en procèdent, que s'exacerbent à la fois les tensions et les vulnérabilités mais aussi les impératifs pragmatiques, à l'échelle des choses qui nous concerne ici et de nos bibliomanies qu'est-ce que ça peut vouloir dire ?
Même si le contexte actuel est extrêmement violent à plein de niveaux -ou peut-être justement parce que c’est le cas- il nous semble important de conserver des espaces de partage, physiques et intellectuels, de continuer à provoquer des rencontres et de la création. Un projet comme Paper Melody ça n’a pas comme seul but de s’extraire de la “réalité”, mais c’est là aussi pour continuer d’y trouver de l’humanité et de l’intérêt.
Paper Melody, c'est très joli ! J'avais été frappé l'année dernière dans des lectures de la façon dont la musique ou la musicalité pouvaient être convoqués dès lors qu'il s'agit d'ouvrir la réflexion vers des concordances abstraites ou des harmonies intuitives dures à décrire mais généralement ayant trait au temps. Où situez-vous l'harmonie dans le processus d'édition ? S’il y a une mélodie du papier, comment envisagez-vous les rythmes ?
Merci ! À l’origine, le nom devait seulement être celui de la soirée de soutien en juin dernier, mais il nous a tellement plu qu’on l’a conservé pour le sal00n. Au-delà de la musicalité, la notion d’harmonie peut apparaître à travers différentes étapes du processus éditorial. Elle va se retrouver dans l’ajustement des idées et des perceptions entre les différent·es acteur·ices du projet, puis à l’intérieur de l’ensemble des choix graphiques. On pense une forme en fonction de son contenu, de ce qu’on veut lui faire dire, de là où on veut l’emmener. Tous les choix sont aussi interdépendants, la plupart du temps ils découlent les uns des autres. Le caractère typographique dépend de la grille, la grille dépend du format, qui dépend lui-même du contenu et du type d’objet que l’on souhaite créer. L’ordre de développement n’est pas fixe, mais il y a toujours des rapports d’harmonie.
Le rythme est un autre élément très important dans le processus éditorial. Quand on pense une succession d’images, de textes, parfois de thèmes et d’approches (dans une revue par exemple, ou bien dans un ouvrage collectif) on crée un rythme. Quand on compose une image, une affiche ou autre, la question se pose toujours tacitement aussi. Il faut trouver une cohérence dans l’agencement des formes, des couleurs et des messages.
Merci !
* : Je pense au livre de Jérôme Baschet sur la Tyrannie du Présent, celui d'Harmut Rosa, Résonnance ou de Jakob Von Uexküll qui traite de Milieu animal et Milieu Humain.
Bri au clavier. Lockée dans une pièce sans fenêtre sous néons à coudre des abstractions. Non je ne suis encore devenue maboule.
J'ai fini à peu près douze nouvelles robes (dont une en collab avec Héloïse), j'ai organisé l'atelier et j'ai le roster du défilé, la sceno aussi. Ca va être très formaliste cette affaire : genre, piano, chaises et basta. S'il y a du monde, on mettra des chaises dans l'espace chill et dans les couloirs mais bon là je rêve doucement - déjà si on remplit l'atelier, je serai j o i e.
Ce sera le vendredi 3 juin à 19h. On va faire une perf avec koji, ju à la photo, pis défilé pis mix des amies. On imprime l'affiche en riso demain. Merci Toner Toner <3
On a eu bien chaud ces derniers jours. On a mangé nos premières cerises et j'ai failli foutre le feu à mes collections. Sérieusement. Des fois, c'est comme une vague qui me prend : tout brûler. Parce que, parce que.
Ces robes viennent d'un futur queer, d'un futur qui se chuchote entre adelphes, quand le monde penche trop vite vers l'abîme. On sait le désir, on sait le délié. Porter tout ça, organiser tout ça, faire tout ça avec ces mains qui parfois se dérobent au travail - des fois, on perd espoir.
Mais il y a la lumière au plexus, qui brille, sans faillir. Allez.
Car les robes - miracle, elles tombent pas en morceaux.
C'est beaucoup trop rare les soirées de soutien qui mettent leur bilan et aussi rapidemment à la vue de tout le monde donc on relaye le bilan de Ville Morte, à noter aussi une super brochure sur l'organisation de concert :
C'est avec colère et tristesse que nous avons appris ce mercredi qu'une agression avec soumission chimique est survenue à GZ lors d'une soirée-concert ce samedi 21 mai. La personne agressée a porté plainte et a demandé que nous publions son témoignage et sommes en train de prendre contact avec le commissariat de Vaulx en Velin :
« Bonjour/bonsoir, sur recommandation du policier qui a pris ma plainte j'écris ce message pour vous parler de ce qui m'est arrivé dans la nuit du samedi 21/05 au dimanche 22/05 à Grrrnd Zéro à Vaulx-en-Velin. J'ai été piqué par seringue à mon insu dans la cuisse et ai perdu tout souvenir de la soirée. J'ai été aperçu en compagnie d'un homme brun, de petite taille avec un oeil au beurre noir, portant un pull bordeaux et un pantalon foncé que je ne connais pas. S'il vous est arrivé une histoire similaire ou que vous avez aperçu un mec qui ressemble à la description vous pouvez contacter le commissariat de police de Vaulx-en-Velin.Merci." »
Communiqué suite à une agression à la seringue survenue lors de la soirée du 21 mai 2022.
Solidarité encore et toujours avec les victimes.
Si nous vous adressons ce texte c'est qu'il est primordial pour notre collectif d'afficher son soutien inconditionnel envers les victimes de soumission chimique et/ou d'agression sexuelle. Quelle que soit le projet ou la nature de l'emprise (agression sexuelle, vol, semer la terreur) qui se cache derrière cette pratique, nous lutterons contre sans relâche.
Nous n'aurons pas su l'empêcher ce samedi.
S'il s'agit d'un phénomène en recrudescence depuis quelques mois ailleurs en ville et dans le monde, il apparaît important pour nous de lutter plus largement, à partir des endroits qui nous sont chers, contre tout un système de domination qui traverse toute la société.
Nous sommes d'autant plus écoeuré.es de constater que ces agressions ont eu lieu lors de soirées féministes. Si samedi dernier nous étions plusieurs à faire la fête en mixité choisie entre des personnes femmes et queer, c'était en soutien à des victimes d'agressions sexuelles. WTF Ne pas se laisser abattre, se redonner confiance
Il s'agit maintenant de restaurer la confiance, que nous ne devons jamais prendre pour acquise, que l'on s'adresse mutuellement lorsque nous nous retrouvons à GZ pour ne pas laisser gagner la peur mais nourrir vigilance et lucidité.
Il y avait déjà eu en Janvier une agression, réécrire un communiqué aujourd'hui nous saisi entre aveux de faiblesse, le dégout, la colère, l'envie de rebondir, de se défendre, de faire mieux... On reste soudé-es et on continue de se parler et s'informer.
Ce truc de seringue, cette technique prédatrice glaçante, ça fait tellement peur, ça terrorise, ça tétanise. C'est peut-être l'effet recherché d'ailleurs. Alors on en discute, toustes ensemble.
On tente de comprendre l'incompréhensible, de rassurer l'inrassurable.. on cherche des solutions. En tout cas, de se rassembler pour en parler et réfléchir à plusieurs, cela nous permet de lutter contre le fatalisme, ça fait du bien
.C'est aussi ce qu'on a ressenti ce samedi dernier après-midi, quand on s'est réuni, avec une trentaine de personnes répondant à l'appel à discussion publique autour des violences sexuelles et sexistes en soirées. Ce moment fort a été l'occasion de créer un réseau féministe de réflexion et d'entraide inter-lieux et orga autour de ces questions. Nous tenons à remercier toustes les personnes présentes, c'est notamment grâce à ce genre de moment que nous trouvons du sens à continuer à faire la fête malgré tout ça. En plus de ce réseau, d'autres initiatives et protocoles ont vu le jour depuis quelques mois:
Une boite mail ( contactgz@riseup.net) a spécialement été créée afin de recueillir des témoignages. Si vous avec vécu une situation avec laquelle vous n'êtes pas à l'aise, ou si vous y avez assisté, nous nous rendons disponible. N'hésitez pas à nous en faire part sur le moment même ou plus tard. Nous pouvons aussi être simple relais en permettant aux victimes de se contacter entre elles. Quatre personnes du collectif sensibilisées à ces questions en détiennent les codes et peuvent y répondre. Si vous avez aussi des remarques, des observations, des critiques, si vous souhaitez prendre contact vous pouvez y écrire.
Nous avons repensé l'organisation de nos soirées, particulièrement lors des tardives afin de garantir au mieux l'intégrité des personnes qui prennent part aux soirées (plus de bénévoles, rondes régulières, messages et affiches de préventions et de sensibilisations). Une première session de formation collective et obligatoire pour toute personne désirant organiser un événement festif à GZ aura lieu au courant de l'été. Ce module est dispensé par les associations serein.es (www.serein.es.org), qui lutte contre les violence sexuelles et sexistes en milieu festif, et keep-smiling (http://www.keep-smiling.com), qui milite pour la prévention et la réduction des risques en milieu festif.
On a beaucoup débattu sur le maintien ou non des tardives à venir, plusieurs pistes ont été évoqué autour de l'adaptation des horaires, du renforcement des protocoles de sécurités. Il a été décidé que les soirées de vendredi (Fiesta Party) et de samedi (Soutien à l'Ukraine) seront maintenues avec l'installation d'un point dédié avec un équipe permanente jusqu'à la fin qui s'assureront que les personnes qui quittent les lieux soit conscientes et savent rentrer chez elles.
Nous avons conscience que ces phénomènes d'agressions, sont très compliqués à endiguer, qu'ils peuvent détruire des personnes et saper l'envie d'ouvrir nos portes aux soirées. Néanmoins nous gardons l'espoir de pouvoir continuer de promouvoir des moments, parmi lesquels des moments de fête, au travers desquels nous tentons ensemble de transformer notre rapport au monde.
ON RESTE ENSEMBLE !
N'hésitez pas à nous faire parvenir, vos conseils, critiques ou observations. Merci pour votre attention et pour le soutien jusqu'à présent.
Première semaine d’installation dans l’espace expo, en mode : wtf toute cette place coeur coeur coeur. Koji a posé ses pianos et Ju a commencé le travail de documentation photo. Joie. Avoir des murs pour accrocher les fringues, de quoi bouger, placer les tissus, prendre quatre heures pour coudre dans un coin en écoutant du drone, c’est mourir vivre un peu.
ALORS.
On aura sûrement 12 nouvelles pièces début juin et ptet je mettrais des robes de la collec précédente, juste parce que ça me fera un bien fou de les montrer en mouvement à des gentes qui les ont jamais vues. Et ça me fait peur et c’est ça la mode : la trouille tout le temps que tout se pête la gueule, que les robes tombent en morceaux, que ce soit juste MOCHE. Mais hein, le désespoir, ça permet d’avancer.
En parlant de montrer : on a fixé la date pour la sortie de résidence / thé dansant - ce sera le vendredi 3 juin dans la soirée : on y verra des robes, une perf de fitting live par bri et koji, et d’autres suprises. On fera d'ailleurs un premier proto de fitting live ce jeudi 12 mai à Mimesis, ce sera expérimental af. Koji jouera derrière ses plus grands tubes, alors réserve ta soirée.
Sinon : ici, il fait beau, semaine semi-canicule en mode crop-top de saison. gz c’est merveilleux, tout est super tout va bien j’écris ces ligne depuis un partage de connexion qui refuse absolument totalement de nous partager quoi que ce soit. Le centre commercial de vaux en velins est depressing mais hey, y a des épingles à nourrices pas chères à carouf.
Si vous avez envie de venir nous aider à coudre, de montrer vos pièces, de défiler le 3 juin, ou juste de venir nous tenir compagnie entre shlag et sublime, venez.
La météo annonce 30 degrés ce mercredi.
Bonne nouvelle : dans l’espace expo, il fait FRAIS.
Écrit par princesse parking & les schlagoss magiques
Si jamais vous zonez sur la terrasse de bois en ce moment vous allez sûrement croiser de grosses abeilles noires à reflets bleues, qui sont assez impressionnantes.
Ce sont des abeilles charpentières, les plus grosses abeilles d'Europe, parfaitement inoffensives alors ne les tuez pas !
Elles ne vous attaqueront pas.
On constate aussi la présence de rouge-queues, des passereaux aux jolis cris, d'un merle ou deux, d'une sacrée colonie de pies qui nichent dans le grand pin ou dans la haie qui borde le parking, vers là où se trouve le camion sauvage gézédien en ce moment.
D'ailleurs si vous vous demandez ce que c'est que ce grand arbre à droite du portail quand on rentre eh bien sachez que c'est une élanthe, Mother Elanthe, taille adulte beau bébé.
En fait ça s'écrit ailante mais on s'en branle car c'est une plante méchante.
Son autre petit nom c'est "the ghetto palm", le palmier des ghettos, car ça aime bien pousser dans la zone.
Autour de la porte d'entrée du hangar qui mène aux locaux et à la cuisine catering il y a deux sureaux, eux on les appelle les "suzerains des ruines" ou "princes des décombres".
Leurs fleurs sont délicieuses en beignets, et leurs fruits font de bons sirops, des encres, etc.
On s'est pas motivax l'année dernière mais cette année vers mai-juin vous m'entendrez sûrement hurler en tombant de l'échelle où je me serais juchée pour récupérer ces délicates fleurs blanches au léger parfum de vanille afin de les PLONGER DANS L'HUILE BOUILLANTE.
Devant la bibliothèque au printemps prochain il y aura des rangées de dahlias.
Peut-être que l'artichaut sauvage refleurira cet année, ou que d'autres viendront amenés par le vent.
Les bulbes d'iris plantés à l'arrache donnent de belles fleurs violettes.
Le violet des fleurs de ciboulette ne va pas tarder, en attendant je croque dans les bourgeons saveur ail level hardcore à chaque fois que je peux, ça laisse une haleine à tuer un poney pendant trois heures, j'évite d'aller à l'hippodrome durant ce temps.
Et les fraisiers parsèment les bacs de blanc et de jaune promettant de colorer nos lèvres en rouge jusqu'au mois d'aout.
Les primevères plantées en gueule de bois quelconque le printemps dernier et dont personne ne s'est jamais occupé ont repoussé, ça m'a fascinée.
Je suis restée longtemps devant ce petit bout de velours coloré si incongru dans cet océan de béton goudron rouille terre au plomb, l'impression tenace au ventre que plus je le regardais et moins j'avais peur de la mort.
Ou plutôt que plus je le regardais moins j'avais peur de la vie.
Comme je sombrais dans le sentimentalisme je suis partie m'ouvrir une bière et la boire sur le parking, j'ai avalé une grande rasade, c'est là que j'ai distingué de l'animation dans le ciel.
Il y avait trois milans qui se coursaient sous le soleil, triangle nuptial gracieux et brutal, j'ai baissé la tête pour roter ma gorgée de bière et là il y avait une bagarre de lézards, l'un d'eux n'avait que la moitié d'une queue, ils apparaissaient et disparaissaient dans les fissures du muret, j'ai fini ma bière et versé les dernières gouttes sur le bitume en remerciant je sais pas qui exactement, moi d'être là peut-être.
Écrit par l'une des sensations les plus éloignées de la mort qu'il soit donné de ressentir
La parhélie désigne un phénomène atmosphérique trompant la vue lié au phénomène de halo solaire, ça donne à voir deux petits soleils, ou échos de soleils de part et d'autre de l'astre véritable.
C'est ainsi qu'Aetheral Arthropod & Séraphim ont choisi d'appeler leur album.
Cela semble être la façon dont nos deux compères ont voulu évoquer les futurs non-advenus. Tout cela bien-sûr dans la mesure qu'implique l'utilisation de référence biblique,ou de la mythographie angélique.
Je l'ai écouté en entier, délicatement ivre dans le métro qui défilait : c'était une sacrée aventure.
Après une journée ménage de printemps à respirer des vapeurs de substitut d'acétone, semblait se dérouler, à travers ma fatigue anesthésiante, l'agitation des problèmes de la vie moderne comme :
- l'exponentialité du phénomène fasciste dans une société en voie de fragmentation avancée, et le fait de participer et d'avoir participé malgré tout à cette fragmentation en choisissant "le diy" plutôt que des carrières plus nobles. - les comptes de colocation compliqués et tout ce que l'argent sanctionnent des rapports humains dans un monde qui atteint une arête de sa technologisation exagérée. - savoir si l'amour tel qu'on l'a théorisé jusque là est encore possible ou même simplement souhaitable. - est-ce qu'apprendre la culture du bonsaï serait un atout dans le long patatras d'Histoire qui reste encore à vivre ? ou est-ce simplement être vaguement hanté d'un imaginaire et affect de nostalgie induit par des films d'il y a 40 ans ? - pandémie ou pain de mie ?
Composé sur deux ans entre la Galice et New York, sortie sur le label cairote ANBA, c'est une salve condensée mêlant extratone, growl comme les gens du métal, de quelque chose que je qualifierait d'illbient et de biblically accurate sound design délicatement brutal.
Séraphim l'a écrit après avoir échappé à la mort PUIS s'être fait voler son ordi avec tous ses projets dedans. Æthereal Arthropod est aussi responsable de quelques unes des saillies deconstructed-post-post-post que j'ai préféré dans mes égarements sur Soundcloud ses dernières années.
C'est le genre d'album qui soulève pas mal la question de comment, en tant que lieu "DIY-DIT" issue des modes d'organisations ayant émergés avec divers mouvements parmi lesquels l'underground punk / indé / autoproduit / ce que tu fais, on se positionne avec l'émergence de paradigmes de productions, de vie, et de parcours de la musique entre les cerveaux, les corps, (leurs appendices organique ou sur circuits imprimés ..) qui n'a plus grand chose à voir avec une existence où le mode de la tournée est la moêlle épinière des façons qu'on a de s'exposer à des musiques hors du commun / impossibles / singulières, dans l'espoir ou l'envie inconsciente d'élargir nos perceptions ou du moins leur spectre.
Il n'y a pas de réponse simple à cette question, je viens de prendre une écoute assez dense et pourtant extrêmement rapide. Je ne sais pas si à l'âge des missiles à réputation hypersonique, l'homo sapiens maitrise encore quoique ce soit et si oui ce que moi je peux maitriser pour le meilleur dans cela, mais je ne peux nier le sentiment de paix que discuter avec mes semblables, ami.e.s et affinité.e.s et l'écoute de cet album de musique violente me procure et m'a procuré.
"Hey girls!! Pour Sound Love Studio, je serais à la recherche d'une Ingénieure du son studio capable d'utiliser ProTools et de maîtriser l'enregistrement. Il s'avère que le studio est souvent disponible pour d'autres projets mais qu'avec mes tournées et tout il n'est pas utilisé à son maximum.
Il y aurait surtout de l'enregistrement de rap à faire (surtout des gars de Vaulx-en-Velin). Il faudrait savoir enregistrer des voix, utiliser auto tune et connaître les bases du mixage pour pouvoir rendre un rendu assez rapidement à la fin des sessions. Mais ça pourrait être bien d'avoir quelqu'une pour m'aider lors de plus grosses sessions d'enregistrement.
Bien sûr ce serait rémunéré en mode 50/50 (moitié pour le studio moitié pour l'ingénieure du son).
Ça ne représente pas une charge de travail démentielle pour le moment mais ça peut être l'occasion pour quelqu'une de commencer, je serais bien sûr là pour accompagner et m'assurer que ça se passe bien au début.
Il y aurait aussi bien sûr possibilité d'amener d'autres projets sur la base du même deal, quand le studio est dispo.
Avec moins de 1% d'ingés son femmes dans ce milieu j'ai envie de sponsoriser la venue des femmes aux commandes du studio d'enregistrement donc no cis boys please. Bien sûr femmes cis trans et non binaires bienvenues.
N'hésitez pas et contactez moi sur insta @anotineee
Compilation de l'Eastbloc Sound en solidarité avec l'Ukraine, la pochette est la reprise d'une oeuvre de Maria Prymachenko détruite avec tout un musée le 27 février 2022
"The artwork for this compilation is an homage to Maria Prymachenko. On February 27, 2022, during the Battle of Ivankiv an approximated 10-25 original works of Prymachenko were destroyed in the Ivankiv Historical and Local History Museum. To express our solidarity, the artwork depicts the creature from Prymachenko's 1978 painting: "May That Nuclear War Be Cursed!"
"y'a 10 ans j'étais pas sur Facebook, Grrrnd Gerlande allait être expulsé et je devenais papa intermittent à marner à la halle Tony Garnier sur Guns&Roses et Michel Sardou, la consécration! comme je savais pas quoi faire de tout ce fric et plutôt que me saouler la gueule et taper des traces j'ai construit un box sous les toits et enregistré cet album tout seul, de toute façon personne ne voulait de ces compos" -Pif
Root est une initiative active depuis plus de 3 ans à Istanbul. Le collectif qui l'anime a commencé par organiser des soirées et conférences interculturelles dans le but de réunir les communautés locales et migrantes.
Afin de s’adapter aux conditions de l’épidémie, Root s’est transformé en une plateforme en ligne, fournissant l’espace indispensable à de nombreux artistes, crate diggers, et militants engagés dans des projets d'émissions de radio, d'événements musicaux, d'expositions, de discussions et de campagnes de solidarité.
Root fonctionne grâce à l'engagement d'un petit groupe de curatrices, programmateurs, musiciennes, graphistes, qui en travaillant collectivement et solidairement souhaitent soutenir le développement de scènes et communautés musicales indépendantes en différentes régions du monde. Le projet est autogéré et autofinancé.
Root a pour l'instant principalement été actif sur Istanbul, en organisant une série d'événements comprenant des concerts, des discussions (Palestine Underground), une émission en ligne en soutien aux incarcérées et incarcérés au camp de rétention de Mória (sur l’île de Lesbos, en Grèce), ainsi qu'une campagne de solidarité avec la Palestine suivant la destruction et l'occupation de Sheikh Jarrah par les forces de colonisation israéliennes.
Le réseau de Root s'est par la suite étendu via l'émergence de radios communautaires au Moyen-Orient et en Méditerranée : Radio Alhara et Exist Festival en Palestine, Movement Radio en Grèce, et Mutant Radio en Géorgie.
Root vise à fournir un espace ouvert aux personnes, qu'elles soient locales ou (im)migrantes, afin qu'elles puissent partager leurs expressions créatives.
*Aussi*, nous vous invitons pour une discussion avec des membres de Root de par le monde, qui nous partagerons leurs réflexions quant à l'importance de la musique et des arts comme résistance collective outre-Europe. Comment survit-on en des lieux où l'expression artistique et politique est considéré comme le plus grand crime qui soit ?
La discussion sera suivie de mixes musicaux de participantes et participants à Root Radio, en France et en Turquie, et par une cantine levantine et méditerranéenne.
Le 12 Avril, à l’Amicale du Futur, 19h00-00h00.
[NDLR]
Et une ROOT reviens à GZ le 2 Juin, plus d'infos bientôt !
La Vie Manifeste publie trois poèmes dont certains extraits de Compositions / Éclats, que Rina Kenovic & Sara Léhade ont réalisé à GZ et au Brazéro en ayant eu la gentillesse de nous citer.
édition toujours, en attendant une soirée de lancement et/ou la sortie du prochain, Voix Off réalisé par le Collectif des Typotes dont Natalia Passaquin depuis l'Atelier Peso Pluma, est désormais dispo au Musée de l'Imprimerie et de la Communication Graphique, 13 rue de la Poulaillerie à Lyon. https://www.imprimerie.lyon.fr/fr/actualite/voix-imprimerie-de-femmes
Ouah la classe ! Pour tes recherches, le catalogue de Mémoires Minoritaires, l'association archiviste du Brrrazéro est disponible sur : https://catalogue.bigtata.org/
Le Brrrazéro est ouvert les lundis et mercredis après-midi à partir de 14h
pour prendre rendez-vous : contact[ chez ]memoiresminoritaires.org
C'est un véritable trésor de mixs et de sélections sur un site autohébergé par les Constructions Incongrues, responsables également d'un vaillant forum. La rédaction le propose à vos explorations auriculaires en vous fléchant arbitrairement vers quelques tressages concoctés par Paxille, ministre de la mode et éminente éminence de la recherche sonore qu'on peut parfois appercevoir faire monde de fils à sa fenêtre en arrivant sur zone.
Un agent dormant, infiltré derrière les lignes dangereuses de la dépravation, nous a fait parvenir ces documents qui jettent une lumière grisâtre sur certaines des actions inavouables ayant eu cours dans cet endroit de perdition de l'avenue de Bohlen.
Avec des extraits entre autres de soirées Simple Music Experience x Groovedge, Live Coding et d'une incursion dans le local 1.
https://linktr.ee/help_ukraine_global Here are resources for contributing. Various ways to donate, volunteer, local rally locations, lines of information, etc. Please make the time to involve yourself with this crisis in any way. All voices against this aggression add up to something bigger. The noise must grow piercingly loud, and you must have faith. *Russian friends* - I encourage you to take action at home. I know that may seem a callous request, but I say it with love and respect. Be safe, use caution, but cause disruption.
"The second event of our Reclaim and Mobilize series, “solidarity against all (un)civilized occupations” starts today 11.03.2022 at 13:00-01:00 (GMT+3) on rootradio.live and will continue in the next and upcoming weeks. This is to show support with everyone fleeing from the war in Ukraine and suffering from being displaced and dispossessed, living under occupation, and struggling against war around the world. We would once again like to raise our voices to say that we stand with the oppressed against all discrimination, despite the double standards the world appears to carry out showing solidarity with people. In the last couple of weeks, we have been witnessing flagrant hypocrisy on every level: Many western politicians and media are not ashamed of openly discriminating against refugees based on race, religion, or national origin, while the people of Syria, Palestine, Yemen, Afghanistan, and Iraq are victims of war, of state violence, of occupation, and forced displacement due to the ongoing acts of those same governments which are not much different than that of the Russian government. The European countries that denied humanitarian help and support to Muslim and migrant communities because of their selective border policies for years are now discriminating against refugees of African descent trying to flee Ukraine. The apartheid state of Israel has been offering citizenship to Jewish Ukrainians in the occupied land of the West Bank while denying Palestinians’ right to exist in their own country for over 70 years.
As a platform to encourage community growth, advocate diversity, and recognize migration, located in Istanbul -with millions of refugees who live in inhumane conditions- we know that the only ones to blame are governments with their political interests in causing wars and committing war crimes for their own agenda. We call everyone to raise their voices and oppose the ongoing prejudiced solidarity, white supremacy, and racism. Solidarity with the Ukrainian and all oppressed people of the world!poster design: @n__d__design"
L'Atelier des Canulars organise également un bar de soutien ce samedi aux anarchistes ukrainiens de Black Headquarters
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Une compile du label Music From Memory avec RAMZi, Jordan GCZ et d'autres, en soutien à la croix rouge ukrainienne
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on nous fait parvenir ce rappel :
Pour rappel la Syrie est en guerre civile depuis 2011, avec des agressions de l'état voisin comme celle sur Afrin en 2018 qui a conduit à une occupation qui dure encore.
Amnesty International a par exemple également récemment reconnu l'état d'apartheid en Israël et sur les territoires palestiniens occupés.
La guerre a également toujours cours au Yémen, en Afghanistan, au Myanmar, dans le Tigré, au Sahara, au Mali, aux Soudans, en Somali et dans d'autres parties du monde à divers niveaux d'intensités. Toutes ses guerres affectent et détruisent des vies, toutes ses guerres conduisent aux exils. Les différences de traitement ont toujours relevées du racisme.
"Russian regime’s vile war against Ukraine should be stopped! It is important to spread the word and to donate now. 100% proceeds from psyxrecords , buttechn bandcamp & patreon goes to Ukrainian charities and self-defence needs now. It is also very important to share the truth about war, here is a dedicated telegram channel — https://t.me/proof_of_war
You can also buy mus.cut releases, they donate 100% of their income to the funds."
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On nous fait parvenir album de Здорово и вечно / grazhdanskaya oborona en 1989 contre le fascisme
Samedi 15 janvier, lors de la soirée à GZ, au moins quatre personnes se sont retrouvées droguées à leur insu au GHB, dont deux qui ont par la suite subi une agression sexuelle.
Nous avons été choqué.e.s d'apprendre cela et infiniment désolé.e.s pour les victimes qui ont tout notre soutien. Ça craint. Colère, tristesse, dégoût.
Nous sommes reconnaissant.es envers ces personnes qui ont eu le courage de communiquer leurs témoignages grâce auxquels nous prenons la mesure concrète de la situation.
Ces témoignages sont très alarmants et reflètent la triste banalité de ces violences. Ils rappellent que l'insouciance en soirée est un confort très inégalement réparti. S'il y a d'un côté les gens qui peuvent faire la fête n'importe comment sans prendre la peine de calculer ce qui se passe autour, de l'autre, il y a celleux, tellement plus souvent celles, qui doivent checker leur verres, leurs potes, protéger leur espace, avoir une stratégie de sortie pour chaque situation de merde et s'en vouloir quand elles baissent un peu trop la garde.
On ne vient pas toustes avec la même charge mentale en soirée et il y a clairement besoin de revoir le partage des tâches. Donnons-nous de l’attention, soyons alertes.
GZ est un lieu qui voit l’expérience collective et non-marchande de l’art et de la fête comme un ensemble de pratiques émancipatrices… ben hauts les cœurs, y a encore bien du taf !
Dans un premier temps face à l'urgence, nous avons décidé collectivement :
de diffuser de l'information sur le GHB et les agressions sexuelles dans les soirées
d’ augmenter le nombre de personnes investies dans l’organisation et la tenue de chaque ouverture publique du lieu
d'avoir des personnes ressources facilement identifiables durant les soirées
de proposer au bar des couvercles pour protéger les verres
D’autres choses ont été pensées qui prendront plus de temps à mettre en place.
LES SYMPTOMES D'UNE PRISE DE GHB PEUVENT ÊTRE :
Maux de têtes, vertiges, étourdissements
Hypersalivation
Nausées et vomissements
Somnolence
Confusion
Amnésie (« trou noir », en cas d'association avec l'alcool en particulier)
EN CAS D'INQUIETUDE SUR PLACE ADRESSE-TOI A LA BILLETERIE OU AU BAR
Si le caractère ultra flippant de ces dernières agressions nous a particulièrement fait réagir, nous ne sommes pas dupes du fait qu’elles naissent aussi dans des moments et des ambiances qui sans les valider ou les promouvoir, bien au contraire, peinent malheureusement à les empêcher. Nous nous trouvons souvent démuni.e.s face à elles.
C’est pourquoi nous allons prochainement envoyer une invitation à discuter publiquement de ces questions et à réfléchir ensemble aux autres outils pour mieux lutter contre les agressions et diverses oppressions en soirée et sur la réduction des risques en général.
Comment prévenir ces situations, soutenir les victimes, augmenter l’attention des un.e.s envers les autres, ne laisser personne seul.e ? En fin de compte, comment voulons-nous faire la fête ? Ces questions se reposent sans cesse et ne doivent pas nous décourager mais bien nous inciter à plus de liens.
Si vous avez vécu une situation avec laquelle vous n'êtes pas à l'aise, ou si vous y avez assisté nous nous rendons disponibles, n'hésitez pas à nous en faire part sur le moment ou même plus tard. Nous pouvons aussi être simple relai en permettant aux victimes de se contacter entre elles.
Pour plus de confidentialité et pour permettre l’anonymat si besoin, une adresse mail spéciale a été créée : contactgz@riseup.net
Quatre personnes du collectif, sensibilisées à ces questions en détiennent les codes.
Après 18 ans de bons et loyaux services, le local où officie DATA est en vente et son bail n’est pas renouvelé.
Installée dans le quartier de la Plaine, à Marseille, DATA est une médiathèque, un lieu d'exposition et une salle de concert associative tournée vers les musiques expérimentales, improvisées et cheloues.
Vendue, finie, foutue ? Pas si on achète le lieu ! Acheter le local de DATA est le moyen de rester indépendant·es, de pérenniser ce lieu de diffusion artistique à petit prix pour que tout le monde continue d’en profiter.
BIG DATA
DATA, c'est une médiathèque musicale associative où les adhérent·es peuvent emprunter gratuitement parmi les quelques 3000 vinyles, 4000 CDs et 200 K7s de la collection. Si on voulait tout écouter, il faudrait au moins une bonne année pour écluser le fond, sans manger, ni dormir.
DATA, c'est aussi une salle de concerts, un peu comme à la maison, où se sont produits des artistes du monde entier. Morceaux choisis : Phill Niblock, un pionnier des musiques expérimentales, GW Sok, chanteur historique de The Ex, Enablers, référence post-punk de l'ouest américain, Bibi Ahmed, immense musicien touareg.
La fine fleur des musiques libres : Jean-Luc Guionnet, Tetuzi Akiyama, Michel Henritzi, Christine Senhaoui, Clara de Asis, Will Guthrie, Michel Doneda, Seijiro Murayama, Gino Robair (batteur de Tom Waits), Teresa Riemann, Hervé Boghossian, Erika Sollo ou encore Attic Ted, chanteur aux mille masques.
Du new weird folk en veux-tu, en voilà : Tom Greenwood (Jackie-O Motherfucker), Marcia Bassett (Double Leopard), Tom et Christina Carter (Charalambides), Kate Fletcher, Chrys Forsythe, Marisa Anderson…
Des ovnis hexagonaux : Begayer, Winter Family, Mami Chan, Noir Boy George, Pôm Bouvier b., Sourdure, Yann Gourdon, Noyade (Erik Minkkinen de Sister Iodine et David Lemoine de Cheveu), Nicolas Dick, Tamara Goukassova, Antez, Colombey, Notre Dame des Lourdes.
Toute la freakteam de la scène marseillaise : Soldat ! Sound oFF Mars, La Chasse, La Coupure, Grrzzz, les Statonnels... et bien d'autres !
Et enfin de nombreux festivals : VENDETATATA, Enfin Seule, le MUFF, Multiversal, Paravision, Bruitisme…
DATA accueille aussi une fanzinothèque de plusieurs centaines de titres, des expos, des sorties de livres, des ateliers et parfois du théâtre, de la danse, des performances et des trucs inclassables.
En 18 ans, DATA, c'est 900 concerts, 200 expos, 7 chats à 9 vies chacun et des milliers d'adhérent·es.
DATA est une structure auto-gérée. Afin de rester la plus libre et indépendante possible, elle ne sollicite pas de subventions. Depuis sa naissance, DATA se construit à la sueur des aisselles et des fronts des bénévoles, pour la joie des oreilles et des tripes du public.
L’association DATA a besoin de la coquette somme de 160 061 euros pour devenir proprio des murs et lutter contre les fourches caudines de la gentrification du quartier ainsi que les délicieuses spéculations immobilières qui vont avec. Ta générosité, ton amour du son et surtout ton compte en banque permettront que ce lieu perdure !
Le but de l'opération est que ce soit l'association et personne d'autre qui devienne propriétaire, dans le cadre d'une propriété d'usage, afin qu'aucune spéculation immobilière ne soit possible dans l'avenir.
Que tu sois riche à millions ou pauvre en haillons, que tu puisses offrir 1€ ou 10 000€, DATA needs you. Ce don est éligible à une déduction fiscale de 66 %. En gros, si tu payes 100€, tu peux retirer 66€ de tes impôts. Nous avons jusqu’au 1 avril 2022 pour réunir la somme, et ce n’est pas une blague !
Alors voilà, si tu veux que DATA continue et ne devienne pas une tisanerie de luxe, un Carrefour Direct 24/24, voire une annexe du Mama Shelter, ouvre ton cœur et ton porte-feuille, hé hé !
The DATA association needs to find 160 061 euros to become the owner of the premises. That would ensure the building is out of the speculative real-estate market driving the prices up in the neighbourhood and slowly pushing out low-income inhabitants from this popular area, as has happened in so many cities throughout the world.
Your generosity, your love of music and your wallet can prevent that from happening here !
The idea is for the association and only the association to become the owner under the concept of usage property.
Whether you’re a millionaire or in rags, whether you can donate 1€ ou 10 000€, DATA needs you to ensure it won’t be turned into yet another 24/7 supermarket or even a tourist accomodation !
Toujours pas assez de K7 ? On en profite pour dire que l'AADA, l'Armoire Autonome de Duplication Audio, recherche des platines K7 et tout outil de duplication audio !
"Nous cherchons à mettre en place une "ARMOIRE AUTONOME DE DUPLICATION" à Vaulx-en-Velin. Le but est de permettre la duplication de cassettes audio en priorité, de cd également, et de tout autre format audio, dont le matériel pourrait être contenu dans une armoire. L'accès y serait non-régulé et à prix libre.
Nous recherchons donc : une armoire (en fer? avec cadenas?) des platines cassette (même non-fonctionnelles), des personnes capables de réparer des platines cassette, duplicateurs CD, des cables rca, un ou deux casques audio, deux mugs. Nous avons déjà une tour PC qui pourra supporter une version d'Audacity.
Gentil rappel périodique que Spotify subventionne la guerre.
ça ne paye même pas décemment les artistes et ça engraisse des PDG qui ensuite donne leur argent non pas à permettre à chaque citoyen.ne du monde de posséder un instrument mais pour Helsing et des intelligences artificielles appliquées à tuer, la vie c'est pas Empire Earth, y'a bandcamp qui sont moins techno-féodalistes
"Nous lançons une campagne de financement pour le premier livre de la collection Cahiers des typotes.
Les Cahiers des typotes ont pour ambition d’éditer les histoires de femmes qui ont su s’exprimer et défendre leurs droits à travers les mots, l’édition et l’impression. Des récits d’hier et d’aujourd’hui qu'il nous semble important de faire connaître d’un point de vue artistique comme historique.
Avec votre contribution vous participez à l'impression de ce premier cahier, au soutien du collectif des typotes mais aussi au soutien des travailleuses et travailleurs indépendant.e.s.qui font partie de ce projet.
Soutenir ce projet éditorial c’est défendre des espaces de création, de réflexion et de diffusion d'idées qui nous paraissent indispensables aujourd’hui."
"Pour cette première publication nous allons raconter l’histoire de Voix Off. Cette imprimerie non mixte a été fondée à Paris en 1982 par quatre femmes militantes du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) désireuses de créer un lieu de travail bienveillant. En imprimant des textes écrits par d’autres femmes, des revues féministes et lesbiennes, des affiches, des tracts et des livres, elles manifestaient leur opposition à la domination masculine dans le domaine. Leur production s’est diffusée dans les milieux alternatifs et militants jusqu'en 1988."
happy to share two new songs with you...ᵀᴴᴬᵀ’ˢ ᶠᴵᴺᴱ / ᴸᴬᵀᴵᴮᵁᴸᴬᵀᴱ
listen at houseofjohnplayer.bandcamp.com
strong winds and a full moon certainly helped ease these ones out of the studio that’s all for now, more new music on it’s way soooon 🐡++" - House of John Player
Nouveau single magnétique du seul et unique House of John Player : encore une victoire animale pour le local 2. Emporter un peu d'été à la rivière dans l'hiver doré, de la folk à la dub, des psychédélismes samplés à la vocal pop autochorale, merci signor Spacer !
Limpe Fuchs est une percussioniste bavaroise qui poursuit l'improvisation libre sur des instruments fabriqués spécialement depuis l'époque d'Anima dans les années 60-70.
grand jeu concours, envoyez vos photos d'affiches diy etc dans la rue à grrrndzeromagazine[arobased]protonmail.com
c'est encore mieux si c'est des affiches qu'on pris la pluie (les peaux de la villes et leurs vies), à moitié déchirées ou dans des dispositions et endroits improbables.
L'idée de cette collecte est d'établir une veille sur des pratiques de prises de la ville et de prise des murs à des buts non-lucratifs et offrant, par l'art, les cultures autres et l'autogestion, des perspectives vitales plus chatoyantes que les intrications de trames oppressives qui courent à la mort et l'ennui.
Quelques audiolivres sorti sur Baggy de La Fontaine qui voit se rencontrer les formes, un.e ecrivain.e + un.e muscien.ne + un.e illustrateur.rice, pour des objets très intéressants : ça fait des histoires qui s'effilochent, c'est reposant tout en jouant de l'étrangeté d'une certaine condition d'expression artistique contemporaine, bricolée, opératique, numérique mais brute et où ont voit les coutures, ça offre aussi proposer d'injecter du sens dans des mondes musicaux souvent élusifs. On aime bien se faire raconter des histoires :
Écrit par nosteuphorie-immémoire babyface perpétuelle
"VHS footage of Deerhunter playing in a crowded tiny room of the old grrrnd zero in Lyon, France. Since, the place has been destroyed and now there are some brand new expensive housings. June 2nd 2008, the day Bo Diddley died. I think the day after they played Primavera.
It's a little miracle no one died that night.
Sound recorded on tape.
The end is an improv session between the band and people from Lyon." - GB
+ d'archives ici (on promet pas tous les liens de téléchargement en DIVX il faut qu'on retourne dans le site voir comment ça fonctionne)
Bonus encore : il y a 8 ans un concert de Sida avec Shearing Pinx qui regardent devant :
Nouvelle sortie de Mus Joutra que l'on arrête plus sur le sentier tamponeur des cavernes rayonnantes. Or Or, "projet solo pop à antennes d'aurore debret (Dragon du Poitou, détresse collée). Une musique d'ordinateur organique, lianes et bambous s'enchevetrant sur le bois de dancefloors abandonnés". J'étais dans un bus vers Noirétable à regarder le feuillage et les reliefs s'écouler derrière le double vitrage, un peu dépassé par la vie, en orbite quoi, l'osmose avec la dérive : les mélodies tournantes et les battements glissants, c'était la bonne vibe.
Humbros / R.I.P
Ce split sorti chez Champ Döner est une rencontre et une aubaine pour s'introduire aux deux duo d'hypnotiseurs par un versant de détour acid
R.I.P, Thibault de Raymond (Raymonde, Pan Pan Pan, La Nostalgie du Souffle, Mus Joutra ...) & Simon Debarbieux (feu Les Statues Meurent Aussi, DJ IVG, Soichi Datsa ...), l'alliage de deux fins fifrelins oeuvrent ici de rebondissements illbient-esques, on dirait leurs boîtes à rythmes divagues et se sont éloignés de la fête se retrouvent à errer dans un état altéré dans les bois où chaques perceptions s'enroulent les unes autour des autres pour rencontrer une fanfare chimérique de fantômes de la terre qui se défont au moment où tu la regarde. Ah un moment ça fait comme un réveil et tu te retrouves à rejoindre tout ce petit monde pour faire la chenille guidée par des orgues stellaires.
Humbros, Charles Dubois & Simon c'est un des meilleurs jaillissement des dernières révolutions de la Terre autour du Soleil. La bonne dose entre batterie boisée de finesse ecstatique et synthétismes humides en farandoles. Cérébralité et insectoïdité, corporalité et rivière intérieure de souffle. Un vrai carnaval à chaque fois d'intensités, ça laisse en rêve.
A la jonction de tout cela des morceaux où chacun se sont remixés, ou reversés on pourrait dire leur brevages dans le pot de l'autre, c'est solaire.
On entendit alors jaillir une voix plaintive du haut du CMP de la montagne escarpée : "Alors j'ai beaucoup écouté ce disque de remixes d'une reprise de Very Friendly de Throbbing Gristle par A.I.D.S Wolf ces derniers temps.
Very Friendly est un charmant morceau qui raconte l'histoire de comment un couple meurtrier s'est fait découvert et dénoncé, et certainement une blague critique sur le fait que ces meurtriers avaient dû être décrits comme "Very Friendly" par leur voisinage interrogé dans la presse.
La reprise est issue de March to the Sea.
A.I.D.S Wolf était un groupe canadien des années 2000 - 2010, passés par Grrrnd Zero lors d'une époque géologique antérieure, iels sont notamment cité.e.s par Guttersnipe comme source d'inspiration. C'est à la fois vénère et plein de vie, ça jaillit et ça coupe tout en renvoyant quelque chose de très lumineux dans son exubérance. Les remixes sont fait par quelques zouzous comme John Olson de Wolf Eyes ou Emeralds bien expérimentés de l'expérimental et j'aime particulièrement les tonalités un peu solaire qu'y impulse Weasel Walter, ça tape dur ... quel plaisir ! Quel booohneur !
