les chemises oranges, y a que ça de vrai
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- Mis à jour : lundi 18 octobre 2010 14:20
- Écrit par alexiane
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Ils sont tout simplement parfaits.
Bien qu'aujourd'hui encore en cryostase, le webzine grrrndzero est toujours là. Il reprend des forces et pourra bientôt battre la campagne comme un fier animal béat courant après ses nouvelles passions éphémères.
La section imagerie rassemble principalement les vidéos de concert de concerts passés. Le plan est de développer un peu cette zone. Qui sait la webdoc-fiction-témoignage-interactif-big-data sur la vie quotidienne de Grrrnd Zero « Tout pour La Cause rien pour les Autres - saison 1 : Crust beer et lingerie fine » sortira peut-être un jour. Et pourquoi pas un live stream de nos sessions cuisine ou du chantier ?
On va essayer de rassembler des liens à la cool dans cette section là aussi. Des sites qu'on aime bien, des projets qu'on jalouse, des trucs à lire à notre place, des images rigolades, ce genre de choses là.
Les archives chaos sont les archives de TOUT le site depuis les début de gz, par ordre de publication.
Quelques trucs se sont peut-être perdus entre les différentes version du web, mais sinon on archive méthodiquement et tu peux tout explorer.
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Il arrive souvent que l'on compare la musique du nord-ouest des Etats-Unis au temps sombre et pluvieux qui caractérise la région une bonne partie de l'année. Bien avant que ses principales villes (Seattle, Portland, Olympia) deviennent des références en matière de musique punk & indie, les WIPERS avaient déjà baptisé Portland « Doomtown » à travers une chanson de leur deuxième album « Over the Edge », faisant sans doute référence au fait de grandir à la fin des années soixante-dix, dans une ville en plein déclin industriel, à quinze heures de route de la Californie, où il flotte tout le temps.
Avance rapide de presque 30 ans, passage des vagues grunge, riot grrrl, etc., et il y a désormais des chances que l'un de vos trois groupes actuels préférés vienne du nord-ouest ou y ait déménagé récemment. L'agglutination de jeunes blancs de 25 ans à la recherche de loyers pas chers et de frissons contre-culturels dans certaines villes n'a pas que des bons côtés, mais ce serait l'objet d'un tout autre article. Toujours est-il qu'en 2010, la petite ville universitaire d'Olympia est à mon avis l'une des scènes musicales les plus intéressantes de la planète, et cela dans une quasi-totale indifférence.
La ville a plutôt de sacrés précédents en la matière: K RECORDS, KILL ROCK STARS et trois décennies de musique indé, de BEAT HAPPENING à SEX VID en passant par BIKINI KILL, UNWOUND ou THRONES. La dernière génération de groupes d'Olympia en date est à des lieues de la folk mielleuse de K ou de l'indie mou qui constitue de nos jours la majorité du catalogue Kill Rock Stars et puise plutôt ses influences chez SST RECORDS période-moitié-des-années-80, c'est à dire les albums tardifs de BLACK FLAG et les premiers de DINOSAUR JR., la meilleure époque de SONIC YOUTH ou encore les MEAT PUPPETS. Le premier album de GUN OUTFIT, « Dim Light », sorti en 2009 sur le label Post Present Medium, parvenait à revisiter ces influences sans tomber dans les travers du « revival ». Dans la chronique que j'en avais fait à l'époque, je suggérais au lecteur d'écouter l'album de préférence seul, peut-être en fixant le plafond, une tasse de café noir à la main. Son chant détaché & nonchalant, ses guitares épiques et son atmosphère contemplative sont en effet la bande-son parfaite de journées désœuvrées passées à écouter des vinyles. Vu que j'ai toujours un peu de mal à détacher les groupes de leur contexte géographique, j'associe volontiers GUN OUTFIT à la grisaille d'Olympia et au caractère insulaire de la ville, mais ils sont les premiers à s'en défendre.
MP3:
« Possession Sound », le deuxième album du groupe sorti au printemps, n'est pas nommé dans le but de vous faire croire qu'il vous envoûtera, même si au final c'est un peu le cas. Le Possession Sound est un lieu géographique, une partie de l'Olympic peninsula et du Puget Sound, fjord de la pointe nord-ouest des USA. Cette fois, la référence locale ne vient pas de mon imagination et tout s'explique concernant la pochette. Ce disque, tout en possédant la touche unique de GUN OUTFIT -deux guitares et pas de basse, alternance entre chant masculin & féminin- montre un groupe ayant évolué depuis « Dim Light ». Il y a toujours quelques tubes indie-punk évoquant inévitablement SONIC YOUTH (« Dead Broke ») mais « Possession Sound » est imprégné d'une mélancolie qui n'est pas sans rappeler certains albums de NEIL YOUNG par endroits (le côté country-rock un peu déprimé), certains groupes shoegaze à d'autres, ou les VASELINES en moins fleur bleue (« Last Chants »). Mais croyez-moi, il ne vous viendra pas à l'idée en écoutant ces deux albums que vous avez à faire à une pâle copie de plus en cette époque de réchauffé post-moderne, « Dim Light » et « Possession Sound » sont deux grands disques de rock comme on en fait plus.
