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Dans la Russie soviétique, l'auto-édition et la distribution sous le manteau de manuscrits interdits portait un nom : le samizdat.·
La plupart des textes distribués étaient reproduits à la main, sur papier carbone, ou simplement dactylographiés. La lecture en était difficile, vu la qualité des copies,et le faible espacement entre les lignes utilisé pour gagner un maximum en place.

Cet ensemble de pratiques n'aurait pu fonctionner sans l'existence d'un réseau informel d'individus dissidents, bien souvent confrontés à une féroce répression·et à la peur quotidienne de se faire gauler.
En effet, les machines de duplication étaient sous contrôle de l'État. La possession de l'une d'entre elles vous valait un contrôle serré, et le fait de mettre en circulation ou de posséder un samizdat suffisait pour vous condamner à une dégradation sociale, l'asile, ou les camps.

La possession de matériel d'enregistrement analogique n'étant pas considérée comme illégale à l'époque, des activistes DIY (on pense par exemple à Yegor Letov, du groupe Grob, ou· sa camarade Yanka Dyagileva, icône punk-folk dont nous vous offrons un morceau un peu kitsch: cliquer ici)· contournèrent alors la censure en inventant le magnitizdat, une pratique proche de celle du bootleg, qui consiste à reproduire et distribuer soi-même des cassettes audio non-disponibles dans le commerce. On vit circuler à l'époque aussi bien des k7 contenant des lectures de textes anti-soviétiques que des enregistrements de musiques non-autorisées par l'appareil bolchevique.

Bien sûr à l'Ouest en 2011 le contexte n'est pas le même. Nous vivons dans des sociétés de démocratie numérique où la liberté d'expression toute relative et l'existence de l'internet "libre" nous autorisent une certaine marge de manoeuvre. Nous nous débattons avec d'autres formes d'aliénations, qu'il s'agisse d'auto-censure, de manque d'imagination ou d'une saturation liée au flux considérable d'informations que nous reçevons chaque jour. Nos tentatives de faire vivre certaines formes d'expression plus ou moins artistiques hors des logiques du profit, de l'efficacité, des stratégies marketing n'en sont pas moins les héritières directes des ces pratiques de survie en milieu hostile. Réutiliser de vieilles K7 ou ripper un album pour le faire circuler, créer un micro-label pour distribuer la musique bizarre de ses potes, organiser des concerts pour lesquels le prix d'entrée reste modeste, sans vigiles, où toute sortie n'est pas définitive, fabriquer soi-même son fanzine ou sa BD à peu d'exemplaires, tout ce réseau dense de pratiques contribue à maintenir vivante la possibilité d'autres formes de transmission culturelle que celle des gros tuyaux indifférenciés du mainstream.·

Le 11 juillet au soir, on cherchera alors, en tâtonnant et bricolant avec des bouts de ficelle, à célébrer et se rencontrer autour du DIY, et de l'idée d'une musique pas forcément militante, au moins en rupture avec l'ordre établi.
Les trois individus qui joueront ce lundi s'inscrivent, chacun à leur manière, dans cette dynamique :

PINK REASON, c'est le projet/monstre de Kevin Failure. Il a grandi en Sibérie à une époque pas super sympa pour ceux qui sortaient du rang. C'est lui qui a inspiré cette dérive sur la notion de samizdat, en évoquant la question au détour d'une interview. Kevin vient du punk, mais PINK REASON, sur disque, c'est une musique sombre, lo-fi, enregistrée sur du matériel cheap, qui documente sa vie, ses questionnements, ses évolutions. Souvent en solo, plus rarement en groupe en mode punk-hardcore, parfois sous l'effet de drogues, Kevin Failure crée d'étranges paysages hantés, des chansons simples et frappantes, psyché, pleines de reverb, chantées d'une voix égale, qui ne s'écoutent pas forcément tôt la matin avant de commencer une journée chargée. Il jouera seul et ce sera une bonne occasion de savoir ce que ça fait de le voir avec un public autour, quand on a passé tellement de temps à l'écouter seul dans le noir.
Il vient de sortir son deuxième LP, Shit in the Garden, sur le toujours excellent label Siltbreeze.

Une vidéo solo (il joue plutôt en groupe sur scène d'habitude), avec une reprise de Agent Orange, et Borrowed Time, excellente :

http://vimeo.com/2955055

Deux Mp3 :

Sixteen Years, une ballade presque enjouée, sur Shit in the Garden LP (2011)


Up The Sleeve, une marche funèbre alcoolisée, sur Cleaning the Mirror LP (2007)


CIRCUIT DES YEUX est le véhicule de Haley. Elle aussi est seule sur sa chaise. Avec des pédales, une guitare, peut-être d'autres trucs. Ce qu'on connaît d'elle, ce sont deux LPs, Symphone et Sirenum, et une paire de 7" sortis notamment sur le label De Stijl, remplis de nuages soniques crépitants enveloppant des mélodies inquiétantes, des échos de l'angoisse et de l'ennui d'une jeune personne trafiquant des bandes et des boîtes à rythme basse définition dans sa chambre dans une maison familiale d'une petite ville paumée de l'Indiana. Un peu indus. Un peu goth. Physique. De quoi vous faire oublier le soleil qui brille un peu trop fort. Parfois, on dirait Zola Jesus en beaucoup moins bouffi, d'autres fois ça me fait penser à Jandek, ce barde folk-noise fou qui a sorti mille disques ou presque. Depuis, elle a changé de ville pour aller étudier les techniques d'enregistrement et l'ethno-musicologie, sorti un nouveau· 7" et un nouvel album, qu'on a pas entendu. Il semble que le son ait évolué sensiblement, on attend de voir.


Un set de 20 minutes pour constater qu'en 2009 déjà, c'était bien la tétanie :

http://vimeo.com/5185312

Des Mp3 : 
Calling Song, tribale, flippante, sur Sirenum LP (2009)

Indian Orphan, chanson douce mais bon, sur Fruition 7" (2009) 

Folk, comme son nom l'indique presque, sur Symphone LP (2008) 




ANTEZ vient de Grenoble. Il proposera "Continuum", une pièce solo fascinante, et pour le reste le mieux c'est de le laisser s'expliquer :
"Les continuums sont des pièces pour percussions frottées. Ils se caractérisent par l'émission de sons acoustique, produits par mes seuls gestes. J'ai premièrement utilisé des cymbales, mais je me suis rapidement mis en quête de toute sorte d'objets, souvent de récupération et de compositions différentes; parfois il subissent quelques transformations, me permettant de continuer de développer ce travail sur la matière sonore et le geste.
Les Continuums ont des textures sonores inhabituelles, elles échappent aux registres traditionnels de la percussion. Elles testent les limites de notre perception des infra aux ultrasons en jouant des déphasages de fréquence. Elles s'immiscent dans l'intimité de la matière par le biais des micros sons et nous confrontent à une saturation auditive par celles de la densité du bruit.
De par leurs flux sonores et de ceux qu'elles nous donnent à voir, elles évoquent autant la retenue que le dépassement, l'immersion et l'intemporalité."

une vidéo :

http://www.antez.org/limitis.html

pour écouter :

http://www.antez.org/continuum.html
 

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