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Et alors en parlant de Throbbing Gristle, il faut dire que l'autobiographie de Cosey Fanni Tutti, traduite par Fanny Quément (aka DJ Lolo Tuerie) est un livre important, qu'il est très éclairant et rafraichissant à lire, dans le sens où il induit un peu de lucidité sur des réalités matérielles et émotionelles dans les représentations de vies artistiques souvent fantasmées ou bien qu'on ne sait pas bien comment tout cela a pu être possible, ni même avoir quelque sens et qui paraît aujourd'hui à la fois historique et d'une pertinence constamment renouvellée.
La première fois que j'ai entendu parler de Throbbing Gristle ou de COUM c'était à une discussion après une Troisième Oreille au Périscope où se posaient des questions et discussions après une session d'écoute, notamment sur ce qui avait pu prendre le contrepoint de ce qu'il existait et existe de conservateur dans les mouvements issus du punk.
Puis le documentaire de Marie Losier, qui avait été projeté chez Tony m'a aiguillé un peu sur la musique industrielle (du nom de Industrial Records que tenait Throbbing Gristle). Il y a aussi eu, même si ils ne s'en revendiquent pas, Bourbonese Qualk ou Nocturnal Emissions. J'ai mis du temps à comprendre ce que ces gens avaient fait, le culte qui en découlait et l'importance radicale des choses qu'ils et elle avait développé aux lisières explosées et retournées des mondes de l'art visuel ou performatif et de la musique, en jouant avec certaines limites techniques et conceptuelles, et en cherchant sous tout le choc, le détournement et la subversion un monde d'amour (et de discipline.)
Alors que le dispositif pervers et computationnel derrière le pass sanitaire se déploît, nous tirant toujours plus loin dans des relations humaines toujours plus fliquées et médiées par des algorithmes, la radicalité des propositions artistiques et des recherches de réappropriations radicales de vie.
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Et puisqu'on est dans la musique extrême pour sauver le monde, une amie m'a fait découvrir cet album il y a deux mois et c'est vraiment très bien. Au-delà du fait que le titre des morceaux dit exactement ce que c'est comme instruments électroniques et ce que ça signifie pour iel, ce qu'iel l'a influencé, ça éclate bien, en jouant avec les limites de la culture club. Ce sont des percussions et des textures qui trouent bien les perceptions du temps et du réel avec une mise en abîme critique de la culture-technique club et musique laptop assez satisfaisante."
"Dans ce 3e numéro de Ventoline, on déterre des reliques d’enfance, des histoires de migrations et de construction identitaire quand on est à la fois blanche et noire; on discute encore et toujours des relations entre le propre et le sale, le design et l’underground, le travail et l’amatorat; on parle de nos exigences et de ce que les autres attendent de nous; et puis parfois, forcément, on parle des relous."
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Dernière Brigade Cynophile :
50e épisode Brigade Cyno sur Lyl radio hier, alors en vrac il y avait deux extraits de la compilation “Par les Damné.e.s de la terre, des voix de luttes 1969-1988” conçue par Rocé, dernier achat compulsif parisien mais ça valait le coup; des merveilles de chez Little Axe Records (le joueur de kaban somali à la voix de velours Mohammed Kooshin et chant maori des Îles Cook avec la jeune Anna Makirere); de la minimal wave australienne début 80s (David Chesworth de Essendon Airport) et de 2020 (Trevor, projet solo de James Vinciguerra, non seulement batteur de Total Control mais aussi super graphiste et dessinateur); la dream pop de A.R. Kane, un titre yéyé/blues/gothique du premier album de Hache Tendre; des souvenirs de concerts clandos du mois dernier qui m'ont bien fait frissonner (Naomie Klaus, And The et Megabasse, le solo de Pierre "double manche" Bujeau), et d'un concert beaucoup plus lointain dont je me rappelle surtout le contexte (Libérez à GZ en 2014, à l'époque où B et H squattaient un appart dans les pentes et chez qui le groupe a splitté parce qu'ils formaient un trio amoureux impossible ); et pour finir un morceau entendu dans New York 1997 de John Carpenter, la scène où Snake entre dans un cabaret en friche où des prisonniers travestis chantent en choeur "Shoot a cop / With a gun / The Big Apple is plenty of fun / Stab a priest / With a fork / And you'll spend your vacation in New York", en gros du Liza Minnelli version thug anarchiste et c'est évidemment très entêtant...
Bon weekend!
LENA LESCA – AUX TORTIONNAIRES
KOOSHIN – NAFTA ARAMIDA
SLIMANE AZEM, CHEIKH NOURREDINE – LA CARTE DE RESIDENCE
AND THE – FEUX D'ARTIFICE (DUB)
A.R. KANE – CRAZY BLUE
DAVID CHESWORTH – SCHOOLBOOKS
TREVOR – ROMP WITH MONTY
NAOMIE KLAUS – SORRY WE CAN'T MAKE LOVE
LIBEREZ – EXERCISE RESTRAINT (pt. 1)
MEGABASSE – LE SHORT FORT
HACHE TENDRE – LA ROBE BLANCHE
ANNA MAKIRERE – TAKY MAMA
JOHN CARPENTER / NICK CASTLE – EVERYONE'S COMING TO NEW YORK
Écrit par Strasbourg-pallette Strasbourg-paillette
Allonger des ronds, faire des ovales, l'oboles pour les struggling DIY venues de Strasbourg peut-être qu'iels arrêteront de nous faire jalouser avec toutes ces compiles
Du reste laissons Patrick Google préciser les conditions de la transaction :
COMPILATION EN SOUTIEN À LA SALLE DIY LE DIAMANT D'OR.
Le covid et les politiques culturelles mettant particulièrement à l'épreuve la survie des petites salles indépendantes (qui doivent continuer à payer un loyer sans pouvoir maintenir leurs activités), nous vous invitons à faire un don pour le Diamant D'Or si la compilation vous a plu et que votre porte-feuille vous le permet (le lien est au dessus). Toute l'équipe de bénévole vous remercie et on espère vous voir très très vite!
"Tu marchais dans la rue comme la rue marchais en toi, la profusions de murs et de voiture, de surfaces vitrées, de squelettes sous chairs et de moteurs envoiturées chorégraphiant un malodorant ballet de faisceaux de désirs, d'argent et de représentations laissait ta matière cérébrale en bataille aux aguets flottants d'une trame musicale sur laquelle poser son attention défoncée comme une mine à ciel ouvert dans le mordor canadien.
On avait levé le couvre-feu en coupant des mains qui venait rendre sens à une noyade qui n'en avait que pour les esprits bellicisés porteurs de banane qui voulait en découdre avec des ennemis fabulés. Micro-fascisme et macro-fascisme prenaient en tenaille les contours des déraisons souhaitables, la chute de pression atmosphérisque attisait les conflits de broutille, les simplicités étaient traquées comme jadis les vies intérieures, les jardins communaux commes secrets avant elles. Gare aux fatigues tapies."
Ces lignes ne voulaient rien dire pour notre cyborg d'enquête pourtant faire semblant de les lire permettait de faire écran.
"Je ne me suis pas pris des cannettes de bières dans la gueule dans les années 90 pour qu'on joue de la musique comme ça"
"J'ai dû monter les aigues de la batterie sinon on entendait que la basse"
supplément bonus : cet album de Daniel Dariel résultantes de moments d'intenses concentrations tel qu'on ne peut plus qu'en rêver quand on s'est neuro-foutu-en-l'air quand on a trop doomscrollé (but don't worry plasticity exists ! read up about Catherine Malabou if it vibes with you et prends un peu plus soin de toi mon ange). Des plages de percussions génératives qui excitent les néguentropies cérébrales et les crash-méditations les plus reposantes, des découpes faîtes dans des dizaines d'heures de bidouillages ordinateurées, du trifouillage de système à taux de satisfaction élévé, :
écoutes profondes dans des zones commerciales des balkans ou de belgique, dérives attentives, jazz et synthétismes organiques des cavernes, mélanges de ricochets et ode aux incubations lentes, à l'écoute qui immerge tranquillement.
Un des concerts mémorables dans la petite salle c'était avec Chris Corsano, Richard Youngs et David Maranha, trois sommités dans leur domaine. Trois colosse féériques dont l'entortillement des tentacules est une tornade assez posante et dont voilà donc un album écho de cette rencontre exceptionelle.
Under 45 est un groupe composé de trois humains jouant la musique qu'ils aiment et qui prennent leur nom d'une statistique britannique sur la première cause de mortalité masculine en dessous 45 ans.
Eco-anxiété du temps, limites existentielles scandées, persistances et obsolescences, langage punk et lampe mante religieuse se croisent pour une émanation affectée par la situation de cette dernière année et demie ...
La lampe a été réalisée à l'atelier métal par Alex sur un prototype élaboré par son père il y a bien des années et réssucité cet hiver.
Le compilation-gaze se continue avec deux propositions des championnats outre atlantique et outre meuse.
Tout d'abord cette rencontre de belle tenue entre Hausu Mountain, communauté musicale et label géolocalisé du côté de Chicago aux pochettes ouvremondes, (et qui a sorti entre autres Eartheater, Fire-Toolz, Andy Boay, Dreamcrusher, Mukqs, Andrew Bernstein ...) et Deathbomb Arc label qui se fout des genres, avait sorti (Death Grips, Aids Wolf, Black Pus, Julia Holter, JPEGMAFIA ...) et dont quelques groupes ou solos sont venus nous titiller au cours de l'histoire et la morphogénèse de GZ. Les chimères se mêlent, les prods sont freeeaaaks !
"Wouah ça crack ! * Violence algébrique, kicker de block sinueux à cros des cieux et si tu pars oublie pas le come back" ((*))i((*))
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Une autre compil est celle réalisée par OCCii, un lieu DIY à Amsterdam depuis les années 80 (ça donne espoir pour la longévité ici hé !), où se mêlent d'excellentes choses tournoyant électroniques, psychédéliques, ambiances avec entre autres Peaking Lights, Jordan GCZ, James Pants, YPY, Lolina, Lieven Martin ...
Venu nous visiter par l'entremise de Groovedge le father of electronic music in Romania comme il aimait s'appeler est parti. Doux voyage, merci pour les heures ...
Le championnat de la compilation de soutien se poursuit avec cette superbe contribution du collectif l'Affectif pour épauler l'association 2MSG dédiée aux personnes migrantes LGBTQIA+
Andromyste arrêta son vélo et fut pris de cette conscience : "Au delà de "bon" et "mauvais" goût pour surnager dans la lumière"."
La cassette on l’a pensé avec Coline, Mona et Romain. C’est plein de copain-e-s qui ont accepté de filer un morceau, une pochette dessinée par Lise Trinquant et un « layout » de Mona Chancogne, un mastering d'Antoine Nouel, un grand merci à tout ce beau monde !
y'a des morceaux inédits, y'a des morceaux des dessous et des morceaux phares, ça illumine, ça dérive, ça paf, ça hooooooo, ça déboîte
Le cartel des cantines et Ça Vaulx le détour ont fini les travaux de leur nouvelle cuisine commune au rez de chaussée de Grrrnd Zero :
Non assouvies de leurs petites rapines hivernales, plusieurs cantines lyonnaises ont décidé de se rencontrer au creux d'un sombre tripot pour monter une des plus vastes et occultes des organisations culinaires, à l'échelle mondiale, voire interstellaire. Nous sommes le tout, nous sommes le néant, nous sommes El Cartel aKa le cartel des cantines. Nous ne ferons pas couler le sang des porcs grimaçants ou des stupides poulets.
Les corps hurlant silencieusement leur dégoût de leurs propres mondes se multiplient, se reconnaissent, et cherchent sans cesse de nouveaux complices pour remplir leurs tripes et leurs carcasses fatiguées. Nous voulons être ce complice qui réconforte les en-dedans. Si nous sommes une implacable organisation autonome, nous saurons être un.e allié.e pour appuyer toute initiative ou hypothèses du démantèlement de ce sinistre quotidien. Sachons nous emparer de ces failles qui nous mettent en joie et qui nous font ces regards qui nous tient malgré les mots qui nous manquent ... parce que nous avons la bouche pleine!
Pour nous contacter : cartel_des_cantines[at]framalistes.org
Ça Vaulx le détour, c'est un de ces collectifs faisant partie du cartel. C'est une association qui est née sur Vaulx-en-Velin il y a quelques années déjà, et qui a évolué au fil du temps pour concentrer toute son activité autour de la cuisine. Dans ce nouveau local, on envisage d'y continuer les ateliers de cuisine qu'on a mis en place en 2020, mais aussi de proposer des temps d'expérimentation, de transmission de techniques et de savoirs, ou encore de transformation de fruits de récups, glannages, ou récoltes. Enfin,ça nous permettra d'optimiser la partie service traiteur de l'association.
Pour nous contacter : cavaulxledetour[at]gmail.com
.... de la compil de soutien. Les compiles de soutien c'est formidable, ça part d'un grand sentiment qui éclabousse, de noeuds aux cerveaux qui font des sculptures ballons qui s'envolent et ça fait des témoignages précieux des états des scènes musicales ou de ce qui excite les soleils d'une ou plusieurs personnes à un moment donné.
Beaucoup d'informations en perspectives, coup de vent, les trajectoires s'ébarissent :
Ici les compiles du Centre Culturel Libertaire à Lille avec pléthores d'initiatives soniques :
Des nouvelles du Diamant d'Or avec Travail Rythmique qui envoient "Remboursez le prix libre" :
Le Covid et les politiques culturelles mettant particulièrement à l'épreuve la survie des petites salles indépendantes (qui doivent continuer à payer un loyer sans pouvoir maintenir leurs activités). L'équipe bénévole du Diamant D'Or lutte depuis mars 2020 et le début de la pandémie pour garder la tête hors de l'eau... Il nous semble très important que des salles indépendantes comme la nôtre puissent continuer à exister. Depuis 2014, nous avons accueilli de très nombreux groupes, expositions, drag-shows, projections atypiques et hors des circuits officiels. Face au capitalisme et aux politiques culturelles macronistes qui normalisent tout, c'est une nécessité que des lieux de communauté, de diversité et d'expérimentations tel que le Diamant D'Or puisse survivre !
Eh bien non seulement il va t'être rendu possible d'accéder à la bonne conscience, une excuse pour ingurgiter une quantité gargantuesque de prestigieuses musiques expéri-mentales inédites et mais aussi soutenir l'achat de VPN pour des activistes qui se démènent dans une de ses vraies dictatures dont tu entends parler des fois au détour d'une de ces conversations libres, ouvertes et détendues avec une personne ayant pris un emploi dans les forces de l'ordre⸮
Compilée par C-drik de Syrphe en soutien à des activistes qui luttent contre le coup d'état militaire au Myanmar (Birmanie), acheter cette compile c'est donner pour eux.
"I'm setting up a new compilation, this time for Myanmar, trying to get as much money as possible to offer some VPNs to activists, artists and journalists there and some extra money in cash too, I can transfer that to some reliable friends over there. Like last year with the Beirut compilation : if you have a track to give, it will be helpful, I'll try to publish the online compilation within a week, so far I've received 8 contributions (electronica, ambient, drone, noisegrind/noisepunk, post-rock, experimental...) and many more will come also from Burmese artists.
Following the events in Myanmar in 2021, and after several email exchanges with friends (activists and artists) there, I decided to set up another compilation project on order to collect money to offer VPN subscriptions to journalists, activists, artists (…) based in Myanmar to allow them to easily bypass censorship and communicate with the outside world. The benefits will also be transferred to a friend in Yangon who well wisely use the money to help and support demonstrators and activists who fight for freedom as well as social, ethnic, sexual, philosophical (…) equality and respect.
Artists from 42 countries have kindly provided their tracks within a week.
89 artists from Tanzania, the UK, Singapore, Belgium, France, the USA, Uganda, Spain, Italy, Slovenia, India, Germany, Canada, Togo, Switzerland, Colombia, Greece, Malaysia, Indonesia, Argentina, Peru, Poland, Czechia, South Africa, Japan, Sri Lanka, Iran, Turkey, Vietnam, Norway, India, Nigeria, Mexico, Chile, the Netherlands, Spain, Belarus, Ukraine, Singapore, Hong Kong, Myanmar, Slovenia, Serbia, have kindly contributed to this compilation, many responded within a few hours, it is heartwarming to see such dedication and unity, especially during the long and sometimes harsh crisis the world has to go through for more than a year by the time I write those lines.
Such as what I previously did with the compilation to support people in Beirut, I will now and then post some updates on social networks, here and my newsletter regarding the benefits : how much and what for.
Myanmar is a special place for me or at least the little I know of it. I got the opportunity to play twice there in February 2014, solo and collaborations with local and international musicians. I attended some talks, met several activists (pro-LGBT, pro-democracy, artists, feminists, etc.), some were optimistic about the changes that seemed positive, most political prisoners had been freed, there was less censorship, but others were raising some doubts and today’s situation has unfortunately proved them right.
I will never forget people’s kindness, not only those activists, organisers and artists but also the people I’d meet in the street or cafés, the street sellers who would teach me the numbers and the name of the vegetables and fruits I’d buy, the children dancing during our noisy concerts…
Of course the situation is way more complex than those memories that I tell here, Myanmar is a fragmented country and these conflicts are the world’s longest ongoing civil war that spanned more than 70 years. But I want to keep the beautiful memories I have in mind, not the dark sides of the story.
I also would like to not only thank all the artists who reacted so quickly but also Shunn Lei, Andy Chia (SAtheCollective) and Salem Rashid (Bedouin Records) for their support.
Due to its size (89 tracks), this compilation is divided into four volumes. I tried to keep a certain level of coherence :
Volume 1 follows an electronic and rhythmic path, including artists who play electronica, power noise, dub, techno, hip hop, etc.
Volume 2 is above all guitar and string instruments oriented, not purely rock, nonetheless a bit sometimes, but also drone, improvised, experimental, lo-fi, avant-folk and ambient oriented.
Volume 3 is the noisiest one but even if it includes a few noise pieces, it is absolutely not a pure harsh noise compilation and electroacoustic, drone, ambient, experimental, contemporary classical music have been incorporated.
Volume 4 includes artists in the field of ambient, electroacoustic, experimental music and sound art. "
Je traversais la zone pour me rendre au module auquel l'esprit de ruche du vaisseau m'avait-je-m'étais auto-assigné ce matin. Affleurant le béton et les panneaux de métal peints en camouflage fluo, dansant comme un animal dont on ne savait plus dans leurs rebondissements interchangeants ce qui étaient bras ou jambes, affublé d'instruments de peinture de jet ou de frottement tel qu'on en aurait jamais imaginé, j'attrapais découpées dans le flux quelques bribes des émanantions ondulées des circuits d'un cyborg apprentissant improvisateur.
"cLOUDDEAD is fucking dead baby ! Jamais égalé dans son style de fourmi atmosphérique, sacrée époque pour un hip hop chimérique. On aime beaucoup Armand Hammer avec le dean, les prods sont dinguement travaillé dommage qu'il ne noise pas plus comme clipping. , j'en ai des frissons *#*"
Voici les enregistrements de ce qui a été retransmis ce weekend, entre dragons pourfendus par les riffs , chansons sur le fil du coeur, comptines telluro-aquatiques, chant féérique, bricolages de bouteilles de sodas, de bois, de métal, d'intonation juste et lectures jaillissantes de souvenirs stellaires d'aisance et de parquets vivants se fut pas trop mal ...
Écrit par les chats marbrés bibliophiles & leurs amies mininodosaures hypersoniques
Quelques sorties de zines récentes ont retenues l'attention de nos yeux veilleurs ...
"Partant du constat que la critique musicale, c’est comme le barbecue — il faut se lever tôt pour voir des femmes s’en emparer — Ventoline poursuit ses aventures avec une nouvelle ribambelle de mélomanes, musiciennes, artistes, fans, DJs, facilitatrices et activistes qui partagent dans ces pages ce qu’elles écoutent, vivent, « hument » et « reniflent », pour reprendre les mots de Daphne Oram, s’agissant de musique. Comme pour son prédécesseur, la préparation de ce numéro s’est faite patiemment mais résolument, à rebours d’une atmosphère morbide, sécuritaire et antisociale ; elle a par ailleurs permis des choses qu’on n’aurait pas imaginé faire il y a quelques mois encore, comme chatter plusieurs semaines durant avec la fantastic Hermine Demoriane, échanger des mails avec le bassiste de Fugazi ou sérigraphier un millier de posters pour décorer vos pénates… Ce second épisode traitera pêle-mêle d’expérimentations, de hasard, de conditionnement, de mouvements de fesses, de neurologie et de cosmos. Certaines tenteront de répondre à des questions qu’on ne se pose pas assez souvent : que se passe-t-il dans la tête d’une groupie ? Que cuisine-t-on en écoutant Peaches ? Quels sont les groupes de post-punk les plus galère à googler ? Enfin, et c’est particulièrement à propos ces temps-ci, on soulignera l’importance des liens, des réseaux, des toiles d’araignées tissées entre ami.es qui font des projets et projets qui font des ami.es……. Bonne lecture et haut les ♥ " https://ventoline.octavie.club
Un fanzine et label montréalais s'est lancé en pleine pandémie, de la même façon qu'un célèbre duo nuageux considère l'Himalaya, une 5ème édition de luxe avec un flexi disque et des articles sur des groupes prestigieux de différents bords de l'Atlantique Nord. Peut-être quelques exemplaires arriveront à la Luttine laissent entendre certains noms de la liste des contributeurs-rices. https://www.celluloidlunch.com/store/celluloid-lunch-5
11ème édition du fanzine Violences dont les lectures intenses transpercent le réel, une floppée de textes qui paraissent darkos d'abord mais la catharsis ça libère ...
"J'ai lu que le mois de janvier était le plus déprimant de l'année. C'est que des conneries. Par contre j'ai lu le dernier Violences. Le temps de le terminer et boum : on est en février. Voilà de l'info de première main, enfin, et une excellente raison de le commander. Il y en a 70 autres : auteurs, autrices et artistes, dont je fais partie. Je suis très fier, oui, et d'être en compagnie de la clique de choc :
Claus Tinto -Fabien Drouet - Christophe Siébert -Clo Porte - Henri Clerc - Astrid Toulon - Genevieve Michelot - Sébastien Gayraud - Tyfen Gx - Clément Milian - Sénile Céline - Anton Vandenberg - Mathias Richard - Claire Von Corda - Raphaël Eymery - Audrey Faury - Marlene Tissot - David Litavicki - Jeff Nimp - Lex Brujas - Chloé Saffy - Jerome Bertin - Anne Escaffit - Stéphanie Ssoloeil - Nils Bertho - Paul Poule - Théo Delil - Marc Bruimaud - Vanda Spengler - Snoeg Snoedal - Tan Polyvalence - Mavado Charon - Anne Mathurin - Art - Pascal Dandois - Tristan des Limbes - Patrick Jannin - Aude Carbone - Nora Neko - Liza Kaka - Fanny Fa - Lia Vile - Musta Fior - Alice Pole Ka - Johan Grz - Joseph Derens - entre autres...
Mention spéciale aux doubles-pages de Stéphanie Ssoloeil sur lesquelles j'ai scotché pour une durée indéterminée !" - Dezeffe
L'occasion de rappeler que le dernier Fond de Caisse, risographié, assemblé et photographié sur place en décembre est toujours disponible ! Les contacter pour en récupérer sur Lyon.
"Nous sommes fier de vous présenter les premières images de notre nouveau film, "Fond de Caisse III : lost & confined in Grrrnd Zero". Avec notre hégérie ఆవెర్న్ హ్యూగో గం యార్. Il nous reste des numéros 2, alors profitez du package frais de port réduit à seulement 11€90 les deux exemplaires ! Au menu, un dossier spécial noise indonésienne, une longue interview du duo Faune, un report en avance de concerts de l'édition 2019 de Sonic Protest, un top des plus beaux morceaux de Jah Shaka et pleins d'autres choses qui n'attendent que vos yeux ébahis." AMD
Beat Taxi est une émission montée et racontée par Yann Berne, alias Docteurlamort, Dokutoramo, et moitié Treasure Island (entre autres ...) depuis l'espace intersidéral, c'est-à-dire quelque part du côté du dit massif central. Entrelacements de sagesses élastiques disputent les entrechocs aux dérives flottantes entre concepts-jeux et matières, c'est de la ball.
Premier EP qui se cale entre les moments de renouvellement des habitats dans les logis humains égarés par le temps, la schlagwave koenigsbier lyonnoise se balade en Bretagne, poussée par le souffle des lendemains difficiles, la chanson nouvelle dans les fossés. Un petit film :
Tiens d'ailleurs, peut-être la même virée, a donné aussi voie à cet ego trip en douceur pour Boule de Crystal, projet de Yanka et d'Antoine Nouel, ça plane les mouettes !
C'était une ravissante matinée ensoleillée, la félicité collective s'élevait comme la rosée s'évaporant par l'action des rayons et de l'amertume de la vie en ces circonstances insolites, Santé Loisirs venait d'annoncer la sortie d'une nouvelle compilation, la banane !
Ce qui me faisait penser à cet album all-stars de chanson de chambre voyageuse et joueuse, par le prolifique Zach Phillips et sa talentueuse acolyte Marie-Emilie Clément-Bollée.
On se relance dans des travaux d'entretiens et d'aménagement, de nouveaux ateliers vont bientôt prendre place. On ronge nos freins en attendant de pouvoir recommencer à faire des concerts comme on aimerait pouvoir les faire. On écoute du Rap U.S, du Dungeon Synth,Barbara en pensant aux étés à venir, ou le dernier Eric Copeland et en manipulant du métal, des fils de couture et des cables électriques, en imaginant toujours et toujours d'autres organisation pour le ménage. On cueille des petites fleurs qu'on trouve dans nos jardins suspendus ou en marchant à côté du périph'..
Y'a des clips façon jean luc godard qui se tourne aussi, ça sortira au Printemps.
Satin 2000 c'est le projet de côté ambient de Cand ICE (le tube so 2020 Toujours Dimanche ci-dessous) et ce premier album est simplement magique. Une synthétique minimaliste qui pour moi fait un pont avec des mondes de rêves et une contemplation des phénomènes vitaux, psychiques et urbains des plus réparatrice.
Me-and, Hugo Maillard est un skateur qui fait du piano trop beau, une belle sortie AB records où on glisse dans le vent parmi les bâtiments et les véhicules entre Rennes et BXL.
Là c'est Chrono-phage, un groupe d'Austin au Texas, un album à paraître bientôt chez Cool Marriage de Ratcharge, sans doute qu'on pourra trouver à la Luttine. https://coolmarriagerecords.tumblr.com/ Après un premier album bien festi déglingue de groupe, celui-ci semble persévérer et étendre ce son qui résonne "SST mais qui ne pourrait exister qu'aujourd'hui", du punk bien inventif ça fait plaise ...
Enfin un petit split entre Cuntroaches qu'on avait vu quelque part en 2018 et Guttersnipe, un des meilleurs groupes de musique libre qu'il m'ait été donné d'entendre, grâce à Scarlatine. C'est complétement fou et magnifiquement exécuté.
D'ailleurs pour écouter de la noise dominicale demain aprèm venant de Wharf Chambers à Leeds c'est possible sur le twitch de Territorial Gobbing
bon aller je file, je vais être en retard à la manif contre la tentative de la Police de contrer ce qui lui fait contre-pouvoir et son monde
Je ne regarde plus les informations, je me tiens loin de leurs émissions, sauf d'Errata TV qui me propose un contenu clair, synthétique et esthétique sur les sujets qui intéressent notre temps. Les prochains épisodes sont dimanche et mercredi prochain. Perrache magique.
Le magazine GZ est un peu moribond mais c'est qu'une bonne partie de ses rédacteurs talentueux ont ouvert un vrai webzine qui bute. Cela se nomme AMOUR & DISCIPLINE et on ne leur en veut pas d'être partis car ce qu'ils ont créé est sûrement l'un des meilleurs magazine numérique du monde.
Le site d'AMOUR & DISCIPLINE est tellement balèse qu'il est principalement en anglais. Néanmoins, vous pourrez y trouver des tonnes de chroniques, interviews, playlists, ..., rédigés par plein d'activistes, des labels, et artistes différents. C'est un peu comme altered zones mais avec du panache, de la classe, de l'humour et cette folie devenue si rare de nos jours : l'optimisme. Car ce n'est pas qu'un webzine noyé dans le flux. C'est aussi un projet ambitieux et digne, qui nous sauvera tous un jour des DRM et du flicage de l'écoute numérique. Lisez-donc leur spectaculaire et enthousiasmant manifeste.
Quant au magazine Grrrnd Zero, il n'est pas mort non plus. On en reparle plus tard, oui.
Vous n''êtes pas sans savoir que pour calculer l'âge de votre chien, il faut à peu près multiplier par 7 s'il n'est pas très gros. Le dieu du world wide web étant plus cruel que celui de nos amis à trois ou quatre pattes, une journée vaut dix ans pour un Post Internet, et ce quelque soit son poids, sa taille et son pedigree. Naguère encore rose et joufflu, plein de promesses, il portait tous les espoirs de son/sa rédacteur/trice. Deux heures plus tard le voilà déjà post-hype; au bout de trois jours, franchement démodé ; et quand il a une semaine, il ressemble à ces vieux qui rabattent leur unique mèche de cheveux sur une calvitie bien consommée. Mon avant dernier post (en dessous, déjà si loin) ayant glabougné une semaine dans les limbes de l'intertube, secteur Annonciade, est pour ainsi dire mort-né.
A l'heure qu'il est mon futur mari (a.k.a. Orval Carlos Sibelius pour ceux qui avaient raté l'épisode précédent) fait déjà l'objet d'appels d'offres internationaux pour des mères porteuses histoire d'assurer sa descendance (et quand Sean de Said the Gramophone dit "Let's get him laid", on obéit) et ça va marcher parce qu'il a trop la classe.
Mais point d'aigreur ni de mauvaise nostalgie pour un passé jamais connu : tournons nous résolument vers l'avenir et ce qu'il nous promet de plus réjouissant, à savoir la cassette de Seb Radix.
J'en entends déjà qui rouspètent en trépignant sur leur tabouret "qu'est ce que c'est que cette histoire d'avenir, la cassette ça fait au moins quinze jours qu'elle est sortie, même qu'elle est trop belle, que le livret est trop bien et que dessus y a quasiment tous ses tubes qui se trouvent être aussi nos chansons préférées du moment et en plus en face B y a une compil' qui déboite de 45 tours de goût." A ceux là, je n'ai rien à rétorquer. Je ne saurai cependant trop encourager les autres à télécharger fissa cette face 1 car je les aime bien et ne leur souhaite pas une minute de plus dans ce monde hostile sans l'harmonica de (you think) I'm Dead, la mélodie d'Ashtray, et le punk furieux de Johnny Weissmuller. J'arrête là parce que si je cite toutes celles que j'aime ça va ressembler à la tracklist et vous aurez plus de surprises. Seb Radix ce n'est pas seulement un sens du tube modeste et génial, c'est aussi des textes dadas d'une beauté fulgurante. Jugez plutôt : "I got chinese noodles around my lucky ass". Un petit bijou d'Art Brut.
Maintenant que votre âme est sauvée, vous pouvez désormais verser la modique somme de 3 euros à Monsieur Radix (je sais que c'est les soldes, mais là c'est carrément du gros rabais à prix sacrifié, si j'étais son manager ça se passerait pas comme ça) afin d'acquérir le bel objet et tous ses accessoires (notamment un livret-zine qui dévoile tous les secrets derrière les énigmatiques hits : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les Rhâââ Dicks sans jamais oser le demander). A défaut d'emmener Madame à Courchevel ou d'envoyer ses enfants à Sup de Co, espérons au moins que ça lui permette de produire sa prochaine cassette.
C'en est fini du TéléAchat pour aujourd'hui, je reviendrai quand j'aurai un nouveau truc super à vous vendre.
Je n'ai jamais été particulièrement portée sur le mariage, pourtant ces temps-ci j'ai envie de célébrer publiquement mon amour pour un label, un chanteur et un tube. La mairie de Lyon ayant accueilli ma requête avec un certain scepticisme, nous convolerons sur ce site - le Vegas des passions musicales.
Clapping music - label héroïque : Yeti Lane, Karaocake, François Virot & Friends, Ramona Cordova, Konki Duet (...) c'est eux - a réussi le tour de force de sortir l'album de l'été sans Hadopi.
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Orval Carlos Sibelius (ex-Snark, ex-Centenaire), quand il ne brise pas le coeur de sa mémé dans une maison de retraite, écrit en toute discrétion des pop-songs parfaites du fond de sa cabine de projectionniste de l'espace Saint-Michel, entre deux bobines. Vous l'avez peut-être vu à la Bandit Dance à Lyon le 4 juin dernier où, bien entouré d'un batteur et d'un bassiste à l'allure de jeunes premiers, il enfilait les hits comme si de rien n'était. Malgré les crises d'hystérie, le chantage et les menaces de fans éperdus, la moitié de ces tubes ne sortira que dans quelques mois, passage entre les mains du producteur/magicien Domotic oblige. L'autre moitié, Recovery Tapes, est à vous pour le prix d'un paquet de clopes ou d'un milkshake au caramel sur bandcamp. (Que les fétichistes du sillon se rassurent, d'ici quelques jours le vinyle 10 pouces sera également disponible sur le site du label, profitez en pour vous procurer son premier Disque Compact, s/t, bande de pervers).
Normalement à ce stade vous avez déjà sorti votre visa électron et vous tournicotez comme des canards sans têtes dans l'attente du prochain disque/concert.
Pour ma part, je lui ai même érigé un autel au centre de mon salon. Vous n'imaginez pas le temps nécessaire et l'ingéniosité déployée pour la réalisation de ce montage photo :
Mais je vois encore quelques sceptiques, au fond à droite, qui exigent des preuves du génie. Soit.
1. Après des tests très sérieux effectués auprès de stagiaires sous-payés mais motivés, nous sommes en mesure de vous confirmer que la chanson d'ouverture I Don't Want a Baby peut s'écouter plus de 300 fois sans lassitude. Les effets secondaires peuvent inclure balancements de tête, sautillements intempestifs et sing-alongs : "My life is a failure, I may have a cancer" "lalalalalalalalaaaaaa". Vous avez dit tube de l'été ?
2. Ecoutez Recovery Day à l'aube, je vous jure qu'on entend Nico dans les vocals.
Un rédacteur plus compétent doté d'une culture musicale décente vous aurait sans doute cité pleins d'autres références alléchantes mais c'est moi qui m'y colle, alors faudra vous contenter de ça.
Un tel titre peut donner envie de lever les yeux aux ciel, mais au-delà des poncifs qu'elle semble déployer, cette vidéo est une rafale, une bourrasque, une tempête dans ta bouche, plus fraîche et assainissante que dix dragées de freedent white.
Il s'agit de Hubble, le projet solo de Ben Greenberg, guitariste dans les balèzes Zs et Pygmy Shrews.
Dans la Russie soviétique, l'auto-édition et la distribution sous le manteau de manuscrits interdits portait un nom : le samizdat.· La plupart des textes distribués étaient reproduits à la main, sur papier carbone, ou simplement dactylographiés. La lecture en était difficile, vu la qualité des copies,et le faible espacement entre les lignes utilisé pour gagner un maximum en place.
Cet ensemble de pratiques n'aurait pu fonctionner sans l'existence d'un réseau informel d'individus dissidents, bien souvent confrontés à une féroce répression·et à la peur quotidienne de se faire gauler. En effet, les machines de duplication étaient sous contrôle de l'État. La possession de l'une d'entre elles vous valait un contrôle serré, et le fait de mettre en circulation ou de posséder un samizdat suffisait pour vous condamner à une dégradation sociale, l'asile, ou les camps.
La possession de matériel d'enregistrement analogique n'étant pas considérée comme illégale à l'époque, des activistes DIY (on pense par exemple à Yegor Letov, du groupe Grob, ou· sa camarade Yanka Dyagileva, icône punk-folk dont nous vous offrons un morceau un peu kitsch: cliquer ici)· contournèrent alors la censure en inventant le magnitizdat, une pratique proche de celle du bootleg, qui consiste à reproduire et distribuer soi-même des cassettes audio non-disponibles dans le commerce. On vit circuler à l'époque aussi bien des k7 contenant des lectures de textes anti-soviétiques que des enregistrements de musiques non-autorisées par l'appareil bolchevique.
Bien sûr à l'Ouest en 2011 le contexte n'est pas le même. Nous vivons dans des sociétés de démocratie numérique où la liberté d'expression toute relative et l'existence de l'internet "libre" nous autorisent une certaine marge de manoeuvre. Nous nous débattons avec d'autres formes d'aliénations, qu'il s'agisse d'auto-censure, de manque d'imagination ou d'une saturation liée au flux considérable d'informations que nous reçevons chaque jour. Nos tentatives de faire vivre certaines formes d'expression plus ou moins artistiques hors des logiques du profit, de l'efficacité, des stratégies marketing n'en sont pas moins les héritières directes des ces pratiques de survie en milieu hostile. Réutiliser de vieilles K7 ou ripper un album pour le faire circuler, créer un micro-label pour distribuer la musique bizarre de ses potes, organiser des concerts pour lesquels le prix d'entrée reste modeste, sans vigiles, où toute sortie n'est pas définitive, fabriquer soi-même son fanzine ou sa BD à peu d'exemplaires, tout ce réseau dense de pratiques contribue à maintenir vivante la possibilité d'autres formes de transmission culturelle que celle des gros tuyaux indifférenciés du mainstream.·
Le 11 juillet au soir, on cherchera alors, en tâtonnant et bricolant avec des bouts de ficelle, à célébrer et se rencontrer autour du DIY, et de l'idée d'une musique pas forcément militante, au moins en rupture avec l'ordre établi. Les trois individus qui joueront ce lundi s'inscrivent, chacun à leur manière, dans cette dynamique :
PINK REASON, c'est le projet/monstre de Kevin Failure. Il a grandi en Sibérie à une époque pas super sympa pour ceux qui sortaient du rang. C'est lui qui a inspiré cette dérive sur la notion de samizdat, en évoquant la question au détour d'une interview. Kevin vient du punk, mais PINK REASON, sur disque, c'est une musique sombre, lo-fi, enregistrée sur du matériel cheap, qui documente sa vie, ses questionnements, ses évolutions. Souvent en solo, plus rarement en groupe en mode punk-hardcore, parfois sous l'effet de drogues, Kevin Failure crée d'étranges paysages hantés, des chansons simples et frappantes, psyché, pleines de reverb, chantées d'une voix égale, qui ne s'écoutent pas forcément tôt la matin avant de commencer une journée chargée. Il jouera seul et ce sera une bonne occasion de savoir ce que ça fait de le voir avec un public autour, quand on a passé tellement de temps à l'écouter seul dans le noir.
Il vient de sortir son deuxième LP, Shit in the Garden, sur le toujours excellent label Siltbreeze.
Une vidéo solo (il joue plutôt en groupe sur scène d'habitude), avec une reprise de Agent Orange, et Borrowed Time, excellente :
Sixteen Years, une ballade presque enjouée, sur Shit in the Garden LP (2011)
Up The Sleeve, une marche funèbre alcoolisée, sur Cleaning the Mirror LP (2007)
CIRCUIT DES YEUX est le véhicule de Haley. Elle aussi est seule sur sa chaise. Avec des pédales, une guitare, peut-être d'autres trucs. Ce qu'on connaît d'elle, ce sont deux LPs, Symphone et Sirenum, et une paire de 7" sortis notamment sur le label De Stijl, remplis de nuages soniques crépitants enveloppant des mélodies inquiétantes, des échos de l'angoisse et de l'ennui d'une jeune personne trafiquant des bandes et des boîtes à rythme basse définition dans sa chambre dans une maison familiale d'une petite ville paumée de l'Indiana. Un peu indus. Un peu goth. Physique. De quoi vous faire oublier le soleil qui brille un peu trop fort. Parfois, on dirait Zola Jesus en beaucoup moins bouffi, d'autres fois ça me fait penser à Jandek, ce barde folk-noise fou qui a sorti mille disques ou presque. Depuis, elle a changé de ville pour aller étudier les techniques d'enregistrement et l'ethno-musicologie, sorti un nouveau· 7" et un nouvel album, qu'on a pas entendu. Il semble que le son ait évolué sensiblement, on attend de voir.
Un set de 20 minutes pour constater qu'en 2009 déjà, c'était bien la tétanie :
Calling Song, tribale, flippante, sur Sirenum LP (2009)
Indian Orphan, chanson douce mais bon, sur Fruition 7" (2009)
Folk, comme son nom l'indique presque, sur Symphone LP (2008)
ANTEZ vient de Grenoble. Il proposera "Continuum", une pièce solo fascinante, et pour le reste le mieux c'est de le laisser s'expliquer : "Les continuums sont des pièces pour percussions frottées. Ils se caractérisent par l'émission de sons acoustique, produits par mes seuls gestes. J'ai premièrement utilisé des cymbales, mais je me suis rapidement mis en quête de toute sorte d'objets, souvent de récupération et de compositions différentes; parfois il subissent quelques transformations, me permettant de continuer de développer ce travail sur la matière sonore et le geste. Les Continuums ont des textures sonores inhabituelles, elles échappent aux registres traditionnels de la percussion. Elles testent les limites de notre perception des infra aux ultrasons en jouant des déphasages de fréquence. Elles s'immiscent dans l'intimité de la matière par le biais des micros sons et nous confrontent à une saturation auditive par celles de la densité du bruit. De par leurs flux sonores et de ceux qu'elles nous donnent à voir, elles évoquent autant la retenue que le dépassement, l'immersion et l'intemporalité."
Un peu de Doo Wop des années 50, ça ne fait jamais de mal. Voici donc Rubber Biscuit, par un groupe qui avait choisi de s'appeler, quand même, Les Chips. Un hommage direct à cet aliment noble, utilisé comme moyen de subsistance principal par au moins un des membres de l'équipe de Grnd Zero.
Eh oui, tout le monde le pense, mais personne ne le sait. En vérité, je vous le dis: Contrairement au titre ci-dessus, non, le slap ça ne craint pas. C'est juste tellement ringard que c'est la honte de dire qu'on aime, c'est comme la moustache, les vélos à pignon fixe ou les t-shirts avec des loups ou des otaries dessus, c'est trop cool mais t'as l'air tellement con fringué comme ça... Le slap qu'est-ce que c'est? c'est une technique de basse, aparement inventé par Larry Graham (le bassiste de Sly & and the family stone, il passe à Jazz à Vienne cet été avec son groupe, Graham central station, j'me tâte...), quoique j'vais aller vérifier sur wikipedia parce que je sais que la vérité ne se trouve pas ici-bas... bref, on tape et tire les cordes à la manière du slap de la contrebasse, et ça fait un effet, bref, disons que ça met en avant la basse sur certains passages, et c'est bien sûr plus ou moins bien réussi selon la musique, les passages, etc...
Eric Serra qui slappe dans Subway, c'est dégeu, mais Mike Watt qui slappe dans Firehose, le groupe qu'il a fait avec George Hurley après les Minutemen, sur "what gets heard" (sur Fromohio), un morceau plutôt inspiré, ça passe tout seul. L'intro est juste bluffante, et le reste du morceau est tout simplement un autre morceau de Firehose parmi tant d'autres. Quoi? y'a du slap dessus? Ah ouais, c'est vrai, mais bon, vous allez pas faire les fines bouches, j'vous ai vu boire de la graffenwalder à Grrrnd Gerland ! Je sais dans quel état est votre palais !
Brian Ritchie, qui nous déballe toute son inventivité technique sur une reprise de Sun Ra avec solo de saxo, xylophone, en plein milieu d'un album, bah, tout aussi étrange que cette reprise, ça se boit comme du petit lait. L'intro fait flipper, c'est sûr, mais entre les paroles un peu surréalistes (it's a motherfucker / don't you know / they're talkin about / a nuclear war) et l'ambiance funk expé de ce morceau, on a le droit à de l'avant garde, ou en tous cas, à une bonne surprise musicale. Avec ou sans slap, le résultat aurait été le même...
Plus frais, les Senseless Things. Le bassiste se la donne grave sur un morceau aussi classique que leurs autres morceaux, c'est à dire du Mega City Four en version fm. J'avoue, j'ai jamais réussi à rejouer cette ligne ni même à savoir comment il faisait... La question que je me pose est surtout : qu'est-ce qui est le plus honteux ? Ne pas y arriver ou avoir essayé de la jouer? Mais non, je n'ai pas honte et vous n'avez pas à avoir honte d'aimer, comme moi, ces morceaux. Assumez-votre slappisme ! Vivez votre bassisme primaire fiérement ! A ce propos, après vérification, le slap a bien été inventé par Larry Graham, pour pallier au manque de rythmique des répèts sans batteur (quel bande de cons ces batteurs !) et la fin l'article de wikipedia se termine par un lien vers la vidéo d'Eric Serra qui slappe dans "Subway"....