MP3:
GUN OUTFIT seront en concert à Grrnd Gerland le 15 octobre prochain. J'aurai fait mon possible pour vous convaincre de venir les voir.
Alors oui. Il y a que. Pourtant, nous sommes certains qu'il faudrait enclencher la. Pour envisager correctement la chose, et bien prendre la mesure de l'angoisse subséquente, je.
Sans compter sur ta. Il suffit que. Pour conclure, il est. Que le. Afin de.
Vous êtes sûrs ?
Bien.
Laissons à la discrétion du lecteur la digestion de cette introduction lourde de sens caché et capiteux, aujourd'hui nous aborderons le sujet délicat des démences pathologiques séniles de type Alzheimer, fléau de nos sociétés occidentales vieillissantes, tout en essayant dans le même temps d'introduire les lectrices et lecteurs à la délicate musique produite par un groupe non moins délicat issu du mouvement DIY anglais de la toute fin des années 70/début des 80's, Television Personalities.
Pour commencer, sache que la maladie d'Alzheimer est une maladie neuro-dégénerative du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire. Elle fut initialement décrite par le toubib allemand Aloïs Alzheimer (1864 - 1915), comme son nom l'indique.
Television Personalities est un groupe à l'histoire touffue et pleine de méandres, une entité difforme et malade et psychédélique sécrétée par le cerveau en dérangement de Dan Treacy, au line-up tout à fait tangent pour ce qui est du reste des membres et dont les premiers méfaits remontent à l'année 1979 (année miraculeuse pour le post-punk du pays des gens qui croient que je mange des cuisses de grenouille). Y a bien une vingtaine d'enregistrements mais celui qui nous intéresse aujourd'hui et d'ailleurs le seul que je connais, hein, j'ai pas le temps pour ces conneries moi, c'est le premier, "And don't the kids just love it".
Il faut savoir également que, principale cause de démence chez les personnes âgées, elle (la maladie d'Alzheimer, ben oui, suis un peu) touche environ vingt-six millions d'hommes et de femmes dans le monde, et vraisemblablement quatre fois plus d'ici 2050. Généralement diagnostiquée à partir de l'âge de soixante-cinq ans, ses premiers signes sont souvent confondus avec les aspects normaux de la sénescence ou d'autres pathologies neurologiques comme la démence vasculaire, ce qui fît qu'elle fut sous-diagnostiquée jusque dans les années soixante. Elle est aujourd'hui reconnue comme une des maladies les plus coûteuses aux économies des pays développés.
"And don't the kids just love it". Yes, they do. Si si. Dégringolade boîteuse de perles pop douces-amères, anglaises jusqu'au bout du moignon, avé l'accent bien sûr, une Face A incroyable d'efficacité pop décharnée, This Angry Silence et ses flaques d'écho, tentative de soul pastorale et bancale avec les choeurs en wouh-wouh mélancoliques qui font des vagues à ton âme (This Angry Silence, on dirait bien que c'est aussi un film réactionnaire british avec Richard Attensborough, oui, ces gens-là sont cultivés, d'ailleurs sur la pochette ya John Steed et une ancienne starlette télévisuelle dont je retrouve pas le nom, élégant clin d'oeil à eux-mêmes en mode mise en abyme et auto-feedback, c'est trop de classe n'en jetez plus.).
Television Personalities - This Angry Silence
Une Face B dans la même veine apparente, qui baigne et se vautre dans un psychédélisme cotonneux de cottage du Cheschire. Cet homme sait où vit Syd Barrett, et manifestement là-bas ya plein d'oiseaux qui chantent, on se roule dans le gazon et la rosée, la grisaille du ciel se teinte légèrement de couleurs pastel, je suis en pleine redescente d'acides et je titube, c'est chouette, même si à la fin ça commence à bien faire, vos gueules les piafs, paf.
Television Personalities - I know where syd barrett lives
Ils ont également un deuxième album, intitulé "Mummy, youre not watching me", à l'atmosphère tout aussi délicieusement lysergique, voire plus, à consommer sans modération donc, lésions cérébrales garanties.
Ainsi, et pour conclure, la menace sénile de dégénerescence inéluctable planant sur nos génomes occidentaux ne saurait nous faire oublier cette fièvre impossible à négocier qui, attisée par l'ennui, et l'éternel cycle sysiphien de la circulation des flux dans les artères marchandes de notre ville à l'urbanisme malade, nous presse chaque jour les entrailles pour réclamer son pain quotidien de violence mélodique sensible et décharnée. Ainsi soit-il.