"L'abandon sans douleur", expliqué en 1 minute 18.Alors que ça avait pris près de trois fois plus de temps à Freddie Perren et Dino Fekaris (les gars qui ont écrit I will survive).
Revenge of the Carrots était un groupe de punk hollandais, originaire de la région de Zaan (zone très fortement industrialisée, où fleurirent les squats à la fin du vingtième siècle et d'où vient également The Ex).
Ils n'enregistrèrent qu'un 45 tours éponyme, en 91, édité par Konkurrel. On peut se désoler de cette anorexie discographique, ces trois chansons étant assez secouantes et inspirées. Leur guitariste, Pim, jouait aussi dans les très bons Donkey, et montera par la suite The Bent Moustache et De Kift (avec Marco, le chanteur de Revenge of the Carrots).
Dans les années 80, le groupe Dur Dur connut son petit succès à Mogadiscio, Somalie. En plus de porter un nom parfait (franchement si j'étais dans un groupe je voudrais qu'on s'appelle comme ça), ces gens-là ont sorti un chapelet de chansons superbes, perdues quelque part entre l'afro-funk, le raï, la pop psychédélique, le couplet religieux, et le générique bollywoodien. Un mélange somme toute assez typique de cette région du monde (Somalie, Ethiopie, Érythrée, Djibouti), puisqu'on n'est plus tout à fait en Afrique, et pas encore en Arabie ou en Inde, mais presque, si on vérifie deux secondes sa mappemonde.
Et c'est quand même mieux que Gang Gang Dance :
Dur Dur - waxla aaminaan jirin, "nul à qui faire confiance" (je préfère mettre les traductions* sinon on dirait des noms de médicaments et on risque de ne pas avoir envie de cliquer dessus)
L'intro de celui-ci nous téléporte directement à la terrasse d'un hôtel décati, à l'heure où s'éveillent les moustiques et où le soleil couchant est de la même couleur que mon fanta:
Certains de nos décideurs auraient tendance à penser et affirmer (confère, ne suivez pas mon regard, Notre Président à Dakar en 2007) que l'Homme africain (je savais pas qu'il n'y en avait qu'un), selon la bonne vieille tradition post-coloniale décomplexée à la française, vivrait dans un temps pré-moderne, qu'il ne serait jamais réellement entré dans l'Histoire, tout à son éternelle répétition d'un présent englué dans une tradition contraire à l'idée même du progrès.
Ouais.
La compilation Shangaan Electro, sortie voilà quelques temps déjà par le délicieux label anglais Honest Jons, représente une chouette occasion parmi d'autres de clouer le bec aux guignols racistes incapables de se représenter un horizon culturel différent de l'hégémonie occidentale en vigueur. Le peuple Shangaan, ou Tsonga, qui représente une population d'environ deux millions d'individus a historiquement vécu dans une aire s'étendant du Sud du Mozambique au Nord de l'Afrique du Sud, mais beaucoup d'entre eux vivent et travaillent aujourd'hui dans les townships de Johannesburg.
La compilation qui nous occupe regroupe et propose une sélection de morceaux produits par une figure centrale de la scène, Nozinja (qui joue également sous le nom de Dog). Producteur donc, sorcier de studio, dénicheur de talents, chanteur, s'occupant d'un label qu'on pourrait qualifier de DIY (il grave et sérigraphie lui-même ses sorties), le bonhomme a plus d'une corde à son arc.
Il suggère à travers ses productions un nouveau langage pour le shangaan en tant que genre musical : en remplaçant la guitare et la basse jouées live par les sons de synthétiseurs Casio réglés sur le preset marimba, en les calant sur des boîtes à rythmes palpitant à plus de 180bpm, il propose une musique qui déferle frénétiquement sur l'auditeur et invite à remuer son postérieur à des vitesses démentes, s'invitant dans la vague mondiale des musiques de dancefloor plus-rapide-que-moi-tu-meurs, du Kuduro au Uk Grime en passant par le Baile Funk.
La musique rappelle également par moments la fin des 70's/début des 80's à New-York, quand la pop prenait des inflexions africaines, s'appropriant le punk et le dub. On pourra penser aux productions d'Arthur Russell, ou à celles du Brian Eno et David Byrne au temps des Talking Heads, elles-mêmes fortement influencées par une écoute attentive de musique traditionnelle africaine.
Il semble que l'intense circulation des flux musicaux à l'échelle mondiale évoquée ici vienne contredire, d'une certaine manière, les théories réactionnaires évoquées en début d'article. Et il n'est finalement pas étonnant que la dance afro-futuriste Shangaan semble célébrer un certain retour à la tradition via l'usage de nouvelles technologies, et celui d'un minimalisme amplifié qui résonne à travers tous ces paysages sonores.
Le 22 juin, donc, on pourra venir se décrocher les hanches à Grnd Gerland en compagnie de Nozinja l'entremetteur et chanteur, des intrigants clowns-danseurs les Tshetsha Boys (voir vidéo), de certains des danseurs Shangaan les plus rapides et du producteur de kwaito/house et complice de Dog, DJ Spoko.
C'est pas vraiment un concert habituel pour le lieu, alors on est bien excités comme des puces de vous proposer cette date.
(largement inspiré de la chronique du disque parue dans le numéro d'août 2010 de Wire, excellent périodique anglais évoquant les musiques intellectuelles et sophistiquées. )
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Une petite démonstration de danse des Tshetsha Boys :
Donc il faut écouter de la musique de circonstance.
Par exemple cette chanson bamboulesque des camerounais de Paul Pendja Ensemble, dont c'est malheureusement l'unique enregistrement trouvable. Il est tiré de la compilation Black Mirror: Reflections in Global Musics
Cette compil est composée de morceaux d'une vingtaine de pays, enregistrés entre 1918 et 1955. Le tout est issu de la collection perso de 78 tours d'un disquaire de Baltimore, Ian Nagoski. Merci Ian.
Notre ami Gael explore les frontières troubles de la noise, du drone et de l’improvisation libre. En tant que musicien, d'abord : en duo avec Motherfucking , en solo avec Faux Amis, ou en collaborant à divers projets (Chora, Part Wild Horses Mane on Both Sides, Hunter Gracchus...). En plus de détériorer les oreilles de ses voisins des locaux de répétition de Grnd gerland, il gère aussi le label Zerojardins, qui vient de sortir trois chouettes disques. Les descriptions sont de Gael.
CHORA
Deuxième sortie des Londoniens de chora sur zerojardins, The Wax Heel est leur premier véritable album après plusieurs LP et des dizaines de Cd-r. Pas moins de 8 pistes pour un total de 78 minutes. Un vrai marathon sonore, une expérience musicale extrême où s'entremêlent boucles, violons sanglants, clarinettes autistes, guitares planantes, percussions arythmiques et voix en tout genres. Le tout parfaitement emballé par une magnifique peinture de Lindsay Mapes.
Sun stabbed est un duo qui s’est formé à Grenoble en 2005. Le travail de ces deux musiciens tourne autour de la guitare (qu’elle soit préparée ou non), des effets et de l’amplification. Une base de leur musique tourne autour de l’idée de modeler un son puis de le faire évoluer en improvisant, jouant tantôt avec des masses sonores, tantôt avec des petits détails. En ce sens, ils lorgnent autant du côté des minimalistes américains que des free noisers néo-zélandais.
Commune nous vient tout droit de Reims, ou bien Charleville-mézières. Moi je l’ai rencontré à Lyon. Le mardi on va à la piscine. Il y a un an, ou peut être deux, je lui ai proposé de faire un disque. Pourtant, Commune n’est pas vraiment dans la droite lignée des autres références Zerojardins, mais l’idée de faire un disque de chants m’a plu. La chanson française, j’aime pas ça. Les chansons à texte j’en écoute pas tous les jours mais Commune c’est un peu mon Brian Eno à moi, il me fait vibrer comme "Another green world". Il me fait pleurer comme Higelin & Areski au meilleur de leur forme, "Remember". Alors si comme moi vous aimez Brigitte Fontaine, Jandek et EL-G ce disque est fait pour vous.
Rares sont les groupes devant leur existence aux maladies rares et aux hasards statistiquement ridicules.
Skeleton Crew (1982-1986), à l'origine, était un quatuor. Mais quelques semaines avant leur premier concert, DEUX de ses membres subirent un affaissement des poumons. Le pneumothorax concerne 1 personne sur 10 000, calculez vous-même la probabilité pour qu'il touche deux membres d'un groupe de quatre personnes à quelques jours d'intervalle.
Restaient deux personnes valides, mais pas n'importe lesquelles : le guitariste Fred Frith et le violoncelliste Tom Cora, qui décidèrent de s'emparer des instruments laissés vacants par leurs camarades hospitalisés. Fred hérita - en plus de sa guitare - d'un violon, d'une grosse caisse, d'une cymbale et d'un clavier. Tom, plus modeste, se contenta - en plus de son violoncelle - d'une basse et de percussions bricolées. Il se dirent que ça ne devait pas être si compliqué de tout jouer en même temps : après tout, même Seb Radix le fait.
Ainsi naquit Skeleton Crew, groupe d'impro sauvage/rock expérimental/jazz débordant, à la tension rythmique perpétuelle.
Fin 82, un autre mec joua du saxophone avec eux pendant quelques dates, mais il n'a même pas sa propre page wikipédia : impossible de vérifier si sa participation sporadique cessa à cause d'une sclérose latérale amyotrophique ou une drépanocytose.
Après deux ans de tournées fougueuses dont quelques live témoignent, vint le temps du premier album, Learn To Talk. Des chansons commencèrent à se former, bancales et cyniques, toujours entrecoupées de fragments d'improvisations auxquels s'ajoutèrent des bandes magnétiques au contenu plus ou moins débile (Pubs Tv, discours de Ronald Reagan).
A la fin de l'année 84, le duo fut rejoint par la harpiste Zeena Parkins qui, à la surprise générale, resta en parfaite santé. Ensemble ils enregistrèrent le deuxième album du groupe, The Country of Blinds. Plus construit, un peu plus accessible, un peu plus "normal", pas moins beau. Le groupe se sépara cependant peu après. Citation approximative de Fred Frith à ce sujet : "On commençait à sonner comme un groupe de rock classique, à quoi bon continuer... Il valait mieux retourner faire ce pourquoi nous avons été génétiquement conçus, la (très bonne) musique de snobs".
On peut se procurer le coffret réunissant leurs deux albums là.
A noter que : Fred le valeureux jouera au festival des musiques innovatrices (cf rubrique Nos Concurrents) le dimanche 29 mai, en duo avec Paolo Angeli. Ce serait dommage de le rater. Zeena Parkins a récemment sorti le disque Between the Whiles, sur l'excellent label Tables of the Elements.
Ce gros feignant de Tom Cora, quant à lui, ne joue nulle part et ne sort aucun disque, avec pour seule excuse d'être mort depuis treize ans. D'une maladie tristement banale. On vous encourage à télécharger sa discographie complète (ses deux albums avec The Ex, mais aussi son groupe Curlew, ses travaux solo, bref fouinez) voire même à l'acheter, par exemple ici ou encore là.
Je pensais que le groupe noise-punk brut Sissy Spacek s'était éteint, mais une visite hasardeuse sur le site du label Gilgongo a suffi pour dissiper mon erreur. John Wiese et Corydon Ronnau sont de retour, cette fois accompagnés par le norvégien Lasse Marhaug (JAZKAMER) et Will Stangeland (TEARIST, SILVER DAGGERS). Le disque s'appelle Dash et comprend 41 morceaux sonnant comme un aspirateur, une télévision et un micro-ondes qui exploseraient en même temps.
Pas besoin de connaître la vie de ces messieurs pour deviner qu'ils ont des bonnets bizarres, des dents pourries, et un penchant pour des choses qui se terminent en -ine (à vérifier ici), qu'ils ont passé leur enfance dans des pavillons grisâtres et humides, et qu'ils suivent régulièrement les résultats du foot. 'O' level et Teenage Filmstars furent les groupes éphémères d'Ed Ball, avant que celui-ci ne forme en 1978, avec Dan Treacy, les fameux Television Personalities. Trois formations successives formant, au final, une oeuvre superbe et assez copieuse (vous prenez de la pop sixties, du proto-punk, du bacon, du néo-réalisme caustique et de la guinness, et vous secouez bien) qui, à elle seule, prouve une fois de plus que les Anglais ne sont pas des êtres normaux.
Jacques Attali - homme caméléon - fait publier en 1977 Bruits, essaifourre-tout historico-economico-analytique juste bon à venir gonfler quelques bibliographies indicatives. Perdu dans le flux de thèses contradictoires sorties par M.PlaNet Finance, on sourit parfois sur des prophéties apocalyptiques du genre : « La musique montre comment se disciplinent les activités du corps, comment s'en spécialise l'exercice, comment s'en vend le spectacle (…), avant qu'en soit organisé le stockage virtuel sous formes d'informations pures. Elle annonce ainsi une mondialisation répétitive où rien ne se passerait plus, si ce n'est un infini cortège de marchandises pseudo-réelles, pseudo-nouvelles. »
Ce genre d'oracle totalisant et pessimiste nous donne bien envie de retourner dans nos micro-mondes, micro-undergrounds, chercher un peu de sens dans des formes culturelles bien à nous. Alors comment, aujourd'hui encore - dans cet espace standardisé, froid, factice que nos grands sages nous prédisent -, justifier de l'organisation de concerts?
Le 28 Avril par exemple, quatre super individus dissimulés sous les pseudonymes Utat et Magic Towers, ayant fait la route depuis l'Italie, viendront jouer une musique atonale, puissante et méditative à Buffet Froid, montée de la Grande Côte : comment allez-vous situer ce moment dans l'agenda des forces maléfiques de la globalisation?
Extrait 1 - Boa Première possibilité : La musique Rock est perdue dans un cycle économique malfaisant, gouverné par la répétition et les stratégies de production en masse. Les cultures de l'industrie et du théâtralisme ont absorbé les anciennes formes d'altérations. Vous en avez marre et vous voulez foutre le camp de cette matrice figée.
Le 28 Avril sera l'occasion de participer à une contestation bénigne, animée par des humains palpables, qui veulent essayer d'autres canaux de communication. Derrière Utat et Magic Towers se trouvent de vrais gens qui en toute tranquillité, par leur manière de diffuser leurs musiques (du genre monter un festival de musiques bruyantes/bruitistes dans une ville italienne de moins de 40 000 habitants), luttent contre certains des schémas les plus puants que sous-tend parfois l'événement concert. Une résistance passive, à base de destruction de l'artist-ego.
Le genre de rencontre qui fait croire à la possibilité d'une constellation internationale d'artistes/branleurs conscients, s'acharnant à remonter le courant du giga-Spectacle. Extrait 2 - Noctaven
Extrait 3 - Slaves Seconde possibilité : Le raz-de-marée technologique vous interroge et vous inquiète quand même, un peu comme Jacques Attali finalement. Tout s'automatise et s'accélère et nous, profanes hébétés, sommes mollement emportés par le flux.
Devrait-on se soumettre à une idée de la performance électronique mise au service d'un progrès imaginé au seul sens capitaliste? On vous invite plutôt à venir observer comment ces amis transalpins plongent dans des détournements hasardeux de l'objet-machine, créant une spirale extatique et chaotique au delà de la rationalité musicale.
Utat et Magic Towers joueront à Buffet Froid le Jeudi 28 Avril. Buffet Froid est le projet de magasin de disques/librairie qui permettra au très chouette local du 91 Montée de la Grande Côte - jusqu'à récemment Grand Guignol - d'être pour un moment encore rempli de trucs cools.
Encore un pied de nez à M.Attali, un endroit nouveau pour des choses (comme quelqu'un le disait récemment à propos de la Luttine, autre lieu-copain-chouette) « exclusivement dans la vraie vie ».
A la fin du très beau film japonais "Le tombeau des lucioles" de Isao Takahata, des enfants arrivent encore à s’émerveiller du bal des lucioles après la destruction de leur village, le massacre de leurs parents, et leur propre mort s’annonçant. Je m’étonne aussi du pouvoir d’un bon disque à nous extraire du monde. Je veux parler du deuxième album du groupe THE LUYAS "Too Beautiful To Work" paru chez Pome Records. Une synthèse incroyable entre mille groupes favoris (Ramona Cordova, Broadcast, Lali Puna, The Softies, Feist, The Blow, Le Ton Mité, Greenbelt, Blonde Redhead…). Mais trop dur de parler de musique, écoutez plutôt : "Tiny head" {youtube width="600" height="365"}4lIqAQvIpo0 {/youtube}
Et si vous m’autorisez une deuxième vidéo : "canary"
Alors on va tenter de résumer les choses le plus simplement du monde : Helen Money – Alison Chesley de son vrai nom – est une violoncelliste américaine qui joue toute seule, fait des boucles, bidouille avec des effets, superpose à l’envie des motifs, construit des structures non dénuées d’un certain minimalisme.
Elle a publié au moins deux disques dont In Tune, chez le très expérimental mais très recommandable Table Of The Elements. Voilà. Tout ce descriptif vous rappellera sûrement quelque chose. Et bien vous avez tort. Helen Money n’est absolument pas un énième avatar de la musique répétitive post La Monte Young/Tony Conrad. Il ne lui arrive pratiquement jamais de citer ces deux grands maîtres de la musique américaine contemporaine. Elle préfère jouer de son violoncelle avec toute l’énergie et même parfois toute la rage que d’autres mettent en œuvre pour faire vibrer une guitare. Souvent bien saturée, la guitare. Et puis surtout Helen Money nous offre une musique à la beauté singulière et intrigante.
In Tune propose ainsi un panorama sonore appréciable et éloquent, d’une richesse rarement atteinte par une musique instrumentale interprétée par une seule personne, fut-elle aidée par une armada de pédales d’effet et une loop station. On en vient à se demander fugitivement si la dame n’a pas un peu biaisé, profitant des technologies modernes d’un studio hi-tech et des facilités de pro-tools pour mettre sa musique en boite. La réponse est définitivement non : In Tune a été enregistré à Chicago dans le studio entièrement équipé en analogique d’un ingénieur du son à lunettes et obsédé par la taille et l’emplacement idéal de ses micros d’origine tchèque. Un type avec lequel il ne faut surtout pas déconner dès qu’il s’agit de qualité sonore et de son enregistrement. On comprend alors parfaitement d’où provient la sécheresse alliée à la profondeur des vibrations du violoncelle d’Helen Money. On n’hésite plus lorsque la saturation entre en jeu (MF et Waterwalk, curieusement sous haute influence PJ Harvey, In Tune, You Are Beautiful ou Political Song, ce dernier marquant la rencontre improbable entre Suicide et The Ex …).
Le violoncelle est capable des plus belles sonorités qui soient, on en est depuis longtemps persuadés, et les traitements que lui inflige Helen Money, loin de le dénaturer entièrement, le font donc passer dans une autre dimension. Tout en gardant un pied dans l’épure et la beauté originelle de sa nature profonde : Untitled, Sagrada, Too Heavy et le très beau Everything I Am Thinking sont là pour nous rappeler toute la force et la passion quasi humaines d’un instrument réputé difficile à dompter. Avec In Tune Helene Money a opéré bien plus qu’une tentative réussie de modernisation de quelques vieux schémas musicaux – que ce soit «classiques» ou «rock» ou je ne sais quoi – et n’a pas non plus uniquement pratiqué la greffe de l’un sur l’autre : il y a des jours où en fait on n’est pas très loin de penser qu’elle a découvert quelque chose.
D'abord, il y a eu une vidéo, trainant sur le net pour la promo d'un concert lyonnais, montrant à qui voulait bien se l'infliger un spectacle à la fois beau et désolant. Un vidéo regardée en boucle, du coin de l'œil une première fois, puis de façon acharnée ensuite. Cette même vidéo, encore et encore :
Renseignements pris, la demoiselle vient de Los Angeles, et soyons honnêtes, le soleil brillant, c'est pas son truc.
A priori pourtant, tout pousse à porter un regard dubitatif sur ce projet. Los Angeles d'abord, nouvelle ville de la hypitude américaine. L'espace d'un instant on pourrait croire à une nouvelle recrue de cette ignoble scène néo folk décadente où composer un morceau correct importe moins que d'avoir les bonnes relations presse. L'art d'être arty sans avoir l'air d'y toucher, retranché derrière une démarche DIY qui ne trompe finalement plus personne.
Mais c'est là la première impression, une petite méfiance malvenue, parce qu'à l'écoute, c'est une énorme vague de sincérité et de noirceur qui transparait. Chelsea Wolfe, pour tenter d'être simple, superpose sur ses morceaux des couches de guitares folk ou parfois carrément bruitistes , noie le tout sous des voix lugubres, use et abuse de la saturation et de la superposition et se fait un plaisir certain à submerger l'auditeur sous des vagues extrêmement délicates pour l'agresser ensuite par la rudesse de ses compositions. Rien d'excessivement violent, mais l'ensemble du disque ferait passer n'importe quelle musique sombre pour de la poésie joviale. Quelques touches de pianos ou de batteries épurées viennent agrémenter l'ensemble.
Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel c'est cette voix incroyable, au service d'une tristesse et d'une noirceur sans fin. On trouve souvent des références à l'univers Goth ou Dark Folk dans les chroniques de ce disque, mais ce serait lui soustraire une vocation beaucoup plus universelle. Un disque qui, s'il n'est pas au premier abord facile d'accès, est tout simplement génial. La complète « non production » de celui ci joue peut être pour beaucoup, le tout étant enregistré sur un 8 pistes, avec un son volontairement crasseux et des morceaux terminés à la truelle. Un petit truc quoi, qui te retourne l'esprit, encore, encore et encore.
Heureusement que je n'ai pas encore eu l'occasion d'écouter "Microtonal Waves" du guitariste Ryan Kirk dans les meilleures conditions (sur des enceintes honnêtes, à l'aube, immobile, l'estomac agréablement vide, la veille d'une prise de décision importante, etc) ; le frisson risquerait d'être considérable. Il s'agit donc d'un EP de cinq plages microtonales, ascétiques, implacables et rassurantes en même temps, un peu comme une montagne noire qui perd ses feuilles. Sorti chez Divorce Records, on peut le télécharger intégralement ici, et, en échange, envoyer un don libre.
Parmi les albums de la scène indé 80/90's, on trouve parfois, au milieu de morceaux à priori écrits et structurés suivant l'air de rien cette convention tacite et très occidentale du couplet-refrain, des avortons moins définissables. Notre incapacité à se satisfaire simplement de cette chose merveilleuse qu'est le bruit est assez mystérieuse. J'ai toujours été fasciné par les quelques morceaux perdus sur un disque, côtoyant de «vraies chansons», où les notions de mélodie et de structure sont abandonnées au profit d'un mode d'expression sonore brut, quitte à ne plus parler de musique. Je n'évoque évidemment pas les groupes appartenant à des scènes purement expérimentales ou improvisées, qui par définition se défont de toute structure «pop», mais bien des quelques divagations de groupes a priori accessibles.
The Dead C me donne véritablement l'impression d'un groupe de pop (ouais bon, je sais...), qui dès ses débuts se serait mis à se laisser aller à des improvisations bruitistes plus souvent que la normale, bien plus souvent, quasiment tout le temps en fait. De la musique faite avant tout pour ceux qui la jouent, sans aucun compromis, que ce soit dans les compositions ou dans l'agencement étrange des morceaux au sein d'un album, sans aucune nécessité de satisfaire un quelconque auditeur type, une démarche louable en somme.
Eusa Kills (Flying Nun, 1989) commence par Scarey Nest, qu'on jurerait tiré des premiers Dinosaur Jr, impression immédiate dans le cerveau, et tu te retrouves à la siffler l'après-midi même. La magie du truc c'est que ça n'arrive qu'une seule fois dans ce disque, tu ne sais pas pourquoi ils l'ont foutu là, en ouverture, tout ce qui suit est décharné à l'extrême, parfois même le rythme qui est le seul truc à quoi pouvoir se raccrocher n'est même plus un rythme mais seulement des coups aléatoires sur des fûts. Leur musique est faite pour être jouée de manière décousue, aucun doute sur le fait que ces types sont mille fois capables de sortir des tubes à la chaîne, ça ne doit seulement pas les intéresser. La démarche est autre, et le plaisir que l'on en tire est complètement différent : jouir d'un buzz de guitare qui résonne, de marmonnages approximatifs, écouter se former des sons produits par des instruments amplifiés à haut volume, des parasites, des paradoxes. Tout ce que tout bon ingénieur du son se tue à éliminer constitue tout ce qu'il y a à écouter dans ces disques.
Je n'ai même pas encore écouté la totalité de leur discographie - et pour cause, c'est conséquent -, mais c'était nécessaire que je parle d'eux, pire qu'une envie de pisser.
S'il y a un style de musique qui se renouvelle constamment, c'est bien la musique improvisée. Dommage que ce soit aussi chiant... Ah ah, ça commence bien hein ??? Avouez que vous ne vous y attendiez pas !! ah ah !!! Bon, ok, je plaisante, mais à moitié seulement. Soyons honnêtes, les gens qui ne jurent que par l'impro ou le free jazz sont plutôt de mauvaise foi, et l'on doit surement les surprendre le samedi matin se détendant devant le hit machine de Charly et Lulu (est-ce que ça passe encore?), ou bien se télécharger un p'tit Rihanna.
On s'est tous déjà demandé ce qui nous avait pris d'aller voir ce concert et pas un autre, celui où des gars triturent leurs instruments avec des objets, ou bien en jouent, ou ont l'air d'en jouer de manière beaucoup plus inspirée que les autres, même si ce qui en sort nous rend perplexe. On est d'accord, quand ça marche, c'est magique, mais bon, ça arrive tous les combien, putain ? Loin de moi l'idée de faire le vieux con (je n'ai peut-être plus besoin de le faire...) mais j'ai même vu des jeunes cons qui avaient "bien compris" que l'impro, bah, c'était un peu du quitte ou double... même si, bon, ça se travaille quand même, histoire de pas paraitre ridicule 50% du temps, sinon ce serait trop simple. Un débat à développer, mais bon, là j'avoue que je m'auto-gonfle. J'arrête. Parlons plutôt des disques d'improvisation. J'ai arrêté d'en acheter quand le mp3 est arrivé... Ah ah, ça commence bien hein ??? Avouez que vous ne vous y attendiez pas !! ah ah !!! Bon, ok, je plaisante, mais à moitié seulement (vous avez remarquez le copier coller?). En fait, non, j'ai arrêté parce que ça coûte cher et que pour le coup, c'est vraiment risqué. Putain, le Axon avec Phil Minton, le In the Fishtank avec The Ex, Sonic Youth et Icp (j'ai vérifié, c'est pas Insane Clown Possee !), quels monuments d'ennui !!! Evidement, j'ai vécu quelques moments de bonheur sur des disques d'impro de Marc Ribot ou Fred Frith. Mais il faut bien avouer que ce style musical est bien complexe, propre à l'instant, l'état où l'on se trouve etc... On peut être charmé tout en sachant que la magie peut ne jamais, ou rarement, se reproduire; ou bien saoulé au point d'être dégouté rien qu'à la vision d'une trompette ou d'un saxophone (rigolez pas, j'en connais des comme ça... le trombone, ça fait festif, et le saxo c'est intello, que voulez-vous que j'vous dise ? Certains ont l'esprit bien étroit, et c'est ainsi, et parfois c'est à cause d'un concert de ska, ou d'un concert de musique improvisée !). Ah... la guitare.... l'instrument vénéré du rock, du punk, du metal, du prog, du trash, du crust, tout ce que vous voulez...
En voilà un disque de guitare, de la guitare solo, et improvisée s'il vous plait. Qui dit mieux? Que d'la guitare triturée, bichonnée, percée, bercée, frottée, manipulée, cassée, broyée, bouclée etc... et même des fois, jouée. On trouve un peu de tout sur ce double cd et c'est bien ça qu'est agréable. Un écclectisme dans l'improvisation, chacun y va de sa petite pièce, sa petite histoire, les bruits de perceuse croisent des mélopées planantes, bref un panel très large de ce qui se fait en la matière. Alors quoi ? Et bien oui, il manque qui ? Sheik Anorak ? Pif le chiant ? Nico Poisson ? C'est vrai et c'est bien dommage, mais on retrouve quand même un lyonnais et pas n'importe lequel pusqu'il s'agit de Gilles Laval, oui, oui, celui qui jouait dans Parkinson Square !! J'avoue que pour le reste, je connais pas grand monde, même si les noms de Olaf Rupp, Neil Davidson, Stefano Pilia me semblent familliers. Chris Lemulo lui je le connais pas mais son nom me fait marrer, en espérant que c'est pas le frère de Pascal Mulot, le bassiste (mettre le lien !!). On peut pas dire que ce soit le disque d'impro rêvé, mais la compilation est une voie à explorer dans la quête aux bons disques, et le fait qu'un seul instrument soit représenté est peut être à déplorer mais n'altère en aucun cas le plaisir d'écoute, même si, un peu de trompette ou de batterie m'auraient pas dérangé....
Un peu de trompette, ça m'aurait pas dérangé non plus dans ce nouvel album des Thermals, le cinquième. Enfin dans le genre "changement de cap", j'aurais préféré qu'ils en rajoutent plutôt que de choisir ce genre de prod.
Je m'explique: ce disque commence de la meilleure manière qui soit, "i'm gonna change your life" est un des meilleurs morceaux qu'ils aient écrits, sans déconner, c'est l'espoir, ça donne envie d'aller au tabac s'acheter des clopes et rien branler d'la journée, juste écouter ce morceau... ou encore, la barre de céréales avant d'aller passer les examens (enfin, moi j'dis ça, je ne fais qu'imaginer ce qu'on m'a raconté, il parait que la barre de céréales avant les exams, ça le fait !! La prochaine fois que j'vais faire des examens de sang, j'fais ça et j'mets ce morceau dans mon walkman!). Le deuxième titre, c'est le Thermals à l'énergie, celui qui fait penser aux Pixies de "surfer rosa", en un poil plus fun, et puis Hutch Harris n'a pas du tout, mais du tout la voix de Black Francis. C'est plus un Aziz de NRA, et encore, c'est une voix plus médium aigüe si vous êtes branchés fréquences. Et puis ensuite, troisième titre, tout bascule, la prod change, ça sent le single à plein nez, sauf que dans ces cas-là on revient aux choses normales sur les titres suivants, mais là non. Etrange. Tous les titres qui suivent sont plutôt bons, mais c'est plus les Thermals, MES Thermals (d'une manière générale, on a tendance à un peu trop s'approprier les groupes...). La guitare et ses accords ne sont plus là, juste des petits riffs à une corde, la basse n'a plus d'attaque, on dirait une nappe de synthé. La batterie, bah, on n'y fait plus attention. Attention, ce disque est très bien, y'a pas de problème de qualité, c'est juste que c'est surprenant ce parti pris. Le pire, c'est que quand un groupe se fourre tête baissée dans ce genre de prod, je trouve ça toujours moins bien et suis persuadé que c'est une grosse connerie qu'ils font là, et que c'est pas ça qui va faire décoller les ventes, élargir leur public, rentrer dans les charts etc... Le pire, c'est que je me trompe. A chaque fois ça marche, c'est taré, dans 6 mois, t'entendras les Thermals au Ninkasi. Si ça se trouve c'est déjà le générique de l'émission d'Ardisson ou bien ça passe déjà sur le mouv' en découverte (petite vérification sur l'airplay du mouv', bon pas encore, tout va bien). Quoique, qu'on entende les Thermals de partout serait bien la meilleure chose qui puisse arriver à la musique, après tout... Enfin, les Thermals ou d'autres, hein ! Badgewearer par exemple !!
Bereket Mengisteab, l'homme aux 250 chansons, le berger au krar* sautillant, est né en Érythrée à la fin des années 1930, quand celle-ci était encore une province éthiopienne colonisée par l'Italie fasciste.
Conscient qu'il ne voulait pas passer sa vie à traire des brebis shootées au qat**, Bekeret descendit à la capitale Addis Abeba et intégra le prestigieux Haile Selassie Theater Orchestra (même qu'ils ont joué aux JO de Mexico en 1966). Puis un jour, son horoscope lui prédit du gros rififi politique, alors il abandonna tout et rentra au bercail pour s'engager au Front de Libération de l’Érythrée. La même année, en 1974, Haile Selassie fut étouffé sous un oreiller ou un truc comme ça par les hommes du lieutenant colonel Mengistu, au grand dam des rastamen de tous pays.
Après 5 ans de guerilla, Bekaret s'exila en Arabie Saoudite. Il commença à enregistrer des cassettes et à jouer pour les bédouins. Ses couplets exaltent la libération de sa terre natale, ou sont de traditionnelles complaintes amoureuses à la simplicité universelle ("reviens oh ma chériiiie, tu me maaanques je souffre").
N'importe quel amateur des Ethiopiques, d'Omar Souleyman, ou même de la psych-pop-tropicale qui se répand depuis quelques années désirera le faire chanter à son mariage. Pour le trouver, il faut se rendre à Asmara, capitale de l’Érythrée indépendante où il continue de composer des chansons, tout en s'occupant de sa coupe afro vieillissante et de son magasin de musique sur Babylon Square.
Quelque part au milieu des années 90, dans la ville de Saint Etienne. Le Mads collectif propose ce soir encore un concert "découverte": un groupe écossais du nom de Badgewearer.
J'avais déjà entendu un titre de ce groupe sur une compilation de l'agence de booking Zoorganisation au milieu de plein d'autres: the ex (scott de Zoorganisation est toujours leur tourneur), dog faced hermans, dawson, archbishop kebab, whirling pig dervish, god is my co-pilot, sister iodine, la machoire... Cette k7 je l'écoutais en boucle avec d'autres trucs, dont pas mal de groupes morts... plein de k7 que m'enregistrait tony mathieu, programmateur du Mads co. J'étais alors monté d'un bon cran dans le snobisme et je considérais sonic youth et jesus lizard comme des groupes de rock FM tellement j'étais sûr d'avoir enfin approché quelque chose de vraiment underground: des groupes composés de vrais gens que j'aurais pu rencontrer dans la vraie vie...
Le guitariste de Badgewearer a été mon idole pendant des années, ce qui est non seulement stupide mais surtout absolument contraire au principe de l'anti-star system, et le pauvre Neil a dû quand même bien flipper de me voir débouler chez lui en écosse à l'improviste (une aventure d'une semaine, juste pour envoyer quelques cartes postales, voir où lui il habitait et comment c'était là haut en écosse...), donc voilà un truc important qu'il m'aura fait comprendre finalement (malgré son accent écossais): rester soi même.
Neil Bateman donc: la première fois que j'ai osé lui parler c'était juste après le concert, pour lui dire "hey, we play the same guitar!" (une copie made in korea de telecaster, là pour le coup j'avais pas fait exprès) c'était le seul moyen d'établir un contact: parler de guitare. Ils n'utilisaient aucune pédale et jouaient très tendu. C'était à des années lumière des groupes français de noise/hard core/punk et du gros marshall qu'on voyait partout, et c'est ça qui me plaisait: un son plein de nerfs. Ce son couplé à une basse tronçonneuse et à une batterie à clochette donnait quelque chose entre le rhytm' n' blues, le surf et... la musique tropicale on va dire. Le tout joué très sec et surtout très vite. On peut encore se demander aujourd'hui ce que sont devenus ces gens et toujours se dire "ça ressemble à rien"... c'est justement tout l'intéret de cette musique. A noter que plusieurs de leurs albums ont été enregistrés au pays basque chez Amanita, et le label/distro a co-produit ces albums avec guided missile, ainsi que pas mal d'autres illustres inconnus. Il y a surement plein de bonnes raisons de faire tant de kilomètres pour enregistrer un disque.
1989: Les Clash sont morts depuis un moment et on est surement pas au courant, mais c'est pas grave, on est pas à l'heure d'internet et on s'en fout d'être au courant à la seconde même du split d'un groupe ou d'une quelconque nouvelle musicale importante.
Mes potes et moi, on est à fond dans les Clash et c'est le groupe du moment, même s'ils n'ont pas sorti de disque depuis 82 (je le dis maintenant, mais je le savais pas à ce moment là...). Je viens d'acheter "Earthquake weather", le premier album solo de Joe Strummer, et mon voisin du 8ème, le Hash il aime, mais les Clash aussi, alors lui il a acheté le "Megatop phoenix" de Big Audio Dynamite, le nouveau groupe de Mick Jones (j'apprendrai des années plus tard, que ce n'est pas leur premier album...).
Y'a pas internet, on est jeunes, on a pas les couilles de voler des disques alors on en achète un par mois, et encore... donc, ceux qu'on achète, bah on les écoute, même si on les trouve... bizarres. Et ce "Megatop Phoenix", franchement, il l'est : le groupe mélange habilement de la dance music à du rock, y'a des samples de funk, des synthès, des boites à ryhtmes, des plans ragga, et puis y'a que Mick Jones qui chante... alors on se rend compte que bon, sa voix, c'est cool, ça évoque quelque chose, mais bon, c'est très anglais maniéré, limite niais... y'a pas la classe de Strummer quoi !!
Mais pourtant, on arrrive à l'aimer ce disque. Déjà, c'est dansant, donc pourquoi pas, y'a de plein de bonnes idées au niveau des samples, c'est vraiment varié, et y'a quand même de la guitare, hein, y'a même quelques solos, et puis bon, de toute façon, quand on écoute "Combat Rock" des Clash, y'a déjà tout et n'importe quoi, on peut dire qu'on est bien ouverts d'esprit. Mais bon là c'est vrai que les trucs qui ressemblent à Technotronic, on voit pas pourquoi on aimerait pas Technotronic et pourquoi on aimerait ce machin chelou.
L'album commence bien, tous les morceaux s'enchaînent, y'a des interludes, on dirait un album de hip-hop, c'est pas mal fait, mais la voix de mick jones, qui ressemble de plus en plus à Frédéric Mitterrand soit dit en passant, rend le tout un peu cucul... Sans parler de ses shorts et de ses casquettes...
Bref, finalement, ce disque, long en plus, j'peux vous dire que j'l'ai écouté un paquet de fois. J'ai même, quelques années plus tard, acheté les autres disques de B.A.D, Big Audio, et même B.A.D II (ces salauds qui se sont foutus sur la face B de "Should i stay or should i go" quand c'est ressorti pour la pub Levi's !!!) Et ce "Megatop Phoenix" je l 'ai choppé en K7 y'a deux ou trois ans et je l'ai bien réécouté avec plaisir, c'est vraiment leur "meilleur" album selon moi, et c'est bien pour ça que j'ai craqué sur la version 33 aujourd'hui même, et que je le réécoute avec ce même plaisir, et que je cède ma K7 de dance rock ragga chelou volontiers, au premier ou première qui sautera sur l'occas' après avoir écouté ces titres !! Ouais, bon, je sais, j'ai pas dû trop vous donner envie d'écouter avec tout ça, plus les photos, mais bon, au moins, vous pourrez pas dire que vous saviez pas que j'avais ce disque et que je le donnais volontiers. Et puis merde, vous avez qu'à vous forcer ! Vous croyez que j'ai fais comment moi pour l'aimer ce disque ???
Où Louis nous rappelle que le meilleur des stimulants n'est ni l'alcool ni la drogue ni Dead Space 2, mais quelque chose qui commence par "a" et finit par "mour". Edifiant.
Ces temps-ci on dirait que l'Australie agite bien haut ses grands bras pour rappeler au monde que, hé ho, elle existe (cf Assassins 88 et Circle Pit, qu'on a récemment évoqués ici, et d'autres groupes dont on s'est promis de parler un jour, comme Naked on the Vague ou Pumice (celui-là est de Nouvelle-Zélande, mais c'est un peu la Corse des Australiens non?).
Aujourd'hui, nos Australiens bien-aimés s'appellent UV Race, font du proto-post-punk absolument pas innovant, mais qui ravit nos sales esprits binaires incapables de dire non à tout ce qui ressemble à du Modern Lovers ou du Wire réactualisé. Ils ont sorti plusieurs disques chez Aarght Records, à Melbourne.
UV Race - society made me selfish (j'écoute ça en me brossant les dents le matin, comme ça le brossage ne prend que 55 secondes, pendant lesquelles j'éclabousse gaiement le miroir de fluocaril à la salive)
Il y a quelques mois, la perfection faite label accoucha - sans douleur et visiblement en plein trip sous péridurale - d'une nouvelle petite merveille pop, fourbe, champêtre, vénéneuse, que l'angoisse du poncif littéraire ne nous empêchera pas de qualifier de soleil noir. Attention au post-partum cependant, puisque derrière sa fausse ingénuité, Rows and Stitches de Karaocake donne tout autant envie de danser dans les frais bocages en tapant des mains (insérer le mp3 de Eeeeerie ici, et chanter Once I waaaaaaaaaaaaaaas) que de rester planqué sous la couette avec ses seuls amis : l'alcool et les antidépresseurs (insérer Médication, et se resservir un dernier verre). Si d'aventure ne m'en croyez, croyez-y de respectables popeux Emplie d'égoïsme amer et jaloux, j'aurais volontiers gardé un tel trésor pour moi si de biens basses considérations économiques ne m'obligeaient à vous révéler que Karaocake se produira au Périscope le 24 février, avec leurs copains de labels et pop-stars locales Réveille en première partie.
Les dessins de Michael C. Hsiung ne sont pas très loin de l'univers d'Edward Gorey - sauf qu'il remplace le gothique par une ambiance très Village People. Son imagerie est soit masculine, soit animale, soit les deux : des bûcherons, des plombiers, des skaters, des cow-boys ou des golfeurs qui jouent ensemble ou avec des ours tout aussi velus qu'eux. Mais en toute candeur.
« Sub Pop, Amphetamine Reptile, Touch and Go. Années 90. »
Voilà un extrait de la présentation de ce groupe par son label. La description n'est pas erronée, certes, et le label est très certainement plein de bonnes intentions. Mais ramener un groupe de 2010 à une supposée glorieuse époque de la noise, c'est tout de même faire le jeu des nostalgiques, et les nostalgiques, on les emmerde. Rien de pire qu'une musique qui ne vit que pas son passé pour le plonger dans l'ennui, le cliché, l'absurde. Foutre l'étiquette 90's à un groupe sous prétexte qu'il est un tant soit peu noisy c'est participer à cette fâcheuse tendance actuelle de se définir par rapport à un modèle passéiste. C'est emmener la culture punk, dans son sens le plus large et le plus « noble », droit dans un mur de cynisme et courir à sa perte, car la nostalgie, c'est l'ennemi, camarade.
Les choses sont dites, mais tout cela ce trio de Toronto/Ottawa n'en a certainement que faire. 2 titres donc pour ce troisième et dernier 7" d'une série de 45 tours entamée en 2009. Et clairement METZ y va fort et fait les choses bien. Noise rock, punk, hardcore, bruitiste, efficace à souhait. On a les classiques avec une basse grasse comme il faut, un jeu de guitare simple, dissonant, une batterie présente qui n'en fait jamais trop, et une forte capacité à empiler l'air de rien les couches de bruit. Les effets de voix sont bien sentis et les rajouts divers suffisamment bien noyés dans l'ensemble pour être d'une parfaite cohérence, en amenant à l'ensemble une épaisseur tout à fait bien construite, notamment sur Negative Space, face A et tube en puissance. Les quelques textes déclamés se jouent de la reverb et servent l'instrumentation. On trouverait presque dans le second titre, Automat, une lignée plus aérienne, expérimentale, hypnotique parfois. Quelques samples de voix féminines, des effets encore plus présents, c'est presque une influence shoegaze qui transpire sur cette face B.
Version directe ou plus subtile, ce 45 tours fourmille de petites nuances bien pensées et laisse deviner un groupe qui doit sérieusement claquer en concert, comme disaient les jeunes des années 2000.
J'ai pas de MP3 sous la main, mais j'ai une vidéo :
Un des disques pop punk les plus jouissifs de 2009 était semble-t-il une cassette nommée Go Go Second Chance Virgin, sortie par le groupe australien Assassins 88. Un nom quelque peu brutal pour un duo basse/batterie alliant la rudesse du punk rock et les wou ouh ouuuuuh de la pop 60's, le tout broyé dans une masse de saturation crade.
moi: à un moment le guitariste a trop honte d'être là olivié: mon dieu son sous-pull est assorti au bar
c'est tourné par la télé suédoise?
moi: alors là ça a surtout été tourné dans les années 60, quand les perroquets et les dogues allemands faisaient de la figuration dans les émissions musicales olivié: il se plaint de la bombe h, du vietnam, et du fait qu'il n'ait plus de clopes on a les mêmes préoccupations, avec lee moi: mais lui, pour oublier, il peut caresser sa grosse moustache satinée
olivié: bon allé il te reste plus qu'à faire un post
moi: oué et je rajouterai un autre tube de la mort à la fin
Maintenant qu'on a bien ri, on avale sa salive, on inspire profondément et on essaie de dénombrer les moustachus aux yeux chagrins qui ont produit autant de gravité et de distinction en deux minutes trente : Lee Hazlewood & Duane Eddy - The Girl on Death Row
Il est des airs qui invitent à l'expression de la rage, du dépit, de l'amour fou le plus échevelé à la haine nihiliste pure et simple, au recueillement, à la joie, à la mélancolie-que-ça-fait-mal-ma-vie-tu-sais.
Il y a des histoires à dormir debout, des mythes qui valident notre vision du réel, qui nous circonscrivent à notre époque, les mensonges, les contes qui finissent bien.
Puis il y a les chansons qui s'accrochent à la trame des jours, qui font tranquillement leur nid, en s'épanouissant dans ton espace intime, organiques et cruciales.
Et pour toutes celles et ceux qui se refont un café à 3h27 du matin, qui errent dans les artères de leur ville avec des cernes comme ça, qui ont perdu le rythme, pour celles et ceux dont les pôles sont inversés, il y a Sleepwalker.
Deux minutes de grâce spectrale exécutées depuis la pièce d'à côté par Nerve City, projet garage lo-fi hyper-productif et inégal d'un tatoueur insomniaque, sur le EP du même nom, le plus récent à ce jour (paru sur sacred bones records).
Tim Hecker fait de la musique électronique. Voilà c'est dit. Il travaille avec un laptop. Mais un laptop pas chiant ni dansant. Un laptop bouillant sursaturé d'électricité, et non pas le simple moyen pour un beat pré-programmé coincé entre deux clics de souris et condamné à l'effervescence du dancefloor. Non, sa musique, en une image, c'est un mille-feuille de nappes électriques ondulant à l'infini au cœur de l'œil d'un cyclone, à la veille d'une pluie de météores massive et définitive. C'est un orage instable d'énergie noire, toujours à deux doigts de la friction finale, du trou noir atmosphérique.
Ça peut sembler être un point de départ débectant, le côté maniérisme chiant, mais il faut plutôt prendre ça dans le sens d'une étude précise et méthodique, un travail de laboratoire sur le chevauchement des sons, une approche quasi sismo-logique. C'est un peu comme du soundscape cellulaire, branché à même la moelle osseuse.
A une époque, j'écrivais toutes mes déclarations d'amour ainsi que mes lettres de rupture sur du Tim Hecker. Ce n'était pas très efficace mais j'étais assez heureux.
Normalement il devrait jouer à Grrrnd début mai. J'espère qu'il va jouer très fort et qu'il va foudroyer de fréquences nos fragiles enveloppes comme on bombarde un cancer de neutrons, jusqu'à faire fondre toutes nos barrières corporelles et nous vaporiser dans un gulfstream de frissons émo.
Le groupe s'appelle Liturgy, le disque Renihilation. C'est un disque de Black Metal extrêmement singulier, qui en rassemble cependant tous les ingrédients règlementaires : ambiance d'apocalypse radioactive à la Fall Out 3, distorsion élevée, ouragans de blast beats (=frapper en alternance ou simultanément la caisse claire ainsi que le charleston en doubles croches, en même temps que la grosse caisse débite en triples croches), jeu rapide et technique. Ils peuvent également se targuer d'un chanteur au visage angélique hurlant comme une écolière sur le point de se faire violer.
Ce disque creuse les principes fondamentaux du genre, il en extrait le noyau, et le confronte simultanément à d'autres éléments : en tendant bien l'oreille (un peu d'imagination peut également s'avérer utile), on décèle l'influence du minimalisme et des mélodies cycliques de La Monte Young, des guitares stellaires dronisantes de Glenn Branca, de la recherche de la transcendance de Nusret Fateh Ali Khan... L'union surprenante du black métal, de la musique d'avant-garde et de la musique sacrée. Le groupe déclare d'ailleurs vouloir faire du "black metal transcendantal". Ca sonne ridicule, mais cela explique de manière assez juste leur programme : atteindre l'élévation en composant la bande son du désastre. On en resort hagard, purgé. Liturgy - Mysterium
(à écouter de préférence au casque, au calme)
Renihilation est sorti fin 2009 sur 20 Buck Spin, on peut l'acheter ici. Leur deuxième album devrait sortir au printemps prochain chez Thrill Jockey. Selon des gens mieux informés que moi, ça évoque aussi d'autres groupes black metal : Krallice (dont un des membres a enregistré Renihilation) et certains disques d'Ulver.
Non mais sans rire, il devient énervant celui là. L'air de rien, comme ça, de façon presque désabusée, monsieur le chanteur dépressif hawaïen habitant toujours un peu partout et nulle part nous a pondu sans doute l'un des meilleurs disques de 2010, à la cool. Oui, le leader de Chokebore pose sur How To Live On Nothing les morceaux de son imagination tordue, dont certains trainaient depuis quelques temps déjà, de la plus belle des manières. Comparer ce disque à un truc pop quelconque relèverait de l'ignominie.
Pourtant ce disque aurait pu donner prétexte à la moquerie. On pourrait y coller une pochette à base de petits poneys chatoyants chevauchant fièrement un arc-en-ciel prenant naissance dans une fontaine de pétales de roses. Sauf qu'ici le poney est dépressif, l'arc-en-ciel a la gueule en vrac et la fontaine crache de la bière moite. C'est là sans doute tout l'intérêt de cet album, et de la musique de ce gars en général, mixer aux bribes d'une pop touchante une mélancolie profonde. Une recette identique finalement à celle de son ancien groupe mais dans une forme toute différente. Guitares, basse, toy piano, ukulélés, batterie, loop station et autres saloperies, tout y passe. Si le format guitare/voix prend naturellement le dessus sur la plupart des morceaux, il n'est pas un passage qui ne soit au final travaillé, bidouillé, brouillé par un truc inattendu. Des voix croisées en arrière plan, une note de piano, des voix féminines, une touche de mélodica, un beat tout cheap, tout est bon pour transformer ces ritournelles pour lover adolescent en petits bijoux de mélodie. Et la recette fonctionne, depuis la chanson folk lo-fi à deux accords qui paraît être enregistrée sur un magnéto K7 au morceau d'indie rock pur et dur où se superposent les couches d'instruments. On y parle de filles, d'amour gâché, de pénis, de loose, de solitude. Là encore on se dit parfois que le personnage va trop loin, s'enfonçant dans son propre cliché de bonhomme perdu à l'ego surdimensionné. Et pourtant non, il y a presque du second degré dans tout cela et l'ensemble ne flanche jamais. On regrettera juste un ou deux passages vraiment trop guimauve, mais vite rattrapés par l'ensemble et par une voix aussi singulière qu'émouvante.
C(l)ockCLeaner, c'est un peu le rictus carnassier mais non dénué de tendresse de ton meilleur ami qu'un rituel ésotérique aurait transformé en monstre pervers et coprophile.
Adios, Au revoir, Uz edzēšanos, Hej då.
C(l)ockcleaner sort donc un disque posthume (enregistré en 2008), comme ça, en passant, discrètement, un dernier tour de piste, la chute tordante d'une mauvaise blague, cynique et douloureuse. Si vous ne connaissez pas les précedentes productions de cette bande de dégénérés courez vous procurer Babylon Rules, Nevermind, The Hassler, et tout le reste en fait. C'est bien plus violent et moins rampant. Leur punk-noise a toujours cherché à se vautrer dans l'huile de vidange, à se vider les tripes dans un filtre rock'n'roll macabre, à calmer son jeu en l'enrobant de bitume frais, mais ici on tire son chapeau avec une douceur sournoise. John Sharkey III, chanteur/tête de con borderline en chef, se trouve ici à la lisière de la violence des précédents enregistrements du groupe et le calme orageux de son chant dans Puerto Rico Flowers, nouveau projet solo cold-wave avec une voix de Depeche Mode, moins inspiré que Clockcleaner et bien trop sirupeux par moments (allez quand même jeter deux yeux sur le site du label - excellent au demeurant - http://fandeathrecords.com/).
Quatre morceaux pour conclure, et autant d'occasions d'être littéralement englouti par une nuit carnassière, royaume de l'ombre et de l'envers de l'âme, lieu de convergence des pulsions venimeuses et brutales qui peuplent l'âme des meilleurs d'entre nous.
Sauf qu'ici la pilule a été édulcorée, le parfum de soufre et de mauvaise rencontre dans le parking sale et mal éclairé d'un centre commercial s'est vu adjoindre une louche de parfum de mandragore. Quatre titres seulement pour une balade morbide au pays des gens qui ont des aigreurs d'estomac pour toujours et cherchent à tenir le coup en se gavant de tranquillisants. Quatre hymnes de stade aux travées bondées de mort-vivants mécontents.
Pissing At The Moon est une murder-ballad, comptine terrifiante pour adultes au coeur noir. Papa vient te maintenir la tête dans une flaque de réverb' jusqu'à ce que tes poumons se remplissent et explosent. Sharkey le Troisième égrène d'une voix assassine et tranquille des paroles inquiétantes : “I am just a dreamer/ And you are all my dreams/ And none of this was real/ Except when it was.” Encore des trucs cachés, ouai. Ça me dit rien qui vaille.
D'autant que le second morceau, Chinese Town, maintient la pression avec sa ligne de basse bulldozer et son rythme de marche de guinguois. C'est le freakshow par ici, un défilé d'indésirables, de putes fatiguées et de nerfs brisés. T'as 7 minutes pour te faire bastonner à terre et qu'on te laisse pour mort, jusqu'à la prochaine fois, avec cette ligne de guitare glaçante et suraïgue qui vient te rappeler à quel point tes gencives sont douloureuses.
Bien que tout l'EP soit irrigué par un souffle épique drôlement sordide, on trouve en troisième place de quoi rassasier notre soif inextinguible de tube fédérateur : Something's on Her Mind. À la fois la dernière poignée de terre sur une tombe fraîche, et la promesse de lendemains lumineux. La chanson commence comme un truc lent et gras, presque sludgy, pour enchaîner sur un riff démoniaque et insidieux. Sharkey chante ici comme un damné, d'une voix monocorde et mélodique, raclée à l'os, et vient extraire au fond des âmes charbonneuse un substrat de peur, d'anxiété, et, curieusement, d'espoir. “It’s okay/ It’s the same/ Something’s always on her brain/ It’s okay/ I am fine/ This will all be through in time/ It’s all right/ It’s the same/ She will always be insane.”, comme s'il fallait accepter et faire avec la perspective de dérangement psychique qui affleure pour toi comme tes camarades derrière chaque moment passé à lutter contre la schizophrénie induite par le consentement au respect d'un contrat social malade de son absurdité. Comme une déclaration d'amour un peu spéciale en fait.
Enfin, "Midnight Beach" ferme la marche, et oui, c'est encore une marche, une procession salace et infâmante. Les déséquilibrés sont de sortie et la ville leur appartient, tout en tension basse mais constante, roulements martiaux, basse pesante et serpentante, des insectes te remontent le long de la cuisse, une voix de nain maléfique résonne et te parle, étrangement, de possibles lendemains : “In the dark/ Take my hand and follow me/ Into the light.”
C'est Load Records qui sort la bête, et ça leur va bien au teint. Blâfard, quoi.
Histoire de jeter une oreille au(x) (beaux) reste(s) de leur discographie, voilà Vomiting Mirrors, un morceau issu de leur LP incendiaire Babylon Rules. Honky-tonk piano coincé sur repeat, haine de soi, et éclairs résonnants de guitare avec le mal de mer en option. -Missing Dick : deuxième piste de Nevermind, émasculation et violence sourde. Comme si les victimes d'un kidnapping sordide avaient enregistré une chanson dans la cave où ils étaient enfermés avant de se faire trucider. -Enfin, Bad Man, extrait du EP The Hassler, déflagration punk, le sulfure en sus. Vilains, vilains garnements.
"Ah ouais, Unlo, trop bien, la dernière fois qu'ils ont joué, on a fait la teuf* avec eux jusqu'à 7 heures du mat". Cette phrase, je l'ai entendue un paquet de fois devant la distro lorsque quelqu'un avait la curiosité d'y jeter un oeil, et de s'arrêter sur un disque d'UNLOGISTIC. C'est bien sympa tout ça, mais un peu réducteur. UNLOGISTIC est bien plus que ça, enfin !! Des hit singles punk rock ultra rapides, des douces mélodies qu'on fredonne toute la journée... j'en veux pour preuve ce "i don't want" qu'on retrouve sur le split avec Cripple Old farts (all star band avec Greg de Rejuvenation, Steph de Rad Party... punk rock un peu plus old school, on va dire) sorti il y a quelques mois chez Rejuvenation. Mais là n'est pas le propos, je ne veux pas exposer mon amour pour ce groupe, mais l'utiliser pour en faire un parallèle intéressant: On retrouve sur la face d'Unlogistic (juste avant "i don't want") un titre dont le concept est tout simplement (le mot est faible) de mettre en musique un discours d'Adolf Hitler. Bon, ok, ça peut vous paraitre bizarre, provoc, douteux, lourd... ok, mais écoutez-le :
Deuxièmement, je me demande comment cette idée leur est venue. Ils écoutent régulièrement des discours d' Adolf Hitler ? Ils ne savent pas que c'est Adolf Hitler qui parle ? Ils ont cru que c'était la recette des fricatelles par Horst Tappert** ? Peu importe, c'est une excellente idée, réussie de surcroit. Si ça leur est venu comme ça, bravo les gars. S'ils ont piqué l'idée à René Lussier, c'est une bonne idée quand même !!!
René Lussier ? Oui, 20 ans avant ce disque d'Unlogistic, sortait en 1989 "Le trésor de la langue" (disque presque introuvable aujourd'hui, même si on se rend sur le catalogue d'Orkhestra, où l'on trouve pourtant les compact disques des Schismatics (je me suis fais taper sur les doigts la dernière fois, mais j'ai tendance, sans vouloir être snob, à parler de 33 tours quand j'emploie le mot "disque"...)) qui a rendu "célebre" notre guitariste canadien avant-gardiste préféré.
Vous avez sans doute remarqué que certains d'entre nous ont une manière de parler plus ou moins chantante ? Et bien, c'est justement ce que Unlogistic et René Lussier ont tenté de prouver, en retranscrivant les "notes" émises par les protagonistes de ces discours ou discussions. Pour Unlogistic sur un morceau, mais pour René (pas celui de Céline) sur un album tout entier. Le résultat n'est pas du tout indigeste comme vous êtes en train de vous l'imaginer, mais juste hallucinant de beauté musicale et technique, même si, il faut le dire, l'accent québécois aide quand même bien à ce genre d'exercice de style. Je vous encourage à écouter ce disque pour vous faire une idée, puisqu' ici c'est l'unique français du disque que j'ai choisi pour illustrer mon propos: Le général De Gaulle.
Adolf Hitler, Charles De Gaulle, Unlogistic, René Lussier, le parallèle est étrange et je vous laisse méditer longuement là dessus, en vous souhaitant, tout de même, une bien bonne décennie.
*fête en verlan.
**l'acteur mort qui joue Derrick (je fais mon malin là dessus, j'ai appris son nom y'a pas longtemps.)
Trash Kit est un groupe pop punk mené par trois londoniennes qui tiennent à nous montrer à quel point elles ont écouté les Slits, les Raincoats et Erase Errata. Leur premier album (édité par Upset The Rythm) contient 17 titres et dure moins de 30 minutes, pendant lesquelles elles nous servent des voix fausses et enjouées qui se superposent approximativement, un peu de fingerpicking louchant vers l'afrique, et quelques éruptions vénères.
Arnaud Emerald, Thibault Sapphire et Jonathan Gold n’habitaient pas new york dans les annees 70. Et pourtant, à la vue de cette video de Pan pan pan en concert a la miroiterie cet été, on s’y croirait. J'avoue avoir fait l'expérience de leur musique régulièrement a travers le sol de notre local de répète (ils répètent juste en dessous). Seulement, depuis leur arrivée dans les locaux où ils jouaient du post rock atmospherique improvisé -ouch!-, le son du groupe a muté en une sorte de house, post punk ultra répétitif super joussif. Pour preuve, j’ai cru m'entendre sur le seul titre en écoute de leur myspace, un enregistrement d’après concert, pas de Pan pan pan, juste une petite meute de 20 personnes en train de crier (chercher la voix d enfant en train de muer!). Ils viennent aussi d'enregistrer un disque à Grnd Gerland. http://vimeo.com/15223531
Mars 1964, Londres. Millie Small, petite jamaïcaine de 16 ans, semi-star dans son île natale (elle a déja sorti plusieurs disques) enregistre un morceau, 'My Boy Lollipop', qui fera date dans l'Histoire de la musique (comme le sourire de Millie dans l'Histoire de la chirurgie dentaire). C'est en effet la première incursion du ska en Europe, et c'est l'Angleterre, répercussion colonialiste oblige, qui sera touchée. Fraicheur, naïveté, pull en V et mélodie imparable. Tout était dit en 01'53". L'Angleterre ne s'en relèvera pas, et c'est le monde entier qui souffrira par la suite.
Il faut bien reconnaître que lorsque l'on apprécie un tant soit peu la dissonance bien placée et les musiques peu festives, il est des époques plus agréables que d'autres. Comme l'époque présente par exemple, où tout bon amateur de noise peut se réjouir d'une certaine vitalité de la création.
La « nouvelle » scène étatsunienne se débrouille plutôt bien et l'on sent poindre une certaine effervescence, mise en avant par de joyeux drilles tels que Pissed Jeans, Hawks, Stnnng, Pygmy Shrews ou autres Drunkdriver.
Grids partage avec ces derniers un certain amour du bruit, de la distortion à outrance, du chaos. Mais là s'arrête la comparaison, car Grids a l'avantage énorme de savoir malgré tout écrire des chansons, de donner vie à ce chaos, en choisissant une voie moins extrême, mais surtout mieux construite. Après une première production en 2010, White Walls, un peu décevante, Grids remet en avant sur Kansas ce qui leur avait si bien réussi auparavant: un sens génialissime de l'organisation du bruit. Car si les guitares bourrées d'effets peuvent parfois donner une impression de chaos, le tout est parfaitement maitrisé. La basse et la batterie restent droites, froides, martiales parfois, s'enfonçant régulièrement dans un bourbier malsain, et laissant libre cours à une guitare faussement bordélique qui sait retourner à ses bases mélodiques, donnant un poil de souffle à l'ensemble. La voix scandée parfait totalement le tout. Noise, rock, résolument punk dans l'approche et la manière, cet album apporte un sursaut de sauvagerie et d'énergie qui manque à d'autres. Je me souviens avoir échangé quelques mails avec un membre du groupe qui semblait s'intéresser à la « scène » européenne. Rien que de très sympathique il est vrai, mais marque importante d'une véritable envie de se nourrir de sons et d'influences, laissant libre cours à une volonté de créer et d'innover sans tomber dans la redite. Je ne saurais trop vous conseiller une écoute attentive tant le disque, sans être surproduit, loin de là, fourmille de subtilités et de trouvailles bruitistes. Un vrai bonheur qui laisse espérer une tournée européenne. En revanche oubliez toute velléité consumériste, vous n'aurez finalement aucune chance de posséder l'objet, pressé à 100 exemplaires seulement, mais disponible gratuitement sur le site du groupe. Quand je vous dis qu'ils ont tout compris...
Le premier album de Pill Wonder est sorti cette année, il s'appelle "Surf/Jungle", un nom fort bien choisi tant leur musique exsude toute la tropicalité (ça fait longtemps qu'on l'avait pas entendu, ce mot) de l'Equateur et du Vénézuela réunis. En fait, les Pill Wonder viennent de Seattle, et on dirait qu'ils ont fait un pacte pour ressusciter infiniment l'esprit des Beach Boys à l'aune de la technologie lo-fi. En substance ce sont trois guitares nasillardes, deux batteries rudimentaires, des voix fausses mais décomplexées, des clochettes, et des tas de bruits enregistrés de faune humaine et animale.
Les membres de Don Vito viennent de Leipzig et forment un trio spontané, concis, dense et turbulent. Leur dernier disque s'appelle IV*, navigue avec dextérité entre structure et chaos, comporte dix morceaux et dure le temps de fumer une clope et demie. C'est habile comme du math rock, féroce comme du punk, débordant comme du free jazz, et ça donne envie de danser comme une patate. Don Vito - Jean Luc Cora Don Vito - Banana
Lorsque, perdu dans l'écoute boulimique de quelques nouveautés, se rappelle à mon bon souvenir l'époque lointaine ou j'écrivais pour des fanzines, papier j'entends, l'idée démente de récrire sur la musique me revient. Acte d'autant plus inconscient qu'à titre personnel lire sur la musique est une chose qui m'ennuie. Je sais, c'est étrange mais c'est ainsi. Commencer par une chronique d'UNSANE me paraît dans ce contexte être une bonne idée: nouveauté et continuité sont les meilleures amies du monde.
La nouveauté concerne 3 titres dont la particularité est de n'exister que sur format numérique. 3 inédits, en vente sur le site web développé, entre autres, par 2 membres du groupe : Coextinction Recordings, étrange concept web porté par Chris Spencer et Dave Curran, mais aussi James Paradise et Andrew Schneider. La famille en quelque sorte. L'intérêt d'un tel site et d'un format uniquement web me laisse un peu perplexe. Faire payer des titres numériques me dérange. Vous aurez compris cependant qu'en 24 heures les titres se trouvaient sur toutes les bonnes pages web. A vous de voir donc.
La continuité elle, se trouve dans la musique. Parce que le groupe n'invente RIEN sur ces trois morceaux, et c'est pour ça qu'ils sont si jouissifs. Basse énorme, guitare bluesy saturée, rythmique en fonte, voix aussi écorchée que plombante. Du bonheur en barre donc, et un son énorme. Unsane fait sa musique, qui à défaut d'être novatrice, n'appartient qu'à eux. Chose suffisamment rare pour être soulignée. Un seul bémol peut être sur le troisième titre, sorte d'instrumental mi « rock » mi « indus », qui n'est pas sans rappeler le dernier titre du Visqueen, dernier «vrai» album en date, où ces trois titres n'auraient d'ailleurs pas dépareillé. Une instru donc, qui marque soit une nouvelle passion du groupe pour quelques sonorités post-apocalyptiques, soit l'envie de torcher rapido un troisième morceau histoire de faire bonne figure. C'est selon votre humeur.
Mais qu'on se le dise, cela reste tout simplement excellent, très très au dessus d'une grande partie des sorties du moment, ce qui fera plaisir aux gérontophiles.
Chief Stephen Osita Osadebe était un grand chanteur nigérian qui, pendant quarante ans, avec son groupe His Nigeria Sound Makers International, a brassé musique highlife, rumba, calypso et plein d'autres trucs qui donnent bonne mine. "Onuigbo" est le tube international de ma chambre, et quand Osadebe se met à chanter, on dirait un vieil éléphant enrhumé.
A Grnd Gerland, il se trame plein de belles choses au delà des concerts (Cf la rubrique "Constellation", qu'on devrait un peu remettre à jour).
Il arrive aussi qu'il se passe des trucs dont on peut plus difficilement retirer de la fierté. Nous en exposerons aujourd'hui deux catégories :
1 - "On était pas au courant"
Exemple type : Théoriquement, quand quelqu'un veut utiliser le lieu, il doit nous le demander. La décision est prise collectivement, lors de réunions hebdomadaires interminables. Dans la pratique, il suffit parfois de connaître vaguement un pote d'un pote qui a un bureau à Grnd et l'accès à quelques clés. C'est à peu près ainsi que Jukebox Club (rien que le nom fait penser à une soirée organisée par Béatrice Ardisson), un groupe de variète-rock dansante H&M, s'est retrouvé à immortaliser sa musique en images dans notre quartier général :
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Prenons garde, ils ont déjà un nouveau projet au nom tout aussi inspiré, Princess Galaxy. On songe à murer toutes les entrées pour être certains qu'ils ne reviendront pas.
2- "On pensait pouvoir leur faire confiance"
Exemple type : Quand les copains de Clara Clara (qui répètent à Grnd Gerland) nous disent qu'un gars voudrait tourner un clip pour eux rue pré gaudry, on est d'accord, on est même enthousiastes. Mais quand on voit le résultat, c'est la totale : un clip en 3D, des effets spéciaux FR3 Auvergne, une fille qui erre à côté du groupe avec une moue blasée, écrasant du talon des cds en morceaux qui trainent par terre... C'est moche, c'est prétentieux, c'est un cauchemar visuel total. Les pauvres Clara Clara tentent de cacher cette vidéo, mais il faut bien les faire payer :
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Heureusement, ils ont aussi des bons clips, mais on va en rester là pour cette fois.
Les lourds rideaux de velours rouge de la Black Lodge dans la cruciale série Twin Peaks de ce bon vieux chantre de la méditation transcendantale qu'est David Lynch laissent à penser que cette étrange pièce labyrinthique et flippante où des nains atypiques fredonnent en verlan littéral serait une représentation de l'envers du décor du réel. Ou de la zone même du cerveau où se joue cette angoisse primale, que rien ne soit comme on le perçoit, que chaque individu au sourire bienveillant s'avère un ignoble croquemitaine, que d'intenses conspirations mondiales se trament secrètement dans quelque bureau du dernier étage d'un immeuble anonyme ou dans les arrière-salles de clubs chics ou encore dans des caves avec Laurence Ferrari et Laurence Parisot et le patron de Total portant des robes de bure et des capuches super-grandes en payant leur tribut à un quelconque démon issu d'un cercle avancé des enfers.
C'est parfois pareil avec un bête disque de rock. Oui, du rock. Rien que de l'écrire, mes doigts brûlent et mon thermomètre à scrupules grimpe dans le rouge. Tu l'écoutes vite fait et pas grand chose ne retient ton attention. Et puis, peut-être que d'y revenir permet de débloquer certains freins psychiques et qu'il finit par toucher certaines parois secrètes de ton esprit, bien planquées. Que tu t'éveilles à une autre compréhension. Et qu'il devient difficile de décrocher. C'est mon cas avec Bruise Constellation, premier LP en date de Circle Pit. Rappelons au monde incrédule que le Circle pit est une danse virile au cours de laquelle les participants courent en cercle sur un rythme rapide durant les concerts punk-hardcore, metalcore, et trash-metal :
Circle Pit est un duo (accompagné d'une batteuse en concert) qui vient de Sydney en Australie, et rien que de les voir en photo donne envie de sortir nu dans la rue un soir de novembre pour se jeter dans la première fontaine tant eux aussi font monter la température (Ok, ils sont presque trop beaux pour pas être des gros poseurs. C'est énervant.). Découverts grâce, ou à cause de Ratcharge (zine punk lyonnais ou presque) et Freakout ( autre zine punk collectif lyonnais. Lisez-le ! ), qui chroniquaient leur premier et fantastique 7", bien plus punk et cra-cra, sorti sur le chouette label DIY Rip Society, australien lui aussi ( qui sort avec passion des disques d'autres groupes du même coin, notamment Zond et Royal Headache). Ils en ont fait du chemin entre-temps les petits, puisque tout en préparant la sortie d'un nouveau 7" sur ce même label, les voilà qui sortent ce LP formidable chez Siltbreeze ( tranquillement un des meilleurs labels du monde, qui a sorti entre autres des disques de The Dead C, Puffy Areolas, Charalambides, Ratas del Vaticano, Guided By Voices, US Girls, ok ça va, j'arrête ).
Ces deux loulous sont à cheval sur un bourricot qui pourrait sentir le réchauffé et la fin de parcours, et pourtant. J'y entends des résurgences glam ou classic rock, des trucs un peu sexy des Rolling Stones, du T-Rex aussi. Ça ressemble aussi un peu à Royal Trux, ce vieux groupe indie de gens complètement barrés, qui comportait également un duo mixte et sexy. J'arrive pas vraiment à capter de quoi parle le groupe dans ses chansons, mais si vous voulez mon avis, ce disque sent le sexe à plein nez, du sexe cru qui n'a pas peur de se raconter, ces moments où quelque chose se passe avec ton/ta/tes partenaires que tu ne peux pas forcément expliquer, une complicité, une certaine forme d'engagement, de dévotion. Bref. Tu vois le tableau ? Les deux chantent et se répondent, avec la passion plutôt que la technique, les riffs claudiquent, la batterie est minimale, parfois à côté de la plaque, mais ça sonne pas faux. Ces chansons tiennent à pas grand-chose, et ont ce côté sec et dépouillé, bien in your face, qui les rend d'autant plus attachantes.
Le groupe prend son temps, et ne te livre ses tubes les plus évidents qu'après quelques morceaux. C'est pas autant le gros défouloir de leur premier 7", et ça perd en urgence et en violence ce que ça gagne en langueur avec son petit côté insidieux. C'est un peu plus clean pour le son aussi, et c'est pas dommage finalement, on entend les chants hyper distinctement et ça vaut plutôt le coup. Le début comme la fin du disque sont timides. Première baffe après quelques écoutes, l'enchaînement "Infinity" et "Hurricane". La première est une chanson down-tempo, laid-back, plutôt tranquille, une chanson de répit et d'amour après la guerre, chantée d'une voix sensuelle par l'élément masculin. Bien. La deuxième est une bombe et comme son nom l'indique, elle fait pas de prisonniers en emportant tout sur son passage, petit riff en or qui court après la batterie, les voix qui se parlent, s'écrasent et se complètent, agressives, avec cette fille qui chante vraiment à l'arraché et qui cherche pas à faire du joli. Oui.
Le reste est à l'avenant et coule tout seul après quelques écoutes. Globalement l'album ressemble de loin à une suite lancinante et hypnotique, la fusion des divers éléments tendant à prendre l'auditeur dans un piège tout à fait séduisant. Y a bien quelques moments en-dessous, et on a sans doute pas affaire à un disque ultime ou à un quelconque chef-d'oeuvre, non, je le vis plutôt comme un disque de route, un disque de tous les jours quoi, qui te pousse et te porte, un disque passioné. "Shallow Grave" est une chanson poignante, retenue, qui curieusement donne envie de foncer dans le tas. Et d'aller voir derrière ces lourds rideaux de velours rouge si quelque chose de différent n'aurait pas échappé à notre regard blasé par la froide banalité d'un monde où tout ne fait que circuler.
Et aussi un morceau issu du premier 7". A l'époque il était encore possible de confondre avec un groupe de no-wave, avec un son du garage de ton papa au chômage. Les enfants chantent, se lèchent les oreilles et font la sarabande en picolant du mauvais bourbon :
Celles et ceux qui ont récemment vu The Ex en concert le savent déjà : le départ de G.W. Sok, chanteur historique du groupe, et son remplacement par Arnold De Boer (chanteur/guitariste de Zea et ami de longue date) n’ont pas eu de conséquences fondamentales sur la musique et l’esprit frondeur de The Ex.
Sur Catch My Shoe on retrouve les hollandais avec le même plaisir, celui d’un punk vindicatif lorgnant à la fois vers quelques musiques ethniques (essentiellement africaines comme sur Eyoleyo), une noise tendue, un tribalisme survolté et des escapades improvisées virulentes (le final fracassant de Bicycle Illusion). L’amateur pourra éventuellement être quelque peu refroidi par la trompette de l’italien Roy Paci donnant ça et là un côté plus festif à une musique que l’on préfèrera toujours colérique (ce qui est pourtant bien le cas sur l’excellent et introductif I Was The Pilot), mais The Ex arrive toujours à tirer son épingle du jeu. Ainsi Cold Weather Is Back navigue habilement entre mélancolie proche de l’esprit d’un vieil enregistrement de De Kift et montées en puissance colorées – cuivrées donc – puis martelées pour une séance de danse du ventre finale et enjouée.
Les nouveaux titres de The Ex sont souvent très longs, plus de six minutes, et ont tendance à reprendre cette structure bipartite allant de l’exposition chantée à l’explosion instrumentale. Seul Life Whining renoue avec la concision et un peu avec la colère directe et frontale d’Aural Guerilla. Katrin, derrière sa batterie, donne le rythme toujours aussi imparablement et elle a également droit à son habituel petit tour de piste au chant (Eyoleyo).Steve Albini est à nouveau à l’enregistrement, chez lui à Chicago, lequel enregistrement n’aura encore une fois duré que deux ou trois jours, et le son sec et dur concocté par le maître est bien évidemment à la hauteur (et pendant qu’on y est c’est Bob Weston qui s’est occupé du mastering).
On aura donc compris qu’il n’y a strictement rien de fondamentalement neuf dans ce vingt-quatrième album (??!) de The Ex, si ce n’est l’adjonction d’une troisième guitare – celle d’Arnold de Boer puisqu’il ne fait pas que chanter – offrant quelques belles parties à trois, le jeu du nouveau venu contrastant quelque peu avec celui de Terrie et d’Andy, plus tranché et plus dissonant (de plus les deux guitaristes « historiques » de The Ex sont passés à la guitare baryton après le départ du groupe en 2002 du bassiste Luc Ex et l’épisode Rozemarie Heggen à la contrebasse). On note également un chant à l’occasion un peu plus mélodique et moins scandé (Three Float et 24 Problems, sans aucun doute le meilleur titre de l’album) mais la couleur générale de The Ex n’est en rien bouleversée. On est en terrain plus que connu et ce qui sauve Catch My Shoe de la révérence polie pour les grands anciens c’est le niveau qualitativement supérieur de l’écriture. Et puis aussi, avouons-le, le fait que Catch My Shoe est le premier album studio de The Ex depuis pas moins de six années. En clair on commençait à être sérieusement en manque !
Catch My Shoe est publié par le groupe lui-même sur son propre label (10 euros port compris pour un CD, 17 euros pour un vinyle à cause des frais d'envoi). Pour celles et ceux qui se font du souci pour G.W. Sok, quelques bonnes nouvelles : notre homme va bien. Il a rejoint le groupe toulousain (!?!) Cannibales & Vahinés, et on a pu l'apercevoir aux côtés de ZU et Two Pin Din, le groupe d'Andy Kerr (le premier guitariste de NoMeansNo) et Wilf Plum (ex batteur de Dog Faced Hermans, désormais dans Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp). Il participe également à Detective Instinct, projet de Oli Heffernan regroupant aussi les petits gars de Trumans Water, Jad Fair, Mike Watt... Toute une série de EPs est déjà sortie sur Sickroom et un album est prévu pour plus tard sur African Tape.
Depuis quelques mois, j'habite avec un individu insolite qui passe pas mal de (bonne) musique dans le salon. Entre les obscureries noise, le punk et la musique de kebab, un tube contrastant avec le reste revient régulièrement :
Au final, j'ai dû concéder que l'agaçante anglo-pakistanaise n'a pas complètement cessé de faire de la musique fort efficace pour onduler du boule après son premier album. En voulant partager ma "découverte", j'ai constaté qu'en fait cette chanson (sortie il y a bien deux ans) a déjà envahi les moindres recoins du monde libre, retentissant aussi bien dans des blockbusters débiles que dans les bals d'étudiants. J'ai surtout pu remarquer avec une légère angoisse que très peu de personnes de moins de 25 ans pouvaient identifier le sample autour duquel tout le morceau est construit. Voici donc l'original, grand morceau de reggae mutant que je pensais immortel, tiré de l'album Combat Rock de The Clash. The Clash - Straight To Hell
Feeling of Love est une formation bâtarde et macabre, blues punk velvetien tout décharné/cramé, pile poil à la frontière entre le crachat et la drogue. Herpès sonore de l'Est en trio à écouter sur les hauts-parleurs d'un chiotte délabré de Perrache un lundi vers 23h.
Leur dernier album s'appelle OK Judge Revival et comporte plusieurs pistes musicales de bon goût aux titres évocateurs ( Better than a Dog Detective, ou encore Respect Exotic Love ) et aux ambiances charpentées oscillant entre des gros tubes de blues-punk à synthétiseur et des titres bien lents et voûtés à l'odeur de sueur lysergique, bien velvetiens en diable. Miaou.
Feeling Of Love - Leader Of the Cops : et ça c'est la face plus sombre et spatiale de l'affaire. y en a qui voient du Velvet tout craché là-dedans. Ya quelques effluves de Spectrum/Spaceman 3 aussi. Mantra lysergique pour enfants retenus en garde à vue.
PS : Comme par hasard, Feeling of love joue à Grnd Gerland le 13 décembre prochain, voir rubrique agenda pour plus d'infos.
David Pajo a fondé un groupe important (Slint), puis fait de l'intérim dans beaucoup de groupes (Tortoise, Royal Trux, Stereolab...), trop de groupes (Yeah Yeah Yeahs, Interpol : il faut bien payer son loyer). Il sort aussi pas mal de disques en solo. Après s'être appelé Aerial M ou Papa M, il s'est mis à jouer sous son nom, Pajo, et a récemment enregistré un album de reprises des Misfits, "Scream with me". La plupart de ses enregistrement sont instrumentaux, mais quand il se met à chanter, on pense à la fois à Elliott Smith, Bill Callahan et Palace Brothers, dont il a participé aux premiers albums.
A une époque, on trouvait sur tous les disques distribués par Tripsichord une étiquette collée par le distributeur, avec inscrit un style, un qualificatif des plus adéquats qui soit. Je ne m'étendrais pas sur le fameux "very serious underground music" inscrits sur les disques du label Prohibited, quoique je sois pas sûr que ce soit l'idée du distributeur... Ce dont je me souviens, c'est qu'il y avait inscrit "intelligent hardcore" sur le deuxième album de Condense... Et bien, justement, ce n'est pas de choses intelligentes dont il est question aujourd'hui puisqu'on va parler des Donnas :
Alors que je commençais à me faire à ce rythme de vacancier, mois d'aout peinard à Lyon etc... le hasard de la glande estivale à voulu que je me réécoute ces deux 45 que j'avais choppé lorsque je bossais dans unes de nos chères radios locales, où l'on peut parfois bénéficier de privilèges (ou inconvénients selon les cas), du genre récupérer certains disques ou même objets dérivés, à faire gagner aux auditeurs. Certains programmateurs de radios de la ferarock en profitent même pour en revendre quelques uns chaque semaine pour arrondir les fin de mois; moi, comme un con, j'ai encore mon tee shirt de Cornu, mes bouchons d'oreilles Deftones, mon puzzle de voyage K's choice, des dizaines de cds plus ou moins merdiques, j'en passe et des meilleurs... et puis quand même, j'y viens enfin: mes 45 tours des Donnas.
Cet été (nan, pas celui-là, l'autre...), j'ai bien coincé sur ces deux titres, sortis sur major dégeu (les premiers disques sont sur Lookout ! si ça peut vous rassurer), certes, mais en tous cas, diablement efficaces. Enormes riffs racoleurs, beats entrainants, avec la cloche sur chaque croche s'il vous plait, et surperbes voix de jeunes femmes qui ont des choses à dire: "Take it off", " Backstage, there's no backstage for you", etc... Quand les nanas se mettent à la jeune beaufitude à l'américaine, quoi... on dirait la version féminine de Kiss. Quelle classe, j'vous jure ! Ces morceaux, à force de me les réécouter dans la bagnole, sur n'importe quel trajet, en rembobinant à chaque fois que c'était fini, j'ai fini par me les procurer sur un des ces trajets, en faisant une pause chez un des disquaires locaux, en disant bonjour avant de filer directement au rayon "girls" ou "riot grrrls" ou je sais plus quelle apellation à la con, en ésperant y trouver désésperement plus de morceaux de mes icônes du moment... un petit coup d'achat compulsif, ou de "thurstonite".
19 euros le 33t des Donnas, encore sur major, ça pourrait faire mal au cul s'il était mauvais ce disque. Mais non. Dès que je tombe dessus, pas ou mal rangé, entre Leonard Cohen et les Reactionnaries, je me sens bizarrement comme une adolescente hystérique gonfléé de testostérone, qui se maquille et se parfume, pour aller au collège en écoutant pour la première fois du rock'n'roll, un peu fm, certes, mais du rock'n'roll quand même.
A vous de voir avec TAKE IT OFF
Là, j'vous mets les paroles * pour que vous le chantiez en écoutant le mp3 :
Bon, évidement, après je m'aperçois qu'il est 8h20, que les enfants sont pas encore prêts, l'école est déjà ouverte donc je redescends rapidement de mes fantasmes non assouvis, mon maquillage, mon sèche cheveu etc... mais avouez, lecteurs et lectrices de Grrrnd Zero magazine, que c'est pas Animal Collective qui va vous donner des bouffées de chaleur pareilles !!!
Ok, vous auriez préféré un truc sur un machin plus intello??? Ok, en voilà un peu. Les hollandais de The Ex, ont sorti il y a quelques années (93?? de mémoire**), un des albums les plus marquants de l'histoire du rock. "Mudbird shivers" ne paie pas de mine, comme ça, y' a des vrais refrains, ça chante, on retient des mélodies autres que celles chantées par Kat Ex, ou bien ces lignes de guitares noisy festives. Ce n'est peut être pas le meilleur album de The Ex, mais putain, il fait avancer les choses. Il fait cohabiter textes intéressants et refrains percutants qu'on chante sous la douche, rythmiques bruitistes hallucinantes ("red roper") etc... bref, ils proposent et amènent quelque chose. Et tout ça, grâce à quoi? à qui? Han Burhs, vocaliste invité sur ce disque, et sur tous les morceaux. Oubliez Mike Patton, mesdemoiselles. Oubliez Phil Milton, les gars. Han Burhs est le sauveur de la performance vocale ultime. J'en veux pour preuve ce disque avec The Ex, ainsi que les disques de son groupe, The Schismatics. Introuvables, même sur le net, Ebay, Gemm, etc... et, bon, voilà, je vous raconte pas encore une de mes journées d'été... mais bref, j'ai trouvé ce 45 chez Boul'dingue et j'en suis toujours pas revenu. Du prix non plus d'ailleurs.***
Qui n'a jamais suspecté son vieux voisin célibataire et grincheux de se filmer, une fois rentré du turbin, en train de danser le cha-cha-cha en sous-vêtements féminins? L'idée paraît toujours comique, mais quand le vieux voisin en question s'avère être le baron secret de la pop lo-fi, c'est encore mieux.
Tonetta est le pseudo d'un Canadien qui se fait peu à peu connaître depuis deux ans grâce à la trentaine de clips qu'il a tournés dans son sous-sol. On l'y voit généralement très deshabillé, travesti, grimé, masqué, se déhanchant un peu trop langoureusement, comme des portraits de Cindy Sherman animés d'une énergie priapique. La première impression est donc mêlée d'amusement et d'effroi, surtout si l'on tombe d'abord sur ses videos en tenue SM. La moitié des gens doivent probablement chercher à oublier ce qu'ils ont vu, tandis que l'autre moitié ont l'intelligence de faire attention, au delà du spectacle volontairement grotesque, à la musique : un mélange de funk casiotone, de glam de clochard, de bossa de supermarché, le tout arrosé d'une voix de crooner et de textes vicieux. Dans Tonetta se bousculent à la fois Amanda Lear, Johnny Cash, Prince et Wesley Willis -- on peut difficilement éviter l'étiquette outsider.
Le tube drugs drugs drugs, dans une des rares vidéos où il est vêtu à peu près normalement :
L'esthétique VHS kitsch de ses productions n'a cependant rien à voir avec l'ironie postmoderne ennuyeuse d'un étudiant en art autocentré. Tonetta, qui doit approcher la soixantaine, a commencé à écrire et jouer en 1983 (chez sa mère, suite à son naufrage conjugal), développant depuis lors son propre univers de pop lubrique, gaie et bizarre. Et il est totalement sérieux. Cette année, le label Black Tent Press a eu la bonne idée de sortir son premier vrai album, "777", qui compile ses tout premiers morceaux et d'autres plus récents. Evidemment Tonetta devra toujours son micro-succès à son compte Youtube. Avant les clips en cagoule et porte-jarretelles, son fanclub, qui aujourd'hui est bien réel, devait se réduire à deux pelés et un tondu dans la cambrousse de l'Ontario.
"API UIZ est un trio instrumental guitare/basse/batterie bordelais existant depuis 1995, composé de branleurs célestes jouant un rock instable avec une énergie catastrophique, passant les obstacles de justesse, enchaînant danse et violence sur fond dissonant de fausses notes métalliques, risquant à tout moment de s’échouer."
(auto-description à peine modifiée)
Leur dernier album, Esthétique de la Fin, édité en vinyle uniquement sur leur label Les Potagers Nature (allez donc faire un tour sur le site, ils mettent tous leurs disques en téléchargement gratuit), est plus que pas mal.