PS :
Sur la demande autoritaire de Fifi 2.8, nous ajoutons un troisième morceau issu de cet album :
Il y a quelques mois, au festival Sxsw d'Austin, j'ai pris un coup de soleil devant le concert de Zs, sur un parking, vers 2h de l'après-midi. Quand je dis un coup de soleil, c'est pour de vrai, et non pas une métaphore astrale pour dire que leur talent cosmogonique m'a brûlé la peau. Quoi que... c'était tout de même l'un des 3 meilleurs groupes vus pendant le festival alors que la concurrence était plutôt musclée.
Zs (prononcer "zeez") est une formation de Brooklyn née au tournant des années 2000, à l'initiative de deux free-jazzeux désappointés par leurs études au conservatoire. Depuis, la composition du groupe a tellement varié que son histoire complète serait à peu près aussi longue à raconter que le vie du prophète Abraham ou cinq saisons de The Wire. Et à vrai dire, à moins de devoir rédiger un mémoire intitulé "Noms avocaliques dans la scène expérimentale new-yorkaise : histoire d'un rejet esthétique de la Voyelle" (dans ce cas, consulter ce trèèèès long article), cela ne nous intéressera que moyennement.
En bref, Zs s'est cristallisé autour d'un noyau saxo-guitare-batterie, pouvant rassembler trois, quatre, voire six musiciens ; l'idée première était de détourner ces instruments de leur sonorité conventionnelle, de leur fonction classique, polie, civilisée, ce qui a rapidement valu au groupe ce très chic épithète qu'est "avant-rock". "Avant" parce que primitif, libre, bordélique bien que martial aussi par moments, et surtout parce que ça fait "avant-garde", donc ça fait bien. Zs est de fait à la jonction d'une tripotée de genres que l'on est censé bien aimer lorsque l'on est une personne de goût: noise, minimalisme, musique tribale, punk et free-jazz. Mais outre cela, Zs a cette capacité, commune aux Grands Groupes Expérimentaux, de réveiller le marsupial farouche qui sommeille en soi, tout en déployant classe et majesté avec une implacable intelligence. Là j'avoue que je viens de boire trop d'eau gazeuse d'un coup alors je perds un peu le fil de ma pensée.
Toujours est-il que leur dernier album, New Slaves, est sorti tout récemment chez The Social Registry (avec une jolie pochette de John Dwyer, frontman de Thee Oh Sees, The Hospitals, et 45 autres groupes bien). En une bonne heure, il fait la synthèse de ce qu'est Zs, à savoir des motifs cycliques, des riffs métalliques, du handclapping, une rythmique folle et un saxo psychotique ; on en ressort éprouvé mais heureux, un peu comme la famille de Noé et tous les animaux sur l'arche après le Déluge.
La bonne nouvelle c'est que Zs passe le 30 juillet à Grnd Gerland. En conséquence, personne ayant eu vent de cette information et se trouvant dans un rayon de 200km ce jour-là n'aura d'excuse pour rater ça. Du coup, ça peut faire du monde, mais on peut se serrer.
Le tube de 20minutes : Zs - new slaves
D'autres morceaux :
Zs - acres of skin
Zs - retrace a walk
Zs - nobody wants to be had
Peter Nicholson est un violoncelliste/chanteur, membre du One Ensemble de Daniel Padden et de plusieurs collectifs d'improvisation libre.
En solo, il joue un mélange d'impro et de pop ambitieuse, remuante, qui ne ressemble à pas grand chose d'autre.
Si Joanna Newsom était un homme, devenait fan hardcore de Janacek, Ligeti et Eno, délaissait la harpe pour le violoncelle et n'intéressait presque personne tout en restant aussi douée, elle s'appellerait sans doute Peter Nicholson.
Son album solo est introuvable, mais voici deux morceaux enregistrés au festival des Handclapping Girls à Clermont Ferrand. Une bonne partie de l'équipe de grnd zero y était, il a mis tout le monde à genoux :
Peter Nicholson - The sky has gone now (live - ce morceau est dans mon top 200 des meilleures chansons de la terre)
Peter Nicholson - Impro (live)
(le son est tout faible, alors il serait judicieux d'écouter ça au casque ou sur des bonnes enceintes, et de pousser un peu le volume)
De 2007 à 2009, les Widow Babies étaient quatre teens d'Orange County agrémentant la scène de The Smell d'un post-punk pop et tropical dont Abe Vigoda étaient jadis les honnêtes ambassadeurs - avant de se perdre dans les limbes de la new-wave fadasse. Ils ont sorti un maxi pimpant et groovy, intitulé The Mike Watt EP, qui raconte la lutte impitoyable entre le bassiste des Minutemen et un vampire sosie d'Abraham Lincoln.
Le titre du premier morceau annonce la couleur:
widow babies - Mike Watt Created the Universe with a Bass Solo
Apprête-toi à bouger ton boule en toute décontraction :
widow babies - In Which Watt Wins Back His Hands and Basses a River into Existence
widow babies - Evil Triumphs Over the Awesome Powers of Kayak
Aujourd'hui, le groupe s'est apparemment délesté du bassiste et de la chanteuse, s'est rebaptisé Rare Grooves, et j'ignore ce que ça donne.