Il y a un joli film flamand de 1987 qui s'appelle "Crazy Love", un peu naturaliste, un peu série B, puis qui vire d'un coup vers l'onirique bizarre, bref, une bonne surprise. "Crazy Love" est un triptyque sur le destin miteux d'un prolétaire sexuel - normal, le réalisateur Dominique Deruddere s'est inspiré de diverses nouvelles de Bukowski pour l'écrire.
Le deuxième chapitre du film décrit son adolescence cauchemardesque, sponsorisée par une acné dévorante. C'est là que résonne "Love Hurts", morceau que des gens aussi divers que Roy Orbinson, Cher ou Nazareth ont réussi à massacrer. Le film a heureusement préféré la version originale des Everly Brothers, qui est un bijou intergalactique de mélancolie délicate. On a envie d'avoir exprès le coeur brisé pour l'apprécier d'autant plus. Everly Brothers - love hurts
On peut télécharger le film sur le site indispensable surrealmoviez (mais j'espère que vous êtes déjà membres, car pour l'heure ils ont fermé les inscriptions).
Dustin Wong, outre sa bouille de bienheureux perpétuel (cf photo), est un guitariste qui a le pouvoir de faire exploser des bulles de savon dans le cerveau quand on l'écoute. Il a monté Ecstatic Sunshine, puis est parti vadrouiller dans Ponytail.
En à peine plus d'un an, il a aussi sorti trois albums solos : Seasons (un cd-r), Let it Go (une cassette), et enfin Infinite Love (un double album chez Thrill Jockey, ça rigole plus).
Les deux premiers sont des bricolages assez réussis, où Dustin utilise de l'harmonium, des voix retravaillées, des claviers et des samples en plus de sa guitare.
Mais c'est Infinite Love - un seul long morceau, que l'on peut tout de même écouter en pistes séparées- qui le fait passer dans la catégorie "superheroes" de mon disque dur. Il y réduit sa palette instrumentale : une guitare, quelques pédales (distorsion, boucles, delay...), un tout petit peu de boîte à rythme. La musique est construite à partir de boucles mélodiques répétitives empilées les unes sur les autres. C'est très technique, ça va vite, le travail sur la rythmique, les timbres et les textures est étourdissant. On pense à du Steve Reich groovy, à du post rock épique genre Explosions in the Sky mélangé à de la pop malaisienne psyché, ou à du John Fahey qui aurait fait un enfant avec Super Mario Bros. Car Dustin affectionne tout particulièrement les mélodies joyeuses et naïves; certains diront niaises, mais ils sont aigris.
Infinite Love sort en double lp, l'un est appelé Brother et l'autre Sister. Chacun commence et finit pareil, mais au milieu il prend des chemins différents (un peu plus expé sur brother, un peu plus pop sur sister).
Un dvd est inclus, pour mater en même temps qu'on écoute l'une ou l'autre version de l'album. Dans quelques exemplaires, Dustin a inséré des tickets magiques qui donnent droit à un concert privé par Skype. Ecrivez nous si vous tombez dessus, merci, on amènera des bières. Dans tous les cas, on espère bien le faire jouer en 2011.
When Dinosaurs Ruled The Earth jouent une sorte de noise rock à la fois martial (avec quatre guitares synchrones) et sorcier (hurlements de trépanés doublés de grosses réverbs, bazar sonore total et assumé) qui donne envie de faire plein de dégâts avec un gros bulldozer. Il y a quelques mois, j'avais été fort réjouie par un concert que ces cinq individus donnèrent dans la cour d'un vieux troquet où un Mexicain fumait des menthols. Il faisait un froid polaire proprement scandaleux pour la saison, mais cette petite demi-heure de débauche sonique fut tellement formidable qu'on en finissait même par accepter toute aberration climatique.
Peu de temps après je me précipitai sur Not Noiice, leur album sorti en 2007, lorsqu'ils étaient encore sept... et beaucoup moins balèzes. Je me trouvai donc à court d'arguments matériels pour convaincre mon prochain que les Dinosaurs étaient la meilleure chose qui soit arrivée au Texas depuis Tommy Lee Jones sans qu'on me tapote gentiment sur la tête pour que je me calme.
Mais depuis cet été, c'est la joie :
En effet, les Dinos ont sorti un EP intitulé Peaced -- cinq titres merveilleusement chaotiques qui, enfin, enchantent autant que leurs concerts. Son enregistrement fut selon leur propre communiqué "loud, drunk and stoned". Ca s'entend.
Dara Puspita était un groupe de garage pop indonésien, actif de 65 à 73. Sautiller sur leur musique est un antidote crédible à tous ces groupes de filles de revival pop 60's plus ou moins agaçants (vivian girls, dum dum girls, best coast...) qui pullullent depuis quelques années.
Plus d'infos sur la page de Sublime Frequencies, qui a récemment édité une anthologie du groupe. Elle est déjà épuisée, donc je n'ai aucun scrupule à mettre le disque en entier :
Mais il faut bien accepter la réalité même quand elle se révèle pénible :
Halmachintruc Digest, le nouvel album de Deerhunter (jusqu'ici prétendant crédible au titre de meilleur groupe de pop du monde), sonne comme une pub Sfr.
Argh. Nonmaissérieux. Et c'est pareil tout du long. La nervosité sèche et les décollages psychédéliques se font supplanter par une fadeur pompeuse digne des Cranberries.
Arrêtons de passer à la ligne pour dramatiser notre consternation, et cherchons un responsable :
Halcyon Digest a été produit par Ben Allen, déjà en charge du son de Merriweather Post Pavillon : un expert méticuleux et virtuose en qui on peut toujours avoir confiance pour transformer une bonne chanson en désastre.
Car tout comme sur le dernier album d'Animal Collective, la créativité et l'aisance mélodique sont encore présentes, la plupart des morceaux sont loin d'être honteux, mais l'ensemble est enseveli sous quatorze couches de pâtisseries tunisiennes. Ces deux albums reçoivent d'ailleurs un acceuil comparable de la part des médias culturels ("on défaille d'émerveillement devant tant de génie pur","l'aboutissement de toute une oeuvre", "John Lennon n'est pas mort"...). C'est toujours un peu effrayant de voir un groupe sanctifié pour son album le plus inutile.
Et aussi l'un des meilleurs concerts que nous ayons eu la chance d'abriter (dans notre salon, juin 2008, prix libre). Il faisait 42 degrés, la moquette tremblait de toutes ses fibres, et La Lumière/Les Ténèbres/L'innocence/La sauvagerie nous ont secoué pendant 47 minutes. On a même vu un fan de musique expérimentale inaudible terminer en caleçon à danser sur des canettes brisées.
Dans la série « leur son ça fait comme avec les oreilles pleines d'eau après la piscine », Mess Folk se défend bien. Je n'ai pourtant intégré cette donnée qu'au bout de la troisième écoute, dans un car de Haute-Savoie.
Voici d'entrée un tube issu du maxi « Destroy the beautiful things », qui nous parle avec candeur d'Eros et Thanathos, et nous confirme au passage que le terme « Folk » est ici totalement détourné de sa connotation habituelle :
Mess Folk est, à l'origine, le projet de Philip Tarr, un Canadien issu d'un bled pourri qu'il déteste. Un environnement qui l'arrange bien pour justifier son penchant pour la musique crust et mal élevée. Il a sorti l'an passé un album modestement intitulé « Songs that don't fit together at all », mais qui en réalité s'enchainent pas mal. Tout comme dans le reste de sa discographie, on y trouve tantôt du garage punk à la Eat Skull ou Mayyors, tantôt une espèce de harsh noise bidouillée par un ex-fan de hardcore 80s, voire parfois des divagations psychédéliques angoissées. Quant au contenu aléatoire de ce disque, son alternance presque potache entre excitation juvénile et remontées morbides évoque un peu l'ambiance des slasher movies à l'époque de tonton Nixon. On s'éclate bien et puis on morfle.
Voilà donc Day 01, premier véritable album long format de Sheik Anorak, le meilleur one man band lyonnais du monde et dont le slogan – sans aucune équivoque – clame haut et fort Noise Is Sexy!. Pour l’instant, Day 01 n’est disponible qu’en format CDr joliment présenté, Sheik Anorak cherchant toujours un véritable label audacieux mais fortuné pour le publier (il va sans dire que si jamais ce garçon arrive enfin à trouver chaussure à son pied grâce à cette chronique avantageusement objective mais néanmoins positivement honnête je prélèverai alors un pourcentage largement mérité sur les futures recettes).
Plutôt que de bonimenter comme un vendeur d’électroménager je devrais peut être également renvoyer l’amateur lambda de musique à cette vidéo de Sheik Anorak filmé en pleine action. Seulement voilà, le problème c’est que cette vidéo dure au moins vingt-cinq minutes, un laps de temps bien trop long à passer sur internet lorsqu’on sait que l’internaute moyen et lecteur de chroniques de disques ne resterait pas plus de dix petites secondes sur une page web à lire un truc qui est pourtant censé l’intéresser au plus haut point (?). Donc il va falloir se taper cette chronique dithyrambique dont la lecture prendra nettement moins de temps que de regarder la vidéo susmentionnée, surtout si je livre tout de suite l’imparable conclusion qu’impose le bon goût : écoutez ce disque, aimez-le, achetez-le – ou mieux – produisez-le mais faîtes quelque chose.
Ka E Det ? nous demande le premier titre. Ça je n’en sais foutre rien mais par contre ce morceau introductif est un bon résumé de tout l’attrait mélodique et noisy de la musique de Sheik Anorak. En concert – rappelons-le – celui-ci utilise des boucles de guitare qu’il met en place progressivement avant de se lancer derrière la batterie et de jouer simultanément sur ses pédales d’effet. Cela a l’air banal décrit comme ça, qui plus est on peut se demander quel est l’intérêt d’un tel rappel d’ordre technique puisque dans la chaleur et le confort relatif d’un enregistrement fait main dans son local de répétition Sheik Anorak n’a sûrement eu que faire de s’embarrasser de ses habituelles bidouilles de jonglage entre boucles de guitare, pédales et batterie, préférant (je le suppose) enregistrer couche par couche. Peut être. Mais l’inévitable conséquence de cette technique et de ce bricolage c’est le dépouillement des compositions de Sheik Anorak : pas plus de trois boucles de guitares en même temps, pas de fioritures inutiles, pas d’effets de manche possibles, juste la pertinence d’une mélodie principale, le gratouillement d’une ou deux guitares plus abrasives au second plan et la batterie toujours bien marquée sans jamais insister lourdement. La tricherie est donc impossible et de ce jeu casse-gueule Sheik Anorak ressort totalement indemne, oscillant entre le bon et l’excellent et pointant à l’occasion en direction du hit – c’est exactement le cas de la dernière plage du disque, le morceau-titre Day 01 ainsi que celui de l’incroyable Fluorescent Tongues, vraiment le meilleur du lot.
Quelques titres se différencient, tel Straight ! qui emprunte un parcours plus rythmique avec fin bruitiste – cette fin est en fait un autre titre enchaîné, Seriously, que les connaisseurs reconnaitrons parce que figurant déjà, ainsi que No Arms, No Drums, sur le mini album […] du coup édité en son temps par le label Maquillage Et Crustacés et épuisé depuis belle lurette.
Si on peut ainsi diviser les compositions de Sheik Anorak en deux grands ensembles avec d’un côté les titres évidents et accrocheurs et de l’autre les titres plus baroufeurs, on peut aussi remarquer que le garçon ne se répète jamais, malgré la marge ténue que lui laisse le mode opératoire dont nous avons déjà parlé. Y arriver, ce n’était certainement pas donné à tout le monde. Et ce disque mérite la plus grande des considérations.
Tonstartssbandht (hein ?), c'est deux frangins, Andy et Edwin White. L'un habite Montréal, l'autre New York, mais ils déploient toutes sortes d'astuces pour se voir souvent et enregistrer des heures de musique.
Productifs et éclectiques, ils ont autoproduit 5 albums en deux ans (deux cd-R et trois cassettes tirées à 31 exemplaires). Pop, psychédélisme crasseux, dub rachitique, drones saturés, musique tahitienne, punk... ils s'éparpillent dans tous les sens.
Un projet global semble pourtant se dessiner : réveiller son idiot intérieur. C'est encore un peu mal foutu, mais en piochant dans tout leur bordel on peut sans mal bricoler un album excitant, intense et débraillé. Une partie des morceaux est conçue avec deux samplers, deux micros et deux gorges ouvertes, et le reste du temps ils attrapent une guitare et une batterie. On pense à une version crust d'Animal Collective (eux aussi, ils ont dû passer pas mal de temps à jouer aux indiens tout nus dans la forêt en écoutant les Beach Boys), au groupe heavy/psyché japonais High Rise, et surtout à Tic et Tac tout bourrés qui reprendraient des chants de noël dans une section souterraine des Vinatiers.
Andy Kerr est le premier guitariste (il chante très bien aussi) de Nomeansno, de "sex mad" à "0+2=1" en passant par "wrong", leur album culte... Il a ensuite monté Hissanol, un duo qui a sorti deux albums magistraux sur Alternative Tentacles, deux albums enregistrés par correspondance (par courrier non numérique, hein !!) avec Scott henderson, un autre canadien du canada. Andy Kerr habite, lui, à Amsterdam depuis son départ de Nomeansno. Euh,quoi d'autre? Il a sorti tout seul son très bon album "Once bitten twice removed" en 1997, et puis bah, personne n'en a vraiment parlé... aujourdh"ui, il fait un duo avec Wilf de Dog faced hermans, ça s'appelle Two Pin DIn. Et puis,ces deux derniers sont en train d'enregistrer un 10" avec G.W Sok (l'ex chanteur de The Ex). Bref, pas grand chose, mais c'est déjà pas mal...
L'album "once bitten twice removed " vient d'être réédité en K7, son format originel, chez rock'n'roll masturbation records. On la vend 4 euros de la main à la main, 6 euros port compris. Y'en a aussi à la luttine, chez dangerhouse, grand guignol...
C'est du moins ce dont Dengue Fever (une chanteuse de karaoké cambodgienne, un barbu de los angeles à la guitare, son frère, et d'autres gars on sait pas trop qui ils sont) tente de nous convaincre, avec pas mal de classe et de "throw my arms around youuuuu".
Il arrive souvent que l'on compare la musique du nord-ouest des Etats-Unis au temps sombre et pluvieux qui caractérise la région une bonne partie de l'année. Bien avant que ses principales villes (Seattle, Portland, Olympia) deviennent des références en matière de musique punk & indie, les WIPERS avaient déjà baptisé Portland « Doomtown » à travers une chanson de leur deuxième album « Over the Edge », faisant sans doute référence au fait de grandir à la fin des années soixante-dix, dans une ville en plein déclin industriel, à quinze heures de route de la Californie, où il flotte tout le temps.
Avance rapide de presque 30 ans, passage des vagues grunge, riot grrrl, etc., et il y a désormais des chances que l'un de vos trois groupes actuels préférés vienne du nord-ouest ou y ait déménagé récemment. L'agglutination de jeunes blancs de 25 ans à la recherche de loyers pas chers et de frissons contre-culturels dans certaines villes n'a pas que des bons côtés, mais ce serait l'objet d'un tout autre article. Toujours est-il qu'en 2010, la petite ville universitaire d'Olympia est à mon avis l'une des scènes musicales les plus intéressantes de la planète, et cela dans une quasi-totale indifférence.
La ville a plutôt de sacrés précédents en la matière: K RECORDS, KILL ROCK STARS et trois décennies de musique indé, de BEAT HAPPENING à SEX VID en passant par BIKINI KILL, UNWOUND ou THRONES. La dernière génération de groupes d'Olympia en date est à des lieues de la folk mielleuse de K ou de l'indie mou qui constitue de nos jours la majorité du catalogue Kill Rock Stars et puise plutôt ses influences chez SST RECORDS période-moitié-des-années-80, c'est à dire les albums tardifs de BLACK FLAG et les premiers de DINOSAUR JR.,la meilleure époque de SONIC YOUTH ou encoreles MEAT PUPPETS. Le premier album de GUN OUTFIT, « Dim Light », sorti en 2009 sur le label Post Present Medium, parvenait à revisiter ces influences sans tomber dans les travers du « revival ». Dans la chronique que j'en avais fait à l'époque, je suggérais au lecteur d'écouter l'album de préférence seul, peut-être en fixant le plafond, une tasse de café noir à la main. Son chant détaché & nonchalant, ses guitares épiques et son atmosphère contemplative sont en effet la bande-son parfaite de journées désœuvrées passées à écouter des vinyles. Vu que j'ai toujours un peu de mal à détacher les groupes de leur contexte géographique, j'associe volontiers GUN OUTFIT à la grisaille d'Olympia et au caractère insulaire de la ville, mais ils sont les premiers à s'en défendre.
« Possession Sound », le deuxième album du groupe sorti au printemps, n'est pas nommé dans le but de vous faire croire qu'il vous envoûtera, même si au final c'est un peu le cas. Le Possession Sound est un lieu géographique, une partie de l'Olympic peninsula et du Puget Sound, fjord de la pointe nord-ouest des USA. Cette fois, la référence locale ne vient pas de mon imagination et tout s'explique concernant la pochette. Ce disque, tout en possédant la touche unique de GUN OUTFIT -deux guitares et pas de basse, alternance entre chant masculin & féminin- montre un groupe ayant évolué depuis « Dim Light ». Il y a toujours quelques tubes indie-punk évoquant inévitablement SONIC YOUTH (« Dead Broke ») mais « Possession Sound » est imprégné d'une mélancolie qui n'est pas sans rappeler certains albums de NEIL YOUNG par endroits (le côté country-rock un peu déprimé), certains groupes shoegaze à d'autres,ou les VASELINES en moins fleur bleue (« Last Chants »). Mais croyez-moi, il ne vous viendra pas à l'idée en écoutant ces deux albums que vous avez à faire à une pâle copie de plus en cette époque de réchauffé post-moderne, « Dim Light » et « Possession Sound » sont deux grands disques de rock comme on en fait plus.
Alors oui. Il y a que. Pourtant, nous sommes certains qu'il faudrait enclencher la. Pour envisager correctement la chose, et bien prendre la mesure de l'angoisse subséquente, je. Sans compter sur ta. Il suffit que. Pour conclure, il est. Que le. Afin de. Vous êtes sûrs ?
Bien.
Laissons à la discrétion du lecteur la digestion de cette introduction lourde de sens caché et capiteux, aujourd'hui nous aborderons le sujet délicat des démences pathologiques séniles de type Alzheimer, fléau de nos sociétés occidentales vieillissantes, tout en essayant dans le même temps d'introduire les lectrices et lecteurs à la délicate musique produite par un groupe non moins délicat issu du mouvement DIY anglais de la toute fin des années 70/début des 80's, Television Personalities.
Pour commencer, sache que la maladie d'Alzheimer est une maladie neuro-dégénerative du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire. Elle fut initialement décrite par le toubib allemand Aloïs Alzheimer (1864 - 1915), comme son nom l'indique.
Television Personalities est un groupe à l'histoire touffue et pleine de méandres, une entité difforme et malade et psychédélique sécrétée par le cerveau en dérangement de Dan Treacy, au line-up tout à fait tangent pour ce qui est du reste des membres et dont les premiers méfaits remontent à l'année 1979 (année miraculeuse pour le post-punk du pays des gens qui croient que je mange des cuisses de grenouille). Y a bien une vingtaine d'enregistrements mais celui qui nous intéresse aujourd'hui et d'ailleurs le seul que je connais, hein, j'ai pas le temps pour ces conneries moi, c'est le premier, "And don't the kids just love it".
Il faut savoir également que, principale cause de démence chez les personnes âgées, elle (la maladie d'Alzheimer, ben oui, suis un peu) touche environ vingt-six millions d'hommes et de femmes dans le monde, et vraisemblablement quatre fois plus d'ici 2050. Généralement diagnostiquée à partir de l'âge de soixante-cinq ans, ses premiers signes sont souvent confondus avec les aspects normaux de la sénescence ou d'autres pathologies neurologiques comme la démence vasculaire, ce qui fît qu'elle fut sous-diagnostiquée jusque dans les années soixante. Elle est aujourd'hui reconnue comme une des maladies les plus coûteuses aux économies des pays développés.
"And don't the kids just love it". Yes, they do. Si si. Dégringolade boîteuse de perles pop douces-amères, anglaises jusqu'au bout du moignon, avé l'accent bien sûr, une Face A incroyable d'efficacité pop décharnée, This Angry Silenceet ses flaques d'écho, tentative de soul pastorale et bancale avec les choeurs en wouh-wouh mélancoliques qui font des vagues à ton âme (This Angry Silence, on dirait bien que c'est aussi un film réactionnaire british avec Richard Attensborough, oui, ces gens-là sont cultivés, d'ailleurs sur la pochette ya John Steed et une ancienne starlette télévisuelle dont je retrouve pas le nom, élégant clin d'oeil à eux-mêmes en mode mise en abyme et auto-feedback, c'est trop de classe n'en jetez plus.).
Une Face B dans la même veine apparente, qui baigne et se vautre dans un psychédélisme cotonneux de cottage du Cheschire. Cet homme sait où vit Syd Barrett, et manifestement là-bas ya plein d'oiseaux qui chantent, on se roule dans le gazon et la rosée, la grisaille du ciel se teinte légèrement de couleurs pastel, je suis en pleine redescente d'acides et je titube, c'est chouette, même si à la fin ça commence à bien faire, vos gueules les piafs, paf.
Television Personalities - I know where syd barrett lives Ils ont également un deuxième album, intitulé "Mummy, youre not watching me", à l'atmosphère tout aussi délicieusement lysergique, voire plus, à consommer sans modération donc, lésions cérébrales garanties.
Ainsi, et pour conclure, la menace sénile de dégénerescence inéluctable planant sur nos génomes occidentaux ne saurait nous faire oublier cette fièvre impossible à négocier qui, attisée par l'ennui, et l'éternel cycle sysiphien de la circulation des flux dans les artères marchandes de notre ville à l'urbanisme malade, nous presse chaque jour les entrailles pour réclamer son pain quotidien de violence mélodique sensible et décharnée. Ainsi soit-il.
PS :
Sur la demande autoritaire de Fifi 2.8, nous ajoutons un troisième morceau issu de cet album :
Il y a quelques mois, au festival Sxsw d'Austin, j'ai pris un coup de soleil devant le concert de Zs, sur un parking, vers 2h de l'après-midi. Quand je dis un coup de soleil, c'est pour de vrai, et non pas une métaphore astrale pour dire que leur talent cosmogonique m'a brûlé la peau. Quoi que... c'était tout de même l'un des 3 meilleurs groupes vus pendant le festival alors que la concurrence était plutôt musclée.
Zs (prononcer "zeez") est une formation de Brooklyn née au tournant des années 2000, à l'initiative de deux free-jazzeux désappointés par leurs études au conservatoire. Depuis, la composition du groupe a tellement varié que son histoire complète serait à peu près aussi longue à raconter que le vie du prophète Abraham ou cinq saisons de The Wire. Et à vrai dire, à moins de devoir rédiger un mémoire intitulé "Noms avocaliques dans la scène expérimentale new-yorkaise : histoire d'un rejet esthétique de la Voyelle" (dans ce cas, consulter ce trèèèès long article), cela ne nous intéressera que moyennement.
En bref, Zs s'est cristallisé autour d'un noyau saxo-guitare-batterie, pouvant rassembler trois, quatre, voire six musiciens ; l'idée première était de détourner ces instruments de leur sonorité conventionnelle, de leur fonction classique, polie, civilisée, ce qui a rapidement valu au groupe ce très chic épithète qu'est "avant-rock". "Avant" parce que primitif, libre, bordélique bien que martial aussi par moments, et surtout parce que ça fait "avant-garde", donc ça fait bien. Zs est de fait à la jonction d'une tripotée de genres que l'on est censé bien aimer lorsque l'on est une personne de goût: noise, minimalisme, musique tribale, punk et free-jazz. Mais outre cela, Zs a cette capacité, commune aux Grands Groupes Expérimentaux, de réveiller le marsupial farouche qui sommeille en soi, tout en déployant classe et majesté avec une implacable intelligence. Là j'avoue que je viens de boire trop d'eau gazeuse d'un coup alors je perds un peu le fil de ma pensée.
Toujours est-il que leur dernier album, New Slaves, est sorti tout récemment chez The Social Registry (avec une jolie pochette de John Dwyer, frontman de Thee Oh Sees, The Hospitals, et 45 autres groupes bien). En une bonne heure, il fait la synthèse de ce qu'est Zs, à savoir des motifs cycliques, des riffs métalliques, du handclapping, une rythmique folle et un saxo psychotique ; on en ressort éprouvé mais heureux, un peu comme la famille de Noé et tous les animaux sur l'arche après le Déluge.
La bonne nouvelle c'est que Zs passe le 30 juillet à Grnd Gerland. En conséquence, personne ayant eu vent de cette information et se trouvant dans un rayon de 200km ce jour-là n'aura d'excuse pour rater ça. Du coup, ça peut faire du monde, mais on peut se serrer.
Peter Nicholson est un violoncelliste/chanteur, membre du One Ensemble de Daniel Padden et de plusieurs collectifs d'improvisation libre.
En solo, il joue un mélange d'impro et de pop ambitieuse, remuante, qui ne ressemble à pas grand chose d'autre.
Si Joanna Newsom était un homme, devenait fan hardcore de Janacek, Ligeti et Eno, délaissait la harpe pour le violoncelle et n'intéressait presque personne tout en restant aussi douée, elle s'appellerait sans doute Peter Nicholson.
Son album solo est introuvable, mais voici deux morceaux enregistrés au festival des Handclapping Girls à Clermont Ferrand. Une bonne partie de l'équipe de grnd zero y était, il a mis tout le monde à genoux :
Dans les années 90, le guitariste Bill Orcutt sévissait dans Harry Pussy, un trio free/noise/punk dont chaque titre évoquait l'écume bouillant au coin de la gueule d'une hyène galeuse ; Load Records a édité en 2008 une compilation dessinant les contours de leur furie, "You'll Never Play This Town Again".
C'est d'ailleurs en sélectionnant les morceaux devant y figurer que Bill décida de refaire un peu de musique, après dix ans passés à élever des enfants, tondre le jardin et écrire 325 logiciels (car Bill est un gros nerd).
Il se mit à torturer une guitare acoustique quatre cordes, comme un ancien punk qui a trop écouté Derek Bailey et se lance dans des morceaux âpres semi improvisés, à mi-chemin entre le hardcore disloqué et le blues primal.
Wire (le magazine, pas la série qui change la vie) a trouvé la formule adéquate : "like a psychotherapy session played on guitar".
De 2007 à 2009, les Widow Babies étaient quatre teens d'Orange County agrémentant la scène de The Smell d'un post-punk pop et tropical dont Abe Vigoda étaient jadis les honnêtes ambassadeurs - avant de se perdre dans les limbes de la new-wave fadasse. Ils ont sorti un maxi pimpant et groovy, intitulé The Mike Watt EP, qui raconte la lutte impitoyable entre le bassiste des Minutemen et un vampire sosie d'Abraham Lincoln. Le titre du premier morceau annonce la couleur: widow babies - Mike Watt Created the Universe with a Bass Solo
Apprête-toi à bouger ton boule en toute décontraction :
Le bonheur peut-il être atteint en écoutant donald duck sous hélium chanter jésus ?
un élément de réponse : Danielson Family - Good News for the Pus Pickers Danielson est donc un chrétien ardent, pote des Deerhoof et de Steve La Belette, fondateur d'une communauté indie gospel rurale réunissant une bonne partie de sa famille (frères, soeurs, épouse, enfant, sans oublier les apparitions sporadiques de son fils spirituel, Sufjan Stevens). Sur scène ils se déguisent, parfois en infirmiers, "car la musique apporte la Bonne Nouvelle et la Guérison".
Un film retraçant son parcours de freaks débonnaire lui a été consacré.
Si tu es normalement constitué, tu as normalement dû espérer plusieurs fois qu’un incendie se déclare dans cette vidéo, afin d’écourter le plus possible cette ode gluante à l’amitié, aux chemises à carreaux, aux raybans et aux lumières chaleureuses.
C’est tout à fait normal, n’aie pas peur de cet excès de violence. Tu as peut-être honte comme moi d’avoir aimé la musique un peu quand même.
Toro Y Moi est un jeune hipster de Caroline du Sud, qui essaie de concilier son amour pour la pop des années 80-90 et l’importance aujourd’hui de produire une musique « lo-fi », si l’on compte récupérer les miettes d’une jeunesse perdue et confuse depuis l’invention du mp3, pour qui un son crade est un signe de générosité.
Alors que cette expérience aurait pu s’arrêter à la porte de sa chambre, Toro Y Moi est à la mode, Wire magazine trouve ça so intriguing, Kanye West en a même parlé sur son blog, et des gens viennent à ses concerts.
C’est même une sorte de collusion rétro-cool qui semble s’ébaucher avec la renommée naissante de groupes comme Washed Out, Small Black, Neon IndianouMemory Tapes, en même temps que les contours d’un mini-genre, le glo-fi ou chill-wave, prolongement discoide de l’hypnagogic pop, superbe étiquette lancée par David Keenan de Wire pour décrire le recyclage DIY de l’imaginaire new age des années 80, soit littéralement, « pop transitoire entre l’éveil et le sommeil ». Hum. Du coup le glo-fi pourrait être de l’« hipstergogic pop ».
Le monde est complexe et violent, essayons de comprendre une de ses nouvelles manifestations.
Collages souvent hasardeux de vieux sons de synthés, de surf music et de folk truffée de réverb, le glo-fi ne surprend pas spécialement, coincé entre, d’un côté l’influence d’Ariel Pink et autres taxidermistes hypnapgogic* comme James Ferraro (the Skaters, Lamborghini Crystal…) ou Spencer Clark (Vodka Soap, Monopoly Child Star Searchers…), et de l’autre, la mode du psychédélisme dansant à l’Animal Collective. Au minimum c’est un peu émouvant, comme un reliquat de gi-joe retrouvé désarticulé au fond de ta vieille malle de jouets :
Toro Y Moi à l’avantage de ne pas sombrer dans la simple exploitation des gimmicks lo-fi et d’assumer sa rétro-exploration dance et rnb des charts des années 90. Finalement son nouvel album Causers of This sorti sur Carpak Records (Dan Deacon, Ecstatic Sunshine…) n’est pas très endurant, mais quelques bonnes idées peuvent t’accompagner à la boulangerie le matin.
Josh Holinaty est un illustrateur canadien dont le style se caractérise par un sens aigu du détail et du relief. Son truc à lui ce sont les monstres touffus, les bonhommes dismorphiques, les paysages bizarres et les matières dégoulinantes. Il les étale régulièrement dans des dessins de presse ou des affiches de concerts. En ce moment, il travaille sur un roman graphique en six volumes dont le premier numéro est sorti l'an dernier. La série s'appelle "We Hate This Place Here ; It's Our Home", ça commence avec un bison qui fume des clopes et rumine sur son existence depuis son lit de mort. Ca a donc l'air pas mal.
John bellows hante l'underground de Chicago depuis 2001. Il se contente d'une guitare et de sa voix pour faire n'importe quoi, mais alors vraimentn'importe quoi, n'importe où, devant n'importe qui. Il vient de synthétiser ces huit années d'exploration de sa connerie intérieure sur un premier album au titre raffiné (Clean your cock), édité par le tout petit label monikers records.
Ca fait penser à du très vieux Beck, période Sterero pathetic soul manure et One foot in the grave. Quand il jouait adossé à un réverbère de la country folk lo-fi de jeune branleur, avec pour seul public deux clochards songeant qu'ils feraient mieux d'aller à leur réunion hebdomadaire des alcooliques anonymes.
Il n'y a pas si longtemps, le guitariste/chanteur Daniel Martin-McCormick habitait washington et jouait au sein des très regrettés Black Eyes.Depuis, il a déménagé à san francisco et fondé le trio Mi ami, qui pose l'addition suivante : post punk + dub + poussées psychédéliques + disco funk + guitares & percussions avides + hurlements d'eunuque dément + le pouvoir de l'afrique, man.
Ils viennent de sortir leur deuxième album, Steal your face :
Il passent à Gerlande lors de la Grnd Zero party du 30 mai.
Daniel Martin-McCormick a aussi un projet solo de grande folle noise glamour, Sex Worker, mais je vais tenter de convaincre Yum yum d'en parler, puisque cette pute notre charmante collaboratrice l'a vu en concert au festival Sxsw il y a peu.
Parfois il suffit d'un vieil arbre noueux, d'une montagne, d'une rivière assoupie, et de la voix souveraine d'un crooner flegmatique :
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Bill sera très déçu si vous ne le regardez pas en plein écran (rha maintenant on doit aller sur le site de viméo pour avoir l'option, quels chiens cupides). Bill mérite un post plus fourni, on y reviendra.
Planets est un duo de math rock magistral formé par deux Californiens qui illustrent plutôt bien ce vieil aphorisme: "qui donne vite donne deux fois". Paul Slack et Thomas Crawford livrent en effet des morceaux d'une telle frénésie rythmique et mélodique que l'on ressent une satisfaction exponentielle à chaque seconde qui s'égrène. Leur album éponyme est sorti en 2007, on brûle des calories rien qu'en l'écoutant. D'ailleurs:
Enfin, un lien vers un long article enthousiaste explorant les différents aspects génériques du math rock en Californie du Nord, de Hella à Tera Melos en passant par Planets:
Austin est souvent comparée à Portland en terme de scène musicale et d'atmosphère bon enfant ("statistically speaking it seems to have a higher proportion of sonic freaks than anywhere else. like portland oregon with more beer and better drugs."). Ils sont juste un peu moins obsédés par la nourriture vegan.
D'Austin, je connaissais déjà Daniel Francis Doyle, sur qui j'avais rédigé un brouillon il y a bien un semestre de ça. Cet honorable Texan a sorti l'an dernier "We bet our money on you", un album de math-rock galopant, entrecoupé d'une ou deux ballades qui caressent les cheveux. C'est plein de boucles et de ruptures, ça vocifère et ça fredonne, c'est l'alliance, dans un seul pot, de l'onctuosité de Deerhoof et des aspérités de Shellac. C'est SUPAIRE.
Il y a peu de temps encore, Doyle jouait de la batterie dans When Dinosaurs Ruled The Earth, qui est aussi le titre d'un film d'auteur des années 70 aux effets spéciaux ébouriffants. WDRTE est un supergroupe de sept superdudes qui hurlent comme des trépanés et produisent un chaos sonique fort enthousiaste, rappelant Ex Models ou Black Eyes ou Action Beat. En fait on ne sait pas trop si c'est punk-noise, doom, ou post-grunge ou tout ça à la fois. Quand ils jouent dans l'arrière-cour d'un bar par 6°C, on en oublie qu'on claque des dents et qu'on a les doigts bleus. C'est SUPAIRE aussi.
J'ai une sincère fascination pour les Amateurs de Musique, ces gens capables de s'enthousiasmer pour des bootlegs improbables de groupes obscurs qu'ils dénichent dieu sait où chaque semaine. Mais venant d'un milieu où il suffisait d'avoir les démos des Arctic Monkeys avant la sortie de l'album pour être bath et à la page, j'ai vite compris que je ne pourrais pas lutter. Nous allons donc analyser ensemble comment se sortir d'une situation sociale génante avec un Amateur de Musique. Scène typique : - tu connais Puke ? - ... - un super groupe de hardcore suédois qui a sorti une cassette mortelle en 1984 - ...
Voilà comment cette même scène aurait pu tourner à votre avantage : - tu connais Puke ? - dis moi plutôt quand t'as réécouté du Michel Legrand pour la dernière fois ? - ... - non parce que ça reste LE meilleur compositeur français de musique de films ! -... - les demoiselles de rochefort ! http://www.youtube.com/watch?v=Cy-DsjxgV2s les parapluies de cherbourg ! http://www.youtube.com/watch?v=sF9ezOq7qvQ
Avertissement si le punk hardcore vous apporte la juste dose de misanthropie et de mépris universel pour fonctionner en société, écouter du Michel Legrand peut comporter des risques : esquisser des pas de danses dans le métro en chantonnant (= contrôle garanti), tomber amoureux-se d'une chevelure de pâtre et de poête (encore un morceau !), voire pousser le vice à vous habiller en marin et chercher votre Idéal Féminin (= les enfants se moquent de vous et vous jettent des cailloux).
Michel Legrand c'est Bob dans Cléo de 5 à 7, le film d'Agnès Varda. Et oui, en plus d'être talentueux il est beau et primesautier : http://www.youtube.com/watch?v=UL7FRI90svs (Bob)
A venir : Développement personnel, Pt. 2 Comment séduire les types à chemises à carreaux et les filles en collant blanc quand on aime le dernier Clara-Clara.
Hexlove est le projet solo d'un batteur nommé Zac Nelson dont il m'est impossible de décrire la musique en moins de sept lignes avec une syntaxe correcte et des images que les gens comprendront, en plus là j'ai une quiche au four. Donc juste quelques mots clés comme ça: du soda acide, les vieux Animal Collective, des anémones de mer, des orgues fluos, les premiers Pocahaunted, le culte du bouc, Jodorowsky, Squarepusher, une licorne sur un 4x4 etc...
Tous ces morceaux sont issus de Pija z bogiem (2009), qui vaut la peine d'être écouté d'une traite en faisant des coloriages afin d'apprécier au mieux les talents multiples de ce monsieur :
Sloop John B est un de mes morceaux préférés des Beach Boys.
Large et profond fut donc mon étonnement lorsque j'ai appris qu'il n'avait pas été composé par Brian Wilson. Il s'agit en effet d'une chanson traditionnelle des caraïbes, l'histoire d'un bateau (le John B) et de mecs bien contents de rentrer au port. Merci à mississipi records de l'avoir compilé sur la cassette "Wrong time to be right". Voilà donc la version originale, ici chantée par le grand pépé marmonnant Joseph Spence, suivie de la version des beach boys.
Parfois il m'arrive de danser. Du moins d'effectuer une pseudo-parade nuptiale en remuant sensuellement mon bassin meurtri, mon torse voûté et ce qu'il me reste de genoux. La dernière fois, c'était en écoutant ce morceau de REMEMBER REMEMBER, avec un titre ("the dancing") dont l'obscure signification continue de m'échapper malgré le service performant de traduction de Google™.
REMEMBER REMEMBER est en réalité un seul homme, seul dans la vie, mais accompagné d'amis musiciens en concert. Il vit dans la plus belle ville du monde et sort des disques sur un label has-been. Habituellement il compose des pièces minimalistes bricolées à base d'arpèges de guitares, de boucles concrêtes (ci-joint un morceau dont le rythme est assuré par un briquet) et de drones planants laissant peu de chances à un dépressif de survivre à une première écoute. Sauf là :
Suite à de nombreuses empoignades autour du bien fondé ou non de certaines métaphores employées dans certains de mes posts, et après avoir dû subir une fois de plus de multiples moqueries à propos de mon penchant pour le romantisme venteux et les étendues sauvages, j’ai pris la décision d’écrire ce texte uniquement avec des mots et expressions « labélisés » par le site du Grrrnd. Comme ça, j’espère passer la censure et devenir enfin célèbre.
Amitié ou Amour / psychédélisme / minimalisme / tropical / musique africaine / DIY / divers animaux / divers fruits et légumes / crust / seul / barbu / mal coiffé / communion / oui oui / dépressif ou plaintif / déviants / régression / diverses drogues / cavalcade / chamane / arbre ou forêt / enfant / bruits / Lightning Bolt / lo-fi / Dieu + Jésus / ninja-marxistes / hippie / primitif / diverses allusions au corps /
Février 1981. Au lieu de passer ses vacances à réfléchir sur le sens du sacrifice de Jésus, Robert Wyatt décide de répondre positivement à une commande de la RAI, et de passer quelques jours dans les studios de la radio italienne pour l’émission Un Certo Discorso et d’y enregistrer des trucs selon son humeur et la quantité de résidus de drogues encore collés dans sa barbe depuis Soft Machine.
L’idée de la RAI était de filmer et de capter le processus de création, lorsqu’il ne souffre ni de préparations ni de contraintes de production, et de célébrer ainsi une sorte de communion mêlant fulgurance, voyeurisme et snobisme. Une partie de la session de Wyatt est ressortie l’hiver dernier, sous le nom de Radio Experiment Rome. Comme un ours sortant de son hibernation, Wyatt y improvise tout seul, avec sa voix, une guimbarde, un piano et quelques percussions primitives. Au-delà du côté on-réchauffe-un-mythe-en-brûlant-ses-fonds-de-tiroirs, ces enregistrements rappellent discrètement à l'univers tout entier l’ampleur de son génie. Oh oui oh oui, écoute donc comment il fait d’une simple guimbarde la bande son d’une cavalcade psychédélique (Heathens Have No Souls).
Armé des différentes machines obscures qui peuplent un studio de radio, Wyatt s'amuse à explorer les principes de l’enregistrement multipiste, de la diffraction vocale et de la modulation en général. Il étire ainsi un son à la fois régressif, pour son côté minimaliste faussement enfantin, et très complexe, selon tout un jeu d’échos et de désynchronisation sonore. C’est souvent très bizarre, parfois austère (Billie’s Bounce), mais le plus souvent très inspiré. Mixant sa voix comme des fruits frais, c'est-à-dire en préservant le goût et le piquant des vitamines, il s'élève en héros plaintif d'une époque où Mandela faisait encore des pompes en prison (Born Again Cretin) etoù Tatcher interdisait à ses concitoyens de chanter l'Internationale sous la douche (Holy War).
Mais Robert Wyatt n'est pas qu'un ninja-marxiste, ou un vieil hippiemal coiffé vestige du psychédélisme des années 60, c'est un chamane postmoderne, un conteur mystique, capable en une succession de humhumhum de planter un décor massif, noueux et tortueux comme une mangrove urbaine, qui aurait surgit soudainement au cœur d’une Venise désertée, où les quelques maisons encore habitées dériveraient doucement, à la merci de la plus sourde mélancolie (désolé pour cet élan, mais on ne peut pas brider le lyrisme au fond d’un cœur trop souvent mal arrosé).
Écoute ProveSparse et sens l’émotion déborder de ta bouche bée.
Petit rappel : Robert Wyatt n’est pas punk, il ne connait surement pas le mot crust, il ne doit pas aimer Lightning Bolt, et n’a que peu de connexions avec la musique africaine et le culte de l’homme-primitif. Si tu t’apprêtes à cliquer mécaniquement sur les mp3 ci-dessous après avoir lu en diagonale ce post et en croyant télécharger un truc lo-fi/D.I.Y./noise, tu risques d’être surpris.
The Ex (mythe vivant punk/rock/impro/tout) vient de sortir un 45 tours. Leur premier enregistrement depuis la cessation d'activité de leur chanteur originel. Au revoir Jos, le scandeur ultime, parti après 29 ans consacrés à écrire, chanter, et mettre au point sa danse si personnelle (on se voûte/on se redresse, on martèle vigoureusement ses cuisses, on adopte le regard furieux du guerrier-combattant des steppes polaires).
Malgré tous les remaniements de personnel gérés avec succès par le collectif hollandais ces dernières années, celui ci nous a tourmenté, tant la voix de Jos marquait le code génétique du groupe.
On peut respirer, car ces deux morceaux nous permettent d'apprécier une fois de plus leurs remarquables facultés d'adaptation à un environnement hostile. D'accord, la production de ce single est un peu plate. Mais on doit aussi admettre que le nouveau chanteur (leur vieux pote Zea) s'en sort honorablement. Et puis les morceaux sont bons. Et puis on aime toujours autant se rouler dans ces guitares prodigieuses, dissonantes et funky, fines et débordantes. The Ex s'arrêtera quand Andy et Terrie ne pourront plus bouger leurs doigts. Pas avant.
Comme moi vous aimez les chanteuses nineteentwenties à la voix traînante et aux accents Betty Boopiens ainsi que les mythes indiens où-on-peut-trop-s'identifier-parce-que-la-meuf-là-qu'est-ce-qu'elle-ramasse ? Alors vous avez sans aucun doute sous les yeux le moyen le plus attrayant possible de tuer les 81 prochaines minutes.
Sita Sings The Blues, c'est le mythe du Râmâyana vu du point de vue de Sita -la meuf qui ramasse, donc- comédie musicale animée, écrite et réalisée en 2008 par Nina Paley, elle-même en identification maximale. Si tout se passe comme prévu, vous allez rire avec les marionnettes (vos nouveaux meilleurs amis indiens), pleurer avec Sita (soeur bafouée) et shaker votre black bottom façon charleston sur les chansons d'Annette Hanshaw (fausse ingénue). la preuve par l'onde :
En plus, le film est sous licence Creative Commons, c'est à dire libre d'utilisation (tu peux quand même donner ton argent à Nina Paley si tu penses qu'elle en fera meilleur usage que toi) :
" I hereby give Sita Sings the Blues to you. Like all culture, it belongs to you already, but I am making it explicit with a Creative Commons Attribution-Share Alike License. Please distribute, copy, share, archive, and show Sita Sings the Blues. From the shared culture it came, and back into the shared culture it goes. "
En résumé : c'est gratuit et c'est bien, profite, la vie est belle et la vie est une fête.
Maintenant que le premier palier d’immersion est passé, on peut atteindre des profondeurs plus majestueuses avec Rock Bottom.
Après s’être désolidarisé du jazz-rock psychédélique de The Soft Machine, avoir tenté de prolonger l’expérience sous le nom de Matching Mole (spin-off en français de soft machine) et s’être lancé dans un album solo (The End Of An Ear), Wyatt perd ses jambes, abandonne la batterie, sort en solo son plus grand album et se marie. Presque simultanément. De l’accident dont il sort paralysé à l’été 73, à son mariage avec Alfreda Benge (Alfie) et la sortie de Rock Bottom en 1974 (l’album sortira le jour de leur union), émerge une fabuleuse bulle d’air, un album-univers. Un espace distinct, immensément intime, découpé du temps et des modes. Une bulle étonnamment précise et fragile à la fois, pleine de folie, de liberté, tout en étant d’une stabilité et d’une lucidité fabuleuse. L'achèvement et la naissance d’une carrière dans une seule boucle de six pistes, six pattes, dessinées à la pointe des doigts et portées doucement par la chaleur du timbre si particulier de Wyatt. Ne pouvant plus utiliser que claviers, trompette et quelques percussions, Wyatt développe sa voix et ses textes entre nostalgie surréaliste (Last Straw), déclaration d’amour (Alifib), et douce folie (Little Red Robin Hood Hit the Road).
Finalement Rock Bottom ne ressemble ainsi à rien, c’est bien trop profond.
Quatre riot grrrls et un batteur de Glasgow, la riante ville de Belle & Sebastian et Franz Ferdinand -- on les assimilera cependant plus volontiers à une juxtaposition de Shellac, Lydia Lunch et Jesus Lizard. Ils jouent des aubades punk no-wave pendant que leur chanteuse aux amygdales de pit-bull se roule par terre. Mais on parie que dans la vraie vie ils sont doux et gentils et travaillent dans des maisons de retraite.
Il est très difficile de parler de l'activité d'un demi-dieu comme Robert Wyattlorsque l'on a comme moi des tendances littéraires suicidaires. Je sais très bien que si je me mettais à entrer dans les détails de la titanesque discographie de Wyatt, je sombrerais très facilement dans de longues descriptions lyriques à base de cailloux, de sèves, de fourrures et d'horizons mystérieux. D'ailleurs rien que « titanesque » me donne envie de me lancer dans une métaphore-marathon : «robert wyatt = titan aux pieds d'argiles = Genèse = poterie humaine = confiture = douceur acidulée = musique psychédélique = theSoft Machine – Matching Mole = soft-modernité = guide gravita-générationnel = trou noir d'émotions = cailloux-sèves-animaux-sauvages-et-ciel-brumeux …
Surtout que s'attaquer comme ça à Robert Wyatt, à peine sorti de sa dernière crise d'adolescence musicale, revient à vouloir faire de la haute cuisine alors que l'on vient tout juste d'apprendre à séparer le jaune du blanc des œufs. Ainsi pour éviter toute lourdeur et faciliter la digestion, une dégustation en aveugle :
(dé)GÉNÉRATION INTERNET – perdus dans la vie avec trop de cartes et de boussoles :
Comicopera (2007) : « Stay Tuned »: avec la voix de Seaming To (déjà vue dans Homelife) transformée en Theremin, un SOS soufflé du haut d’un phare purgatoire.
L'une des grosses claques de notre festival international du court-métrage de clermont de ce mois de février 2010, en dehors des séances spéciales de l'étrange festival, c'est les courts de FRANCOIS VOGEL qui étaient représentés dans les catégories "labo" (bien fade cette année) et "courts francais" dont les installations vidéo nous ont le plus marqués. A noter la présence de notre ami BLU dont on vous parlait il y a quelques mois, qui a réalisé et présenté le court avec DAVID ELLIS (combo dispo ICI) avec une technique de motionpainting ultra impressionnante. Le festival de Clermont nous a également permis de (re)découvrir des courts hilarants de LUC MOULLET, que l'on vous a déjà présenté lors d'une de nos projections à Gerland.
Petite sélection de courts de tout ce petit monde :
Le reste de cette petite sélection de 8 courts-métrages dans "lire la suite >>"
Attention, certains ordis peuvent ramer pour afficher autant de vidéos sur une même page, je vous conseille d'ouvrir chaque vidéo via leur permalien dans un onglet différent de votre navigateur si c'est le cas.
Quand, statistiquement, on a toujours deux chances sur trois de rater son bus le matin, le bus qui passe à des heures génialement aléatoires toutes les vingt minutes environ, pouvoir écouter Freckle Wars en reprenant son souffle rend le destin moins insupportable. Freckle Wars est un album d'Ecstatic Sunshine sorti en 2005, à l'époque où le groupe était encore un duo instrumental guitare/guitare ensorcelant. Avec leurs petits doigts agiles et leur sens de la mélodie qui bute, Matthew Papish et Dustin Wong composaient alors en quelques arpèges un formidable mélange qui purifie le teint, brassant gaiement la finesse de Deerhoof, la dextérité rythmique de Hella, les charges épiques de Daft Punk, la confiture de mûres, les chips au poivre, et tout.
Le EP Living fut marqué par l'arrivée d'une batterie qui invitait tout un chacun à tressaillir à l'intérieur de lui-même. Ces premiers disques énonçaient un message limpide : Ecstatic Sunshine va réhausser la qualité de notre quotidien. Un message que 524 personnes ont entendu à l'époque, et que je n'ai entr'aperçu que récemment en vaquant sur soulseek.
Mais cette apogée fut interrompue par le départ de Wong, qui décida de se consacrer à l'entretien de sa coupe au bol ainsi qu'au groupe ninja-rock de Baltimore dont la chanteuse est une marmotte en baskets fluos (Ponytail, chez qui résonnent d'ailleurs des échos de Freckle Wars). Ecstatic Sunshine prit alors un tournant plus ambient/expé/pédales/laptop/on est pas des guignols, rappelant un peu trop d'autres bons groupes comme Ducktails ou Lucky Dragons, avec qui ils ont même sorti un split. Leur dernier album, Tomorrow's work, traduit effectivement ce virage esthétique qui, bien qu'honorable, n'a plus grand chose à voir avec la majesté des débuts. Il auraient pu changer de nom; c'est une légende, que tous les noms de groupes sont déjà pris.
L'essai Noise & Capitalism, publié par un collectif de musicien-ne-s issu-e-s des musiques expérimentales, improvisées ou bâtardement rassemblées sous le terme générique de "noise", est un pavé de 200 pages traîtant du potentiel de subversion & d'émancipation de ces musiques dans le contexte néo-libéral actuel, contexte qui se nourrit de plus en plus de l'art, de la créativité individuelle et des contre-cultures pour donner un nouveau visage au capitalisme. La lecture de Noise & Capitalism peut être laborieuse, étant donné qu'il n' a été publié qu' en anglais et que le ton y est globalement académique, voici donc quelques passages traduits.
"The Foundry n'est pas un vieux pub de l'East End mais il occupe un emplacement privilégié depuis lequel observer la transformation radicale de l'est de Londres depuis 15 ans. Parfait exemple de la réorientation de la force économique, depuis la production industrielle du Siècle des Lumières vers le tournant post-moderne de l'industrie du loisir/plaisir, le quartier désormais mondialement célèbre où se trouve The Foundry, Shoreditch, est passé d'une zone industrielle, quartier général & ligne de front du National Front, à un endroit branché pour clubs, DJs et groupes. Au sein de The Foundry, une ancienne usine, sont représentés à peu près tous les styles de musique underground par le biais de concerts, festivals, sound-systems, soirées "open mic" et même le rendez-vous régulier de la noise et de l'improvisation, Oligarch Shit Transfusion.
Cependant, alors qu'à Shoreditch s'effectuait cette transition, le mouvement de ses résidents s'est accéléré, passant d'artistes et de squatteurs vivant dans d'anciens entrepôts décrépis aux architectes, créateurs et graphistes. Aujourd'hui, les habitants y résidant sont une super-élite d'employés municipaux et quelques artistes stars ayant capitalisé sur la hausse rapide des valeurs immobilières. Il se trouve que les promoteurs avaient étudié la gentrification de Chelsea, et envoyé des artistes garder la place au chaud en attendant que l'endroit devienne suffisamment "cool" et que les prix de l'immobilier commencent à grimper. Leurs services n'étant plus nécessaires, les contrats de courte durée des artistes prirent fin et ils furent chassés de la zone, ainsi que toute personne n'ayant pas été capable de racheter au prix fort leur habitation. Pour les "esprits créatifs" qui avaient donné à l'endroit son cachet culturel et peuplé son réseau de bars et de cafés qui deviendraient bientôt la destination des chasseurs urbains de plaisirs branchés, le marché semblait injuste, comme si on les avait dépouillé de quelque chose sans rien en retour. Si Shoreditch est devenu une métaphore de la manière dont le capitalisme utilise la créativité à ses fins, The Foundry pourrait être un rappel que d'autres possibilités éxistent. Cependant, cet endroit sale et politisé coexiste avec la douce transformation du quartier en terrain de jeu pour les citoyens socialement ascendants de la ville-monde."
"Howard Slater affirme que le capital a transformé les relations de production afin d'imposer jusque dans nos propres sens son système de valorisation, la production de valeur étant passée de l'usine à l'"usine sans murs"; il parle de:
"La manière dont nos corps, nos membranes sensorielles, sont devenus non seulement le lieu sur-stimulé des messages de l'industrie médiatique et de la séduction subliminale, mais également des terrains cruciaux de la maintenance continue de nous-mêmes comme "points de circulation"."
"Si Slater a raison, un endroit comme The Foundry pourrait être considéré comme un point-clé de la lutte dans laquelle les artistes et musiciens expérimentent dans des conditions hostiles et se confrontent à l'industrie médiatique, à la soi-disante industrie "créative" et à leurs tentatives d'emprisonner, déformer et automatiser nos propres sens de perception et d'affectivité."
Anthony Iles in "Introduction"
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"A quel moment pensez-vous que la vraie innovation, la vraie expérimentation survient? Probablement quand les gens sont dans une situation d'insécurité nouvelle pour eux et qu'ils sont un peu indécis et effrayés. Ce sont les moments où les gens doivent repousser leurs limites. Les gens innovent lorsqu'ils sortent de leur confort familier."
"La musique improvisée a le potentiel de subvertir les formes classiques de production musicale, mais c'est à ses musiciens de s'y introduire afin de les déconstruire. Ouvrir de nouveaux champs de possibilités signifie devenir fragile jusqu'à détruire les peurs qui nous retiennent."
"Nous ne parlons pas ici de changer les conditions de travail de la majorité des gens, mais d'avoir conscience que la culture, la créativité et la communication sont en train de devenir les outils de "l'usine sans murs". Nous devons être suspicieux des manières dont les pratiques culturelles peuvent être exploitées par le capital. Pour cette raison, nous devons constamment questionner nos intentions, nos façons de faire et leurs relations aux conditions dans lesquelles nous agissons, afin d'éviter la récupération par un système qui produira des murs idéologiques autour de nous. Etre opposé à ces conditions signifie danger et insécurité."
Mattin in "Going Fragile"
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J’avais pourtant mis un post-it, mais je n’ai toujours pas parlé de Ben Frost, alors qu’on a récemment vécu peut-être la seule et unique « tempête » de neige de l’année, et que je ne vois pas ce qu’on pourrait écouter d’autres dans ces moments là. Donc là vite tout de suite, il faudrait sortir, marcher à découvert contre le vent, prendre le volant pour s’égarer de nuit, dans un endroit suffisamment désert et encore recouvert de neige, pour pouvoir enfin, écouter à la lumière des phares, « By The Throat ».
Sorti en octobre dernier sur Bedroom Community, cet album pourrait être la bande-son drone du prochain film de la prévention routière/de WWF/de David Lynch. On peut aussi penser à du Arvo Pärt tabassé à la scie sauteuse, étouffé dans du souffre et enterré à la pelle mécanique.
Après avoir fait des trucs plutôt ambient/post-rock, Ben Frost mélange, depuis Theory of Machines (2007), plutôt bien musique concrète, click and cuts et sonorités métal. En fait, c’est surtout depuis qu’il a émigré en Islande, que sa musique est devenue bien. Australien de naissance, on l’imagine bien débarquant de sa terre natale en short de plage et tong, ne pas se faire comprendre à cause de son accent délicat et finir par se perdre dans une forêt sombre et organique, traqué par une meute de loups. By the Throat serait alors le récit de cette arrivée chaleureuse.
L’analogie avec le territoire d’adoption de Frost est un peu trop pratique, mais difficile de ne pas penser tout au long du cd à des étendues inhumaines de roches et de lichens, à des distances solitaires, démesurées et inhospitalières. Ce « vide » d’hommes opposé au « plein » du sol, furieux et instable, forme l’épicentre permanent de By The Throat. Les guitares y sont des plaques tectoniques, elles se chevauchent comme des plaques d’aciers se froissent : dans des geysers d’étincelles amplifiées.
Ces saturations traversent de part en part By The Throat, que se soit sous la forme de cordes, de cuivres, d’hurlements bestiaux ou de chœurs fantomatiques (Peter Venkman Pt. 1 et 2). Dans Killshot, elles possèdent les guitares qui maltraitent alors mécaniquement la mélodie fragile du piano. Sur Híbakúsja,ellesécrasent l’espace en lacérant un oppressant jeu de cordes, au point d’asphyxier les samples de voix.
Et finalement c’est très pratique pour prendre le temps de ruminer sur le vide de l'existence, les injustices sentimentales traversées et le décalage cuisant entre les talents dont au aurait besoin et ceux que l'on possède réellement.
Kill ShotRouler sur l'autoroute sous la neige et oublier de freiner.
HíbakúsjaSe perdre dans les bois avec son thermos de café vide.
Je n'écoute jamais les groupes avant d'aller à un concert, en partie par flemme, en partie pour maintenir une part d'inconnu dans des soirées qui se ressemblent toutes ; et ce n'est pas parce que je co-organise celui-là que je vais faire une exception. Mais puisqu'on peut parler des livres qu'on a pas lu, on doit aussi pouvoir parler des groupes qu'on a pas entendu, ce que je vais m'empresser de faire afin de vous convaincre de la nécessité de venir voir Bird Names en concert (dimanche prochain, à grnd gerlande) au risque que l'angoisse de ne pas être au Bon endroit au Bon moment vous ronge avec ses petites dents pointues et pleines de tartre.
Au vu de leur page myspace, Bird Names viennent de loin - CHICAGO, Illinois - on peut donc raisonnablement penser qu'ils ne reviendront pas de sitôt. Une occasion peut-être unique donc, de voir un groupe de Country / Psychédélique / Garage (sauf qu'en fait c'est de la Pop /Freak folk) attrapés au vol en pleine tournée internationale (Brighton, Berlin, Lausanne). Les chansons en ligne ont une durée comprise entre 2 et 3.09 minutes, ce qui est court, ce qui est bien.
De plus ils ont une adresse gmail, des amis aux profils colorés, des commentaires élogieux, et des articles de presse dithyrambiques issus de journaux dont je n'ai jamais entendu parler qui citent à leur sujet Morricone, Thin Lizzy, Beefheart, Can, Os Mutantes, Animal Collective (duh), Taking Tiger Mountain By Strategy, Ariel Pink, et des enfants faisant de la musique avec leur boite à outils Fisher Price. Et comme ils le disent si bien eux-mêmes : "Since 2005 Bird Names has been making unique pop music in the American underground."
Last but not least, les photos du groupe montrent un sens du look impeccable, et un potentiel physique certain, ce qui rajoute un plus-produit par rapport à écouter l'album chez soi en regardant tomber la neige.
Franchement, même si j'étais pas obligée, je crois que j'irai quand même.
-texte uniquement composé en écoutant du ella fitzgerald, Rhythm is my business-
On a réussi à filer 150 DVD lors du concert sauvage de The Ex en décembre dernier, donc environ un tiers du public a pu repartir avec cet objet précieux.
En attendant l'édition Prestige (couverture sérigraphiée, blablabla), on vous livre en streaming et en download ces deux compils de vidéos de concerts filmés à Grnd Zero.
Un futur bien peinard : Kickball / Deerhoof / Xiu Xiu / Fat 32 / Black Dice / Animal Collective / François Virot / Kickball / Daniel Higgs / Ours Bipolaire.
Fin du monde bientot : MeltBanana / Pneu / Deerhunter / Clara Clara / Lighting Bolt / Chewbacca / Volcano the bear / Pif le chiant.
Sur l'édition DVD il y a aussi des bonus, qu'on peut retrouver pour la plupart en fouillant dans la partie vidéo du site. Et on tardera pas à mettre les autres.
Dans How To Kill a Mocking Bird de Harper Lee, le narrateur est une petite fille un peu rebelle surnommée Scout, qui fronce les sourcils, se bat avec les gaçons et déteste porter des robes, tandis que son père, Héros de la Justice Morale des Hommes, se bat nuit et jour contre le Racisme en Alabama. Bref, la classe. On n'est donc pas très étonné qu'Emma Louise Niblett, pourtant déjà affublée d'un nom romanesque à sa naissance, ait choisi de s'appeler Scout.
Scout Niblett est donc une jeune Anglaise du Staffordshire qui émigra voilà une dizaine d'années aux Etats-Unis. Alors qu'elle approche paisiblement la quarantaine, Scout possède toujours ce même visage d'enfant pas facile et la voix qui va avec. Car, au delà de sa passion discrète pour l'astrologie et les perruques, Scout compose, joue, chante, émeut vivement. Sa voix pourrait être celle d'un moineau borgne qui décide pourtant de ne pas baisser les bras face aux turpitudes insensées qui s'abattent sur lui. Autrement dit, ce qui émane majestueusement de sa mâchoire serrée est un mélange d'immense fragilité et d'entêtement, de grâce et de ténacité, et ainsi de suite. Avec un dictionnaire des synonymes on peut déployer une liste interminable de dichotomies et bien s'amuser.
En gros, quand elle entame un refrain, ça rend souvent les yeux humides. Si elle n'avait pas la tête de Gollum mélangée à celle d'une collégienne déviante qui fait des expériences sur des rongeurs morts, elle serait Cat Power à la place de Cat Power, qui est quand même une grosse feignante depuis au moins dix ans.
Sinon, bla bla travail avec Steve Albini, bla bla 4 albums super chouettes, bla bla.
Le duo avec Bonnie Prince Billy, qui arracherait des larmes d'émotion au président de la Corée du Nord :
- Comment être amoureux dans un monde dévoré par le changement perpétuel et le narcissisme, où la moindre relation humaine un peu durable semble devenue impossible ?
- Et Pourquoi donc le groupe Aa est-il complètement inconnu ?
Si répondre à la première question est simple (le gouvernement nous cache tout, la téléportation a été découverte en 1993, tenez vous un peu au courant), les deux autres nous mettent face à l'Abyssal.
Concentrons-nous sur Aa et tentons d'amoindrir cette injustice. Avec trois batteries, un clavier, quatre voix, et la panoplie du parfait noiseux (pédales mystérieuses, micros bizarres), ils tentent de réaliser la synthèse entre le quotidien du Premier Homme Primitif et celui du Dernier Etre Urbain Sympa Et Cultivé Mais Un Peu Paumé Quand Même. Un joli vacarme tribal, entre Liars période Drum's Not Dead, les Boredoms et Tomb Raider 3.
Sauvage et groovy, surprenante et accessible, leur musique pourrait illustrer un documentaire sur les Tupinambas, peuplade rieuse dispersée dans la forêt amazonienne, ayant pour particularité de manger des gens dans des cérémonies festives et colorées.
Thurston Moore est fan du disque et les demande en copains Myspace, les Boredoms invitent les quatre membres du groupe pour 77 Boadrum, quelques blogs et magazines chantent la joie de découvrir un Grand Groupe et leur accolent des étiquettes barbares ("art-core krunk", "neo-no wave", "cauchemar dance-noise urbain", ce genre). Malgré tout ça, LE MONDE CONTINUE DE S'EN FOUTRE.
Clang Sayne, c’est Laura Hyland (chant, guitare acoustique), James O Sullivan (guitare électrique), Matthew Fisher (percussions) et Peter March (bass), tous issus de la scène impro/free jazz londonienne. Ils viennent de sortir un premier album de folk-tourmentée, tous ensemble, en live, sans post-production ni effets truc truc, pour être plus dans la communion de l’instant dépressif. Ça s’appelle Winterlands, et c’est un joli CD à écouter quand il fait froid, calfeutré sous une tonne de lainage en attendant que le café se fasse. C’est plutôt de saison.
Après, selon un petit sondage de proximité, ça peut faire penser à un truc médiéval, pendant quelques secondes à Tool, ou à de la peinture symbolique. Mais aussi au Starsailor de Tim Buckley. C’est surtout très romantique, ça parle beaucoup de nature, de maternité, de mort et d’océan. Ce qui pourrait être assez rébarbatif, sans la voix de Laura Hyland qui donne vie à l’album en chavirant sans cesse entre douceur suicidaire et colère viscérale. C’est parfois ennuyeux et larmoyant, genre je-réfléchis-beaucoup-et-je-laisse-de-la-place-au-silence. Mais une fois dans l’humeur, c’est parfois très beau, fragile et incertain comme une silhouette perdue dans la neige.
Paula Frazer, chanteuse (terme réducteur) du groupe (également un film) TARNATION (2 albums chez 4AD au milieu des années 90) avait un day-off le 27 octobre dernier entre Zürich et Paris. Elle aurait pu jouer à Grrrnd Zero, mais PERSONNE ne nous a prévenu.
...
J'ai envie de m'automutiler très lentement.
Le morceau s'appelle Your Thoughts And Mine, et il me hante depuis 12 ans.
JulianLynch fait de la musique qui masse le cerveau, le détend, au pire l'endort, mais c'est pas grave de dormir, beaucoup d'humains en ont besoin. Avec sa voix d'aïeule posée sur des distorsions cotonneuses de guitare, Lynch nous livre ce qui ressemble à la complainte psychédélique de l'australopithèque émotif, troublé que tout ne soit pas encore rassemblé dans sa tête.
Cela dit il est capable de déconner aussi. En reprenant Cindy Lauper par exemple : Time After Time
Un autre élément qui en fait quelqu'un d'estimable est sa participation passée à Ducktails, que Matthew Mondanile représente désormais à lui seul. En gros, la beauté de Ducktails émane des réverbérations, des percussions sourdes, d'un son crasseux et d'un pouvoir de téléportation vers des plages encore vierges où gambaderaient les derniers dodos survivants. Comme le nouveau Ducktails est sorti il n'y a pas longtemps et qu'il faut être un peu altruiste, voici deux titres de "Landscape", un album moins tropical que le précédent.
ducktails - house of mirrors ducktails - oh, magnolia tree
(Yum yum, charge les mp3 de ducktails sur le Ftp, j'ai la flemme de les chercher dans mon disque dur. Non mais sérieux, faut tout faire à ta place)
(Salutations), (mise en bouche, blague) (blah blah) "les mixtapes déviantes de Ouïedire, webradio lilloise aux parutions ravagées, intenses, insupportables, euphorisantes, cyclothymiques et addictives" puis, (blague incroyable), mais aussi (extrapolation inattendue enchainée sur une deuxième blague de ouf) mais j'ajouterais aussi (nouvelle anecdote incroyable incluant Mel Gibson, une tranche de roquefort et la zone 51) ensuite (lien vous guidant vers une 1ère mixtape folle folle folle) "Ca y est, vous voilà interné sur internet" (image d'un chien qui ressemble incroyablement à Mel Gibson, en train de faire de la luge) (le chien , pas Mel) (deuxième lien vers ma deuxième mixtape préférée) (enchainement pertinent sur des souhaits de bonne journée, gif animé fou)
Samedi soir, Cruiser et d’autres groupes décents jouaient dans une maison pleine de jeunes gens qui soignent leur apparence débraillée. Cruiser est un groupe portlandais de rock-math-rock pimpant que j’ai bien aimé oh oui oh oui, et on passe un bon moment à écouter leurs morceaux d’une minute dix en faisant du ménage sur son bureau infesté d’icônes merdiques.
(ce groupe jouera, avec plein d'autres, à l'anniversaire de Grnd Zero le 20 octobre, cf rubrique agenda)
OBTN se compose principalement de deux gros nerds exaltés, Josh Bertram et Chaz Knapp. Ils se sont rencontrés par myspace, leur vie réelle se caractérisant par une absence sidérale d'amis. Comme ils habitaient aux bouts opposés des états unis, le groupe s'est formé en échangeant des fichiers sons. Ca a duré deux ans, et leur premier face à face physique s'est déroulé à 6000 km de chez eux, en Belgique, à l'occasion de leur premier concert. QUELLE BELLE HISTOIRE.
Un examen minutieux nous permet de diviser leur parcours en quatre étapes :
Période 1 (la magie de myspace, puis premier album, Tooth and Claw): Ils ont moins de dix huit ans et posent les bases de leur programme esthétique : exprimer la douce complainte des elfes inadaptés socialement à travers les landes de la puberté. Ca donne une tambouille animal collectivienne : les voix chevrottent, couinent le regret de l'enfance perdue, on sort les petites cuillers et divers objets qui font gling gling, on tape dans les mains, on triture tout ça dans le sampler. Un peu d'impro, un peu de bruit, beaucoup de mélodies toutes mignonnes et de ruptures arbitraires. Fat Cat passe par là, les signe, c'est la fête. Josh invite même sa maman à chanter sur un morceau, celui là.
Période 2 (album Make Amends For We Are Merely Vessels) : un virage mogwai/godspeed/sigur ros. Du post rock de jeunes gens émus en pleine lutte interne, donc, avec les règles habituelles du genre : les grosses montées vénères/la terre se déchire en deux, les passages lancinants/regarde comme il est beau mon drône, et bien sûr les quelques inévitables longueurs. On reste étonnés de l'emploi (très réussi) d'une voix screamo « j'ai pas pu acheter ma place pour le Hellfest, si c'est comme ça je pars hurler dans la nuit».
Le morceau préféré de mon colocataire blackmétalleux quand il se lève à 5 heures 30 pour aller travailler : trees part II
Période 3 : Avec le ep Parting Marrows, ils abandonnent les digressions interminables et, sans renier leur passion pour le bricolage, s'adonnent à la pop song. Des pop songs denses, avec un maximum d'idées et de bruits de clochettes débiles en trois minutes. On commence aussi à entendre un peu d'espoir émerger des geignements habituels sur la perte et la solitude. Voilà Augural Wraith, bande son idéale pour jeune fille maussade regardant la neige tomber à la fenêtre d'un chalet perché tout en haut de manigod-sur-bieuvre (haute savoie).
Période 4 (Sacred Psalms, 2009) : La Grande Synthèse. On est grands, on peut enfin jouer dans les clubs 21+ et on a même le droit d'acheter de l'alcool nous mêmes, on va vous montrer ce qu'on sait faire. Ce disque retrace leur cheminement au pays des lutins dépressifs (le jefaisdelamusiqueaveccequitrainedanslacuisine, le post rock, la pop tordue) et pioche également dans la musique africaine, caribéenne, de bali, des balkans (tout en restant digne, c'est pas Beirut non plus)... C'est de mieux en mieux, alors on comprend de moins en moins pourquoi l'univers ignore ce groupe. Quelques personnes particulièrement maléfiques pourraient arguer que la naïveté d'Obtn évoque parfois le lyrisme cucul malhonnête façon gondry/amélie poulain, mais ça tient pas debout. Nous avons affaire ici à de véritables candides, qui méritent notre attention sincère et durable.
PRE est un groupe Londonien et l'un des tout derniers groupes chez Skin Graft (le label d'aids wolf). Leur concerts sont bordéliques, la chanteuse ressent un besoin impérieux de se faire remarquer (en enlevant un maximum de vêtements), et leur musique se situe quelques part entre melt banana, aids wolf et le punk des mika miko. Un petit clip pour découvrir tout ca en live.
BUSINESS LADY - self -titled (EP CDR 2004) numbernine.mp3 Business Lady est l'un des groupes de Tara Barnes, la bassiste d'Evangelista (le groupe de Carla Bozulich). Cette formation post-punk viens de sortir l' album "torture footage" sur Load records, plutôt cool, mais je préfère vous faire écouter un vieux titre de 2004 sorti sur CDR et fortement conseillé par dounette. Sur scène on assiste parfois à un spectacle étrange, quand certains membres débarquent habillés en clowns tout droit sortis d'un bouquin de S.King.
WET HAIR - Dream (2009, not not fun) Cult Electric Annihilation.mp3 Wet Hair est le nouveau projet de Shawn Reed, graphiste, claviériste et membre de feu Raccoo-oo-oon. S'il n'a rien perdu de ses talents d'illustrateur, ce projet s'avère plus sombre et vaporeux. Cult Electric Annihilation, dont le nom a été partiellement emprunté pour le titre d'un nouveau zine (où l'on peut trouver une interview de shawn assez intéressante pour comprendre l'état d'esprit actuel du monsieur. Quelques exemplaires doivent trainer sur la distro du grnd), rappelle pourtant l'énergie des 'coon.
HEAD WAR - live au 2 candles in the ass fest (10-07-2009, Clermont-fd) head war live.mp3 Un extrait live de l'excellent festival organisé par les Handclapping Girls cet été à Clermont-ferrand. Ce groupe de punk crust bruyant, la grosse claque du festival, sera présent aux 5ans de Grrrnd Zero le 20 octobre prochain. Et ça, c'est bonheur dans nos coeurs. En attendant, vous pouvez toujours vous dégourdir les canaux auditifs avec une vidéo powered by le vilain chien, ou encore une autre de 2007 dans un squatt lyonnais.
Merrill Garbus est une Américaine au physique de cousine costaude, sympa et surtout un peu excentrique à ses heures, du moins au regard d'une bonne partie de la famille; madame s'est d'ailleurs égayée à appeler son projet tUne YaRdS. Au delà de cette extravagance orthographique, ce que l'on retient de Bird-Brains, son premier album, c'est que la cousine sympa s'avère assez douée pour brasser folk de seconde main, rythmiques chaloupées, guitares inspirées par la musique africaine, handclaps pénétrés, yodelling (occasionnel, restons calmes) et voix tannée de chanteuse gospel. Ca donne une sorte de Kimya Dawson en plus polyvalente. Ou plutôt Kimya Dawson qui aurait mangé les Dirty Projectors (je dis ça mais j'ai très peu écouté ce groupe. Pourtant tune yards c'est un peu l'idée que je me fais d'eux, réunis dans un corps rougeaud). Et The Blow.
Finalement, son auto-description reste peut-être ce qu'il y a de plus disert et persuasif: "c'est comme ta mère quand elle est vraiment vénère mais qu'à la place de te botter le cul elle se met à faire des beats de malade avec des pots, des casseroles ET ton cul".
Daniel Benmergui est ce qu’on appelle un développeur de jeux-vidéo indépendant, autrement dit un type qui aime bien, une fois rentré du boulot, écrire des lignes de codes sur son pc au lieu de manger des fruits et des légumes. Forcément il en oublie de se coiffer mais on le comprend, quand on sait programmer des jeux comme les siens, on a plus besoin de miser sur ses cheveux. Rien avoir avec la musique donc, ni avec les légendaires modalités de délivrance d’aide publique programmatique, et pourtant c’est SUPER bien.
En fait on peut difficilement parler de jeux-vidéo : pas de commandes, pas de niveau, il n’y a pas à proprement parler de déplacements ni d’action, en fait il se passe rien, juste un tableau fixe fait de gros pixels tristounets. Le seul but est de trouver toutes les fins, et pour cela il faut modifier la scène en trouvant comment agir sur les éléments. Et si l’amour réciproque semble être le seul moyen de trouver le bonheur, c’est pas facile.
Un jeune groupe DIY issu d'une banlieue défavorisée. Le guitariste joue la bouche ouverte, ce qui lui donne un air débile, mais même les plus mesquins devront concéder que le morceau est assez tubesque. De plus, cette version acoustique dévoile une sensibilité de chaton timide qu'on imaginait pas de la part de ces punks intransigeants :
Mayyors est un groupe de garage-punk de Sacramento sans myspace ni skyblog ni rien. Les morceaux issus de leur premier EP font penser à un concert des Cramps où Lux Interior aurait bu dix-sept red bull et où les quelques bikers alentour se rouleraient dans la boue en se tapant sur le ventre. C'est quand même mieux que Cocoon.
Peut-être que c’est lié au fait que je suis en caleçon et que la fenêtre est ouverte, mais j’écoute Growls Garden de Clark et je me fais un petit stock de frissons.
Son nouvel album « Totems Flare » est une espèce de commotion sonore incompréhensible, un tourbillon d’aspérités et de bruits hybrides qui semblent se noyer délibérément dans une surabondance de directions… Comme une provocation organisée pour retarder le plus possible l’explosion épidermico-orgasmique finale, la convulsion conclusion, le méga-frisson.
Plutôt electronica sur « Boddy Riddle », carrément brutal et techno plus tard sur « Turning Dragon », Clark semble avoir trouvé un équilibre sur « Totems Flare », un équilibre dans l’alternance et la saturation. Du coup c’est assez inégal mais à grande vitesse, il alterne sans pause les gros moments cradingues-mon-beat-gicle-partout, avec des lignes plus rugueuses et plus contemplatives.
Alors pour certains ça ressemble à du Boards of Canada surmégavitaminé et pour d’autres à un Aphex Twin période « Come to daddy », mais sortant de la douche (pour le côté moins méchant, je-sens-bon-il-m’arrive-d’aller-sur-le-dancefloor). En fait si on veut c’est un peu le mélange bordélique des deux, et c’est presque cohérent :quand on écoute Totem Crackerjack, qu’on supporte stoïque au milieu du morceau les secondes pénibles de drum&bass, et qu’on tombe sans prévenir sur cette montée de synthé, on comprend. Clark cultive la rupture et fait émerger de jolies choses, certes violentes et bancales, mais jamais complaisantes.Il faut donc souvent persévérer, écouter jusqu’au bout, puis à nouveau, surmonter la noirceur et la densité des productions, passer sur les renversements au premier abord inopportuns pour apprécier, enfin, cette tension si épique qu’elle pourrait presque donner envie de finir son mémoire de fin d’études en une soirée.
(sur demande explicite de l'auteur, on doit se retenir de laisser le post en langage sms/skyblog)
En 2006 sortit le premier et dernier album de White Flight, projet d'une espèce de grand barbu mal coiffé du kansas, Justin Roelofs. Après avoir officié dans un groupe d'indie rock vraiment pas indispensable, il se trouva seul comme un panda et partit manger des champignons et communier avec l'esprit des rochers au pérou . Ces expériences déviantes lui inspirèrent cette pop folk psyché coassante et agitée, des morceaux dignes d'un Beck répétant sur la moquette de son salon avec les Unicorns, Architecture in helsinki et Outkast. Maintenant qu'on a perdu la trace de ses tongs, on l'imagine berger des bois au sud de la Nouvelle Zélande.
Il y a des groupes qui ressemblent à des vêtements amidonnés, figés dans une certaine époque indéfinissable, qui n’est ni la leur ni celle des autres. Ils sont vieillis sans avoir cherché à être à la mode, et quoi qu’on fasse, ils ne bougent pas, ils restent à la fois éternellement frais et usés, comme si dès le départ leurs motifs ou leurs formes ne pouvaient prendre de plis.
Homelife fait partie pour moi de ces groupes, si accidentellement marquants qu’ils en sont charmants, tellement incongrus à leur façon qu’on pourrait prendre ça pour de la fadeur, si près malgré eux de l’oubli et de l’anodin qu'on aurait envie de les porter aux nues. Victime de paradoxes en quelque sorte, qui font leur insouciance et leur beauté.
Un peu comme ce « Flying Wonders » qui semble rebondir dans l’écho d’une bonne idée sans en sortir, comme coincé dans une bulle de savon hermétique.
Pourtant le projet Homelife ne manque de rien. Originaire d’un peu partout mais quand même pas mal de Manchester, ce collectif pop-bizarre-fanfare polymorphe synthétise l’ensemble des éléments indispensables au succès : beaucoup de musiciens-copains, des costumes, une approche cacophonique mais mélodique, une chanteuse asiatique en robe, des lieux de répétions conceptuels, de la nonchalance, de la barbe et un lancé de clochette souple et ample (peu de traces visuelles du groupe, je n’ai pas pu trouver d’autres illustrations que cette bande-annonce datant de Chalon 2003).
Derrière la grosse quinzaine de collaborateurs évoluant derrière Homelife, une tête semble quand même y faire figure d’aimant, ou de liant, le multi-instrumentiste Paddy Steer* qui instigua la formation du collectif en 1997. Après deux albums autoproduits sur l’héritage de sa grand-mère (moment émotion storytelling), ils signent sur Ninjatune et produisent deux albums étonnants, « Flying Wonders » et « Guru Man Hubcap Lady ».
Limités par la distance et le nombre de musiciens, les membres n’enregistrent jamais tous ensemble, c’est principalement Paddy Steer qui compose les morceaux par collages. C’est peut-être ce qui donne finalement au collectif cette sorte de cohérence indolente, faite de bricolages et superpositions groovy qui semblent s’étirer à l’infini, sans pour autant s’inscrire dans le présent, comme bloqués dans une désuétude cotonneuse et attendrissante. Un peu comme la BO d’un film en stop-motion où un vieux banjo en pâte à modeler essaierait de danser le mambo, coincé entre ses aspirations à des rythmes chaloupés et la tension de ses cordes.
Ça ne veut rien dire mais c’est un peu l’idée. Dès lors il ne reste qu’une mélancolie légère et onirique, qui donne envie d’un petit déjeuner au lit.
Ce qui donne des choses très jolies comme des ballades à la poursuite de l’être aimé :
(* Après avoir fait pleins de trucs avec plein de gens, Paddy Steer (à gauche sur la photo) s'est lancé récemment dans l'exercice périlleux du projet solo et c’est plutôt rigolo, avec des loupiottes et des masques.)
Nouvelle recrue de Paw Tracks, jusqu'ici label SPA missionnaire, Dent May est un curieux mélange entre Woody Allen (pour le côté " ouais, j'ai le physique de celui qu'on choisit en dernier dans son équipe de handball au collège, mais j'emballe trop les filles) et un crooner à dents Ultra-Brite genre Sinatra (paaalalaaapapah les escaliers qui s'allument). Beau mélange.
Armé de son ukulélé, de son orchestre et de quelques choeurs que même pas t'aurais osé imaginer voyager dans le temps comme ça (et aussi de Rusty Santos à la prod quand même), il entonne des mélodies imparables de fervent amoureux, tour à tour volage, cœur d'artichaut et/ou alcoolo. Bref, j'aurais pas cru mais J'ADORE CE TRUC.
Petit focus puis une interview du créateur de RURALFAUNE, un label français basé à Angers qui a vu le jour en 2006 et qui jusqu'à présent reste malheureusement peu connu dans nos contrées, malgré un rayonnement mondial et plus particulièrement outre atlantique. C'est Bruno Parisse qui se cache derrière ce productif réseau. Il explore et défriche toute une scène évoluant autour d'un magma d'étiquettes tel que la nouvelle folk expérimentale, le drone obscur ou bien encore la weird noise...
Ruralfaune, c'est tout d'abord des tirages cdr en édition super limitée, de somptueux packagings faits maison, des tarifs planchers à 5€ l'album et un compromis équitable avec les groupes pour la distribution. Parmi les 60 sorties cd-r et pour se faire une idée de ce que promeut ce label, il existe des compilations tel que Frannce, un boxset 3cd bleu blanc rouge co-produit avec La belle dame sans merci, où l'on retrouve des groupes que l'on apprécie particulièrement à Grrrnd zero tels que Volcano the Bear, Heavy Winged, Family Battle Snake, Black forest Black Sea, The North Sea, Fursaxa, Ajilvsga, Fabio orsi... Ou bien encore la compile the Rur L.A. faune avec Pocahaunted, VxPxC, Changeling et Insamiacs centrée sur ces formations de Los Angeles.
Bruno a volontiers accepté de répondre à quelques unes de mes questions qui lèveront peut être le voile sur toutes ses activités fort recommandables :
Salut Bruno, peux-tu nous parler de ce qui t'a amené à monter le label Ruralfaune et de ce qui te motive dans toute cette scène que tu tentes de promouvoir ?
Bonjour et merci de montrer votre intérêt au label. Ruralfaune est né en février 2006. C'était pour la sortie d’un cdr limité à 32 exemplaires ! Cette époque me parait désormais bien lointaine… (Lire la suite).
Ils sortent de nulle part ou presque, ont un line-up des plus improbables composé d'un indonésien sans papiers, d'un australien, d'un islandais et d'un italien, ont sorti un premier album dont personne n'a jamais entendu parler et qu'une personne de confiance m'a décrit comme étant une sombre merde, et je veux bien le croire.
Mais le deuxième, "The horse, the rat and the swan" a débarqué comme les 4 animaux de Brême, sauf qu'eux sont centralisés à Perth et depuis peu relocalisés à Londres, et qu'ils n'ont pas quitté leur chaumière pour fuire des maîtres en voulant à leur peau mais bel et bien pour répandre de par le monde leur vision d'un post-punk tendu et déroutant. Il est difficile de les mettre dans une case tant les ambiances varient au gré du disque, on passe des Swans à Brithday party pour retourner en trombe sur Liars sans autre forme de procès.
Le disque reste malgré tout emprunt de ce parfum de fin de soirée qui sombre dans le glauque, de jam inattendu qui dégénère. Leur myspace très bien fourni vous donnera une très bonne idée de tout ce que ce mélange peut donner. Dans six mois, ils seront sur un gros label, passeront pour trois fois plus cher dans une grosse salle, et en plus leur prochain album ne peut être que moins bien. Encore une raison de plus de ne pas les rater en concert, par exemple ce Jeudi 18 mai au Sonic.
"Jesus Is A Brave Little Toaster Volume 1: Take Nothing But Footprints, Leave Nothing But Photographs" de Twocsinak et DJ Sarah Wilson est sorti sur le label Anglais Wrong Music.
Sur ce disque figurent 18 titres qui SURPRENNENT par une incessante recherche de l'inédit et de l'expérimental (tout ce qui fera potentiellement tressaillir nos petites oreilles blasées). Initialement, il s'agit d'un album de "reprises" et de "remixes", courant vers la dégénérescence, la parodie, le gag. On passe de la salle de bain (Janek Schaefer’s shaver) à la salle de concert (Approximate ribonucleic matching yields operatives for military endeavour). Le nom du groupe Anglais I know I have no collar devient ici la complainte débile d'un robot dépressif qui ne peut rien changer à sa condition (I know I have no input). Personnellement WOUAHAHA beaucoup.
(Bonjour, j'habite à Brighton et j'aime me travestir à l'occasion)
Avec son comparse Sj Esau, ils entonnent aussi des hymnes stupides et déviants sur leur matos de musique cassé (It must be to keep my so), ou bien sur l'ancien métier supposé de Twocsinak (réparateur de machines à écrire). Ça finit en choeurs déstructurés, c'est beau et drôle à la fois, et c’est une reprise de la chanson "Harmful Headfull" du même Sj Esau.
Twocsinak met parfois notre capacité d'attention à rude épreuve par son sens de la pirouette, des enchaînements impromptus et des virevoltages successifs. De cet album se dégage un sens de la composition à base de bordel impressionnant. Plaisir évident et communicatif. Les enchaînements sont abrupts, surprenants, et souvent très drôles (stero yo yo yo yo). L'humour penche le plus souvent vers une sorte de régression érudite, parfois pince-sans-rire. C'est con et distingué à la fois.
Cela prendrait trop de temps pour tout expliquer, mais il faut savoir que derrière chaque morceau se cache un concept souvent incroyable : telle reprise est une transcription phonétique des paroles de la chanson originale, telle autre est inspirée de Philip Glass et finit en rasage de barbe, une autre chanson parle de sa durée… Et chacune de ces petites idées mises bout à bout pourrait aboutir à un résultat pompeux…mais non.
D’où : Quelques explications PAR SON AUTEUR autour de ce qui peut parfois paraître déroutant à la 1ère écoute. Une sélection arbitraire et forcément incomplète au regard de cet album de génie, mais quand même bien foutue, et réalisée exprès pour grnd zero :
Oui, c'est super bien. J'arrive pas à m'empêcher de rajouter des commentaires :
Nicholas Voici un tube pour avoir des frissons, à écouter à l'aube, sur un sentier de forêt pris par le givre. Sinon, dans le bus, ça marche aussi. Approximate Ribonucleic Matching Yields Operatives For Military Endeavour Ici, Twocsinak s'adresse à un orchestre qui lui répond de manière incohérente, puis s'attaque à une reprise jazzy foireuse de Björk sous les huées du public. Les Monty Python ne sont pas loin. Bleak war? Break law Reprise de Bear walk de Freeze Pupy ; un sommet de débilité geek sur les bonheurs du fast-forward. Allez maintenant tu chantes aussi vite que tu peux. Allez. I’m sorry. I cannot sing as fast as I would like Therefore I must rely upon an artificial means, So when my voice has passed into the mic It can accelerate without losing any phonemes. But because I’m a self-referential tit I can’t resist the urge to draw attention to my guile: I used Quicktime. If you fast-forward it It will double the speed of the original wavefile.
Personnellement, je mets Twocsinak dans mon top ten personnel des grands génies méconnus qu’on a envie de faire connaître à tout le monde. Oui oui.
Pour devenir son copain : http://myspace.com/twocsandsarah
Pour pleurer sur sa vie devant des cassettes qui tournent:
Je viens de tomber, au détour d'une mixtape, sur un groupe qui s'appelle Twin Lion et fait écho à plusieurs groupes dont j'ai jadis parlé ici.
Twin Lion fait du Blank Dogs californien (quelque chose qui se rapproche de Sic Alps ou Wavves sans les skateboards) lorgnant parfois vers Liars ou Urinals (pour le côté cavalcade de punk chamane), avec une touche occasionnelle de tropicalisme à la Ducktails et un chant qui rappelle le batteur/chanteur de No Age quand ses cordes vocales le laissent tomber. Soit une alternance de garage lo-fi tribal et de new wave âcre et agitée qui peut aussi faire penser au dernier EP de Abe Vigoda, mais ça on en reparlera au moment opportun, déjà bonjour le namedropping.
Le premier album de Twin Lion, Awesome Power, n'est pour l'instant sorti qu'en cassette. En écoutant ce titre on peut déjà passer 5 minutes de bien-être rudimentaire et finalement trouver que cette description soul / trance / concrete sur leur page tombe à point nommé:
Family Time, le label de Twin Lion vient également de sortir le premier EP de Ancient Crux , "Interracial Coupling" (un intitulé idéologiquement engageant).
Ancient Crux mélange freak folk, comme on dit, et psychédélisme indolent et semble jongler agilement entre The Oh Sees, The Curtains, Women, les Zombies et Grizzly Bear. Voilà, j'ai battu mon record de nombre de groupes cités dans un post.
Dans les années 20, Gramophone -alors plus grosse maison de disques du monde- s'est mis à sortir des vinyles à destination des populations d'afrique de l'ouest, alors propriété de l'Empire Colonial de Sa Gracieuse Majesté. C'est donc à ce moment là que des africains ont commencé à enregistrer de la musique pour d'autres africains (de la musique éditée par des blancs pour faire des sous, entendons nous bien).
La compilation Living Is Hard réunit 23 chansons, piochées dans les milliers de 78 tours produits entre 1927 et 1929 à Hayes, dans le Middlesex.
Les morceaux sont à peu près tous magnifiques et pourraient servir d'illustration sonore au mot EMOTION dans un dictionnaire interactif. Par contre, leurs auteurs sont presque tous inconnus (ok, deux ou trois ont des disques trouvables, ou du moins une poignée de morceaux disponibles sur d'autres anthologies). La plupart des musiciens ont été ramassés dans des ports, parmis les dockers ou les marins, d'autres ont été importés d'afrique spécialement pour l'occasion. On entend ainsi des bouts de musique africaine, caribéenne ou américaine, parfois mélangés.
Living Is Hard, donc, puisque c'est une époque pas vraiment groovy quand on est noir en angleterre (pogroms dévastant des quartiers entiers à Cardiff et Liverpool, décrets forçant les noirs à travailler clandestinement, la fête perpétuelle quoi). Alors les gars y vont à fond pour chanter la douleur d'un monde injuste. Ca doit parler de résignation, de révolte, du fait que c'est pas toujours facile de marcher pieds nus avec quarante de fièvre sous la pluie londonienne, mais qu'on arrive malgré tout à tenir debout, et à vrai dire c'est tellement beau que j'ai même pas trop envie de faire des vannes crypto-débiles.
Une alliance de simplicité brute et de raffinement, produit d'une panoplie instrumentale digne d'un enfant farouche mais créatif qui s'enferme dans sa cabane en haut d'un arbre pour composer des ballades dont se moqueraient les autres de sa classe. Bien qu'ils habitent l'endroit où un grand nombre de jeunes urbains en quête de bon goût perpétuel songent parfois à s'exiler, leur musique dégage avant tout quelque chose de subtilement forestier et pastoral (oué, rien que ça). Quand ils se mettent à chanter, ils ont l'habitude de prendre des voix de fausset, à la façon d'un bee-gee éraillé ou d'un bûcheron rabougri qui voudrait imiter Billie Holiday en coupant du bois. Dit comme ça, ça fait peur, mais le résultat est réussi.
A part ça, Woods est un groupe à la formation difficile à suivre. Aujourd'hui, elle semble s'être à peu près stabilisée autour de Jeremy Earl, Jarvis Taveniere et Lucas Crane. Le premier est fan de pop et s'occupe de Fuck it tapes et Woodsist (deux super labels au grain lo-fi très caractéristique, produisant un nombre honorable de groupes qui nous font paraître le temps moins long). Le deuxième joue aussi avec les punks de meneguar, et le troisième provient de l'univers coloré de la noise snob (il s'amuse avec un laptop et un lecteur cassette dans Nonhorse).
Le premier album (how to survive in the woods) a été enregistré dans une cave avec un seul micro. Il est très bien :
Et maintenant, pour Songs of shame, leur petit dernier, on en est (presque) au vrai studio. Là je l'ai pas sous la main, je mettrai peut être un extrait plus tard.
Nervous Cop est ce que l’on pourrait appeler un super-side-project. Cet album (sorti en 2003) réunit en effet quatre indie-stars échappées de leur activité principale : Zach Hill (batteur de Hella), Greg Saunier et John Dietrich (batteur et guitariste de Deerhoof, entre autres), et la petite Joanna Newsom (avant la célébrité). Ce genre d’entreprise est souvent l’occasion pour des musiciens de s’autoriser de « petites folies », de faire un peu n’importe quoi sans trop s’inquiéter de ce que Pitchfork va en penser.
Le résultat tient parfois de la private joke ou de l’auto-complaisance, mais il arrive aussi qu’ils bossent pour de vrai et produisent un truc intéressant. C’est bien le cas ici. Avec cet album, la harpiste et les deux Deerhoof ont risqué leur bannissement de l’Olympe de la pop (pour Zach c’était déjà fait depuis longtemps). Ils y délaissent la mélodie au profit de ce qui mériterait l’appellation de salmigondis : « Assemblage disparate, mélange confus de choses ou de personnes. ».
Le groupe d’un jour ne recherche pas l’homogénéité, les sons cohabitent plus qu’ils ne construisent ensemble un même édifice; ce qui est d'ailleurs logique puisqu'ils n'ont jamais répété tous les quatre ensemble. Les deux batteries sont déréalisées par un bidouillage électronique qui les mue en un seul flux heurté de sonorités polymorphes. Là-dessus, Dietrich vient poser quelques sons synthétiques, et Newsom sa harpe (fort discrètement pendant un bonne partie de l’album). Un album plutôt chaotique donc, mais qui dénote aussi d’une réelle et réjouissante envie d’expérimentation.
Son nouveau disque, Second Chants, sort en vinyle limité à 500 exemplaires. Son label qui n'aime pas les voyelles (SHDWPLY records, oui) est néanmoins sympa et offre l'album en téléchargement intégral ici.
hop, petite playlist autour de quelques formations féminines, plus un extrait live gz :
US Girls - A day at the race. US Girls c'est le projet de meghan, jeune américaine qui nous a envouté le temps d'un soir à grand guignol avec son set chant de mémé sur bande enregistrée, très à la mode ces derniers temps sur les petits labels k7 obscurs d'outre-atlantique. Ce titre est déjà dispo sur son myspace mais a l'air inédit et n'apparait sur aucune de ses 3 ou 4 releases cdr/cassette/vinyl qu'elle a déjà produit. C'est un peu plus rentre dedans que ce qu'elle fait d'habitude... Elle sera au mois de mars en tournée sur quelques dates avec Aids Wolf aux US (oui, une fois de plus, gz vous fournit des informations qui vous concernent de très près).
{audio}./imagesOLD2/stories/audio/02 US Girls - a day at the race.mp3{/audio}
Pocahaunted - Chains. La musique de ce duo d'américaines peut évoquer la complainte d'une chouette hagarde dans un bois scandinave. Pioché parmis la vingtaine de disques qu'elles ont sortis depuis 2006, voilà Chains, cover des ultra repris fleetwood mac. C'est issu de leur avant dernier LP sorti chez notnotfun fin 2008. Elle passeront par chez nous en juin et en live ça peux donner ça.
Aids Wolf - Live a grrrnd zero 12-05-2008.Un live gz, cette fois ci à Vaise en mai dernier (merci a nos sexysondiers pour leur bootlegs de prrestige). Les canadiens d'aids wolf, bien connus par 0, 0000000001% de la population mondiale pour leur atelier de sérigraphie Seripop, et également pour les cris de leur chanteuse freaks qui aime se déguiser en batman. Un extrait court mais énervé : Chinese Roulette (merci à romain ITEM pour ses chouettes photos).
{audio}./imagesOLD2/stories/audio/06 Aids Wolf - live a grrrnd zero 12-05-2008.mp3{/audio}
Zola jesus - Rester. Derrière ce nom intrigant se cache la performeuse nika roza danilova, qui était récemment en tournée avec Pocahaunted, et le sera bientôt avec Wet hair (l'un des nouveaux projet d'un des gars de raccoo-oo-oon). Ces références solides m'ont forcément donné envie de fureter un peu, et au final j'ai découvert cette sorte de weirdy-nowave emmené par cette mystérieuse chanteuse . C'est pas mal du tout, elle a sorti deux EP et a également participé à la compile V.A. XXperiments sur Die Stasi Records, qui a la particularité (tel Supreme Stef de S'étant chaussée) d'être dédiée aux filles (Cro Magnon, Luxury Prevention, Circuit des Yeux, Buckets Of Bile, Bird, US Girls....)
{audio}./imagesOLD2/stories/audio/08 Zola jesus - rester.mp3{/audio}
Le mois dernier, suite à l'apparition de dates fantasmagoriques sur internet, certains ont cru que Wavves jouerait avec Women au salon de Gerland. Les Wavves eux-mêmes ont demandé, des paillettes d'enthousiasme plein les yeux, si Women passait bien le même soir.
Bah non, la honte. Et pourtant on a essayé.
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Women est un groupe canadien dont le premier album éponyme, sorti en octobre 2008 sur Jagjaguwar (ça peut servir: va donc taper "women" tout court sur google), est assez formidable. Surtout si on l'écoute d'une traite en empruntant un quelconque moyen de locomotion - même ses propres pieds font l'affaire.
Women, donc, est une sorte de fondu enchaîné entre les canons de la pop et l'improvisation bruyante, avec parfois des intermèdes pleins d'arpèges ou de bruissements, le tout se succédant avec une insolente majesté.
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Women commence avec 'Cameras', dont les quinze premières secondes ressemblent à un choeur de cathédrale couvrant la résonnance d'un mystérieux tic tac, jusqu'à l'explosion sourde de la 16e seconde, qui entraîne n'importe quel corps doué de motricité dans des secousses rythmiques spontanées. Ca se clôt sur 'Flashlights', on dirait une espèce de free jazz qui se joue sur une péniche faiblement éclairée par des guirlandes rouges clignotantes, et le bateau tangue, et il semble s'enfoncer.
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Tout ce qui est situé entre peut rappeler les Beach Boys, voire les Mamas & the Papas pour certains titres aux harmonies passablement hippies, tandis que les morceaux plus nerveux et erratiques mélangent Velvet Underground période Nico/banane, This Heat, Sonic Youth, ou même des groupes avec un peu moins de varices, comme Deerhunter.
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D'ailleurs, dans un passé moyennement lointain, il m'est aussi arrivé d'ajouter qu'il s'agissait d'un disque "qui pourrait servir de BO à une existence déjà bien remplie, comme dans un film de Lelouch". Voilà, comme ça, ça donne encore plus envie et ça m'évite de réellement conclure.
C'est au détour d'une réunion de notre éminente instance que j'ai appris de la voix de notre président que ce site où tu traines là maintenant reçoit rarement moins de 800 visites par jour, Quelle occasion inespérée de parler de plein de choses importantes comme la musique de jeunes, ses codes et les valeurs qu'elle est supposée transmettre.
Rien que dix ans plus tôt il aurait fallu écrire ces inepties dans un fanzine papier qui serait lu seulement par quelques trop rares initiés, et la musique, pour peu qu'on s'y intéresse vraiment et qu'on ait pu faire quelques heureuses rencontres, aurait circulé par le biais de K7 ré-enregistrées pour cause de disques introuvables ou tout simplement épuisés. Adolescent, une de ces K7 usées m'aura permis en 1990 d'enregistrer une émission de Bernard Lenoir consacrée aux dix ans de la mort de Ian Curtis. Il y avait un invité qui possédait tous les disques de Joy Division. A l'époque, comme pratiquement tout le monde au lycée, je connaissais Joy Division mais j'étais loin d'imaginer qu'ils aient débuté comme un simple groupe de punk rock, avant d'être rattrapés par la production dark 80's.
Joy Division, c'était les t-shirt, les affiches et les cartes postales, plein de produits dérivés d'un groupe devenu mythique après la mort de son chanteur, un peu comme Bob Marley ou Jim Morrison mais en plus underground, une valeur sure, bien pratique pour se reconnaitre parmi les ados durant les années 80 et encore aujourd'hui, à la ville comme à la campagne. Les fabricants de merchandising l'ont bien compris, le jeune est une cible de choix quand on lui propose des concepts rassurants et faciles à comprendre: la drogue c'est cool, la jeunesse emmerde le front national, se suicider à 21 ans ça déchire... Une fois rangé des bécanes, l'ex-jeune pourra voter PS en toute bonne conscience, consommer sa vie d'adulte et pourra toujours considérer la musique comme un loisir, il pourra même dénigrer les initiatives des plus jeunes, prétextant que c'était mieux avant.
Les choses semblent parfois nous échapper, noyées dans la masse sous forme de divertissement, mêlant pratiques culturelles autonomes qui peuvent s'avérer rentables, évènements culturels institutionnalisés qui tournent à perte, contribuables dociles, bénévoles, professionnels, et enfin public. Reste à espérer que ce dernier, lassé d'être infantilisé, deviendra plus exigeant et actif à son tour, comme un juste retour des choses. Aujourd'hui on a même droit à un film sur Ian Curtis. La seule chose qui nous sera épargnée c'est la reformation de Joy Division pour jouer en première partie de Laurent Garnier. Au passage, un lien vers le fan-site de Warum Joe, un autre groupe moins connu bien que presque aussi vieux, et toujours en activité, qui ont joué ici en mai dernier.
Une pensée pour hamani qui vient de nous quitter, c'était le guitariste de straight to hell qui jouait en première partie de warum joe ce soir là.
Histoire d’alimenter le blog de GrndZero (Gerland, 69 / France) et comme le rédac chef me presse, que j’ai pas d’idée et que le dilettantisme est de mode, me voilà contraint de présenter une Lucifer-list de mars (ou du jour plutôt) pragmatique et giboulée, coupée décalée, accrochez-vous (les moins téméraires surtout)… Nan en vrai, je suis pas en mode provoc’ là donc ça va être tout doux pour vous je pense.
Loin de ses exercices de style “Lightning Boltés” du dernier album, ce tout petit extrait de “Just a souvenir” (2008) s’apparenterait à un L’Ocelle Mare post produit, anachronique et chic. Squarepusher devrait passer à l’Épicerie Moderne d’ici pas longtemps.
Felix Laband est Sud-Africain (d’où peut-être l’utilisation du piano à pouces… heu, cela dit des ressortissants british installés à Lyon en font un usage bien plus compulsif). Bref. Je recommande ce morceau tard le matin, un dimanche, frais mais ensoleillé… au ptit dèj avec Anne… ou un(e) autre.
Un des plus beau truc qui soit arrivé à la musique pour moi… en 1983 (les contre-chants de hautbois me flanquent systématiquement la chair de poule). Question actualité, Psychic TV sera aux Nuits Sonores : une bonne nouvelle inch’ Allah…
Dans un post précédent, je parlais de Raymond Scott et des précurseurs géniaux de la musique électronique. Voici Jean-Jacques Perrey, né en 1929 ! Ce morceau date de 1970 et s’il vous fait penser à du Gangpol und Mit… c’est normal.
On est ici plusieurs à penser que les Unicorns se sont juste séparés un peu trop tôt… ou pas. C’est la vie, c’est comme ça et notre besoin de consolation est impossible à rassasier… pourtant cette pop song super émo y parvient parfois (heu, je parle pour moi).
Si je n'avais pas croisé la route du chouette label Netlab en Angleterre, je n'aurais probablement jamais entendu parler de John Cohen, voisin sur mon disque dur de John Carpenter, John Oswald, John Cage, John Kaced... Marrant, car un mélange hybride de ces derniers donnerait sans doute un truc relativement proche du disque dont je vais vous parler.
Seul dans sa chambre, John Cohen fabrique des bruits, des atmosphères qui illustreraient parfaitement un documentaire BBC Planet Earth à gros budget sur la fin du monde. Une musique à écouter seul la nuit, à la fois séquencée et terriblement organique (terriblement), dont la texture et la noirceur pourra faire pencher l'humeur hivernale de l'auditeur vers les aspects dramatiques les plus incompréhensibles de sa vie. Je préviens. Ça s'entend qu'il continue de compter les vagues post Aphex Twin, Autechre, A. Rother, Tim Hecker & Cie, qui continuent de s'échouer sur les plages de Brighton où il vit aujourd'hui. Mais pas seulement, et certains passages sont tellement chargés émotionnellement qu'à la fin de ce disque trop court, vous vous retrouverez sans doute seuls avec le genre de silence pesant que la plupart des gens semblent redouter en société.
Comment dire, c'est comme si après un grand cataclysme, on arrivait enfin à capter de rares traces éparses de vie humaine à la surface de la terre. Et là, on chercherait à rentrer en contact avec nos proches. C'est très cinématographique : écouter cette musique c'est un peu comme voir un blockbuster dans un cinéma avec plein de basses mais vraiment plein. Sauf qu'ici c'est vous qui êtes en charge d'illustrer derrière vos paupières le déluge sonore de John, l'apocalypse selon Cohen, se complaisant dans le sombre, détruisant tout en espérant. Il est un peu magnifique l'univers projeté par le cerveau de ce jeune homme de 18ans, l'âge auquel il a enregistré ce disque.
Et je ne peux m'empêcher de trouver ça incroyable de faire un disque pareil à 18ans. Je ne peux m'empêcher d'imaginer qu'il faudrait soit lui faire écouter quelque chose du genre "ça fait rire les oiseaux" pour lui changer les idées, soit offrir à ce petit génie une résidence à vie dans un château vide et hanté du sud de l'Angleterre, pour qu'il y enregistre beaucoup d'hymnes grandioses et autres pièces spacieuses de ce genre. Des plages sous la surface desquelles la violence serait toujours latente (des fois on dirait un orage en montagne), des prestations pour fantômes errants sur les lieux de leur malheurs. Alors qu'avec les pouvoirs dont ils sont dotés pour apparaître, disparaître et traverser les murs à leur guise - au lieu de se complaire dans le désespoir qui a causé leur fin - ils pourraient être en train de se promener dans un centre commercial à San Francisco.
Cohen, c'est le type même du génie fraîchement réincarné, ou le génie d'un type qui sait comment s'y prendre pour faire tenir la masse de notre voie lactée composée de plusieurs centaines de milliards d'étoiles à l'intérieur d'un minuscule dossier MP3. Et quand je pense que la plupart de cette masse (83%) provient de la matière noire environnante, je pense à la musique tendue, hantée de noirceur, de corps et parfois d'éclaircies de John Cohen.
- Je recommande pour écouter ce disque : http://www.twenga.fr/offre/8715/3777140449687436436.html , je déconseille ces morceaux là sur des enceintes d'ordinateur. - Je recommande une écoute dans la rue, au casque, seul, de nuit, par temps de pluie. - Je ne le conseille pas aux états dépressifs, même sans les basses, ni en route pour Gerland car vous risqueriez de vous perdre dans quelques rues sordides et mouillées, errant jusqu'au petit matin autour des locaux de la grande secte zéro sans jamais les trouver.
Le disque entier est téléchargeable gratuitement ici
Une double page dans le libé du 28 février est consacrée à JM. Bertoyas (notre copain Colas, édité chez à peu près tous les éditeurs cools français, du dernier cri aux requins marteaux. Parfois il nous fait même des affiches aussi belles qu'illisibles, et elles sont vraiment très très belles).
Bon, c’est soit je deviens vieux et con, soit c’est la sagesse qui m’assaille, mais ces derniers temps il m’arrive un peu trop souvent (à mon goût) de penser : "(putain quand même) c’était mieux avant"… Pas comme si je portais des pattes d’eph’ ou des cols en moumoute, mais un sentiment récurrent qu’aujourd’hui rien ne s’invente, tout se transforme (heu… dans le meilleur des cas)… et c’est triste.
Aujourd’hui, je vais donc vous parler du monsieur en photo, un monsieur né le 10 septembre 1908 : Raymond Scott, compositeur, inventeur et précurseur… et ça fait vraiment froid aux yeux de replacer sa musique dans le contexte des années 50. Waou, rien que d’y penser ça me donne le tournis… (imaginer que Justice sont toujours vivants et Daft Punk font parfois des concerts paraît soudain un violent anachronisme). À cette époque, le rock’n’roll n’existait pas et les membres de Kraftwerk étaient à l’école primaire… mais un jeune premier issu d’écoles de compositions académiques alimentait déjà la B.O des folles divagations d’héroïnomanes notoires et futurs.
Quand certains se contentent de très mal faire un seul et unique truc, Raymond Scott touche à tout : superhéros de l’illustration sonore (“commercials” et jingles-radio totalement freaks) à l’aube des années 40, dans un registre jazz/music-hall, ses thèmes font l’objet d’un recyclage compulsif agrémentant les plus illustres cartoons de l’époque.
Loin de se contenter d’améliorer considérablement le quotidien de millions d’Américains, Scott expérimente, cherche et trouve les sonorités du futur. Inspirateur de Bob Moog lui-même (inventeur messianique des premiers synthétiseurs analogiques), il développe les premières machines du genre comme cet “electronium” (en photo ci dessus) qu’il met aussitôt en application, posant (avant l’heure est un euphémisme) à peu près tous les jalons de la musique électronique future, cédant bientôt à la postérité un corpus invraisemblable de pièces instrumentales défiant les lois de la chronologie (bon, pour être honnête, ils étaient deux-trois dans ce cas et de prochains posts leur seront peut-être consacrés).
N’empêche que tout est là ! De l’électronica contemporaine aux mouvances les plus expérimentales et hermétiques… comme si le monsieur avait déjà tout inventé avant les années 70 ! C’est tellement saisissant que je vous invite à aller vous faire votre idée propre sur ces plages hallucinantes, tantôt breackcore primitif , électro-ludique ou transe-noise préhistorique. Les pièces maîtresses de son catalogue sont pour la plupart rééditées.
à écouter (en priorité) : > Raymond Scott - Manhattan Research, Inc. [Best of - double CD] (Basta, rééd. 2000) > Raymond Scott - Soothing Sounds for Baby [Vol. 1, 2 & 3], (Basta, rééd. 1997)
En parcourant l'espace éditeur indé à Angoulême, on rencontre de tout... du timide mais efficace stand Tanibis à celui plus imposant de L'association squatté par des Mattt Konture et autre JM Bertoyas. Parmi tous ces espaces, je suis tombé sur Modern Spleen, un journal gratuit consacré à de jeunes auteurs. L'initiative a l'air cool, j'embarque le n°1 pour le lire plus tard, parceque bon, y'a tellement de trucs à découvrir ici en un si petit week end que le temps manque cruellement.
Quelques semaines plus tard, sur la boite du grnd, on reçoit un mail de l'asso NA qui se trouve être à l'initiative de ce projet. Alors, NA ce sont quelques étudiants de l'école de bande dessinée d'Angoulême. Ils ont décidé de publier tous les 4 mois de jeunes auteurs du monde entier (17 pour ce premier numéro), et d'inclure à chaque fois un dossier central consacré à une association sociale. Leur idée, en plus de faire découvrir de futurs talents, c'est aussi de pouvoir distribuer gratuitement ce journal dans plein de lieux différents. Des librairies bien sûr, mais aussi des salles de concerts, des musées, des cinés, des théâtres... Cela permet d'élargir leur lectorat à un public bien souvent amateur du genre, mais qui n'a pas forcément le temps ou l'idée d'aller dénicher des auteurs en marge des grosses productions qu'on aperçoit en tête de gondole des supermarchés de la culture. Bon alors pour arriver à faire un journal gratos dans toute la France, faut des sponsors, des partenaires, enfin de l'argent quoi... Dans ce premier numéro, ils se font discrets, juste un petit encart en bas de la troisième page. Pas de pubs envahissantes donc, juste des cases et des bulles, des illustrations pleine page, des auteurs qui vont vous en rappeler d'autres et certains déjà plus novateurs dans le style ou les idées. La qualité de ce premier numéro est forcément variable d'une page à l'autre, enfin tout dépend des goûts de chacun, bien entendu. Le dossier central est consacré aux gens du voyage, ces nombreuses communautés mises à mal dans la plupart des pays européens depuis quelque temps.
On vous colle en téléchargement le pdf du numéro 1 pour que vous découvriez tout çà :
Et on vous annonce qu'il sera dispo en version papier tous les 4 mois à Grnd Zero Vaise ou Gerland. On devrait aussi pouvoir le trouver dans des librairies comme Grand Guignol, le Bal des Ardents et sûrement ailleurs. On souhaite une longue vie à Modern Spleen et aux bénévoles et auteurs derrière tout ça, et comme dirait un certain Robert C : keep on truckin'.
L’autre jour, en discutant de Merzbow avec Jean Philippe, j’ai employé le terme “Gagaku”, évoquant par là même l’une des traditions musicales les plus anciennes du Japon datant du Ve siècle. Interprétée uniquement par des musiciens professionnels et virtuoses dans l’enceinte exclusive de la Cour impériale, la musique de Gagaku constitue certainement le courant le plus savant et raffiné que l’Empire nippon ait enfanté (non rien à voir avec le théâtre Nô ou Kabuki, c’est encore un autre truc). Mon érudit d’interlocuteur n’ayant jamais eu vent de ces merveilles rarissimes (heureusement immortalisées sur sillons, notamment par l’excellent label Ocora), je m’empressais (pour une fois qu’il m’incombait d’initier ainsi le doyen… menu retour des choses), dès le lendemain, de lui faire parvenir quelques extraits indispensables et pour le moins dépaysants.
N’ayant un penchant que très modéré pour l’élitisme, je ne peux que céder à la tentation de partager ce trésor millénaire… en espérant que vos prochaines écoutes de Merzbow, Haino ou Kawabata en soient ainsi éclairées.
A Grrrnd Zero, on a du mal à se réunir pour de vrai, en corps à corps et cri contre cri (enfin les cris c'est surtout moi). Emportés en début de saison par un souffle managérial susceptible de nous faire basculer du côté des forces obscures des salles "bien carrées", nous avons investi dans des tableaux et feutres veleda (plutôt que dans une façade digne de ce nom pour grnd vaise... question de budget...).
Notre elfe sensible a également mis en route un forum secret grâce auquel nous sommes sensés gagner en efficacité et prendre, à distance les uns des autres, de graves décisions.. Six mois plus tard, preuve accablante de notre manque de rigueur managérial (ou de notre résistance aux forces obscures, ou encore de notre immaturité, c'est selon) mais aussi de notre amour considérable pour la musique, la SEULE section qui fonctionne encore porte le doux nom de SOUPLESSE. Là, dans ces interstices virtuels peaceful, éloignés de toute la tension dramatique qu'implique la gestion bénévole de notre bordel, les nerds de grnd (à savoir tous sauf moi) rippent les trésors qu'ils glanent dans leurs discothèques ou sur le net...(je sais juste les dézipper et j'estime que c'est déjà pas mal)
Ces quelques entrechats grndiens m'ont permis de découvrir le dernier album des anglais d' ACTIONBEAT ( entre trois et cinq batteries, une ou deux guitares, parfois un peu de basse). Il s'appelle The noise band from bletchley et vient de sortir chez southern records en ce début 2009 . Ya pas à tortiller, il bute, tout simplement, et on vous en apporte la preuve là :
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bon c'est dur de choisir
alors déjà je pensais à meat head qui est bien tubesque,
high action, bien tubesque aussi et plus complexe, mais déjà sur leur myspace, mais bon il est quand même méga cool ce morceau alors voilà
Pour avoir des infos pertinentes et sérieuses, il faut se rendre là. Vous y trouverez un namedropping alléchant et justifié ainsi que plein d'infos sur le parcours de ce groupe à géométrie variable. Mais, personnellement, dans ce concert d'éloges, je tenais à rappeler qu'actionbeat est aussi un groupe DEPOURVU DE TOUT SENS DE L ORIENTATION, en dépit d'un GPS et d'un CONDUCTEUR STIGNOISIEN déjà familier des locaux de grnd zero. Invités en avril 2008 par gaffer & zerojardins sound system à venir saturer notre moquette de leurs 4 batteries et ravager la tronche à toute personne dépourvue de triptans et d' AINS, on a bien cru ne jamais les voir arriver.
Flashback (approximatif): à 22h, toujours pas de débarquement de futs et de cymbales. Inquiétude montante, puis coup de fil les annonçant à grnd vaise... Nous voilà moqueurs mais rassurés. 22h45: Personne à l'horizon. Inquiétude extrême. Deuxième coup de fil : les voilà à Caluire. Monsieur et madame Gaffer leur ordonnent de ne plus bouger et chevauchent la gaffermobile pour aller les attraper. Ils arrivent enfin, mais moi je me barre pendant leur installation, dernier métro oblige. Bien que super énervée contre ces branques de l'orientation, je ne peux que m'incliner devant leur dernier album, dense, rugueux, bien noise, bien rock, bourré de supers riffs qui déboitent.
Ils vont repasser par chez nous en mai, vous serez peut être là, et nous prierons tous ensemble pour qu'ils aient un employé Mappy coincé entre leurs fûts. Parce que la voiture qui les/nous a sauvés la dernière fois s'est suicidée depuis peu.
John Dwyer est un américain composite et talentueux qui a sévi dans des groupes aux genres variés, s'étalant du lyrisme lightning boltien (Pink & Brown) à la bande-originale d'un Tarantino fictif (The Yikes), en passant par des trucs garage qui semblent montrer qu'il est chaud comme la braise deux jours sur trois (The Hospitals, Coachwhips).
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Aujourd'hui il joue surtout dans The Ohsees (anciennement Thee Oh Sees, OCS, et plein d'autres noms extravagants qui donnent cet acronyme), un groupe de pop folk lo-fi avec des guitares qui font glinglin et des voix qui rappellent les Woods quand ils miaulent en se prenant limite pour Esther Philips. Là ça fait déjà deux noms de cités, on peut aussi rajouter en vrac les Marvelettes, Daniel Johnston, Rusty Santos, Ariel Pink, des bourdonnements et le bruit des vagues qui viennent lécher le sable de la côte ouest.
"Oliv, voici un autre morceau ULTIME de Kora (après simbomba d'Alhaji Bai Konte) : "Djimbaseh" de Mamadou Diabate. Les riffs sont merveilleux, l'accordage est hanté, c'est moins tordu rythmiquement que Simbomba mais c'est très beau je trouve. Andrew et moi avons partagé un moment émotionnel fort à 4:58."
The Space Lady aka Suzy Soundz (Susan Dietrich de son vrai nom) se produit à l'accordéon dans les rues de Boston ou de San-Francisco, à l'époque où la guerre du Vietnam bat son plein en Asie du Sud Est. On la trouve aussi dans les couloirs bruyants du métro, coiffée d'un casque en métal avec des ailes d'ange. Déjà maman, elle doit ramener des sous et apprend donc à faire simple, c'est à dire des reprises de morceaux connus, un peu comme le ferait Klaus Wunderlich ou le génial Charlie Oleg. Puis l'accordéon est remplacé par un Casiotone, et son mari a l'idée de faire passer la voix par un delay.
C'est beau, on dirait un décor futuriste en carton, et Suzy est attachante dans son rôle de fée interstellaire. http://www.myspace.com/suzysoundz
Envie de lubricité en ce mois de février? Lâchez votre kamasutra illustré et (re)plongez vous dans la discographie des Américains de U.S Maple. Ce groupe mythique naît en 1995 d'une copulation entre des membres de deux groupes de la scène de Chicago, Shorty et Mercury Players. Ça nous donne deux guitaristes (Mark Shippy et Todd Rittman), un batteur (Pat Samson remplacé par Adam Vida après la sortie en 2001 de leur quatrième et avant dernier album Acre Thrills) et une voix incroyable, rocailleuse et salace, celle de Al Johnson. Un anti-crooner qui balaye d'un chant lascif, de râles et de petis cris la matière sonore distordue et insistante de ses compères.
Écoutez plutôt ce morceau extrait de leur premier LP de 1995 (Long Hair in Three Stages), sorti sur le vénérable label Skin Graft et produit par... Dieu en personne. Je vous jure. Plus connu sous le nom de Jim O' Rourke. Deux guitares qui se cherchent, telle une partie de jambes en l'air mal engagée, une batterie qui souligne l'aspect traumatique de cette pénible quête, le tout nous emmenant vers une issue jouissive capable de procurer à un homme-tronc la force de donner des coups de reins :
Même tiercé (U.S Maple / O'Rourke/ Skin Graft ) pour leur deuxième album, Sang Phat Editor (1997). Ils poursuivront leur aventure sur un autre très estimable label, Drag city: Talker (1999), Acre Thrills (2001) puis Purple on Time en 2003. A la libido hystérique des Arab on Radar, je préfère (s'il fallait choisir) la volupté crade et laborieuse des U.S Maple : ouais, je suis partisane d'une sexualité bio.
Il y a encore quelques mois, quand je pensais : “la techno c’est de la merde”, j’étais juste un peu con… et sacrément inculte. Bon, certains vont crier au scandale mais voici quelques morceaux choisis : joie, brutalité, expérimentation, panache, envolées lyriques, distorsions et préceptes DIY. Vous aimez Black Dice ? Merzbow ? Lightning Bolt ? Venetian Snares ? Battles ? Écoutez, on en parlera plus tard.
Il y a encore quelques années, quand je criais : “le r’n’b c’est de la merde”, j’étais sûrement dégoûté par une idéologie souvent douteuse, mise en avant par des commerciaux chargés de promouvoir des musiques en vue de les rendre “mainstream” et par conséquent lucratives. Si je m’en étais tenu à écouter certaines productions magnifiques (elles sont rares, environ 1% de ce qui sort... comme dans les autres styles musicaux d’ailleurs), j’aurais grandi moins ignorant. Bon comme ça fait beaucoup pour aujourd’hui, je vous laisse digérer, le temps d’écrire peut-être un jour un prochain post gracile et didactique.
Blu est un punk italien mal rasé. Il occupe le temps qui lui est imparti sur terre en se consacrant à quatre activités :
1) dessiner
2) se balader dans plein de pays exotiques, même les plus sales
3) en profiter pour peindre des fresques gigantesques sur les facades des batiments qui ont le malheur de le croiser.
4) réaliser des films d'animation prestigieux
Il a eu la très bonne idée de mélanger ses activités 3) et 4), ça donne ça :
{vimeo}993998{/vimeo}
Oui, ça tabasse. On aura eu au moins 6 minutes 48 de plaisir dans une journée, c'est déjà pas mal. Sur son site blublu.org, on peut mater ses autres films (7 en tout), télécharger les vidéos en haute résolution (participation prix libre), constater que ses dessins sur papier sont pas mal non plus, tout ça quoi.
Il a aussi un ami qui l'aime tellement qu'il a fait un long métrage sur lui, Megunica.
Petite playlist pour alimenter son player avec quelques valeurs sûres, et des découvertes du pays d'Obama :
-Teeth Mountain est un groupe de Baltimore, dans la droite lignée des groupes weird-folk-avec-plein-de-drums-chamaniques-à-la-raccoo-oo-oon-et-autres-pocahaunted. Leur premier album éponyme est sortit en cassette chez Night People.
-No Neck Blues Band, le groupe New Yorkais proche d'Excepter ou de Volcano the Bear, tendance impro-folk-jam-expé, vient de sortir un double LP Clomeim chez Locust Music. Avec le troisieme titre de cet album (Ministry of voices), NNCK semble invoquer un esprit maléfique à coup de cris gutturaux.
-I.U.D est un groupe de deux batteuses New Yorkaises, copines des Black Dice. Elles n'ont à leur actif qu'un 7", Dead Womb, sorti en 2007 chez The Social Registry, et on attend la suite avec impatience. Avec un nom comme ça, et un titre d'ep aussi explicite, on est pas étonné d'entendre cette premiere face d'ep : FF'in.
-The Goslings sont composés d'un frère et d'une soeur plutôt bruyants, Max et Leslie Soren. Depuis 2004, ils cumulent les cdr, ont sortit un LP chez conspiracy en 2006 (between the dead) et viennent de sortir Occasion, un album CD, chez les très respectables Not not fun. Le premier titre, Mew nous plonge directement dans un univers lourd et sombre.
-Lightning Bolt on ne les présente plus, mais voici en cadeau bonux un avant goût sonore de notre future vidéo live prrestige, qui sera également accompagnée du bootleg mp3 complet.
Dan Friel est le chanteur de Parts & Labors - un groupe pas mal - mais ce qu'il fait de mieux dans la vie c'est du Dan Friel. Ce qui consiste notamment à composer longtemps à l'avance l'hymne de la coupe du monde 2010 : ghost town (mp3)
Ou alors des jingles de matchs de hockey: buzzards (mp3) Ou même de curling: desert song (mp3) Bref, des trucs qui excitent la combativité, la rage de vaincre, la sudoration.
Pour les esprits synthétiques que le sport indiffère, on peut noter que son album (Ghost Town) est un plaisant mélange entre Dan Deacon, Lightning Bolt, Black Dice et Europe.
TEENAGE FANCLUB, groupe écossais de pop universelle (comprendre par là totalement affranchie de tout élément esthétique dernier cri) termine actuellement le mixage de son nouvel album (le 12ème), pour une sortie prévue courant mai.
Si la conjoncture des astres est favorable, une tournée devrait suivre. Et plus improbable, si Saturne se retrouve dans l'alignement Terre-Lune dans la nuit du 23 janvier, on peut même s'attendre à quelques dates en France (rappelons en effet qu'ils n'ont joué dans notre cher pays qu'une fois sur ces dix dernières années, cf. "syndrome Dianogah").
Vous n'imaginez pas le nombre de mails quotidiens qu'on leur envoie pour qu'ils viennent à Grnd Zero (même s'il faudra sûrement vendre un rein de Julien Dupont ou ma voiture pour payer leur cachet). Vous n'imaginez pas non plus le nombre de réponses qu'on ne reçoit pas.
L'espoir - verbe désignant la production d'un effet particulier - vivre.
Je vous laisse avec un rapide résumé en image mouvantes en cinq points :
Gowns, c'est le groupe monté par Ezra Buchla après s'être enfui de The Mae-Shi.
Au début, on était un peu tristes qu'il arrête le punk sauvage extasié pour aller faire un truc de hippie dépressif. En plus, il prenait l'initiative étrange de beaucoup moins se servir de sa voix, alors qu' on adorait ses braillements éraillés. Depuis, Mae Shi est devenu l' ombre honteuse de sa flamboyance passée, et Ezra a montré qu'il est toujours aussi fort, même quand il se consacre à la post-pop-cotonneuse-bruitiste-approximative-snob-blabla. Il avait juste besoin de nous montrer à quel point il est sensible.
Le morceau intense et dramatique que carla bozulich rêvera toute sa vie d'écrire :
Le morceau pour émouvoir une étudiante étrangère perdue dans un pays dont elle n'arrive pas à maitriser les codes sociaux, elle ne se remet pas d'une histoire d'amour impossible, et elle voudrait vraiment dépasser ça, vivre un truc cathartique, définitif, alors elle écoute cherylee et les cris à la fin l'aident à assourdir le mal, penser à demain et continuer à vivre :
gowns - cherylee (on entend un peu la voix distordue d'ezra, en arrière plan, wou c'est beau)
White like Heaven en live (à visionner dans des conditions propices au recueillement) :
Oui, la chanteuse on dirait Nico en un peu moins solennelle. Et puis oui, les guitares font aussi penser au Velvet, quand leur vie était encore assez dissolue pour être honnête.
de Brooklyn. Encore. La froideur de The Jesus & Mary Chain ou Interpol mélangée à une certaine verve psychédélique. Ca donnerait envie à certaines personnes de taper sur un tambourin avec flegme et affectation. A noter parfois des trémolos dans la voix, à la Jonathan Richman – quand il se met à parler de chaussettes dépareillées ou ce genre de problème. Ce qu'on n'ose pas vraiment se dire, c'est que ça rappelle quand même beaucoup le Brian Jonestown Massacre mais sans l'agitation christique. Ils joueront au Sonic le 8 février.
un peu genre Lucky Dragons - un post fort attendu sur Lucky Dragons permettra d'éclaircir cette éloquente comparaison. Ca pourrait presque passer à Nature & Découvertes, si seulement on n'avait pas le toupet d'y vendre des bougies parfumées à 19€. Sur scène ils sont plusieurs mais c'est essentiellement le projet d'un homme qui a sûrement des problèmes relationnels avec sa mère. Sur disque, c'est plein de bruits d'oiseaux et d'insectes, de drones, de percussions chétives, d'instruments trop fatigants à identifier. Ça ranime l'atmosphère de ces dimanches après-midi de printemps passés à acheter des plantes grasses et des graines pour poisson rouge à Jardiland.
Pas d'anecdote crypto-proustienne à raconter qui soit aussi bouleversante que cinq lignes plus haut. Si: le jour où j'ai brusquement soupçonné un lien entre Times New Viking et Times New Roman, la fierté a inondé mon corps. En gros, ils font du punk-garage lo-fi et élémentaire (le batteur, le guitariste et la fille braille derrière sa frange, devant son synthé). Le son est sale comme des semelles de vieilles baskets mais c'est aussi plaisant que de porter de vieilles baskets.
Pinocchio, c'est la nouvelle bd de WINSHLUSS (à qui l'on doit déjà super negra, monsieur feraille, smart monkey, et d'autres trucs cools chez les requins marteaux). Derriere une couverture classieuse qui fait penser à du chris ware, on trouve près de 200 pages complétement dingues qui revisitent le conte de pinocchio à la sauce bien trashy de l'auteur. Pinocchio a été prépublié en partie dans la revue feraille dès 2003. On note une absence quasi totale de texte qui n'empêche pas la narration d'être très fluide, comme dans Smart monkey. Les aventures du petit pinocchio sont vite transposées du monde des gentils enfants vers un univers adulte : frasques irrévérencieuses, détournement des codes des contes traditionnels, références chafouines à des films disney, séries B/Z ou d'autres bd, avec, comme toile de fond, une critique bien vénère des tares de la société moderne. Graphiquement, c'est superbe. Winshluss utilise différents styles selon les points de vue narratifs, passant du crayonné pour les passages avec jiminy (ici un cafard SDF qui vient squatter le crane du héros) à la couleur pour pinocchio (enfant-robot, tout en feraille bien entendu), à la peinture pour les pleines pages, et jusqu'au sépia pour les petites histoires parallèles (qui finiront toutes par se recouper à un moment ou un autre). Bref, cette BD est superbe, largement la meilleure BD francophone que j'ai eu l'occasion de lire ces douze derniers mois. Un peu cher, 30€, mais elle les vaut bien. Et puis bon, c'est pour les requins marteaux, ces rmistes magnifiques le méritent grandement !
L'actu de Winshluss, c'est également une certaine reconnaissance de ses travaux. Il a même droit à une expo lors du prochain festival d'Angoulème. Il était temps, cet auteur à part dans le paysage francais rempli de cases et de bulles était vraiment trop confidentiel. Mais bon, sa participation sous son vrai nom (Vincent Paronnaud) à la co-réalisation de l'adaptation ciné de Persepolis de Marjane Satrapi (présenté à cannes, douze milliards de spectateurs, deux césars et une nomination aux Oscars) n'est sans doute pas étrangère à cet engouement soudain.
Blank Dogs serait le projet d'un homme mystérieux qui vit à Brooklyn (encore un) et aime poser avec des paillassons sur la tête.
Une photo:
Un résumé succinct:
Blank Dogs fait une espèce de rock-cold-wave-électronique- lo-fi-minimaliste qui ressemble à un mélange hypnotique entre Joy Division, Suicide et les premiers Royal Trux: une atmosphère sombre, un peu oppressante et limite kafkaïenne.
ambiance colonie pénitentiaire: 1980 fox ambiance métamorphose: outside alarmer ambiance procès: RCD song (oui bon je la met bientôt)
Ca fait aussi penser à une bande-son de série Z italienne où des tarentules phosphorescentes débarqueraient de l'espace, mais c'est peut-être trop subjectif.
Il existe même des bipèdes qui trouvent ça dansant. En effet, il arrive que le rythme s'emballe, que les mélodies ondulent et que l'on soit tenté d'employer le mot ($)groovy($) pour certains morceaux. Tous les deux ou trois mois, la prolixité naturelle de Blank Dogs l'amène à sortir/exhumer de derrière ses fagots/de sa malle à trésors (c'est dimanche, je tente tout) de nouveaux 45t ou albums dont l'imagerie des pochettes, énigmatiques et raffinées, se marie bien avec sa musique. On peut télécharger la plupart de sa production maison gratuitement sur son blog, voire lui faire un don magnanime de quelques dollars. Qu'au moins il continue à se payer des tapis pour cacher sa figure.
Avec leurs riffs sensass et leur dégaine de cool dudes en bermudas qui arpentent le désert dans un film de gus van sant, No Age est un groupe californien. Ils sont deux, mais vu que le guitariste joue avec à peu près 800 pédales, on dirait qu'ils sont trois ou quatre.
Généralement c'est le batteur qui chante, avec une voix détachée vaguement criarde. Quand il a fini son couplet, le guitariste enclenche un machin qui fait que le son devient énorme, tandis que l'autre profite de sa corpulence sèche et musclée pour taper sur une pearl qui doit coûter dans les 5000 $. Musicalement, c'est de la pop faite par des punks qui ont écouté toutes sortes de musiques bizarres. Ca peut aussi évoquer Hüsker Dü, les grandes heures de l'indie rock étudiant, Sonic Youth, la sueur adolescente et le bruit des vagues.
Deux Albums, deux ères
Weirdo Ripper, une compile de leurs 45 tours, résume deux années de profusion discographique, de don de soi à la cause de the smell et de performances exaltées dans des lieux improbables (bibliothèques, restaurant éthiopien, le salon de ton correspondant à Tramptown, Texas). Cet album est TROP BIEN, il donne envie de plonger dans l'océan tel un hareng sauvage, libre et fier. Mots clés : émotion : everybody's down trisomie : boy void errance : neck escaper production âpre : i wanna sleep
Nouns, deuxième album, marque un virage american pie/backstreet boys. Signature sur Sub Pop, clip sur Mtv, les gars de Radiohead qui se mettent à arborer des T-shirts No Age sur scène, bref, ça devient n'importe quoi. En toute logique, nos amis intégristes haussent désormais les épaules avec mépris à la simple mention de leur nom. Nous persistons à penser que si le traitement bubblegum du son de ce disque leur a effectivement fait perdre un peu de leur pureté originelle, les morceaux sont (presque) toujours aussi bons. Mots clés : acné : here should be my home plage : things i did when i was dead grenadine : teen creeps production clean : eraser
une photo poignante pour mieux comprendre :
L'arrière-plan exprime ce qui peut se passer dans ton coeur en écoutant, par exemple, "(titre(s) au choix))". Et ce quelle que soit la luminosité dans ta chambre.
Le premier plan te livre une franche démonstration de complicité entre gens qui mangent exclusivement des légumes. Dean Spunt (à gauche) a le regard humide et peureux d'un teckel mystique. Randy Randall (à droite) est la caution "haute estime de soi" de ce duo physiquement attractif. Bien que la presse culturelle les présente tels des sportifs, on voit bien sur la photo que dean est trop sensible pour que ses pieds puissent appréhender la rugosité d'un skateboard.
Ceux d'entre nous qui ont vu No Age récemment l'ont fait dans des conditions extrêmes (gros festivals, première partie de groupe nauséabond, accompagnés d'une copine qui vomit partout et nous empêche de suivre le concert...) Alors voilà, on est revenus de tout ça comme certains sont revenus du vietnam, et on s'est dit que :
1) leur plan de tournée était quand même douteux 2) on aimerait bien les revoir dans un environnement moins anxiogène
Merci à Mr Spunt, nos voeux seront exaucés le 30 octobre.
Zach Hill est le batteur incroyable du groupe incroyable Hella (math noise machin rock érudit, technique et intense, une preuve ici).
On les vénérait jusqu'à la sortiede There's no 666 in outer space : le duo est alors devenu quintet, pour un résultat cordialement médiocre. Une enquête expéditive permet d'en déceler le facteur causal prédominant : Aaron Ross, chanteur fraîchement débarqué. Maudissons le pour les siècles des siècles.
En attendant qu'ils se décident à éliminer leurs éléments nuisibles, la Consolation nous est offerte sous la forme du premier album solo de Zach Hill, Astrological Straits.
Enfin, pas vraiment solo, puisque Zach a convié ses amis : le voilà chef d'orchestre d'un groupe où défilent Marnie Stern/Les Claypool (bassiste de Primus)/les deux membres de No Age/Tyler Pope (bassiste de !!! et de Lcd Soundsystem)/un guitariste de The Advantage... Tous ces gens interviennent sur un ou deux morceaux, pendant que Zach fait le malin à la batterie.
Car il est historiquement important d'intégrer cette information : Monsieur Hill est l'un des meilleurs batteurs du monde, une pieuvre polyrythmique, un torrent, un bison. Ca aurait pu virer à la démonstration pénible ("Agenouille toi devant la puissance de mes breaks", "Hey minable t'as vu mes roulements alors que j'ai qu'une seule pédale de grosse caisse"), mais finalement il n'a pas oublié d'écrire des morceaux.
Il joue aussi de la basse, de la guitare, des claviers. Et quand il a envie il chante dans un vocoder, ça lui donne un petit air d'alien sous hélium.
Zach est donc unhomme accompli, et Astrological Straits est un disque ambitieux et maîtrisé, avec de la noise, de l'électronique 8 bits, du psychédélisme, du métal héroïque, du bordel, de la sauvagerie, mais aussi du groove, des éléments pop et des tubes optimistes. Je conseille ce disque à tout être humain, mammifère ou non.
Avant de s'appeler El Guincho, Pablo Diaz-Reixa officiait avec son cousin dans Coconut, ce qui trahissait déjà sa prédiléction pour les choses sucrées et exotiques. Les titres de ses deux albums ressemblent d'ailleurs à un programme de remise en forme pour cadres dépressifs: Folias (2006), petit frère hispanique de Sung Tongs, et Alegranza (2007), petit neveu frisé de Person Pitch.
Dans Alegranza, El Guincho fait sa popote en mélangeant samples de mélodies caribéennes, rythmes tribaux et mantras enthousiastes. Oui, un peu comme un certain nombre de jeunes gens cosmopolites et bien dans leur temps tels que The Ruby Suns, Abe Vigoda ou High Places.
Résultat: ses morceaux allient le psychédélisme ensoleillé d'Os Mutantes à la puissance moite du générique de Thalassa.
Un peu d'interactivité
Relie toi-même chaque titre à l'ambiance alcoolisée qui lui correspond (piña colada - tequila sunrise - blue lagoon):
Après écoute de Folias, on pourrait presque mettre "relie chaque morceau au titre de Sung Tongs qu'il imite", mais bon. Sinon parfois dans ma cuisine je m'ennuie :
Mens sana in corpore sano. Souvent mal comprise (un esprit sain dans un corps sain), cette formule redevable au poète Juvenal, énoncée 65 après Jésus Christ, signifiait en réalité que l'homme, s'il est vraiment sage, ne doit demander que la santé de l'âme avec celle du corps. Sans vouloir tirer de lien de cause à effet entre une quelconque doctrine et la musique de The Chap (à part peut-être le dadaïsme dont ils se revendiquent), je dirais que ces Londoniens tiennent un magnifique exemple d’équilibre entre questionnements cosmogoniques et bonhommie bucolique… (voir photo).
Rares sont les groupes à posséder, au rang de leurs vertus, cette modestie de rendre les choses élaborées évidentes et simples à l’écoute. Des compositions souvent complexes, maniant des rapports tels que dissonance/consonance avec sens et virtuosité, une conception intelligente du rythme (cette fameuse notion de “groove” souvent incomprise, négligée, voire reléguée au registre de l’infamie par le milieu rock’n’roll), une palette sonore allant du chatoyant lumineux au noisy rugueux, des guitares écorchées, des basses analogiques au grain expressif, des refrains catchy, un violon saturé par là, un violoncelle déchiré par-ci et hop… un chœur acapella sorti de nulle part ! Tout ça sent un peu le bricolage, le patchwork bordélique mais ça rajoute encore au charme de la musique.
(Voici deux extraits de leur premier Ep datant de 2003 puis un magnifique morceau tiré de Ham, le second album paru en 2005) :
Vous remarquerez le côté disco du second extrait… et bien ça se gâte dans le dernier album Mega Breakfast (paru ce… heu, joli mois de mai)… ça devient même très très bon ! Dancy-noisy staïle :
Plus j’écoute ce disque plus il m’apparaît telle une fourmilière alibabesque, un genre de super méga collage fantasmagorique regorgeant de détails et de références croustillantes.
Des fois, ça ressemble à du adem remixé par fourtet :
Bon, tout ça pour dire qu’ils ont joué à St Étienne, dans le cadre du Festival des Musiques Innovatrices, le 29 mai dernier et que Grnd Zero était partenaire de la soirée. Sans vouloir réaliser un résumé exhaustif de leur prestation, c'est dans un élan ascético-synthétique que je qualifierais ce concert de BEAU, SURPRENANT, SPECTACULAIRE, DRÔLE et DÉPAYSANT… Afin de mesurer l'ampleur de mon enthousiasme, choisissez un objet ou une personne quelconque… appliquez lui ces 5 vertus et CONSTATEZ : si parfois 3 d'entre elles conviennent, c'est assez rare qu'elles s'appliquent les 5 à votre objet (ou personne)… c'est dire si ce groupe est passionant. C'est également la raison pour laquelle ils joueront à Grnd Zero le samedi 1er novembre.
Barbapop est certainement l'asso qui propose les soirées au goût le plus sucré du Grrrnd. Alors quand Sebastien a commencé a me parler du projet d'éditer une revue d'illustrations regroupant quelques travaux d'artistes plus apétissants les uns que les autres, ça a forcément éveillé ma curiosité...
A moins d'avoir lu attentivement cet article, d'être fan de DIANOGAH (dont il est bassiste et chanteur occasionnel) ou visiteur régulier du site www.gigposters.com, ce nom t'est probablement inconnu.
Abraham Charles Vigodah est un vieil acteur new-yorkais dont on avait annoncé le décès alors qu'il vivait toujours, un peu comme l'humaniste Pascal Sevran il y a quelques mois.
AbeVigoda est aussi un groupe de quatre garçons de Los Angeles, d'origine chicanos pour la plupart, qui participent activement à la scène de The Smell. The Smell est la salle DIY, oecuménique et pas chère où s'investissent des groupes comme Silver Daggers, Health, Mika Miko ou No Age. Sachez qu'AbeVigoda est le genre de chose qui, certains jours de frustration existentielle, nous suggère qu'on a meilleur compte de déménager à LA, apprendre la flûte de pan et devenir vegan.
Leur dernier album est sorti cet été, accompagné d'une pochette qui rappellera Marlon Brando à la fin d'Apocalypse Now, ou Louis de Funès dans Rabbi Jacob (ça dépend où on se positionne culturellement). Les albums précédents, Sky Route/Star Roof et Kid City, auguraient déjà quelque chose de radieux et turbulent, le premier rappellant Arab On Radar ou Old Time Relijun, le second un western mis en musique par Talking Heads.
Ainsi donc, Skeleton est le produit de trois révélations : les abe vigoda ont beaucoup écouté Turn into something (dernier morceau sur Feels d'Animal Collective), travaillé leurs arpèges chaloupés/dansants, et découvert le gel douche à la papaye. Par la force des choses, ils s'en sont inspirés pour réaliser un album qui panache joie/jubilation/félicité et dark attitude : averse tropicale avant l'arc-en-ciel (dead city waste wilderness, animal ghost), fête de la pastèque (bear face, cranes, gates) ou nuit des morts à Mexico (lantern lights, visi rings), Skeleton installe une couleur locale suffisamment palpable pour mériter l'étiquette de tropical-calypso-punk. Un peu comme des mariachis new-wave qui célèbreraient le grand Quetzalcoatl dans une liesse contagieuse.
Quatre personnes. Une ville réelle (Los Angeles). Une nation imaginaire qui donne son nom au groupe (Foot Village). Deux albums. Un passé bruyant (2 membres de Gang wizard, un de Friends Forever).
Pas de guitare, pas de clavier, pas d'ampli, pas de sample, pas de micro. Juste 4 batteries martyrisées, un mégaphone, et 4 voix portées sur les hurlements hystériques.
On dirait parfois un gang de babouins en train de détruire une usine à coups de massue tout en chantant le plaisir qu'ils y prennent. Un grand groupe, quoi, éveillant des sensations délicates comme la lobotomie, la rédemption, la punition, ou un orgasme de mammifère marin. Rien entendu d'aussi régressif et euphorique depuis, euh, longtemps (les vieux boredoms ? St jacques de lightning bolt ?).
Deux dates en france fin septembre : le salon de grnd gerland le 29, les instants chavirés (paris) le 30.
Je me souviens très bien du jour où j'ai découvert 'Simbomba', enregistrement live d'Alhaji Bai Konte, grand joueur de kora né en Gambie à la fin des années 20. Je marchais de la Mulatière à la gare de Perrache, entre les camionnettes et les odeurs d'urine, j'avais pourtant le sourire jusqu'aux écouteurs et l'impression d'être arrivé de fil en aiguille vers quelque chose que j'attendais depuis longtemps.
L'enregistrement date de 1979, il dure un bon quart d'heure et il faut préciser que malgré la complexité de ce qu'on peut entendre, Konte est seul sur scène. Les différentes voies et mélodies qui finissent par émerger sont caractéristiques des polyphonies Africaines et du jeu de certains instruments comme le Ngoni du Mali ou le Mbira du Zimbabwe... Les éléments rythmiques (ou "sonailles") sont créés grâce à des anneaux attachés à une feuille de métal, elle-même fixée sur le manche de la kora. Tout ça résonne de manières différentes en fonction des accords et des combinaisons de notes jouées, créant un accompagnement rythmique bluffant (6:57).
J'avais rarement entendu quelque chose d'aussi riche, et aujourd'hui encore j'y trouve un peu de tout. Prenez par exemple un solo héroïco-guitaristique digne d'Orthrelm (6:18), un passage chaloupé à la Djengo Reinardt (9:09), une boucle à la My Bloody Valentine qui donne l'impressions de distordre l'espace temps (5:08). Prenez encore des variations rythmiques qui laisseraient les membres d'Hella médusés, un riff rock binaire qui rappelle le rock binaire (1:40), des hachures syncopées que Timbaland n'aurait pas de scrupule à sampler (13:19), des sautes de signatures élégantes (partout), ou des contre-temps aussi funky que la tek-house combinatoire de Soundhack (14:51)... Ca va, je me calme !
Konte navigue entre tradition et expérimentation en retombant toujours sur ses pattes. Chaque nouvelle écoute me renvoie à quelque chose d'autre, comme si tout ce qui m'avait nourri jusqu'à présent était là de manière latente dans le morceau et ses variations. Je ne vais pas m'attarder sur ce que cet enregistrement me fait quand je l'écoute dans de bonnes conditions. Car c'est vrai qu'il faudra un minimum d'écoute et de disponibilité pour saisir l'ampleur du jeu de Monsieur Konte. Mais si vous prenez le temps, croyez moi il va s'en passer des choses en 15 minutes, 55 secondes et 21 cordes en fil de pêche.
A grrrnd zero, on aime énormément Lightning Bolt. Ces super héros de la noise nous avaient fait l'honneur de nous éclater les tympans le soir du premier vrai concert du squat rue clement marot. Alors quand l'un des deux membres sort un album avec un de ses projets obscurs, autant vous dire que cela nous excite autant que la fraîche formation d'un groupe mystérieux composé d'andrew dymond et steph.
Black Pus, c'est le projet solo de Brian Chippendale : le batteur proto post-humain des lightning bolt, mais aussi de Mindflayer, autre duo noisy de Providence (Rhode Island US). Et quand ce garçon au doux nom de relent de boys-band 90's ne dessine pas des ninjas ou ne s'amuse pas avec 76 autres drummers-heroes de l'indie sous un pont à Brooklyn orchestré par les japonais de Boredoms, et bien il nous revient, tel le nemesis de resident evil, pour la plus grande frayeur de ton ORL et de ta psychanalyste, sur ton ampli ou sur les enceintes 2Watts de ton écran d'ordi.
Les trois premiers opus de Black Pus sont en libre telechargement (quand le site réouvrira ses portes car là il est temporairement fermé, donc je vous conseille fortement de lancer slsk pour récupérer tout ça). A l'instar de ses autres projets, on y affronte une nouvelle fois un mur du son, des structures entêtantes de batterie jouées par un junkie ultra-speedé aussi endurant qu'une pile duracell; le tout servi sur un subtil coulis de bruits et de hurlements électrifiés.
En 2008, Black Pus sort donc sur le très goûtu Diarreah Records son 4ème volet : All aboard the magic pus, qui après plusieurs écoutes assidues au casque se révèle plus accessible que ses prédécesseurs. On quitte le domaine de l'impro débridée Avec Body on the tide, 8ème et dernier titre de l'album on croirais même entendre un chanteur indie classique, dont la basse et le chant seraient à peine sur-saturés. Pourtant tout commence avec Dream on, qui nous plonge dans une ouverture où brian testerait la resonance de ses fûts sur des rythmes caverneux. Puis arrive Land of the lost et My house is a mouse avec leur riffs et leur refrains très catchy, qui s'inscrivent directement en brute force sur ta mémoire neuronique. Le LP s'enfonce ensuite avec Juggernaut et Kharma Burn dans une battle homme/batterie sauvage, puissante et cyber-punk. Pour remonter enfin à la surface avec un The Wise Toad suivi d'un Pagan 4 President envoutants et libérateurs.
High places est un duo dont on ne sait pas grand chose, à part qu'ils viennent de brooklyn, aiment la folk primitive, existent depuis pas trop longtemps, ne sont pas en couple mais juste « les meilleurs potes », et que la fille dégage un charme timide qui doit retenir l'attention de nombreux spectateurs, qu'ils aiment ou non leur musique. A tous les coups, ils sont vegan.
En tout cas, ils sont résumables musicalement par une addition qui ressemble au fly d'un concert aussi impossible que génial :
Martin Denny (« inventeur de l'exotica », un truc qui se joue avec des marimbas ou je ne sais trop quoi ; le tout déployé au bord de la piscine d'un hotel hawaïen ou l'on consomme des cocktails extravagants. RIP depuis 2005)
Animal Collective poursuit sa quête de productivisme effréné (studio/tournée/studio/album solo/pause d'un mois/tournée/studio). Dernier truc à télécharger en date, le maxi "Water Curses".
Seul le morceau qui donne son nom au disque mérite d'être écouté mille fois. Le reste (trois machins jugés indignes d'apparaître sur Strawberry Jam) oscille entre l'insignifiant et le profondément ennuyeux.
Après la période chaos bruitiste (danse manatee, here comes the indian), après les folles et magiques excursions acoustiques entre le scoutisme et la toxicomanie (campfire songs, sung tongs), après le virage pop (Feels, Strawberry Jam), voilà la nouvelle étape : la compagnie créolisation d'animalcollective.
Si vous pensiez qu'ils avaient déjà franchi l'infranchissable avec Brother Sport (open up your, open up open up your...), le retour au réel risque d'être pénible. Dans Watercurses, il n'y a plus que des samplers et des voix lisses, chantées avec application, dépourvues du moindre hurlement. La composition en elle même reste bien évidemment parfaite, avec ses ruptures et ses lignes de chant toujours aussi improbables. La production, elle, risque tout bonnement d'épouvanter les Intégristes. Et d'encourager de gros coming out afro beat pour les autres (genre "et ouais les mecs, le zouk n'était pas qu'un feu de paille").
Dans le doute, on préfère se dire que le groupe responsable d'une chanson comme native belle ne peut pas avoir vraiment tort.
On imagine bien le clip : dave qui sautille en pensant à sa kristin, déguisé en petit singe, panda qui fait du surf en éructant quelques mantras bien sentis, et geologist qui tape sur des noix de coco, portant un médaillon à l'effigie de Philippe Lavil. Le tout en incrustation sur des motifs psychédéliques abstraits, à l'image de certains tshirt apparus en tournée :
Que ce soit clair, on adore ce morceau. Il rappelle un peu Tikwid (une valeur sûre, donc) dans la construction et la mélodie. On regrette juste la production des voix, trop propre, qui leur vaudra sans doute de nombreux mdr/lol sur les forums de nerds psychorigides.
Le prochain album est déjà enregistré, on ne s'inquiète pas, il saura prodiguer excitation béate et joie primitive.
Mais une division inévitable va apparaître. Des petits groupes de gens qu'on connait, avec qui on partage des kinder bueno, papote sans fin sur gmail, fume des clopes, voire habite, vont se réunir et s'entendre sur le fait qu'Ac a trahi. Ils jugeront avec sérieux et élégance que le groupe ne pourra plus jamais égaler Sung Tongs, album contenant au moins deux de leur cinq meilleures chansons.
A l'opposé, on trouve des optimistes un peu débiles, gouvernés par leur émotivité, portés par la certitude intime que les membres d'AC sont des chiens fous indomptables dont nous devons autant respecter les vêtements que les choix esthétiques. Depuis presque toujours, ils errent, sans avoir jamais l'air de trop penser aux albums précédents.
BREF.
Mais on s'interroge, normal, sur leur capacité à écrire des morceaux aussi poignants que winters love, slippi, banshee beat ou cuckoo. Les AC sont HEUREUX (baraque au Portugal / belle famille en Islande / boulot pépère au milieu des espadons et des truites) et nous le font savoir (grâce à des mots comme "joy" ou "open"). Alors oui, c'est beau d'être gai et positif (paul mc cartney est comme ça depuis 66 ans), mais leur Dark Side nous manque. Peut être que la rédemption passera par le retour très attendu de Josh (guitariste dépressif blond, absent depuis la fin de l'enregistrement de Strawberry Jam).
Une énigme demeure : comment ces hippies crusts hirsutes au look de scientologues new age, qui il y a encore quelques années sortaient de leur lycée expérimental de Baltimore pour aller courir dans les bois en avalant des champignons, sont devenus des types parfaits, beaux, mariés, QUI SE LAVENT LES CHEVEUX ?
TROUVERAS TU TOI AUSSI L'EQUILIBRE DANS UNE SOCIETE QUI NE VEUT PEUT-ETRE PAS DE TOI ???
Fuck Buttons est un duo claviers/machines originaire de Bristol, la ville qui explorait avec plus ou moins d'inspiration et de codéine les notions de ralenti et de mou dans les années 90 (flying saucer attack, portishead, tricky...).
Jusqu'à très récemment, leur nom n'évoquait quelque chose qu'à une poignée de talibans du bruit. Depuis, ils ont sorti leur premier album, street horrrsing, et toute laplanète indie (terme borderline qui ne veut plus trop rien dire, puisqu'évoquant autant "le dernier bjork" que le prochain black pus) s'emballe.
Mais comment être un groupe drone-noise-psychédélique et devenir une sensation hype majeure en quelques mois ?
La réponse en quatre points :
a) un dossier marketing solide (la division label du festival Atp prend en charge le disque, s'en suit un plan média imparable : pitchfork, libé, inrocks, stereogum, tout le monde pond son article).
b) savoir s'entourer (tournées avec Battles et Liars, John Cummings de Mogwai enregistre l'album, Bob Weston de Shellac le masterise)
c) être très doué.
d) injecter une forte dose de pop au coeur de la déferlante bruitiste. Ces jeunes gens ont une approche émo, physique et extrêmement directe de la musique de snob.
mélodies naïves + distorsion + nappes de synthé + rythmiques répétitives + hurlements jetés dans un micro fisher price = un truc assez excitant.
C'est parfois un peu facile, un peu vain (Ribs out, décalcomanie de black dice/liars, ou leur très limite bien que séduisant morceau dancefloor Bright Tomorrow ). On n'arrive pas trop à déterminer si ils sont innocents ou putassiers, si l'année prochaine ils joueront dans des squats de crust vegans ou dans des clubs remplis d'abrutis cocaïnés, amers et compétitifs.
on se dit que Fuck buttons est la version post apocalyptique de My Bloody Valentine. Genre on est à la plage avec notre ami loïc, on n'a pas dormi depuis trente heures, on fume notre soixante douzième cigarette, le jour se lève, tout est douceur et apaisement, puis sans prévenir le soleil explose et l'univers entier se consume.
Un soir, en nettoyant le répertoire d'arrivée de mes mp3, je tombe sur un disque d'Okay, Huggable Dust.
Il est cinq heures du matin, je suis en train d'écrire à des êtres cupides tout en avalant des chips au goût étonnant (steak fumé), je suis donc un peu distrait quand je déplace l'album dans Winamp. Entre deux mails laborieux, la musique commence pourtant à s'insinuer dans mes neurones : « Ah, encore un mec qui écrit des morceaux folk/pop mignons et tristes ». Je continue à taper sur le clavier, mais une ligne de synthé à la Grandaddy détourne mon attention. Tiens, il chante comme un canard à l'agonie qui aurait le nez bouché. Ca rappelle un peu Daniel Johnston niveau timbre, mélodies et noirceur des textes. Mais si la voix est sèche et abimée, la production est toute propre toute polie, rien de lo-fi là dedans : un son clair, des arrangements minutieux, des cuivres, un piano, des petits machins électroniques... Oula mais c'est pas mal en fait. Là, je ne travaille plus du tout, j'enlève même les traces de gras sur mes doigts.
Mais qui est ce type ? Mon copain google va m'apporter quelques éléments de réponse. Okay est le projet solo de Marty Anderson. Je récolte ensuite un peu d'info brute (Huggable Dust sortira au printemps 2008), puis apprend que monsieur Anderson a des aspirations esthétiques variées (il poste des dizaines de dessins torturés sur son myspace, celui qui illustre ce post est de lui) et que sa vie personnelle n'a pas l'air très enviable (désastre affectif, maladie grave et honteuse l'empêchant de faire des tournées conséquentes).
Là j'avais écris un truc mais en fait c'était n'importe quoi donc je l'enlève.
En soi, un nom pareil pourrait évoquer une kyrielle de choses abominables qu'on n'aurait pas la patience d'énumérer, mais ce serait sans compter sur le tempérament débonnaire de ce trio brooklynite.
***GENESE***
Au commencement, Courtney Shanks rencontra le batteur Miggy Littleton, vétéran de formations indie-folk-rock comme Ida, White Magic ou The Shit. Il vendait des cartons de disques au coin de sa rue:
I actually met Courtney when she dug through my crates and picked out the best shit, and I said to myself, "Who is this cool girl with great taste in music?" Within a few months she was one of my best friends.
C'est beau. D'autant que Courtney possèdait un frère, Brad, qui possèdait lui-même une grosse guitare, de grosses chemises de bûcheron et une grosse barbe rousse; Brad rejoignit finalement Littleton et sa bassiste de sœur pour écluser des bières et former BOTW.
Certains les ont nonchalamment catalogués dans le stoner rock, alors qu'il est quand même plus évident de faire le zouave sur du BOTW que sur du Kyuss. Thurston Moore, Kim Deal, Frank Black et Kim Gordon eussent-ils d'ailleurs folâtréensemble, cela aurait à peu près donné BOTW, la filiation avec Sonic Youth – période Goo/Dirty -- et les Pixies étant une réalité axiomatique pour quiconque leur a déjà prêté l'oreille. En 2003, ils sortent un premier album éponyme aux lettres bleues qui ondulent sur un fond noir et, en 2005, ils sortent Awesomer (chez The Social Registry/Fat Cat, avec le producteur de Fiery Furnaces, Black Dice, Silver Jews) aux lettres multicolores qui ondulent sur un fond blanc.
Cette intense recherche graphique est assez analogue à leur quête d'innovation d'un album à l'autre – soit pas grand-chose, en fait. Mais d'autres détails viennent donner de l'étoffe à BOTW, telles les analyses de leurs canettes qui ont par exemple révélé des résidus de Pavement, My Bloody Valentine ou Dinosaur Jr.
Aussi, dans la catégorie sosies vocaux, la famille Shanks s'en sort plutôt bien : le timbre de Courtney fait immanquablement penser à celui de Kim Gordon, une once de lasciveté en plus, voire un détachement complet des réalités terrestres ; la voix de son imposant frère rappelle ces moments où Frank Black simulait l'aliénation du chihuahua. Ou, pour citer une auditrice éclairée, elle donne un aperçu de ce que serait « Daniel Johnston à cours de sédatifs ». Leurs chansons balayent les trois quarts du spectre émotionnel d'un humain à peu près sain – envie d'exulter, de mordre, de pleurer. Elles sont donc comme les barres Grany : elles peuvent nous accompagner partout.
En janvier dernier ils ont sorti Liferz, que certains, submergés par leur propre enthousiasme, ont qualifié de « fckn awesome, dude ». D'autres, ankylosés dans leur stoïcisme, diront qu'encore en fois BOTW ressasse ce qui se faisait déjà quand le Mur de Berlin s'effonfrait. Disons que Liferz est bien moins hardi et écorché que les précédents, comme s'il cherchait à s'adapter à des fréquences FM qui de toute façon l'ignoreront.
Ils ont un myspace un peu crado. Ils ont aussi un blogspot où Brad Shanks n'a publié qu'un article, rapide, franc et jouissif. Un peu comme eux.
Venetian Snares = breakcore master ? Pour sûr… bien que très réducteur. Si le King du joyeux drill nous a, effectivement, fourni parmi les plus beaux corpus en matière de sauvagerie et de frénésie rythmique, la subtilité de son écriture, tant mélodique qu’harmonique n’a jamais relevé du secret et des plages comme ce Vida (extrait de Huge Chrome Cylinder, 2004) ne sont qu’un exemple merveilleux de ses aptitudes dans le registre de l’élégance et du raffinement…
Lorsque j’étais au Conservatoire (et oui, ça arrive…), quelques saisons de ma vie ont été occupées à me droguer littéralement et exclusivement… à de la musique dite classique, et les deux seuls artistes appartenant à la galaxie “musique de jeunes”, trouvant grâce à mes yeux n’étaient autres qu’Aphex Twin… et Venetian Snares.
Je dois dire que mes intuitions de l’époque, une fois révolue cette période de séquestration culturelle et d’hermétisme musical, se sont précisément vérifiées grâce à l’album au nom imprononçable (Rossz Csillag Allat Szuletett) pour qui n’est pas familier du Hongrois ancien.
Sur ce manifeste, un Aaron Funk (c’est son vrai nom) mâture nous dévoilait enfin certaines clés utiles pour comprendre l’architecture souvent singulière de ses œuvres passées. Je touchais alors du doigt pourquoi, inconsciemment par le passé, il m’arrivait d’écouter un quatuor de Béla Bartok avec la même attention que certains joyaux signés par notre fiévreux Canadien. Rencontre d'univers différents (la musique classique, le folklore hongrois et l’électro-break extrême), Rossz Csillag n’en demeure pas moins une réussite syncrétique et un acte d’une portée émotionnelle inouïe à mon sens (à noter que Venetian Snares avait même appris à jouer du violon et de la trompette pour composer ce disque).
Non sans intercaler quelques Eps et Lps épileptiques dédiés à son auditoire breakcoreux, Venetian ne s’arrêtait pas en si bon chemin, nous livrant en 2007 My Downfall la suite orgasmique à ce premier essai… à l’image de ce morceau :
Là où dans Rossz Csillag, les beat et sonorités électros enrobaient le propos comme pour le légitimer auprès des fans (qui n’auraient peut-être pas bien négocié le virage autrement…), ces “subterfuges technologiques” n’interviennent qu’avec parcimonie et s’avèrent même totalement absents sur la majorité des titres. La richesse rythmique est toujours présente… pas les beats :
Venetian Snares – Hollo Utca_2.mp3
Venetian Snares – Hollo Utca_3.mp3
Crise mystique ou élan dronesque, Venetian s’applique à nous immerger dans une cathédrale sonore avec ce Colorless que n’aurait pas renié Stockhausen (enfin j’espère…) :
N’allez pas vous imaginer pour autant que sa venue à Lyon mobilisera quelques jeunesses locales vouées à la dévotion car en concert, c’est de bois bandé (et d’alcool fort) que se chauffe Venetian Snares : du break du break du break !
Adorateurs d’expérimentations iconoclastes, nihilistes bon chic et néo-gnostiques branchés en tous genres, rappelez vous qu’à la fin des années 70, une bande de freaks londoniens armés de magnétos, synthés analogiques, guitares, basse mais aussi violon et divers cuivres faisaient (déjà) ça :
Ils s’appelaient Throbbing Gristle, leurs concerts mêlaient musique et performance (projection d'images insoutenables, pornographie, uniformes et insignes nazis…), ils avaient plein de théories sur tout, leurs premières K7 audio s'intitulaient “The best of Throbbing Gristle…” et ils étaient capables de ça aussi :
Ils sont les précurseurs (parfois bien avant l’heure) de pas mal de genres musicaux (indus, post punk, cold wave, techno minimale, drone…).
Leur chanteur, Genesis P-Orridge (véritable Pape de l’industriel et philosophe tous azimuts) explique qu’au départ, son projet était de “présenter des sons complexes et non-divertissants dans une situation de culture populaire, afin de convaincre et de convertir. Nous voulions réinvestir la musique rock avec un contenu, une motivation et un risque.” Contrer l’emprise des “mass-medias” sur les individus, lutter contre toute forme de contrôle exercé par une société mercantile et dominée par le star-system en usant, précisément, de ces mêmes moyens de diffusion… tout en restant dans une démarche underground (et oui, difficile de ne pas tomber dans la contradiction). Je n’irai pas jusqu’à détailler tous les préceptes véhiculés par P-Orridge, une simple recherche google vous renseignera copieusement sur la question.
Le groupe splitte en 1981 - Genesis P-Orridge explique : “nous avons quitté un milieu envahi par des idées et des gens malsains, parce que ces gens ont choisi de ne pas comprendre ce que nous disions. C’est devenu une surenchère de provocation” - mais signe une paire d’années plus tard chez mute records À TITRE POSTHUME (!), puis se reforme en 2004. Entre temps, l’aspect physique de Genesis P-Orridge s’est progressivement modifié : une série d’opérations chirurgicales (implants mammaires, lèvres siliconées…) dans le but de gommer les différences entre sa femme et lui et d’aboutir à un genre de pandrogénie (tentative de sexualité "infinie", dépassant les genres sexuels) l’ont progressivement transformé en une créature-hybride, défiant les codes esthétiques communément acceptés.
Voici un extrait d’une interview filmée au travers duquel P.Orridge s’exprime à ce propos.
Leur site internet indique que le groupe (ce qu’il en reste) se produira fin mai au Primavera (Barcelone) et début juin à Paris (Villette Sonique)… mais c’est pas sûr encore.
En l’an 2000, Jamie Lidell est jeune, il signe chez Warp records et publie un premier essai instrumental et virtuose (Muddlin’Gear), à classer dans la catégorie électro pour public averti.
Cinq ans plus tard, ce londonien dévoile, contre toute attente, un organe hors du commun… le Grand Créateur l’a, en effet, doté d’une des voix les plus admirables depuis… allez soyons fous : Otis Redding et Marvin Gaye ! Tout, dans ses inflexions jusque dans sa façon miraculeuse de faire swinguer les lyrics “gospel” contraste avec la pâleur de son teint d’Anglais moyen. Avec l’album Multiply, paru en 2005, Lidell surprend, donc, en abordant un sévère virage soul-funk vintage : un exemple magnifique à mon sens, de savant dosage entre soul-pop acoustique et click’n’cuts électroniques (savant et populaire à la fois). Ses performances scéniques, quant à elles, forcent le respect, Jamie s’improvisant (dans tous les sens du terme) un homme-orchestre “tout à la bouche” à la fois expérimental et spectaculaire.
Loin de suivre la tendance actuelle, le Lidell 2008 s’engouffre dans la voie de la décroissance technologique avec un dernier album (prévu pour avril 2008) rétrograde et néanmoins vertueux : un album acoustique (à peine quelques effets et il faut attendre la plage 6 pour voir apparaître les premiers sons analogiques), à contre-courant des productions du moment, où le “producteur” d’antan accède au statut d’“arrangeur”… et c’est même pas ringard ! Lidell n’y invente rien, rend hommage aux parrains du rythm’n’blues tout en parsemant l’édifice de trouvailles personnelles pour un résultat jubilatoire (désolé, ça fait un peu Télérama ce mot, mais en réalité c’est celui qui convient le mieux…). Après plusieurs écoutes, je crois que je préfère quand même l’album précédent (je suis vraiment un accro à ses blips et breaks insolites) ce qui n’enlève rien à Jim (c’est comme ça qu’il s’appelle le dernier). On ne va pas vous inciter à aller le voler sur soulseek, déjà plus à la Fnac (mais c’est un peu risqué et il sort qu’en avril). Écoutez ça en attendant :
En mai 2008, il est urgent de se questionner sur les fondements de nos institutions politiques et ce notamment pour deux raisons : 40 ans après mai 68 il faut comprendre pourquoi le sarkozysme refuse son héritage ; un an après l’investiture de Sarkozy il faut comprendre pourquoi on le hait, pourquoi la plupart des Français ont changé de point de vue, pourquoi ceux-là, les mécontents, ne voient plus en lui leur père, leur guide, leur protecteur ! Tout d’abord, pourquoi Sarkozy veut-il liquider l’héritage de mai 68 ? Il prétend que 68 est responsable de « l'idée que tout se vaut, qu'il n'y a donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. » Ces vilains gauchos « ont cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant. »
Mai 68 c’est la fin des valeurs et de la hiérarchie pour Sarkozy, l’impossibilité donc pour lui de s’imposer comme guide ! Pourtant, je ne vois là que mauvaise foi. Mr Sarkozy a profité de l’héritage de mai 68 et ce qu’il lui reproche avant tout, c’est bien plus l’idée d’intérêt commun, l’idée de politique, l’idée d’intérêt général. Mai 68, c’est plusieurs choses, c’est l’idée de rassemblement, de « on combat tous ensemble, tous unis, mais tous en vue de soi » ; ça Sarkozy le refuse ; mais c’est aussi la révolution sexuelle, le renforcement du matérialisme (qui dit révolution sexuelle dit allez les filles on écarte les jambes), c’est aussi paradoxalement la montée de l’individualisme (on a tous droit au bonheur, on a tous droit de consommer), c’est aussi la haine des valeurs morales et donc la haine de la charité, c’est la légitimation accrue de l’idée de plaisir ; or qu’a proposé Mr Sarkozy en parlant de pouvoir d’achat, si ce n’est la satisfaction des besoins les plus individualistes et les plus hédonistes auxquels les hommes sont soumis ?
Ce qui effraie le sarkozysme dans Mai 68 c’est la politisation de la masse, c’est tout ; l’héritage de Mai 68, il en a profité jusqu’au bout, et c’est pour mieux cacher ce qu’il veut et d’où il vient que notre bien aimé président dégaine contre un fait qui n’est qu’historique, que passé ! Sarkozy a usé de l’individualisme des Français et a prétendu que c’était là une politisation des Français ; la politique c’est la réflexion sur l’intérêt commun ; voter pour Sarkozy, c’était rêver de travailler plus pour consommer plus, c’était rêver d’une vie de confort, ce n’était pas un acte politique, c’était, et on est là au comble du paradoxe, un acte éminemment individualiste.
Aujourd’hui, les Français mécontents reprochent à Sarkozy de ne pas avoir augmenté le pouvoir d’achat, non pas de virer par milliers de pauvres sans-papiers, non pas d’insulter les gens lors de ses sorties, non pas ses étranges magouilles avec la Chine, avec Bush ou encore avec Khadafi, non pas de croire que le suicide, l’homosexualité, la délinquance sont des phénomènes génétiques, non pas de fricoter avec cette vilaine (oui elle m’a blessé cette dame!) Christine Boutin qui a soutenu que " toutes les civilisations qui ont reconnu et justifié l’homosexualité comme un mode de vie normal ont connu la décadence " et dont les amis, lors de la manifestation anti-PaCS du 31 janvier 1999, ont réclamé que l’on envoie "les pédés au bûcher », non ! Non car beaucoup s’en fichent du moment où ils peuvent consommer plus . L’Etat ne fait plus de politique, avec Sarkozy, l’Etat répond à la libido sentiendi du peuple français, à son désir sensuel au sens large; le président de tous les Français ne se veut pas le représentant de la volonté commune (de tous, pour tous, en vue de tous) mais le père ramenant les vivres pour se nourrir, ramenant des cadeaux, travaillant pour la satisfaction des désirs de chacun (et non de tous puisque quand on tente de satisfaire les intérêts particuliers, on démantèle l’idée de nation, de communauté et l’on ne vise plus l’intérêt général qui, aux termes de sa satisfaction , permet le plein épanouissement de tous, mais l’on se contente de satisfaire les désirs immédiats, bas, ceux érigés en maîtres par le principe d’individuation et la libido).
Mr Sarkozy n’est pas le coupable, il est le symptôme d’une société qui se désagrège, d’une société proprement libérale où chaque individu pense à soi en dépit des autres et non plus à soi en compagnie des autres ; Mr Sarkozy est le symptôme du dépérissement de la démocratie de type représentatif, qui à son terme s’achève toujours en un repli individualiste et en la mort du politique. Déjà Rousseau, dans Le Contrat Social III,15 craignait que la démocratie parlementaire de type représentatif conduise à un repli individualiste : « Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyens, et qu’ils aiment mieux servir de leur bourse que de leur personne, l’Etat est près de sa ruine. (…) faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. A force de paresse et d’argent ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre. C’est le tracas du commerce et des arts, c’est l’avide intérêt du gain, c’est la mollesse et l’amour des commodités, qui changent les services personnels en argent. (…) Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’Etat: que m’importe ? on doit compter que l’Etat est perdu. » En délégant le pouvoir souverain et politique à des représentants, les citoyens ont vidé de leurs sens les notions mêmes de politique et de volonté générale.
Entre 1835 et 1840 déjà, Alexis de Tocqueville pensait la possible transformation de la démocratie représentative républicaine en un nouveau type de despotisme ; dans De la démocratie en Amérique II, IV, VI, il révélait que le danger provient de la passion de l’idéologie démocratique pour l’égalité, qui exacerbe le souci du bien-être et permet le repli de l’individu sur lui-même et sur ses petits désirs égoïstes au détriment de son engagement dans les affaires politiques et publiques et en dépit de sa propre liberté. L’égalité constitue le socle de la liberté personnelle, mais l’égalitarisme abusif uniformise les individus, leurs désirs, leurs attentes, et rien n’est moins difficile, dans ce cas, que de les satisfaire, de les endormir en les satisfaisant. Un nouveau despotisme est alors possible, celui qui endort en donnant. Il écrit à ce propos : « je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun